À mon petit-fils, avec amour
La voix intérieure qui nous parle
Saint Augustin
Il était, disait-on,
le seul à pouvoir lire
tout seul dans sa conscience
sans prononcer les mots.
Il était de la langue
un gardien audacieux
et comme Saint Jérôme
il en buvait le suc.
Un jour, il y a longtemps,
je fis un cours sur lui.
Je délaissai l'espace
pour partager son temps.
L'opposant à Bergson
je saisissais alors
l'immense intelligence
des sages méditant.
Bien des siècles ont passé
et les langues ont changé.
Mais du bon saint d'Hippone
je garde la leçon.
En voyant Augustin,
serein dans son berceau
et fermant ses beaux yeux
pour mieux goûter la vie,
je songe à ses parents
qui, en le prénommant,
firent du philosophe
un gardien avisé.
Et quand sur le drap tendre
je saisis une pointe
d'un bonnet orangé
qui le garde du froid,
je sens le saint patron
qui en silence lit
du petit Augustin
la vie qui se construit.