mercredi 18 juin 2025

Un dudú col⋅lectiu

De dudús n'hi ha molts.
N'hi ha de grans i petits.
Unicorns i coales,
ossets tendres i gats.

Un lleó eixerit,
una guineu taronja.
Un músic lleopard
i fins un cavall blanc.

L'enorme orangutan
es fa amic de tots.
I vet aquí que neix
el dudú de la classe.

Un animal estrany,
tan simpàtic com fort.
És l'amic dels mainatges,
de la mestra i del mixi.













De part de tots els alumnes:
Valentin, Kaïs, Tristan, Maëlon, 
Ismaël M., Ismaël S , Eden, Louis, 
Nahel, Jayden, Sofian, Diego, 
Matéo, Roman, Daline, Louise, 
Dyana, Ky-Many, Elena, Aylan.

Confiança suspesa

Vas voler ser abat,
a dalt d'una muntanya. 
Vas voler ser recer
de mil desemparats.

Pensa en els tres camins 
que abans us van portar
refugiats de la llengua
d'un país menystingut.

Si són mil anys d'història
de la muntanya sacra,
són milions de batecs
que confien en tu.

Pou de l'Essonne

És un pou sense fons,
tancat per una pedra,
amb corriola aillada,
com penell sense vent.

És un racó ressec
d'un jardí de l'Essonne
on descansen amics
de la calor del sud.

És un pou de misteris,
d'ombres i d'olors.
S'hi conserven les pors
amb el goig del passat.














foto: Coleta Planas

Mans

S'han quedat a les fosques,
tan blanques al matí,
les mans de l'estimada
que somnien i esperen.

El tracte dels objectes,
l'escriptura sobtada,
la lectura tan lenta
sota el pes del volum.

S'han quedat a les fosques,
obertes al meu cant,
les obreres del dia
descansant a la nit.

mardi 17 juin 2025

La sortida a Canet

A la vora del mar
hi ha un mar molt petit.
És un rectangle d'aigua
on juguen els mainatges.

S'han oblidat de l'escola
i del menjador ronyós,
afartant-se de patates
i d'entrepans de xoriç.

A Canet de la Marenda
hi ha un mar on juguen tots.
A recer del sol de juny
i dels deures de l'estudi.



QUI SOC, QUI SOC?

No tinc ulls ni sé parlar...
Qui soc, qui soc?

Tinc una pell de pruna vella...
Qui soc, qui soc?

No m'agraden les pessigolles...
Qui soc, qui soc?

No sé pas parlar i no dic res...
Qui soc, qui soc?

Quan vull dir bon dia, faig llengotes...
Qui soc, qui soc?

Ets... la Liliana, l'amiga del Mixi
i dins de la teva panxa ens portes...
...sorpreses i colors!

lundi 16 juin 2025

Juste par l'odorat

De la revue qu'on lit,
je ne sens que l'odeur.
L'odeur du papier blanc
et de l'encre glacée.

C'est comme un autre sens
qui s'y ajouterait
qui le supplanterait
pour qui ne la lit pas.

Peut-on saisir des livres
ou bien des magazines,
sans aucune lecture,
juste par l'odorat ?

Feuilles grège

Ce sont des feuilles grège
dont le grain est épais.
Une encre noire y court
dont j'ignore le sens.

Les mots du dictionnaire
ne vivent que du geste
qui les fait exister
au fil du livre d'heures

qu'est un petit cahier,
un carnet, un livret,
où les pages s'assemblent
pour ne pas s'oublier.

Ode aux femmes libres

À Sophie et Camille

Ode à ces femmes libres
qui ont choisi mes fils
et qui me font l'honneur
de manger à leur table.

Mes mots sont peu de choses
mais il fallait qu'ils sortent
pour dire tout l'honneur
que je ressens depuis.

J'ai vu les deux visages
de mes enfants chéris
prendre, non pas des rides,
mais un nouveau relief.

De la sérénité,
une confiance neuve,
dans les jours qui défilent
et leurs vies qui avancent.

Mon ode est singulière,
je ne l'écrirai pas 
sur les murs de la ville
mais sur leurs traits à elles.

Insaisissable état

Il y a ce que l'on sent
et il y a ce qui est.

L'alternance légère
entre le ressenti
et les pas sur la terre.

Et c'est dans cet écart
que se situe l'amour,
insaisissable état
qui nous guide et qui dit

qui dit ce que nous sommes,
au-delà de chacun,
l'union inespérée
de la chose et du rêve.

Ode au Général Beuret

C'est le bar des héros
dont les diapositives
se décollent du mur

et les couleurs criardes
pâlissent sous le jour
que l'on croit en attente.

En attente du soir
et de la vie nocturne
qui oublie les horloges.

Mais au matin de juin,
c'est un café timide
où on lit le journal,

en buvant un café,
ou bien un allongé
dans sa faïence claire.

Il s'y fait des affaires,
on règle des factures,
on écrit des poèmes.

Les fenêtres sans vitre
laissent passer le froid
qui vient de la placette.

Les serveuses circulent
en oubliant le poids
du corps sur le carreau.

Elles ont l'accent d'ici
et le sourire franc,
en préparant les tables,

car midi n'est pas loin 
qui recevra bientôt
des convives pressés,

des amants d'absolu,
des clients de passage
...et des superhéros.



Llibres al rebuig

Han llençat al rebuig
una capsa de llibres,
una capsa esventrada
per un xàfec sobtat.

I veig com ens imploren
aquests llibres oberts,
ensenyant el color
de les hores plaents.

Les hores de lectures
en una casa serena.
A la vora del foc
o dins d'un llit calent.

Mes ningú s'hi atura,
mes ningú els voldrà
aquests llibres cansats
d'obrir-se cada dia.



Capvespre de juny

     Que cet amour est près de la divinité !
                                      Agrippa d'Aubigné

                         
He tornat a la llengua
dels tendres sentiments.
Una llengua senzilla
per caminar plegats.

A la vora del riu
o de la mar salada.
Sobre la sorra blanca
o pels senders estrets.

L'amor gaudeix del temps
com si no tingués fi.
És divina presència
al cor d'humanitat.

Les paraules creuades,
les besades sobtades.
Un tastet de fonoll,
un capvespre de juny. 

Le quai des amoureux

Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
                                            Apollinaire

Le quai des amoureux
attend ses piétons lents
pour passer sous la voûte
du vieux Pont Mirabeau.

La Seine est ce long fil
d'un courant limoneux
qui guidera leurs jours
dans de fécondes voies.

Le quai des amoureux
est un miroir du ciel
dont le sol empierré
salue l'immensité.






Pâtes au pistou

Ce ne sont que des pâtes,
des chenilles de blé,
dont la torsade fine
emprisonne la sauce.

Une sauce maison,
un pistou concassé,
qui transmet à chacun
l'amour du cuisinier.

La patience infinie
qui nourrira les hôtes
de Sophie et Xavier,
un dimanche de juin.




Instantané fraternel

C'est un instantané,
un cliché hasardeux.
Les visages sont flous
mais les âmes pétillent.

Les deux frères conversent
dans une après-midi
où ils ont cheminé
en compagnie du père.

Il reste de la place,
sur l'ample table claire.
Pour les frères et sœur
qu'ils portent dans leur cœur.



Liberté chérie

La Liberté, c'est ça.
Paris dans le couchant.
Des passants désœuvrés

qui flânent en parlant,
pour traverser la Seine
sans même regarder

la statue à leur gauche
qui n'est pas vaniteuse
mais veille sur le fleuve

et, par-delà les mers,
sur notre humanité
qu'il faudra détromper.



Escaliers de Seine

À Sophie & Xavier

Il est des escaliers
qui mènent à la joie,
à la tombée du jour,
entre deux bras du fleuve.

Et l'arc qui les surmonte
ne dit pas le triomphe
mais la passion sereine
des flâneurs d'absolu.

Il est des escaliers
qu'on grimpe sans effort
quand on les monte à deux,
sans crainte de demain.



Aube parisienne

C'est l'aube d'un jour neuf
que signale la flèche
du métal silencieux
qui m'invite à écrire.

Son faisceau a cessé
qui balayait la nuit
d'une blancheur livide
invitant à dormir.

Le soleil à sa gauche,
elle est ce porte-plume
qui cherche dans la Seine
une encre sans noirceur,

faite pour célébrer
la beauté des semaines,
sans oublier les peines
de ceux qu'elle accompagne.

Un présent dans la ville

Je ne suis que présent
qui marche dans la ville,
construisant mon passé
à chaque carrefour.

Si mon pas est léger,
mes semelles sont lourdes
qui gravent dans la terre
l'empreinte des années.

Le hasard merveilleux
des rencontres soudaines
qui bravent mon présent
pour en faire un passé,

aux saveurs d'avenir,
à la confiance sûre
dans ce pas partagé
qui marche dans la ville.

dimanche 15 juin 2025

Cireres a la fresca

Cireres a la fresca,
cireres esperant
els dits dels vianants
passant dessota l'arbre.

Parells de cireretes
per a dits de parelles.
Cireres a la fresca
somniant d'un món millor.

La frescor del rebost,
la calor de la taula.
La mirada d'uns ulls
afamats de tendresa.



Marie Félix

Elle est ce beau regard
dans la nuit qui se fait,
chargé de la passion
venue d'Extrémadoure 

L'élégance sereine
de qui sait que la terre
est là où l'on réside
avec les gens qu'on aime.

Elle la pointe brune
d'un triangle de vie
qu'on appelle famille.
Je ne l'ai pas connue.

L'obole des flâneurs

   Il n'est bon bec que de Paris.
                           François Villon

Et l'on perd son accent
dans les rues qui serpentent
depuis la Butte aux Cailles
jusqu'au métro Glacière.

L'important est d'aller,
en perdant sa boussole,
dans les quartiers serrés
accablés de chaleur.

Paris est une danse,
un gousset qui se vide,
mendiant au coin des rues
l'obole des flâneurs.

La vieille demoiselle veille

Elle est celle qui veille
sur mes nuits parisiennes,
la vieille demoiselle
à la voix éraillée.

De ma chambre petite,
et par dessus les toits,
je vois son cou de reine
balayer l'auditoire

d'un faisceau de blancheur 
dans la nuit qui se fait
pour fermer les paupières
des habitants lassés.

Vrouz

En attendant Rouzeau

La légataire universelle,
le bel octosyllabe
qui ajoute à mon vers
le sel de l'inconnu.

Et ce Roseau hUrlant 
éveille ma lecture.
Je cherche au fil des pages
les vers de Valérie.

Elle est Indochinoise
qui vrombit et qui ose.
La poésie descend
sur la carte de France.

Alors laissons le doigt
courir sur ses écrits
et traduire du cœur
les accents interdits.

samedi 14 juin 2025

Une table franche

À Sophie & Xavier

C'est une table franche,
un dîner sans façon
et chacun y apporte
ses mots et sa pensée.

Il y a des mets exquis
et des vins gouleyants,
des cocktails singuliers
et des sujets sans fin.

La vie de la famille
et de tous ses amis
y brille de clarté
dans le son des échanges.

C'est une table claire
où l'on dîne à foison,
sans autre impératif
que de s'y sentir bien.



Ciel de Paris

C'est le ciel du matin
qui surmonte les toits
d'un camaïeu de gris
dont la pluie est absente.

Et sous sa voûte grise,
les fenêtres ouvertes
embaument le café
et la viennoiserie.

Un samedi de juin 
chapeauté d'une pointe.
La vieille dame grise
veille sur ses amis.

Le lent ballet des brosses
balayant les trottoirs,
cependant que du fleuve
montent des désirs neufs.











Una contacontes fa anys

No sé si contes anys
com ens contes històries,
traient de lleixes plenes
la sal de cada dia.

Mes avui és ton dia,
el catorze de juny,
final de primavera
amb promesa d'estiu.

No sé si contes llibres
com vas passant els anys.
Mes sé que ja t'esperen
uns lectors per venir.



Une chemise rouge

Une chemise rouge,
à l'entrée du café,
comme une page blanche
pour écrire à nouveau.

La rencontre attendue
de deux cousins lointains
et posant sur la vie
un regard unifié.

Une chemise rouge
qui repart dans Paris
avec mille promesses
de délires fructueux.

Hafez

À C., avec reconnaissance

Il est la voix de Perse
que je ne connais pas.
Que je lirai bientôt,
mais jamais en farsi.

Pourtant je cueillerai
des sons de cette langue
au hasard des écoutes
et je les collerai

sur la mystique en vers
de ce bon philosophe
qui sait guider les autres
dans la nuit de l'esprit.



vendredi 13 juin 2025

Un llit, dues dones

Un llit de patiment...
No: un llit de combat.
Un llit per acollir
dues dones distintes.

Les paraules gelades
pels moments infecunds
renaixen de la força
d'aquelles dones vives.

Homenatge inefable
d'un home ple d'estima
per l'esposa extremenya
i l'amiga de França.

Retrouvailles

Quarante-six ans d'absence
et deux heures au café.
Les paroles s'échangent
tout en défiant le temps.

Les souvenirs s'oublient
ou bien se reconstruisent.
Je sens s'ouvrir des cartes
dans les mots du cousin.

Bien sûr, nous poursuivront
cette semi-terrasse
par des moyens nouveaux
qui trompent les distances.

Olivares extremeños

A Rémy Banel (y a su padre)

Olivares extremeños,
de polvo y tierra seca.
Bajitos y repletos
de aceitunas pequeñas.

Tan extensos como un pueblo,
tan callados como una viuda.
Y en medio de los campos,
un olivar minúsculo.

Olivar del Rémy,
ramillete de frutas
con hojas plateadas,
esperándolo siempre.

Olivares extremeños,
ya tenéis otro amigo,
nacido en el norte,
con corazón del sur.

Saxophones

Quatre hommes, quatre voix.
Quatre sources de sons
venus d'un métal chaud.

Un métal travaillé
dans de curieuses courbes
qui le font miroiter
sous quatre feux distinct.

D'eux je ne saurai rien,
ni le son de leur voix.
Tout juste un velouté
issu des saxophones.

Derrière l'harmonie
qui séduit et emporte,
je cherche chacun d'eux
venu à ce concert.

C'est l'hommage à la vie,
en pleine gratuité
auquel je rends hommage
par ce petit poème.

Quatre hommes, qautre voix.
Quatre sources de sons
venus d'un métal chaud.



Une chorale du XVIIIe

Qui dit que la chorale
est une seule voix,
oubliant dans la masse
chacun de ses visages.

L'harmonie est certaine
qui envoûte et emporte.
Mais chaque tessiture
me parle d'une vie.

D'un passé qui survient
sans qu'on n'y prenne gare
dans un sourire vif
ou de l'austérité.

Quel acte merveilleux
que cette offrande libre
du temps que chacun d'eux
consacre au collectif,

venu des quatre coins
d'un quartier populaire
pour chanter sous les ors
d'une salle des fêtes.

La salle s'est éteinte,
les choristes partis,
l'atmosphère conserve
beaucoup de leur magie.



Ocells sota amenaça

Els ocells de París
tenen la timidesa
com atribut joiós
quan comença el matí.

Per la finestra estreta,
una dama de ferro
vetlla pel seu dia
i la seva honradesa.

No vol cap crit agut
ni cap revolució...
Apolit ocellets
que ve la guillotina!



jeudi 12 juin 2025

Lluna de primavera

La lluna en plena nit,
sense un mot, una lletra.
Sense un so ni un son.
Captivadora lluna.

Lluna de primavera,
blancosa i rodona.
Amb tantes cicatrius
com un vell pergamí.

Una pàgina en blanc
per qui voldrà escriure
sobre el futur dels qui
somnien sense son.

Grandesa d'un amic

La pena d'un amic,
el xoc d'una notícia,
amb el món que tremola
quan segueix al seu lloc.

Car res no ha canviat
entre aquests que l'estimen
ni en el lloc que ha guanyat
obrant a llur costat.

Tristesa d'un amic,
grandesa del seu pas
per aquest món tan dur
on ha guanyat sa plaça.

mercredi 11 juin 2025

Finis terræ vs Orbis terrarum

M'han donat una foto,
m'han donat unes llums.
Uns crits de plata fina
enmig de la foscor.

És el fi de la terra,
l'horitzó és un arc.
Com ho diu la barana,
en absolut silenci.

És l'hora sense agulles.
El rellotge és un banc.
Un banc sense ningú,
esperant els amants.



Une pièce de deux

C'est une pièce large,
de nickel et d'amour.
Le remplaçant brillant
d'une petite dent.

Un sou parmi tant d'autres,
une paire d'euros,
tiré d'une boursette
parmi d'autres monnaies.

C'est une pièce large,
brillant de mille feux,
ou plutôt de deux mille
tintant entre les deux.



mardi 10 juin 2025

Poncelles

Dolçor de les poncelles
que acarícia la mà.
Un record ja fugit
d'aquesta primavera.

I en tancar els meus ulls
al foc intens de juny,
sento el vellut verd clar
de les tendres poncelles.

Quan s'acabi aquest any,
esperaré amb calma
la nova primavera
i les poncelles noves.

Fuir les rues

Que les rues de la ville
peuvent être cruelles
à ceux qui aiment trop,
à ceux qui aiment mal...

...comme disent les gens,
qui ne voient dans l'amour
qu'une perte de temps,
de substance et d'espoir.

Et pourtant qu'il est beau
de franchir les frontières.
De rester dans ses murs
ou de s'en évader. 



Mourir d'aimer

À celle qui reste seule

Il rêvait de jonquilles
et de fruits à la plage.
Mais il est mort d'aimer.

Il goûtait l'herbe verte
que foulaient les joueurs.
Mais il est mort d'aimer.

Il photographiait tout,
du matin jusqu'au soir.
Mais il est mort d'aimer.

Pour un baiser de toi,
il aurait tout donné.
Mais il est mort d'aimer.



Campanades a vida

Campanades a vida.
Són les set al meu poble.
Un poble vidrier
amb campanar de pedra.

Comencen a sortir
els tractors dels garatges
anant cap als vorals
del petit Tanyarí.

Campanades a vida.
Repiquen les campanes.
Per segona vegada,
despertant els veïns.

Confiança

M'han confiat una llengua 
vinguda de la fam.
Una llengua parlada
per uns ulls afamats 

Han vingut sense llibres,
no sabien llegir,
però tots han volgut
confiar el seu tresor

de guturals ploroses 
i de vocals tan llargues
que la sorra cruixia
quan de l'aigua sortien.

M'han confiat una llengua
i s'han callat de sobte,
detinguts per gendarmes
que cridaven una altra.

Réveil soudain

La maison a fraîchi,
et la nuit s'est enfuie,
dans les chants des oiseaux
et des lambeaux de jour.

De larges bandes claires,
là où sont les nuages,
et de soudains miroirs
sur les vitres ouvertes.

La maison a fraîchi
et je me suis couvert,
confiant à son silence
mes envies de sommeil.

lundi 9 juin 2025

Ocells d'una ploma

Birds of a feather, we should stick together
I know I said I'd never think I wasn't better alone
Can't change the weather, might not be forever
But if it's forever, it's even better.
                                                                Billie Eilish

Som ocells de fronteres,
nascuts a cada banda
de les Alberes blaves.

Som ocells sense niu,
anant d'un lloc a l'altre
i d'un pou al següent.

Mes tenim una ploma,
única i compartida,
amarada de tinta,

la tinta de volades,
de fred i de calor
que mai queda resseca.



Berenars ensucrats

Berenarem aviat,
abans de prendre el cotxe.
Menjarem pa de figues
amb maduixes del bosc.

Un berenar senzill
amb un got de gasosa.
Un alcàsser de sucre
per recordar l'hivern

i els anys de la infància.
L'espertinar de l'àvia
que ens preparava llesques
de pa amb oli... amb sucre.

Aporie poétique

Traduirai-je le blanc
et les couleurs soudaines,
l'alambic compliqué
de calligrammes neufs ?

Je ne puis et ne sais
rapporter dans ma langue
le sucre et les parfums
du texte original.

Alors laissant la plume,
le cahier quadrillé,
je chante à pleins poumons
le texte original.

La fiblada d'amor

Tot llegint poemes d'en Salvat

És l'amor d'un poeta,
un poema plural.
El rebuig de la forma,
la forma del rebuig.

Un himne a la passió
dels cossos i dels cors.
El subtil iniciar
a la conversa muda.

Conversa dels amants
fugint de la ciutat,
per sentir en el cel
la fiblada d'amor.

Patates vs roses

M'han regalat patates
del jardí del costat.
Uns tubèrculs rosats
amb ambició de roses.

La seva patatera
li tenia gelosia
al roser ufanós
que desprenia olors.

Mes pel sopar d'avui
m'estimo més patates
que roses del jardí
plenes de punxes dures.

Poemes del dilluns

Poemes del dilluns,
frisant per la setmana 
que comença amb la llum
del jardí matiner.

Es precipiten versos
que no saben encara
si seran escollits
pel poeta adormit.

Poemes del dilluns,
la sal de la setmana. 
Uns granets de color
per la platja dels dies.

Abraçada de juny

Abraçada de juny,
un tast de dues pells,
bategant amb dolçor 
sota el cotó lleuger.

I les cares s'inclinen,
dibuixant un somriure
en els llavis callats
dels amants d'absolut.

Millor que les paraules:
una abraçada llarga,
amb els mots d'un poeta
per cantar-la després.

T'escriure

He parat de t'escriure
per escoltar la nit.
La frescor del silenci,
els ocells que vetllaven.

Bellesa de l'espera,
de la ploma suspesa 
quan s'imposa l'entorn 
al batec a l'aguait.

He tornat a t'escriure,
amb sintaxi del nord, 
quan la llum ha entrat
dins la cambra petita.

Justesse de l'aquarelle

À Teresa Codina

Mais que se passe-t-il
quand l'eau quitte la feuille 
et laisse à découvert
les pigments contrastés ?

La magie du silence,
de la légèreté.
Le fruit d'une chronique
au fil de la journée.

L'aquarelle est un art
qui délaisse les fastes
oour la stricte justesse 
d'un quotidien aimé.

Aquarel·la de juny

Riquesa dels colors.
I pobresa del vers.
Davant de la bellesa,
guardar-ne la puresa

i centrar-se en el ritme,
ambaixador de llum
i bevedor de l'aigua
d'on surten aquarel·les.












© Teresa Codina

dimanche 8 juin 2025

Natura viva

L'estany és un golafre.
Té forma de bocassa,
de mirall sense fons.

S'ha begut el cristall
del cel de primavera
amb el rovell del sòl,

el fullatge de l'heura,
el ritme de les hores
i la grisor dels troncs.













© Teresa Codina

Pel verd immens del prat...

Pel verd immens del prat;
donaria el que tinc:
la violència del cel,
les dents de Montserrat.

Mes el verd fugisser
m'invita a preferir
les floretes groguenques
amb els arbres llunyans.

Pel verd immens del prat,
he donat els meus mots:
l'admiració serena
amb el mirall dels dies.










© Teresa Codina

À tes lèvres la rose

À la mémoire de Joan Salvat-Papasseit

À tes lèvres la rose
d'un poète lointain.
Un baiser de syllabes
avec un calligramme.

Vois-y mes doigts, ma belle,
et l'encre de tes yeux.
La blancheur de la page
tremblotant en ses marges.

À tes lèvres la rose
de milliers de poèmes.
Des pétales hardis
et des épines tendres.

Demoiselles des champs

Et voici que rosissent
au fond de leur sachet
ces jeunes sauvageonnes
dans leur robe des champs.

Saisie par l'objectif
d'un poète curieux,
elles ont quitté la terre
pour un placard ombreux.

Un don inestimable,
celui de tubercules,
grossissant lentement
pour le plaisir des hommes.

Un hachis parmentier
ou des pommes vapeur.
Des chips au bleu des Causses,
une crique ardéchoise...

Un présent sans limites,
source d'inspiration,
venu de mon voisin
aimable et généreux. 



À l'encre verte

J'ai ouvert mon cahier
sur une page blanche.
Et j'ai songé aux mots
que je voulais t'écrire.

De petits mots tout simples
pour être à tes côtés.
Le parfum d'une rose
et le chant d'un oiseau.

De mes quatre couleurs,
j'ai choisi le vert clair
et j'ai écrit espoir
surmonté d'un sourire.

Plecs de pell

Uns plecs de pell resant
com uns precs de paper.
Dos versos per escriure
i milers per llegir.

La pell és missatgera
dels cors que s'han trobat,
amb ànimes precioses
a punt per enlairar-se.

Uns plecs de pell dormint
al solei del migdia.
Dos fulls de poesia
esperant la frescor.

Un llibre destrossat

M'han arrencat les pàgines
d'un llibre regalat.
I només en conservo
l'índex i la coberta.

Història d'amor
dins una illa llunyana.
Una senyora rossa
amb un vell mariner.

I m'invento el relat,
dels amors contrariats
a partir del cartró
del llibre destrossat.

Matins

C'est une librairie
qui s'appelle Matins,
ouverte à l'espérance
dans l'est de la Belgique.

Sa devanture est large
qui présente aux clients
sur un lit de grains jaunes
les livres de l'année.

Et les pages épousent
le sable du devant,
pour mêler l'encre sèche
aux courants de la mer.

Et qui veut espérer
n'a qu'à passer la porte
et acheter l'ouvrage
imbibé d'espérance.

El llibre de la nit

El llibre de la nit
és d'estrelles de tinta
en un cel blanquinós
que t'invita a dormir.

I quan et ve la son,
el pes de les parpelles.
Són estrelles fugaces
que fugen del sentit.

El llibre de la nit
és un veler volant
tripulat per les ganes
i la son marinera.

samedi 7 juin 2025

Somnis de vi i de roses

Somnis de vi i de roses
en una nit de pau,
un divendres de juny.

Cap paraula ni vers.
Un got de vi escumós
i el perfum de les roses.

Unes roses vermelles,
com un ram dels teus dits
xiuxiuejant fluixet.



vendredi 6 juin 2025

S'ha buidat una casa

Han matado a un hombre,
han roto un paisaje.
               Francisco Candel

S'ha trencat la concòrdia
i la pau de Palau.
Han matat un veï
i cadascú en parla.

Tan fràgil és la vida
i tan cruels els homes
que l'esborren d'un cop
com si fos un gargot.

S'ha buidat una casa
on reien ballant.
S'ha buidat una casa
i ja ningú en parla.

Un petit café

C'est un petit café,
au creux de mon village.
J'y vais le vendredi
pour écrire des vers.

La musique y est douce,
et l'accent y chantonne,
au cœur des bavardages
qui y rythment les heures.

Son comptoir est en bois,
bien loin du zinc glissant
des bistrots parisiens
où l'on vit en courant.