lundi 4 août 2025

Banc suggestiu

Adossat a la casa,
ens espera el banc vell,
amb respatller corcat
per tant d'anys malanats.

S'hi recolzen ancians
nostàlgics de la infància,
quan jugava la colla
a saltar i parar.

Requereix la lectura
un banc amb historial
per regalar a tothom
un seient suggestiu.



Trumfes bullides

A la memòria de l'avi Francesc

Amb all i julivert,
les trumfes del dinar.
Oval de perfecció
amb un raig d'oli verge.

Han bullit vint minuts
en un fogó proper,
ballant en pell de bruixa
i carn de peixeter.

Les menjarem aviat,
com un agraïment
a la feina dels homes
que ens donen els seus fruits.



Com un vent de desembre

Vaig sortir del no-res
per anar pels carrers,
com un vent de desembre.

Era la mitjanit
en un poble del sud.
No passava ningú.

Desitjava un encontre,
un encontre petit,
de paraules creuades.

Mes no veia ningú
i mon vent amainava
cap a l'alba gelada.

Vaig tornar al no-res
des d'un poble del sud,
amb les ales glaçades.

Du bord de la falaise

Je n'écris pas pour dire ce que je pense, 
mais pour le savoir.
                                         Emmanuel Berl

Comme une verbigération,
un torrent de paroles,
je vais de six en six,
poème après poème.

Mes pensées sont ainsi,
dans ce cheminement
qui ordonne mes mots
et guide mes idées.

Je suis un flâneur lent,
pour apaiser la course
qui me tient chaque jour
au bord de la falaise.

Courages

Le courage des femmes,
le courage d'un homme.
Les mots qui se défilent
et les objets qui restent.

Le temps s'est arrêté
que l'on croyait sans fin.
Les livres suspendus,
les produits entamés.

La parole viendra
de celle qui s'en va,
qui revient désormais
sous un nouvel aspect.

Le souvenir des doigts
fouillant dans le frigo
ou tournant chaque page
d'un roman qui lui plaît.

Demain sera plus beau,
pour peu que l'on écoute
la mémoire de celles
qui ont passé le gué.

dimanche 3 août 2025

L'article personnel

Il ne désigne plus,
il enseigne l'unique.
Les gestes et la voix
de celle qui le porte.

Car il est bien la porte,
l'article personnel,
qui nous ouvre à l'intime
de l'être qualifié.

Article populaire
qui se moque des titres
et des colifichets
qui engoncent tant d'autres.
 

Nuit froide d'été

Le froid et le silence,
le sable dans les yeux.
Si la Fred est partie,
où sont les souvenirs ?

Ils sont le bruit des rues
qui mime son accent,
son rire et sa présence
dans la nuit qui s'en va.

Je pense à sa maman
et je pense à sa fille.
À la chaleur des mots
qui naîtra de ce froid 

samedi 2 août 2025

Vita brevis

Il y a la vie qui file. 
Qui file en quelques heures. 
La vie d'une inconnue 
que chérit un ami.

Ce sont des heures longues. 
Le moment est si bref
et le soleil décline
entre des draps si blancs.

Je pense à Frédérique,
que je n'ai pas connue, 
et à mon cher cousin
qui lui tiendra la main.

Gratituds

Gratitud a la vida,
gratitud a la nit.

Gratitud al matí 
que surt a poc a poc.

Gratitud al vent fresc
que apaivaga l'estiu.

Gratitud als amics,
al frec de les consciències.

Gratitud als teus llavis
que dibuixen un bes.

Gratitud al teu cor
que ritma el meu escrit.

Gratitud al silenci
que neix del meu poema.

vendredi 1 août 2025

Un matin au café

Du rosé au café, 
du pastis à la fine, 
il jongle le matin
pour contenter chacun.

Ses gestes sont précis,
les doses calibrées,
mais on le sent parti
loin de l'estaminet.

Sans bouger d'un iota,
seul capitaine à bord
il s'évade en paroles
avec les bons clients.

Et l'on parle du monde
et des actualités,
à mille lieues du bar
et de sa matinée.


Un café associatif

C'est un café tout blanc
qui vient d'ouvrir ses portes
pour tirer de chacun 
beaucoup d'humanité.

Les sirops y voisinent,
en oiseaux bariolés,
avec l'or de la Suze
préparant la soirée.

Le vendredi attend
les clients du marché
avec sous son comptoir
le Petit Mazuret.

Il y fera bon vivre,
en commençant par boire
un délicieux café
servi par le taulier.

Qu'on ne s'y trompe pas,
le taulier est bonhomme
et tous ses menus gains
vont à l'association.



Lectures d'été

De l'été les lectures,
les lectures légères.
Le courant d'air est frais
et les heures s'écoulent.

Le rythme en est plus lent
qu'au printemps affairé,
quand la routine tourne
les pages obligées.

Je lis Marion Brunet
et les romans s'enchaînent,
offrant entre les lignes
leurs brins d'humanité.

 

Princesse en ses palais

C'est un anniversaire
dans un lieu singulier,
la rouge pizzeria
du centre de Palau.

Tout contre la cuisine,
dans le feu des odeurs,
une jolie princesse
mange ce qui lui plaît.

Des nuggets et des frites
avec un soda frais.
Des nourritures simples
pour charmer deux palais.

Le palais de sa bouche
et ce Palais de Verre
où la jolie princesse
vit ses grandes vacances.



mercredi 30 juillet 2025

Quelques gouttes de sang

À Katia B. que je ne connais pas

Quelques gouttes de sang
avec moi partagées
ont traversé les mers
pour vivre leur amour.

Amour transatlantique
que celui de deux femmes
se jouant des distances
pour mieux s'apprivoiser.

Une poignée de terre
des vignes de l'Hérault
et le sel des Sétois
en quête de bonté.

mardi 29 juillet 2025

Lasagnes familiales

Lasagnes à venir.
Un projet délicieux.
Les pâtes se reposent
tout au fond du placard.

Bientôt viendra la sauce,
la tendre inspiration,
l'éventail de saveurs
en touches colorées.

Puis comme une couronne,
le fromage râpé.
Le four et sa chaleur,
l'attente des convives.

Tant de préparation
pour bien se régaler.
Un festin de famille
avant deux trois cafés.

H de Henri

On dit que la lettre H
vient d'un dessin ancien,
celui que les Hébreux
réservaient à la vie.

À son souffle et sa force.
À sa sage évidence.
Le Daleth et le Youd,
le présent, l'avenir.

Je connais un ami
dont le prénom commence
par la lettre de vie
qui guide ses actions.

Il est, dans son foyer,
cette présence calme
qui donne à chaque membre
la force d'exister.



 



https://alephbeth.net/lalphabet-hebraique/les-lettres/he-he/


Ave Maria

Quelques vers pour Marie
dont je sais qu'elle me lit,
quelque part à Latour
dans le froid du matin.

Elle a un doux sourire
qu'elle emprunute à sa mère
et une volonté
qu'elle tire de son père.

Mais elle est surtout elle,
tout entière et si noble.
Un accent et des yeux
qui disent la beauté

des choses et des êtres.
Et du combat aussi,
qui, mené chaque jour,
la rend encor' plus belle.



Reprise

J'ai promis à ma mère
de reprendre la plume,
pour chanter de la vie
les accidents légers.

Le vol d'une mouette,
orpheline de mer
et le son de la cloche
marquant sept heures et quart.

Qu'il est doux de t'écrire,
à toi lecteur lointain,
qui n'a pas de visage
mais un cœur qui me lit.

Desconnexió

Deixarem les pantalles
per tornar a la sorra.
Caminarem tots dos,
a la vora del mar.

Tindrem com a rellotge
les gavines i el vent.
Un llaüt silenciós
i l'escuma del mar.

I amb les dues mans
em velaràs la vista.
Oloraré tos dits
i cantaré lleuger.

vendredi 25 juillet 2025

Veille poétique

  À F. et T.

Il y eut cette lecture
de notes oubliées
d'un poète du sud
un matin de juillet.

Avec la voix connue
régnant sur la blancheur
de la petite chambre
où une amie dormait.

Il y eut de belles heures,
par delà les minutes,
une veille attentive
que les mots soutenaient.

A foc mansuet

A ma mare

Són perles del rebost
que he posat en remull,
a la posta del sol
d'un dia de juliol.

I l'aigua s'ha tornat
com tinta de la Xina.
Un líquid tan profund
que s'empassava els grans.

Desprès de dues hores
d'un bull a foc mansuet,
han pres la forma estranya
d'uns granets de cafè.

N'he fet una capseta
per complaure a ma mare.
Li portaré ben prest
perquè sé que li agraden.




Infusion subtile

L'eau recouvre une mixture de feuilles sèches
qui révèlent soudain leur odeur de forêt.
                                                        Marion Brunet

Mon amour, mon trésor,
j'ai saisi sur tes lèvres
un langage inconnu.

Et j'ai songé au goût
des tisanes légères,
à l'infusion subtile
de leurs feuilles choisies.

Mon amour, mon trésor,
tu m'as appris à lire
puis tu t'es en allée.



Truchement

J'ignore d'ailleurs si les deux hommes 
pouvaient s'entendre l'un l'autre sans truchement.
                                                                    Paul Valéry

Le texte se défile,
il glisse entre les doigts,
comme un sable trop fin,
nostalgique de l'eau.

Il y a des grains plus nets,
plus sombres et plus lourds,
le traducteur les sent
entre ses doigts serrés.

Ainsi commence l'œuvre
du truchement premier.
C'est par les mains de l'autre
que le texte renaît.



jeudi 24 juillet 2025

À l'heure du goûter

Il est une fiancée
qui a cueilli des fleurs,
en bordure de l'onde,
à l'heure du goûter.

Une femme de l'ombre,
un voile de coton.
Un sourire de nymphe
fuyant son Cupidon.

Il est une fiancée
qui a offert son cœur,
en bordure du fleuve,
à l'heure du goûter.

Crema vespertina

Una crema lleugera
amb regust d'absolut.
Un record dels fonolls
collits vora el camí.

La llibertat discreta
de llurs tiges verdoses,
esperant el frec aspre
de les botes d'estiu.

Una crema lleugera,
per sopar a les fosques,
tot pensant en la sort
dels fonolls del camí.

















Page grise

J'ai tardé à t'écrire
ces mots d'une nuit pleine
de tonnerre et d'éclairs
me laissant éveillé.

Les nuages frôlaient
la toiture légère
et les tuiles grondaient
sous la pluie vengeresse.

Le matin m'a rendu
ma plume avec mon encre,
sous un ciel plus serein,
comme une page grise.

Saudade

La tristesa de l'oest,
de l'oceà callat.
La grisor de la pluja,
l'espera de l'amada.

L'amant s'ho imagina
en llegir la paraula.
Set lletres de vellut
en un coixí d'insomni.

Tendresa d'un sol mot
com un poema ple.
El matí de tristor
és color de saudade.

lundi 21 juillet 2025

Funambulisme

La langue de l'amour
ou l'amour de la langue...
Je suis un funambule
marchant sur les Albères...

Et ce que je ressens
dans une langue amie,
ne peut plus s'exprimer
que dans sa sœur jumelle.

L'estime est ainsi faite
qui naît dans le désir
de t'avoir près de moi
sans m'imposer jamais.

Comme si l'on changeait
de fréquence radio,
passant du catalan
au français silencieux.

Realitat de la ficció

Fullejaré les pàgines
d'un recull oblidat.
Un faix de fulls impresos
deixat en una taula.

Un cafè del passat,
el vell Continental,
a tocar del jutjat
de columnes solemnes.

Són versos de l'Antoni,
personatge fictici,
nascut de la lectura
d'en Salvat-Papasseit.

Fullejaré les pàgines
d'un recull inventat.
Un faix de fulles mortes
deixat en una taula.

Promesa

M'has parlat a la nit
i m'has donat tres flors.
Tres flors de remembrança
en un llibre petit.

El llibre és de vent lleu,
una alenada viva,
promesa d'un recull
que ben prest naixerà.

Pàgines de carícies
amb frecs de capcirons.
El desig en una obra
que ben prest naixerà.

D'Argelers a Gaza

La sorra té moments de llum salvatge
                                 Gumersind Gomila

Si la sorra és de mots,
de què sera la mar?
Del silenci dels morts
o dels sanglots dels vius?

Camino per la platja
d'Argelers al capvespre.
Hi sento les mans fredes
dels germans exiliats,

les paraules gebrades
que ara són grans de sorra.
Una arena gruixuda
amb rojor de llur sang.

El riure d'unes noies
corrent cap al mar blau
em recorda el meu oncle
celebrant-i l'amor.

Homenatge a la vida
quan Europa moria
sota l'odi i les bombes
com avui dia a Gaza.

Caminen per llur terra,
gazauins sense rumb.
I sento les petjades
dels germans exiliats.

dimanche 20 juillet 2025

El poble dels amics

El poble dels amics,
les barques esperant
el vermut de la nit,
les converses sinceres.

És el Port de la Selva,
la selva dels bons mots,
l'espera amb gust de sal,
a l'hora de la posta.

La nit serà violeta
amb sorollets de mar.
El crit d'una gavina,
la vela d'un llaüt.


















foto: Roser Blàzquez

Lectura de juliol

M'han llegit a la tarda
en un vidre rodó,
al costat d'un bon llibre
i d'un antimosquits.

M'han llegit a la tarda
en un faix de fulls blancs,
tancats per una goma
i una agulla blava.

Un mirall de verdor
en la taula rodona.
El cel clar de juliol
per fer secar la roba.

Uns poemes estesos,
un got de llimonada,
el mòbil carregant
i les sabates tretes.


















foto: Íngrid Obiol

Arythmie passagère

Jamais si peu de vers.
Un juillet de la vie.
La syntaxe s'envole
il reste les silences.

Un livre qui s'imprime
après l'enfièvrement
à retenir des odes
qui rythmaient les journées.

Je sens venir l'envie
de revenir aux vers,
dans chacune des langues
qui rythment mes journées.

mardi 15 juillet 2025

Ode à Frédérique

L'impudeur c'est décrire
et la pudeur d'écrire
des vers pour Frédérique,
luttant dans la blancheur,

des mots et des sourires,
la chaleur d'un ami,
ce voyageur patient
des soirées de juillet.

Je ne suis que sa plume
à cet ami fidèle
qui connaît de Paris
la profondeur amère.

Arena vs Sorra

La blancor de la mà
ve de l'arena seca.
Del tacte de la costa
esperant l'aigua immensa.

Costa sense marea.
El mar enmig de terres,
deixant la sal entrar
al cor de cadascú.

La sorra és de vaixells,
l'arena és de sequera.
La mà que la pateix
és d'ensorrada vana. 

lundi 14 juillet 2025

La source humble et discrète

La source humble et discrète
de la vie simple et belle.

La verdeur de la nappe
et les saint-honoré.

La joie de la famille
et mes vers qui oublient

les verbes du récit
pour rendre l'émotion

d'une fête gardoise
autour d'une moustache,

un sourire enfantin
qui jamais n'a quitté

notre Guy Zibelli
fêtant quatre-vingts ans.





dimanche 13 juillet 2025

Jeanne

Je ne la connais pas
mais on me dit qu'elle joue
du matin jusqu'au soir
avec ses grands-parents.

Son prénom est douceur
comme un tissu de soie
glissant entre les doigts
de sa mère qui l'aime.

J'ai appris voici peu
que Jeanne s'unirait
à maman Caroline
une semaine... et plus.

El pastiller del pastisser

Ai, pobre pastisser!
El metge li va dir:
malfia't de la dolçor
de les llaminadures.

Ha deixat els pastissos
per un nou pastiller
de coloraines tendres
tan agres com el guix.

I quan prepara postres
es tanca els dos narius,
tot somiant en un món
sense cap pastiller.

samedi 12 juillet 2025

Noire tristesse

Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
                        Paul Éluard

Que la loi est injuste
qui met tout un chacun
dans un casier commode
avant de s'en aller.

Elle dit qui est coupable
et qui ne peut pas l'être,
non par ce qu'il a fait
mais par l'âge qu'il a.

Et la victime saigne,
et la victime crie,
elle est laissée pour compte
sur un coin du parquet.

La justice est si lente,
elle est si mécanique,
qu'elle oublie la personne
pour s'en laver les mains.

Et dans leur robe noire,
les procureurs promènent
sur les pauvres victimes
un regard vide et fat.

Hommage mérité

C'est une union parfaite,
mêlant le cru au cuit.
Le pâle du magret,
la couleur des tomates.

C'est une allégorie
rassemblée dans un plat.
Dix ans d'amour intense
chez un couple discret.

Salade de Sarah
et magret de Victor.
Un moment d'absolu
quand le soleil décroît.

J'ai mangé lentement
leurs deux saveurs mêlées,
rendant à leur amour
l'hommage mérité.



jeudi 10 juillet 2025

Amours croisées

Je t'aime le matin
et je t'aime le soir.
Dans le feu du jardin
ou la fraîcheur de l'onde.

Je t'aime sans le dire.
Ou bien en le disant
par mes yeux qui scintillent
en regardant le Sud.

Tu m'aimes le matin
et tu m'aimes le soir.
Dans le feu de ta voix
ou la fraîcheur des songes.

Bouillonnements

À mon cousin Thierry

J'ai appris ce matin
que l'on disparaîtra
quand bouilliront les mers
sous un feu ancestral.

Et je pense à Louise
en proie à son malheur
et à sa joie mêlée
quand le désir l'étreint.

Un sonnet de contraste
sans nul autre bouillon
que celui des syllabes
qui signent son Amour.



mercredi 9 juillet 2025

Guixons al matí

Als amics del sindicat

He fet bullir guixons,
les mongetes petites
amb un ull negre al mig.

Dotze hores de remull
dins del silenci fosc
abans de la ballada.

I ja ballen tots junts
amb els ulls ben oberts
i bona cantarella.

Venen del sindicat,
del cor del Moianès
on venen el millor

per donar-me nostàlgia
de mon illa adorada
on tots els aprecien.

Els menjaré tebiets
en senzilla amanida
amb ma mare al Molí,

barri de Perpinyà
tan blanc com les casetes
de mon illa adorada.




lundi 7 juillet 2025

Devant le piano noir

C'est la langue des mains
qui guide père et fille,
en quatre ailes volant
sur un même tempo.

Devant le piano noir
et son miroir de laque,
la petite s'invente
un futur à sa guise.

Tandis que dans son dos
son père la prépare
au long cheminement
des maîtres de chapelle.



Sonet corxerà

A dins de l'auditori, un diumenge al fosquet,
vaig tenir el plaer de reviure cançons,
amb el poble gaudint del passat els ressons
i els coristes traient-ne el deliciós suquet.

De l'Europa del Nord i de la nostra casa,
van fer volar els anys, a ritme de les veus,
regalant a la gent joies i camafeus
i tot creant un món d'aquesta taula rasa.

Una carta en dos temps, de paràgrafs encesos.
Bogeria de mans, de cares i de llengua.
Camises de blancor, pantalons de negror.

Suor de la coral, cartipassos malmesos.
Una hora de concert, fugint de la calor,
que reviurem més tard, enmig de la frescor.



dimanche 6 juillet 2025

Le clandestin des notes envolées

J'aime l'espace-temps
qui module les lieux
et j'aime m'y trouver
avant qu'il s'institue.

Une salle fermée
avant un beau concert.
Les choristes vibrant
dans la répétition.

Ce lieu n'est pas le mien
mais leur temps le devient
et je suis clandestin
des notes envolées.

Esperant el concert

Esperant el concert,
a l'ombra de la sala.
Dels murs pintats de blanc
i de l'assaig llunyà.

M'imagino les cares,
la roba en blanc i negre,
l'onctuositat del piano,
la batuta d'en Pere.

Esperant el concert,
veig néixer un pentagrama
amb orenetes blaves
assaborint l'estiu.

Dolçor

Qui diu que la dolçor
és mare de silenci?
En conec els batecs
i les paraules vives.

Paraules dibuixades
en llavis esperant
del dia l'hora fosca
i de la nit la llum.

Qui diu que la dolçor
és mare de buidor.
En conec un cor ple
que raja de melada.

samedi 5 juillet 2025

Artísticos zaguanes

   Siempre fue la lengua
   compañera del imperio. 
             Isabel la Católica

Se combinan las lenguas
en arte callejero,
de portal en portal 
sin miedo ni concierto.

Las palabras vencidas
son las de vencedores 
que creyeron un día 
amordazar la gente,

sin pensar que más tarde
los nietos de vencidos
llenarían las casas 
con arte vengativo. 


Futbol de franc

Han jugat a futbol
damunt de les trinxeres
on tant d'avantpassats
van morir oblidats.

Han jugat amb el cap
de l'antic dictador
que segueix dominant
un país sense estat.

Han inventat un ball
d'esforç i de bellesa 
per retre un homenatge 
de passades i xuts. 


Ex abrupto

Ils ont ouvert leur porte 
à l'art qui se faisait.
Ils ont ouvert leur cœur
aux nombres insensés,

à la combinatoire 
des sons et des couleurs
dans d'humbles entrepôts
et de riches demeures.

Des panneaux instructifs
à la langue adaptée
ont guidé les passants
avides de comprendre

le pourquoi d'un passé
ayant soumis la ville
avant de la saisir
par un silence froid.




Ex abrupto

Ils ont ouvert leur porte 
à l'art qui se faisait.
Ils ont ouvert leur cœur
aux nombres insensés,

à la combinatoire 
des sons et des couleurs
dans d'humbles entrepôts
et de riches demeures.

Des panneaux instructifs
à la langue adaptée
ont guidé les passants
avides de comprendre

le pourquoi d'un passé
ayant soumis la ville
avant de la saisir
par un silence froid.



jeudi 3 juillet 2025

Géométries notariales

Le fauteuil de coton
attend qu'on y repose
l'attention minutieuse
que requiert cet endroit.

Si les angles sont durs,
et le contraste vif
entre les matériaux
et les surfaces pleines,

c'est que la nudité
et le parfait silence
recèlent les paroles
de tant d'individus

qui ont confié ici
leurs biens et leurs espoirs,
l'éclat d'une lignée
qui jamais ne s'éteint.

Le fauteuil vermillon
susurre une passion
qui sait tirer du droit
la chaleur des échanges.



mardi 1 juillet 2025

Plage blanche

À Fatiah, avec reconnaissance

C'est une plage blanche
dont on nous fit l'offrande.
Une plage de grains
odorants et beurrés.

La semoule essentielle,
apprise en Algérie,
le pays du soleil
regardant vers la mer.

Et c'est le grain des plages
qui bordent son rivage
que je vois s'étaler
au fond de nos assiettes.

Bientôt viendra le feu
rougeoyant du bouillon
rappelant la fierté
des peuples algériens.

C'est une plage blanche
que je garde en mon cœur.
Une offrande essentielle
qui signe l'amitié.




lundi 30 juin 2025

Ventall esperant

Ventall esperant.
Esperant la ventura
de ventar-te fosquet.

La carícia dels dits,
La cara tan a prop
dels colors de la nit.

El llençol n'és gelós.
Amb tant de colorets
...mes sense moviment.


La nostra lluna

És una coma xata,
una vírgula blanca,
esperant les paraules
que inspirarà la nit.

És la posta del sol,
el triomf de la lluna.
La nostra lluna blanca
teixint llençols de lli.

A poc a poc fosqueja,
la terra beu l'or fos.
La blavor del cel mut
exigeix versos nous.



Rose

Elle était une rose,
une rose jolie.
Elle tirait son prénom
du choix de ses parents.

Et ses joues étaient roses,
tout comme sa layette,
qui embaumait la rose,
au sortir du tiroir.

Sa mère l'aimait fort,
sa mère l'aimait bien,
car sa fille incarnait
ce qu'elle avait souhaité.

Son père l'aimait fort,
son père l'aimait mal.
Il a meurtri la rose
qui grandissait si vite.

Et Rose est devenue
une mère à son tour, 
veillant sur deux enfants,
autrement prénommés.

Les pétales ont fané.
Le souvenir du père.
De la mère impuissante
devant son fruit blessé.

Notre Rose n'est plus
et ses enfants sont seuls.
Tout au fond d'un tiroir,
une rose embaumait...



Un soir à Centelles

Le poète est mort...
il manque un pied au vers
Le poète a aimé,
et le vers est complet.

Orphée sans Eurydice
et un chœur sans Delibes.
Sous-sol de la Violeta,
un soir de la fin juin.

Je suis dans le public,
les yeux sur mon aimée.
Je sens mon cœur qui vibre
aux voix qui se rassemblent

et tirent des enfers
la cantate oubliée,
en faisant scintiller
ses notes à Centelles.

Une heure en deux coupée,
un moment d'absolu.
Les langues se mélangent
et le public exulte.





dimanche 29 juin 2025

Atzavara florida

És una planta exhausta
vorejant la sequera.
Ha tret del seu fullatge
tota la saba bona

per fer néixer al seu cor
una flor de verdor,
com un senyal immens
que la mort no pot res

contra la fe dels homes
ni contra l'esperança.
Atzavara florida.
De la A a la A.




















foto: Xavi Vinuesa

Aquestes no-paraules

Aquestes no-paraules
m'omplen el cor i viuen.
Són vocals d'un poema
respirant al calaix.

No tenen consistència
però ja tenen ritme.
Bateguen sota els dits
en sis moments sonors.

Aquestes no-paraules
són el fruit de l'espera
en una nit d'estiu
on no-dormim tots dos.

samedi 28 juin 2025

Présent défloré

Il était un bouquet 
fait de trois fleurs semblables.
Rouges coquelicots
disparus à jamais.

De ces fleurs des chemins,
est resté un dessin
de la main d'une femme
bannie de son pays,

par ceux-là mêmes qui,
au mépris de la langue
et de la tradition
ont ravi le symbole

de son peuple blessé,
de son peuple violé,
à présent défloré
par les envahisseurs.




Za'atar

Són herbes del camí
collides a l'atzar
per un poble que fuig
la seva terra eterna.

Són herbes trossejades
per qui s'ha refugiat
en una casa aliena
sepultada en silenci.

El silenci dels cors
que ploren i esperen
un dia de tardor
per compartir el pa,

sucat en oli tebi,
amb herbes del camí
com corona d'espines
pregant per Palestina.



D'un lieu imaginaire

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth...
Que le vers est limpide, qui invente la rime
et porte sur l'espace un regard magnanime,
en inventant un lieu, au sein de la Judée.

La Légende des Siècles se suspend sur un somme
et sur l'amour qui naît d'une pauvre glaneuse.
Le patriarche est bon qui la rendra heureuse,
en oubliant en elle sa solitude d'homme.

Mais les alexandrins filent dans le désert,
oubliant au passage, la sagesse de Booz
et la douceur de Ruth sortant de la misère.

Les héros fatigués, il n'y a qu'Hugo qui ose
changer le fil du temps pour mieux les encenser,
en honorant leur couple, par des vers cadencés. 




L'impératif passé

J'ai toujours admiré
l'impératif futur
des Latins nos ancêtres.

J'y voyais un sursis
au présent rabougri,
ouvrant une fenêtre

sur un futur possible
que l'ordre instituerait
en certitude claire.

Mais les ans ont passé
et le futur s'étiole
au gré de mes pensées.

Alors me vient l'idée
d'un nouveau temps verbal
tourné vers l'autrefois.

L'impératif passé,
pour nuancer un brin
bien des désagréments,

d'étranges frustrations
ou des déconvenues
devant le cours des jours.

Aies été heureux,
Ayons goûté la vie,
Ayez souri aux autres.

Mais ce n'est qu'une idée,
un tour de passe-passe,
pour jouir du passé.

La por de la por

Jo tinc por de la por,
la paor de l'absència,
del silenci sobtat
dels éssers estimats.

Jo tinc por de son ombra,
com companya callada,
dels meus passos estrets
a la vora del riu.

Jo tinc por del demà,
de les noves paraules
que vindran per venir
a fer-me companyia.

I mentrestant jo visc,
collint la farigola
dels afores del poble
en dolça remembrança.

Record dels estimats
que xiuxiuegen tots
al cau de mon orella
per treure-me la por.

Love Boat vs Troll Bot

Il est parole libre
qui se joue des fâcheux,
jetant sur leur faiblesse
un regard amusé.

On raille son discours,
à la langue précise,
comme s'il était le fruit
d'algorithmes oiseux.

Et voilà que surgissent,
d'entre leurs pauvres lignes
d'étranges mots d'oiseaux
venus d'une autre langue.

Il serait un Troll Bot
une machine haineuse,
alors qu'il ne veut qu'être
un honnête homme actuel.



vendredi 27 juin 2025

Faristoleta

Per llegir partitures,
tot tocant pel carrer,
et cal un faristol
que es pugui desplaçar.

I es quan ve l'Anaïs,
amb samarreta blanca,
per portar partitura
a l'esquena enganxada.

Faristoleta viva,
la nena és eixerida,
amb pentagrames molts
per guiar guitarristes. 

jeudi 26 juin 2025

Maduixeta nana

La maduixeta nana,
la flor de la terrassa.
Un somriure vermell
cap al sol que s'adorm.

Més petita que l'ungla,
de color de la sang,
sembla un tinter de vidre
esperant tinta roja,

per corregir les faltes
d'un Déu oblidadís
que es descuida dels homes
per adorar el sol.