dimanche 23 mars 2025

Attente

Et j'attends ta parole,
en écoutant la pluie
qui caresse le toit
d'un clapotis glacé.

Ta parole viendra,
au terme de la nuit.
D'abord par quelques mots
puis dans les embrassades,

la chaleur du café
et le chant des oiseaux.
Cette simplicité
qui nourrit mon attente.

Ressenti à rebours

J'ai ressenti le poids
de mon corps à l'arrêt.
La pesanteur de bois
de la station debout.

J'étais dans un théâtre
sans scène ni fauteuils,
une atmosphère bleue
de bruits et de fureur.

Le corps me faisait mal.
Il me fait mal encore,
dans cette nuit pluvieuse
où revient le spectacle.

La nudité des corps
sous des voiles légers
ou drapés de plastique 
jusqu'au trait de la bouche.

Mais que ce mal est beau
et la douleur légère
qui me permet de vivre
ce que le soir je vis.

Des pandas en sursis,
des processions de voix,
implorant de la pluie
de fécondes semences.

Et puis sur les écrans,
la colère des eaux
et la stérilité
des terres emportées.


¿Quién dice que la lluvia..?

¿Quién dice que la lluvia
es cortina ligera?
Ayer la vi pasar
a raudales pesados. 

El drama de la gente
por la ventana fría
de una pantalla gris
juntito a una jaula.

La jaula es azul.
Un blao de alambrada.
Escudo por los años
que nos cuesta vivir.

Fantasmas de blancura,
micrófonos abiertos.
El teatro es de sangre,
el público de pie.

Vengo de romería.
Soy romero de voces.
He pedido a la lluvia
lo imposible y màs.

¿Quién dice que la lluvia
es silencio de voces?
Ayer la vi hablar
juntito a una jaula.


Una altra estructura

Esllavissada de colors,
de fang i d'edificis,
riuades d'arbres morts.
Una altra estructura.

Gàbies de filferro blau
com escenari ple
de fantasmada fina. 
Una altra estructura.

La música i la veu,
cablejat a l'esquena,
els ulls d'oli brillant.
Una altra estructura.

samedi 22 mars 2025

Un vent de liberté

—Por Dios te ruego, marinero,
dígasme ora ese cantar.—
                                Anonyme

Il faudra bien qu'un jour
nous allions au jardin
où sont les camélias
dont je sens le parfum.

Mais il ne faudra pas
que tu m'en cueilles un,
précipitant la mort
de sa tige légère.

Tu es la liberté
qui va par les chemins,
donnant à chaque bourg
un peu de ton sourire.

Et qui te veut pour lui,
ne comprend qui tu es.
Tu es muse incertaine
et vent coulis cendré. 

Seuil

L'équinoxe est ainsi,
qui vient sans crier gare,
au milieu d'un matin
que l'on croyait commun.

Une ligne légère,
un partage des eaux,
l'empreinte de la terre
entre deux océans.

C'est le seuil de Naurouze
attendant les curieux,
les chemineaux pressés,
les rêveurs d'absolu.







Nature vivante

Tu écris à la table
où l'on dîna naguère
pour un anniversaire
qui nous unit à trois.

Ta frappe est si légère
que les mots semblent loin.
D'ailleurs d'où je me trouve
je n'en vois pas l'empreinte.

Le soleil nous revient.
La pluie est illusion.
L'après-midi n'a d'heure
que celle de sa fin.

Tu replieras l'écran
sur le tiède clavier
et après un thé vert
nous irons au théâtre,

voir une pièce étrange,
sans fauteuils ni distance
où dit-on les acteurs
se mêlent au public.

Mais pour l'instant tu frappes
des mots sur le clavier.
Des scènes d'un roman
qui clora le printemps.

Il faudra bien

Il faudra bien laisser un jour
avant d'entrer dans nos musées
tous ces poignards, toutes ces lames
tout ce fourbi qui nous encombre

Il faudra bien gagner un jour
avant de se lever matin
toutes ces larmes, tous ces mouchoirs
tous ces ennuis qui nous désarment

Il faudra bien mais tu le sais
laisser dehors les mots d'autrui
et inventer tout bas les nôtres
avant de disparaître un jour 

Fideuà de muntanya

Fideuà de muntanya
amb ultracongelats.
El temps passa volant
amb generositat.

No és res de l'altre món.
Tot d'aquí i molt més.
Tendresa de la cuina,
la parella al costat.

Fideuà senzilleta
amb carxofes de llauna,
tomàquets del rebost 
i all de la padrina.

Que siguin molts els anys
de fideueta humil,
amb les mans a la cuina.
I el cor a la muntanya.

En Marc fa anys avui

Camina pel carrer
amb pas accelerat,
és que avui fa anys
i no es vol perdre el dia.

És home de passions,
de música i d'amics.
Li agraden les illes
que miren cap als States.

És home llaminer,
amant de bons platets
que prepara a la tarda
o a la nit tancada.

Camina pel carrer
amb el cap ple de somnis.
Quan torni al migdia
l'esperarem amb goig.

Tinta del camí

La tinta és grassa i negra,
un líquid que se seca.
Petroli de l'orígen
i quitrà del camí.

El sortidor regala
les seves batzegades
a un cinquanta el litre
per caminar més lluny.

La carretera estreta
passa sota un pont vell
de fusta ja corcada
i d'amor per escriure.


Elino

Il est l'élu du cœur,
ce bébé de la vie
qui se prénomme Elino
et attend notre amour.

Sa peau est une page
où s'écrivent les mots
des parents qui l'admirent,
grands-parents et amis.

Ses lèvres sont de lait,
ses doigts déjà saisissent
le toucher du vieux monde
qui lui fait une place.

Je pense à l'Allemagne
qui sourit en l'aimant
et à une île blanche
d'où l'on m'écrit qu'il naît.

Gargot de cendra i sang

Primera lletra escrita.
Gargot de cendra i sang.
Batec de vida immensa.
Ja s'obren els camins.

A verda d'alenada
o I de benzinera.
El crit és de la ploma,
la pàgina del blanc.

Respir de la lectora
llepant els meus contorns.
Ja soc lletra de vida,
gargot de cendra i sang.

vendredi 21 mars 2025

Noix d'amour

À Roser... et à Marc

C'est l'amour d'une mère
qui brise la coquille
des noix de sa cuisine
pour régaler son fils

qui travaille en banlieue
jusque tard dans la nuit
à préparer des viandes
que d'autres mangeront.

Son outil à la main,
penchée sur son ouvrage,
la mère l'accompagne
sans cesser d'y penser.





Équinoxe de printemps

À mon cousin Thierry

Dix heures du matin,
dix heures, une minute.
Le couteau tranchera
notre bon jour en deux.

La noirceur de la nuit,
le soleil dans sa robe.
Des contrastes soudain
que la grisaille mêle.

Le printemps est venu
mais les nuages sont
la traîne que l'hiver
nous lègue en testament.

Hora dels poetes

Poètes, vos papiers !
                Léo Ferré

És hora matinera,
és hora dels poetes,
un bocinet de dia
amarat de salobre.

S'hi troben els amants
dels núvols i del sol
dels mots de cada dia
i de les veus amigues.

És hora matussera
d'un dia qualsevol.
Qui la vol celebrar
que vingui amb sa llibreta.

Modesto

Modesto és el nom
de l'amic d'un poeta,
poeta dels objectes
que va col⋅leccionant.

Modesto és el mar
per on passa somniant
en terres valencianes
amb terrisses de sol.

Modesto és el son
que s'omple de carícies
quan es tanquen els llibres
i s'obren les cançons.



Robatori

Un mar de matí gris,
un mar de matinada.
Arrugues per la pell
dels mariners insomnes.

Són l'espessor de sal
i el gruix de la foscor
els responsables vils
de tanta son perduda?

La mar és de petroli,
la sorra de ciment,
ens han robat el món
que pensàvem cuidar.














foto: Joan Verger

mercredi 19 mars 2025

Quintessence

De cidre le vinaigre.
La quintessence acide
de ces petites pommes
qui jouent à cache-cache.

Un soleil délicat,
entre les feuilles vertes
et la frisure tendre
des salades d'hiver.

De cidre le vinaigre.
De douceur l'amitié.
La quintessence vive
des repas à venir.

mardi 18 mars 2025

Hasard fécond

Le hasard est fécond
qui volette en tout sens
quand la jeune épousée
s'enquiert de son chemin.

Délaissant son mari
qui tient les falbalas,
elle frôle le tissu
du passant informé.

Comme une oiselle en fleur,
sa demoiselle piaffe,
tenant entre ses mains
leur voile de futur.









photo : Paco Gomila Pons

lundi 17 mars 2025

M'agradaria

M'agradaria sentir-te fluix,
amb paraules estrangeres,
d'una llengua desconeguda
sens accents ni mètrica.

Per assaborir-te la veu
com qui beu d'una font freda
en tornar de passejar
per les mil capes del sol.

M'agradaria veure't moure
els llavis amb amics,
conversant a tota hora
o bevent d'una font freda.

Réalité

C'est la réalité des mots
qui soutient les octosyllabes
en les tirant des lieux obscurs
pour les dévoiler au grand jour.

Des verbes et des adjectifs,
le vers défait les liens sacrés
pour en tirer la chair nacrée
qui s'écoule et puis disparaît.

C'est la réalité des sons
qui nourrit les octosyllabes
en les frappant du sceau du vrai
pour mieux effaroucher le faux.

Realitat

Veles blanques de la pell
que claregeu a les fosques,
parleu-me de l'estimada
i dels seus somnis reals.

Car la son és una platja
de sorra fina i de gel
on imperen els vaixells
de remota realitat.

Veles blanques de la pell,
tendres carícies de veu,
no dubteu en despertar-me
de l'obscura nit sens ella. 

samedi 15 mars 2025

Plage d'or

C'est une plage d'or
où reposent des verres,
un désert de victuailles 
à l'heure de la sieste.

Des vagues de torpeur,
l'arc en ciel de l'eau claire.
Une attente polie
qui oublie les convives.

Et pourtant voilà peu,
on devisait gaîment
faisant naître les vagues
du feu de la raclette.







© Alain Bourret

vendredi 14 mars 2025

El galliner dels mestres

El galliner dels mestres
és ciutat ideal.
En un tres i no res
aixequen parets buides.

La saviesa és d'estirp,
tots dos són gallinaires,
i tenen a ca seva
aquesta societat.

Gallines rondinaires,
gallinetes joioses,
noietes i donasses
mes res d'orgull de gall.

mercredi 12 mars 2025

Avenues du savoir

La vie. La simple vie.
Un battement de textes
tirés des rayonnages
et qui prend en s'ouvrant
un sens inattendu.

Ainsi est le trésor
du lieu des collections,
petite bibliothèque
où niche le savoir.

Le printemps des poètes
ou le temps des châtaignes,
tout est prétexte à lire
la lumière du jour.

Des conseils avisés
mais jamais insistants.
Les avenues sont larges
entre les œuvres vives
que vous découvrirez.



Pages retrouvées

Les pages manuscrites,
annotées prestement,
s'oublient dans les tiroirs
de la vie qui s'anime.

Et puis un jour viendra
où elles se déploieront
à la lumière vive
du temps qui est passé.

La main caressera
les pleins et déliées
d'une écriture bleue
qui rêvait à la mer.

Le non-dit reviendra,
l'ennui de l'apprenant
dissertant dans sa classe
et songeant dans son cœur.

Contrapunt

Qui diu que la cultura
és llenya per cremar,
branquetes arrencades
del tronc gros de la vida.

Ahir vaig veure flors
naixent de l'ametller,
clares i delicades
sense por de l'oblit.

Un deure de francès
sobre el gran Rabelais.
Una demostració
de gust i de saviesa.

I com un contrapunt,
música celestial,
els apunts de la profe
acompanyant l'alumna.



mardi 11 mars 2025

Ametller en somni

A la Roser

Un ametller en somni.
El somni d'un poeta
com un agraïment
a qui porta el combat.

Un combat de mots vers
sense llengua de fusta
per fer costat a tots
els que viuen de poc.

Un ametller en somni,
de saba viva i fresca
per plantar-hi la ploma
com arma de present.



Mise en bouche

À Ponç Pons

C'est une mise en bouche,
après le café fort.
la douceur de l'orange
avec son amertume.

Et puis vient l'écriture
devant le café froid.
La cueillette visible
des mots de la nuitée.

La concorde sereine,
le texte d'un ami
qui puise dans l'histoire
la sagesse infinie.

lundi 10 mars 2025

Monde incertain

Les yeux se sont éteints
qui dévoraient la vie
dans la conversation.

La parole s'est tue
mais la peau est lumière
qui nourrit le respect.

Les yeux se sont ouverts
sur un monde incertain
où la vie bat toujours.

Permanence

Et la fleur a séché,
comme sèchent les feuilles
des livres oubliés.

Mais l'encre en eux demeure,
prolongeant la pensée
de l'auteur qui n'est plus.

Ainsi est cette fleur,
aux couleurs délavées,
mais à la forme entière.



Et, malgré tout, l'amandier....














Tandis que l'Europe, comme jamais, se réarme,
poussée par la peur et un futur incertain...
l'amandier poursuit sa floraison.

Malgré les vidéos de magnats indécents,
rêvant d'hôtels de luxe sur des ruines injustes...
l'amandier poursuit sa floraison.

Et malgré les souffrances de ceux qui ont tout perdu
dans les crues sous le faix de politiciens corrompus...
l'amandier poursuit sa floraison.

Malgré la fonte des glaces polaires,
les inondations et la sécheresse qui tuent...
l'amandier poursuit sa floraison.

Malgré les discours de haine et le racisme
qui font tache d'huile et horreur...
l'amandier poursuit sa floraison.

Malgré tous ces méchants et ces menteurs
qui s'abritent derrière des discours de foi et de moralité...
l'amandier poursuit sa floraison.

Malgré la souffrance des femmes et des enfants du monde entier,
subissant encore abus et mépris...
l'amandier poursuit sa floraison.

Malgré la détresse de nos paysans
dont la fin signifiera notre faim...
l'amandier poursuit sa floraison.

Malgré les menaces sur notre langue
qui nous poussent à lutter pour l'école en catalan...
l'amandier poursuit sa floraison.

Et c'est parce que l'amandier continue de fleurir
que nous, dressés et opiniâtres,
nous devons être un peuple en lutte, résistant et plein d'espoir.

© Roser Blàzquez Gómez, traduit du catalan par Michel Bourret Guasteví

Deixant fructífer

Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
                                        Stéphane Mallarmé

El deixant del vaixell
és corona de flors,
escuma de la terra
que heu deixat allà.

Hi sento els sons discrets
de la llengua estimada.
Els versos del rebost
amb sabors de jardí.

Mes penso en el futur
de la barca tan blanca
navegant cap a l'illa
on neixen els relats.

Uns relats per escriure
amb petjades de son,
els mots vells de la tribu
i els somnis per crear.

dimanche 9 mars 2025

Escola Ginesta

És la ginesta d'or
amb signatura blava.
Un logo dissenyat
com un somriure franc.

Una escola de barri
nascuda de la gent
en plena dictadura
abans de prendre flor

a principis de segle
amb inquietuds diverses,
per a tots els alumnes.
Tots ells i cadascú.

La branca de ginesta
floreix a cada instant
quan ens ajuntem tots
per celebrar la vida.










Nou de març

He tardat en escriure
uns versos sobre el nou
el nou de març, vull dir,
que no apareix enlloc.

Un dia qualsevol,
un regal de la vida.
El dia de les dones,
dels infants i dels homes.

Res de celebració,
de cartells de gran preu.
Un miler de mirades,
de joies i de plors.

Admiro cadascú
sense necessitat
d'efemèrides buides
a la televisió.

הַדְרָן,

Un mot araméen
comme un soupir de joie.
Au bout de la lecture,
un retour nécessaire.

La voile s'est gonflée
des phrases de l'ouvrage,
il est temps d'affaler
la blancheur de leur lin

puis de les rehisser
pour un nouveau voyage.
La mémoire de l'air
nourrira nos idées.

Au-delà du Talmud,
de l'Hadran des rabins,
il semble nécessaire
de retourner au port.

La lecture est un cercle
qui jamais ne se ferme.
J'en goûte la saveur
dans mon club de lecture.

La fin de chaque mois
est l'occasion rêvée
de reprendre les livres
qu'on avait commencés.

Puis vient le mois suivant
et une œuvre nouvelle,
qu'on lira sûrement
en un retour savant.

samedi 8 mars 2025

Transmission

Les mains et puis le livre.
Les mains de transmission
d'un savoir séculaire
et de l'amour présent.

Douceur de ce moment
de partage et de joie
cependant qu'au salon
la pendule regarde.

Des murs de venaison,
des trophées empaillés.
Des souvenirs passés
qui aujourd'hui écoutent

le conte silencieux
qui transmet le savoir
dans la chaleur des mains
et la douceur des mots. 



mercredi 5 mars 2025

L'aguitariste

Je n'ai pas de guitare
alors j'écris des vers
et chaque ligne brune
m'est une corde d'or.

Mon manche est la blancheur
de la feuille à écrire.
J'en gratte le papier
en ouvrant grand les yeux.

Je combine les sons
qui naissent de ces signes
que les feuilles appellent
en public exigeant.

Je n'ai pas de guitare,
je suis l'aguitariste,
cheminant sur la corde
des lettres à unir. 



Escolapi amic

És un intel⋅lectual,
lector empedreït
que dona a cadascú
el gust de la cultura.

Cada mes a Moià,
anima un club de vida
on es comenten llibres
fins a la nit tancada.

Li dec unes cosetes,
uns mots de Levinàs,
i d'altres inquietuds
que ens ajuden a viure.

Ouranos et Gaïa

J'ai pris de l'eau de pluie
dans un petit godet
et j'y ai cuit des pâtes
en signe de respect.

Respect pour cette terre
où pousse le blé dur,
et pour le ciel grisé
qui nous abreuve en eau.

Sage hiérogamie
dans une casserole.
La terre et l'eau mêlée
en un repas de roi.



Traque d'humanité

J'aime l'humanité
qui se dit sans se dire,
sans jamais plastronner
en chaire ou en tribune.

Des gestes quotidiens,
l'offrande d'un dessert,
quelques pages cornées
dans un livre prêté.

Je traque les indices
du pas de ces personnes 
que je connais si peu
mais qui sont mes égales.

Résistances

Et la prose résiste
qui nous parle de Dieu,
de l'homme et du prochain
dans des pages austères.

Un livre de chez Vrin,
un surligneur fushia,
toute l'humanité
dans la main du lecteur

qui lit entre deux langues
les mots d'un philosophe
qui s'est tu à jamais
il y a bientôt trente ans.











© Emmanuel Levinas, 
De Dieu qui vient à l'idée

Quelques feuilles de brick

Quelques feuilles de brick,
des pages à écrire.
Finesse de la feuille,
profusion du farci.

Et les formes s'envolent,
cocottes en papier.
Triangles et rectangles
sautillent dans la poële.

Quelques feuilles de brick,
le soir du Ramadan.
De la main de Fatiah
en poète du vivre.

mardi 4 mars 2025

No trobar aigua a mar

Al mar dels éssers vius
no ha trobat cap aigua.
L'aigua dels patiments,
els plors de la canalla.

Al mar d'un golf proper,
ha imposat la tinta.
La tinta americana
que ho desseca tot.

Mes el golf se revifa
i la sal cobra força.
Qui no coneix el mar
ja és moixama seca.

Gust de cafè

Aquest gust de cafè,
que jo tinc a la boca,
és el teu, és el nostre.

Tasseta del matí,
cafetó de les set.
Rellotge de calor
i de foscor amarga.

Aquest gust de cafè,
que tu tens a la boca,
és el meu, és el nostre.

lundi 3 mars 2025

Pausanias

Tu es le périégète,
voyageur sans bagage,
circonscrivant la Grèce
à l'aide d'un calame.

Ton nom est réconfort
des peuples traversés
dont tu cueilles les dires,
les us et les coutumes.

Ô Sage Pausanias,
voyageur sans bagage,
donne aux tyrans actuels
le respect de la terre.

Télesphore

 À J.-Cl. Ll.

Il porte le prénom
d'un petit dieu antique,
sage divinité
de la convalescence.

Le prénom de son père
ayant quitté Valence
pour le sol biterrois
et la viticulture.

C'est un homme de bien
qui lutte pour les faibles,
les peuples du Levant
qu'on asservit toujours.


dimanche 2 mars 2025

Une truffade

C'est un plat délicieux,
un cadeau de mon fils.
dans le soir qui se fait.

Le soleil des oignons
et des pommes de terre
qui dansent à l'envi.

Puis le fromage file
qui nous vient du Cantal
pour sourire à son tour.

La table nous attend
et ce présent divin
d'un homme de chez nous. 













Délice matutinal

Délice de tes rides
offertes au matin.
Histoire de tes jours
et réveil de la nuit.

C'est une chance rare,
un cadeau de la vie
que de saisir la marque
du temps sur ton visage.

J'aime les voir sourire,
vieillir à tes côtés,
bien loin de l'apparence
et des colifichets. 

vendredi 28 février 2025

A cavall de l'Albera

il pleut de l'alphabet
        Laura Vazquez

Les lletres són rodones.
Vocals sens consonants.
I les caixes de fusta
esperen l'impressor.

El vidre mima llavis
cridant sense parlar
per expressar del món
la bellesa insolent.

Quan la llengua fa foc,
és que el foc és de llengües.
A saltar i parar
a cavall de l'Albera...








L'espace d'un instant

pelons des bougies
pour voir
       Laura Vazquez

C'est un rideau de verre,
un rideau de couleur.
La lumière du centre
entrant dans la boutique.

Une bouffée de feu
qui fait des bulles d'eau.
De l'eau et du savon
pour enchanter le monde.

La magie est silence
ou carillon du cœur.
Les yeux qui s'en approchent
se multiplient par mille.

Et la pauvre existence
de chaque visiteur
s'exalte et se dépasse
l'espace d'un instant.










La vaca de l'Albera

La vaca de l'Albera,
la tendra massanesa
que menja els brots dels faigs,
camina sense rumb.

Li han robat les herbes
amb els fruits deliciosos
per causa del cel brut
on escalfen motors.

Nogensmenys netejava
els boscs contra els incendis
sense demanar res
a canvi del seu goig.



La rime est indolente

J'ai délaissé la rime
au profit du vers blanc
mais la rime s'entête
et me fait les yeux doux.

Alors parfois la nuit,
sur mon petit écran,
elle vient me narguer
au bout de mes six pieds.

La rime est insolente,
la rime est indolente.
Un serpentin tout noir
dans les vapeurs du soir.

Rosella del matí

Rosella del matí
tan senzilla i tan lliure,
un raig de sol rosat
en la frescor del dia.

Rosella de l'amada,
rosada de l'amat.
La tinta dels sospirs,
la ploma de l'amor.

És llum del meu camí
entre les dues terres,
a cavall de l'Albera
i vorejant el mar.

mardi 25 février 2025

Dignes mots

Dignes mots de ta mère,
les mots de la frontière.
La frontière des maux
entre vigne et coteaux.

Les années ont passé
et ses mots te reviennent,
par delà la douleur
de ses adieux d'alors.

Dignes maux de ta mère,
les mots de la frontière.
La frontière des mots
entre vigne et coteaux.

La bella formatgera

Forastera d'un dia,
la bella formatgera.
La blavor de l'esmalt,
la gràcia de les mans.

La terrissa rodona
és guardiana de vida.
Cap als nous visitants
ofereix son somriure.

Si la terra és vermella,
son cor és de blancor.
Un mocador de lli
per eixugar'ne els plors.














© Nathalie & Édouard

Offrandes

C'est une table vide
tout autant qu'elle est pleine.
Son carré de lin cru
expose des trésors.

Vert profond des assiettes.
Soleil des gobelets.
On rêve de repas
qu'on y partagerait.

C'est un lieu sans histoire
qui est l'Histoire même.
La faïence et le verre
offerts au promeneur.











© Nathalie & Édouard

lundi 24 février 2025

À l'aune des années

Quelles sont ces pensées
qui tiennent dans la main ?
De tendres fleurs violettes
aux pétales légers.

Elles sont la mémoire
des jours heureux passés.
Les courses de l'enfance
et le vin gouleyant.

Bordures du jardin,
gardiennes du silence,
mes pensées éternelles
à l'aune des années.



La llibreta lila

Espigolant detalls
de la vida passada,
és com et veig escriure
el diumenge a la tarda.

M'hi trobo amb les tietes,
un barri menestral,
la flaire d'uns panets
rodons i sense sal.

I l'estructura tèbia
d'una llibreta lila,
bategant de la vida
d'uns personatges nous.

Le petit cahier

C'est un petit cahier
où naissent tes romans,
d'une lettre serrée
et de mille couleurs.

J'y vois fleurir des noms
que je ne connais pas,
des lieux et des époques
que tu traces à gros traits

ou bien dans la finesse 
d'un détail saugrenu
qui confère à l'ensemble
le prix de l'inconnu.

samedi 22 février 2025

La chambre du thé

C'est la chambre du thé,
un recoin du Japon
où des volutes tièdes
parlent de l'invisible.

Sage cérémonie
de la lenteur sacrée.
Les présents y rencontrent
des senteurs ineffables.

Un vent coulis soudain,
l'ombre des disparus,
une cérémonie
qui traverse les temps.



vendredi 21 février 2025

Dues illes

Somiàvem dues illes,
de tinta i de paper.
L'una era de novel·la
i l'altra de poemes.

Entre les dues illes,
un mar d'interrogants.
La bonança de l'aigua,
la sal de la inquietud.

Somiarem dues illes,
de fred i de calor
les nostres mans inquietes
escrivint amb plaer.

Vaixells de mots

El ritme de la llengua.
Dibuixos complicats.
Els joncs venen de l'est 
amb veles de negror.

Mes la llengua parlada,
el moviment dels llavis
i la gola profunda
són vent de llibertat.

El signe és arbitrari
que voga d'est en oest.
La paraula és un buc
carregat de cançons.

jeudi 20 février 2025

A l'escorxador

A dalt de la ciutat,
cap a Vic, als afores,
hi ha un escorxador,
on hi conec algú.

Dinant de poca cosa,
a deshora, amb passió,
hi descobreix un món
que ben pocs coneixem.

Seixanta parts del porc,
el pa de cada dia,
l'ofrena de sa feina
als ventres del país.

mercredi 19 février 2025

Onze lletres roges

J'ai mis un bonnet rouge
au vieux dictionnaire.
                    Victor Hugo

Parlaré de la lluita
dels veïns del Maresme
per protegir-ne els camps
cobejats pels potents.

És una lluita afable,
constant i fabulosa.
Contra les constructores
deslliuren la paraula.

La paraula de tots,
els mots de cadascú.
Venen amb carmanyoles
plenes de verbs i girs.

En fan un diccionari
per renovar-ne el lèxic.
Tanta gent és esclava
dels discursos ambients.

La solidaritat
no és paraula vana.
Són onze lletres roges
per començar la lluita.