dimanche 31 janvier 2021

Craterellus lutescens

 


1.

En remull, viu record
de bones caminades,
seran cucs o ben serps?








2.

Bell miratge d'angules
nedant lluny de son mar,
una flaire exquisida.







3.

Dansen les mandonguilles
amb l'espòs camagroc.
Ens lleparem els dits.






© Roser Blàzquez Gómez (fotos)
© Michel Bourret Guasteví (hexasíl·labs blancs)



samedi 30 janvier 2021

Sonetí

Dies plens de tendresa,
al principi de l'any,
goig ple d'una princesa,
sense sortir del bany.

Família i amics
ben prest assabentats
li tornen els mots rics
que havien heretats.

Mes la princesa dorm,
no vol deixar la carpa
del circ improvisat.

Fer dissabte és un art
i fer mandres també,
...per qui hi és avesat. 

Un homme jeune

Vieille photo retrouvée,
au fond d'un tiroir lent.
Cadre dentelé, bistre léger.

Un petit goût de suranné.
Tenant serrée une enfant
blonde, accroupi, un homme

jeune regarde le photographe.
Chemise légère, pantalon souple,
le col ouvert, il sourit des yeux.

Sa chevelure épaisse, sagement
désordonnée, exprime une confiance
pleine en l'avenir. Non point en

ce futur des nations qui n'est que
pacotille mais en ce quotidien franc,
lent comme un tiroir qu'on referme.



Parpelles closes

Parpelles closes,
a l'entrada de la nit,
per un bes delicat.

Hores lentes i plaents,
en silenci. Frecs lleugers
de peuets contra la manta

protectora. Pensaments quiets
com una barca a recer del moll,
esperant del vent la tendra volada.

vendredi 29 janvier 2021

BOUFFÉES D'HIVER

 

Tels des châteaux de feu à minuit,

l'éclat d'une beauté cachée :

pyrotechnie de la création !









La constance est la juste mesure

de qui veut cheminer et faire chemin,

petits petons menus,

la constance est silencieuse, si avec moi elle va.







Un goût de sang aux gencives,

sang de cerises et de fruits rouges

qui éclatent quand le soleil décline,

éclaboussant de vie, de vie rebelle.








© Lionel Itié (photos)
© Roser Blàzquez Gómez (poèmes)
© Michel Bourret Guasteví (traduction)

mercredi 27 janvier 2021

Muse

Près de l'eau, la muse s'échevelle,
Non loin du Malpas qui, de l'onde, resserre le cours,
les cheveux verts, plantés sur la terre ferme,
folle crinière qui danse avec le vent et rit.

Elle a remarqué que tu l'admires
et se fait toute jolie à ton passage,
et sans jamais oublier qu'elle est herbe grossière,
sous tes yeux, elle devient princesse un moment.

© Roser Blàzquez Gómez, traduit
du catalan par M. Bourret Guasteví



Genives

M'has tornat un mot antic,
ben poc usat per mi, en una
llengua o l'altra: genives.

Carn de carmí, delicada i
molla que el llavi gelós
amaga i que la llengua

amiga i entremaliada,
descobreix i tendrament
emmiralla. A les fosques.

lundi 25 janvier 2021

Prénoms

Magie des prénoms qui s'entrecroisent,
rares et précieux, pudiques et brefs,

reléguant les petits mots au placard
des accessoires. Phrases brèves qu'ils

ouvrent ou referment dans un sourire,
sur les sommets enneigés ou au fond

de grottes sombres où l'eau glacée
s'émaille de spaghettis sage, comme

un minestrone d'été. Prénoms anciens,
aussi doux et oblongs qu'un galet usé

sur une plage de sable farineux. Deux
syllabes, pas plus, et le silence exulte. 

Dies fausts

Dies fausts, de converses petites,
de finestra a finestra, amb sengles
tasses de cafè cremant.

Hores valuoses quan l'amor s'eixampla
i camina pel carreró glaçat, de somriure
en somriure.

Fonteres insignificants, de fang i herbes
mortes que la neu pura ofega per oferir-nos
la més fructífera de les primaveres.

Filferro

No tinguis por del filferro prim
que trobaràs, caminant per la neu.
Et guiarà, segur, pel bon viarany

transfronterer que l'hivern esborra,
oferint-te unes valuosos ulleres,
sense vidre però d'aire bo.

Així fugiràs de la voluntat ingènua
de fixar l'espai per sempre amb clixés
però en jalonaràs la cursa, pam a pam.






















By Courtesy Of Lionel Itié


samedi 23 janvier 2021

LE MYSTÈRE DE LA POUSSIÈRE D'ÉTOILES

Elle était assise sur une pierre parmi les chênes. Ça sentait la paille sèche et le chaume fraîchement coupé. Cette nuit-là, les grillons chantaient fort, un stride aigu, constant, comme pour effaroucher la nuée qui voilait le firmament. Elle, elle attendait. Elle attendait, les yeux plantés dans le ciel pour goûter le fugace ballet des étoiles. Elle n'en recherchait qu'une, pour son vœu le plus secret. Une étoile, rien qu'une ! Mais justement, cette nuit-là, l'épaisse nuée s'opposait à son vœu. Il faisait frais. Au bout d'un moment, avec un sourire résigné, elle entreprit de revenir sur ses pas. Cela faisait tant d'années que ses vœux n'étaient jamais exaucés. Pourquoi s'était-elle imaginé qu'il en serait autrement ?

Et pourtant, de retour chez elle, pendant qu'elle écoutait en silence ses pas craquer, le vent lui apporta un mot. Il venait de loin, peut-être d'une étoile qui l'avait laissé tomber... C'était un mot ancien, connu et aimé. Et ce mot devint un miracle. Un miracle en sept lettres. Sept, comme les jours de la semaine, ce mystère qui règle le temps. Sept, comme les notes de musique, ce langage qui chante et fait danser la vie. Sept, comme les couleurs de l'arc-en-ciel qui peignent le monde. Le mot intime de son cœur.


Un miracle tu, comme un secret
stellaire, la queue d'une comète
toute seule et rayonnante.

Et le mot devint poussière d'étoiles.

@ Roser Blàzquez Gómez, traduit
du catalan par M. Bourret Guasteví




XALAR

A Menorca, quan mos trobam bé, deim que xalam. Un mot ben curiós que ve del llati exhalare: respirar, expulsar l'aire dels pulmons.

L'acadèmia de medicina francesa acaba d'aconsellar la prohibició de la parla, clàssica o per mòbil, als metros i busos. I ja m'imagin es ramat d'obrers calladets anant a sa feina cap cot. Es toc de queda a les 18:00 ja ho permetia d'entreveure. A pencar i, después, muts i a la gàbia.

Mentrestant, amb distància profilàctica, seguiré xalant.

Que tinguem un bon dia.




vendredi 22 janvier 2021

Rose, Rose !

L'appartement était glacé
et la lumière pâle en cet
hiver trente-cinq. Grave,

sur le buffet, la pendule
sonnait trois heures.
Lâchant la main de sa mère,

une enfant courut en s'écriant
«Rose, Rose !» Sur une chaise,
un tablier froissé, nu, reposait.

Un vaste horizon en petit

Mon horizon a changé,
sous ton regard,
il s'est élargi et allongé.

Et cet horizon est un reflet
qui me dévoile des détails :
petites fleurs des champs,

neige coiffant les sommets
et le goût d'un baiser volé
ou d'une promenade grise.

Rond-point des bords de ville,
mirage d'un palmier échevelé,
le blé assoupi dans le couchant.

Autant d'horizons qui dessinent
les contours d'une éternité
vécue à tes côtés.

© Roser Blàzquez Gómez, traduit
du catalan par M. Bourret Guasteví

jeudi 21 janvier 2021

Une passion alexandrine

Dans la cour des Minimes,
sur fond d'ogives aveugles,
une pelleteuse étend son bras

et danse avec lenteur, une jolie
brune dans son godet égueulé.
En Barabbas, un grutier immuable.

La Passion, peu à peu, se déroule,
requiem de folie, avec, pour Christ,
la beauté d'un Alexandre dépenaillé.

Puis tout s'efface, il n'est plus 
de grue, de belle ni de décor. Rien
qu'une voix pour chanter l'amour

jusqu'à la déraison. Johnny, en deux
secondes blackboulé, par l'exigence
d'une voix qui réclame le silence

des instruments pour atteindre à l'épure.
A cappella, poussée jusqu'à s'érailler.
Dites au curé, dites au pasteur...



La casa del Panqui

Al fons d'un carreró,
una casa petita,
inspirant la cançó
d'un cor que s'hi delita.

Una llar en silenci,
un sofà d'erugueta,
la crida del destí
i de nit la sopeta.

Allà viu mon amor,
els fills i els amics,
un animal en or
amb pentinat de rics.

Si amb paper jo pogués
creuar la línia fosca,
al matí em tindrien
fins al moll de la nit.

Un voyage en petit

À la petite semaine,
hâtivement chaussé,
un voyage bref, aux

confins de la ville neuve,
à Las Cobas, où veille une
tour d'eau, en brique rouge.

Par des ruelles vides, aux
noms de romancier et poétesse.
Tramontane glacée, oiseaux

hagards, au chant bref, et,
en haut,un curieux volatile,
à l'ombre basse et rugissante.

Un voyage qui, en son retour,
passé le petit cimetière juif
serrera le ventre, tout au long

d'un lycée blanc et massif
qui m'apprit tant et que j'ai
délaissé. Un voyage en petit.



Encre nocturne

Tes lèvres sont closes
et ton souffle serein.
La nuit, tout au dehors,

est d'encre noire ourlée
de givre. J'y plonge mon
regard et j'y choisis

des mots, dans la langue
neuve de l'échange, pour
t'écrire, sans te réveiller.

Mots purs et cristallins,
si simples à l'oreille de
l'enfant qui y baigne,

mais si neufs pour ton palais
qui, lentement s'y fait.
Mots rocailleux de frontière,

enracinés dans l'après-guerre,
ruines d'un mas ancien, où
poussent des carlines.

Mots qui sautillent et dévalent
les pentes, en riant avant de
souper tôt dans un restaurant

de bourgade où l'on sert du
hachis avec des champignons.
La nuit n'a pas bougée,

je referme son couvercle,
range ma plume et, ici bas,
je te regarde dormir.

mardi 19 janvier 2021

On dit que

On dit qu'à Coustouges,
des blocs de béton gris
entravent le passage

sur cette route sans douanier.
Un président hautain, ignare
et condescendant, l'a décidé

au terme d'un saut de puce
aux faux airs de Labiche.
Il fait froid en ce matin,

la brume colle au béton et
bientôt l'étouffe sous son
étole. De part et d'autre,

des ombres passent. Vraies 
ou imaginées. Il n'y a jamais
eu de vent d'Espagne.

Une seule Catalogne respire.
Escargots et lézards vont et
viennent et mon cœur, si triste

au nord, gagne bientôt le sud,
où l'attendent le café brûlant
et la charcuterie poivrée.

Fragile force

Sous les doigts,
le sable de l'été,
la bourrasque de mars.

Jamais l'emprise,
la joie du réveil,
les voix tapotées,

la peur de l'ailleurs,
en eux aucune crainte.
La force et le fragile.

lundi 18 janvier 2021

Enyor

De l'enyorança, treu-te les ales
de l'amena semblança, i vine nu,
enyor, amb aquest aire final que

crida l'ull però no pas l'orella.
No passis desapercebut i deixa, en
l'aire, la delicada flaire del temps

passat plegats, a prop d'una basseta
tendra i d'unes carlines enrojolades,
car, sense tu, mon cor no bategaria.

Un bouquet de houx vert

À la mémoire de Florence
et pour Louis Anguera

Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur,
sur une tombe aimée quand le ciel se fait noir.
Et si le jour décline, je laisserai la peur
être bonne voisine, pour enfin l'aller voir.

Elle qui fut si peu, et toujours m'accompagne
de l'aube émerveillée jusqu'au zénith serein,
sans jamais m'éveiller, quand le sommeil me gagne
et brunette insolente, m'invite au blond matin.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
le poète a raison qui perdit une fille.
En guise d'oraison, mes pas n'ont pas cessé.
En Méditerranée, je ne vois qu'une ville.

Matilde

in memoriam M. L.

Elle fut celle qui 
un jour ne fut plus,
embrassant, des plaies

de son visage, la cour
de la prison. Pour échapper
au baptême qu'on voulait

lui imposer. Dans le silence
grave et glacé de sa cellule,
les poésies de Bécquer, cornées,

usées de tant de lectures,
en vain l'attendaient. Majorque
vivait l'esquisse de l'automne,

sa langue étouffée. On nettoya
la chambre, pour d'autres femmes.
De Bécquer, ne demeura qu'un air

qu'en ce matin, pour Matilde Lanta,
je veux vous rappeler, dans l'eau
pure du non-baptême de sa vie.













Molins

Hi ha molins d'aigua
que l'egoisme cruel
ensorra i que els veïns

units, amb paciència, tornen
a construir, per escapar de
la fam que els encega els ulls.

Hi ha molins d'aigua que,
molts anys desprès, molen
la més blanca de les farines.

dimanche 17 janvier 2021

Geometries

Matisos de colors, cotó,
guix i pintura. Angles
aguts i trencadís viu.

Tan càlida com abans,
l'habitació està canviant,
a bocinets grossos, com un

mirall calidòscopic de la vida
que canvia entorn d'una noia
que veu com se li eixampla el món.




Un raconet

De fusta bona, clara i serena,
sense brillantor ni escletxes,
un raconet entre armari i paret,

amb una cadira vermella i una planta
petita. Un lloc secret, ocult per a
somniar-hi o compondre versos breus.

Una finestra oberta a un horitzó viu
de fulls dibuixats. Coloraines tendres
i infinita nostàlgia de la natura propera.




vendredi 15 janvier 2021

Una noia esquerrana

Cap cot, minuciosa, la veig treballar.
Corre l'or fos entre els dits menuts
i l'os de sípia, silent, li fa l'ullet.

L'agafa amb la mà dreta i el treballa
amb l'esquerra. Astorat, l'os tremola,
mes la noia l'invita a ballar, amb dits

segurs. Passen hores. En un racó del
taller, una joia, discretament, xerra
amb una altra: el joier és joiera, ja...

La danse des ciseaux

Danse envoûtante,
qui va et vient.
Habile cliquetis du fer

dans la masse odorante
des cheveux du soir.
Désépaissir sans défigurer.

La danse s'est tue brusquement.
Sur le sol de gerflex, un à un,
ma main cueille des fils d'argent 

mercredi 13 janvier 2021

Retour

Revenir à la langue première
en retournant sur la terre ventée.
Des terres centrales, laisser

la rosée glacée et, de l'île petite,
le brouillard éploré. Songer aux
plantes qui, sous la langue,

attendent de germer. Leur trouver
de la terre grasse les mots et fouiller
dans sa poche, en quête de monnaie.

Arbres nus

Arbres nus de vora del camí, 
sense fruita ni esma. Arbres
d'urpes silents, sense cap tros

de pell per esgarrapar ni rodonesa
per, llargament, acariciar. Arbres
immòbils, com morts, a l'espera

del vent moll de la primavera, de
la rosada discreta i de roselles
entremaliades i fructíferes.

lundi 11 janvier 2021

Sa caseta

De parets emblanquinades
amb xoc i cor verd de mel·la,
enyorada pel moix Toribio

que es manté immòbil devora es 
lloc, sa caseta vibra al son
de Chopin. Amors llunyans i vers,

a Berlin o Moià. A poc a poc, sa llar
s'adorm i mos deixa bocabadats, somniant
amb s'emperadriu zenital des vermut bo.



Un despertar

Un despertar, de nit,
sense esma ni cap por,
un buit blanc que,

a poc a poc es va omplint
de records, pròxims o tan
tendrament allunyats.

Un passeig de confidències,
caminant sobre es còdol de
Sa Pedrera d'Es Pujol amb

s'amic indispensable. Un sofà
clar, davant d'una llar encesa
entre neu i noguera, enmig

d'una terra d'amor per descobrir
lentament i assaborir llargament,
mentre la son se me l'està desdibuixant.

Una sopa de setas

Fue una cena sencilla,
de paredes claras i hogar
llameante. Platos delicados

y vinos olorosos. En un momento,
sin que se te viera, nos serviste
una sopa de setas humeante.

Lenta, la cuchara iluminaba sendas
caras y ritmaba la conversación.
Hablamos de todo. Sobre las doce,

se me tragó la noche, de lluvia
inhóspita. Dentro de mí, brillaba
la llama apacible de una sopa de setas.

Lluna de llet

Lluna de llet, ben rodona
i espessa. Flaire cega de
vaques ben munyides i 

de mans molles i cansades.
Joia humil encastada en
un cercle de llauna sonora.

Lluna de llet, sense fases
ni mesos, tota oferta a la fam
dels infants adormits.



samedi 9 janvier 2021

Et mon souffle

Et mon souffle s'est posé
sur des pages oubliées.
Sage odeur de marjolaine,
la vigueur du réséda.

Dans la force de l'âge,
un grand benêt tourmenté,
et une mare si noire
qui convoque des enfants.

Pages, où est donc votre âme,
qu'aveugle mon souffle traque ?
Entre les lignes serrées
ou dans ton rêve enfantin ?

Un granet

A les fosques, amb dits cecs,
he seguit la teva veu, buscant
per la pell tota un granet

de sorra, emprenta callada
dels anys d'infantesa. Garrofers
quiets i ombrosos i un pare

cult que parlava de miracles vius
en una llengua que us era comuna.
L'he trobat, i el rodejo amb fervor.

Com carícies

Com carícies amb gust
de sal marina, uns mots
i girs de l'illa antiga.

Un accent callat, uns esguards'
cremants i l'amor que desperta
enmig de la pluja, a la matinada.

Canvis de llengua al capvespre
i tu parlant-me dels plats calents
amb paraules transfrontereres.

vendredi 8 janvier 2021

En Joanet des vespres

Paraules fugisseres i vives
com un rierol de Cerdanya
al sortir de s'hivern.

Acluca els ulls en Joan rere
ses ulleres entelades per sa
mascareta de cristall flac

i torna a córrer pels carrers
buits i sonors de sa ciutat
vella, en Joanot de calces

curtes i ulls ben oberts. Anys
seixanta de biblioteques gelades
i forns olorosos. Més enllà des

mar fosc, en Lacan pronunciaua
lliçons sobre sa llengo i es cos.
A Menorca, bategava un cor lliure.



lundi 4 janvier 2021

Transviure

M'has ensenyat a escriure
sense publicar,

a pensar abans d'escriure.

M'has ensenyat a estimar
abans d'amar,

sense pressa ni miratges.

M'has ensenyat a transviure
sense limitar-me,

a compartir abans de gaudir.

Farigola bona

Flocs freds que es desfan
en la teva mà fredolica.
Com suspesos entre cel

i terra, els teus dits
cusen paraules tendres,
teixint el meu tecleig.

Vigatanes tan blanques
als peus i un pessic de
farigola bona al cor.

dimanche 3 janvier 2021

Angel eyes

Persianes tancades, t'imagino
pels camins dels afores. Pols
fina i lleugera com d'àngels.

No dius res ni mires el mòbil.
Camines tibada, com deien abans,
a la Sant-Mateu de la mare.

La bassa d'aigua és gèlida, negra,
amb gust de ferro bo i cuir vell.
No dius res. Ni mires el mòbil.



Bourrasques

La terre est grise
et le vent fouette
le gris équipage.

Silence du regard
forcé, qui s'épuise
à dénombrer

des milliers de flocons,
avant leur balayage.
Une voiture avance.

Com

Com raïm somniat,
l'any nou ha vingut de sobte,
amarant els llavis.

Un berenar de gener

Senzill quan la nit,
encara freda, beu,
a glopades, la llet

del dia, Formatge
fresc, un poc agre,
i mel diàfana.

Una cullereta fina,
d'alumini, i somnis,
molts i saborosos.

samedi 2 janvier 2021

Un soroll de cadires

Un soroll de cadires a la sala tan
blanca d'un cinema de Maó. Fosquet.

Sessió doble. Poca gent. He vingut
amb els cosins, en Gerard, en Potxolo,

per veure l'Adjani en gran. Ens avorrim
davant del NoDo. Inhàbil, he fet caure

les cadires velles i riem tots tres.
Aleshores jo no sabia que ja t'obries

al món i que un dia, per cridar-te
l'atenció, faria caure noves cadires.

vendredi 1 janvier 2021

Una porta oberta

A en P. G., amb agraïment

Baixeta la casa, amb teulada
encalcinada, a tocar des molí.

S'obre sa porta al caliu de
la llar, silent. M'invita a

entrar en Paco, sense que el vegi. 
Dret, ufanós i tranquil, en Toribio

me recorda dies passats, al cor de
s'estiu, entre pomada i pomada.

Fa fred, el cel és pur, ja sé que,
per jo, sa porta romandrà oberta

i sa bústia tancada. Tornarem a revifar 
sa Caixa B, amb es bon amic Joan. Segur.



T'hipnotitza

T'hipnotitza el mar,
com el foc. Glaçat
al nord fosc, tòrrid

al sud turquesa. Mar
de poetes recollint
códols i petjades,

petxines tèbies, plenes
de sorra blanca, amb tacte
de farina i gust d'ortigues

de mar. T'hipnotitza el mar.
Deixa'm, amor, hipnotitzar-me
al caliu bo de la teva mirada.