mardi 29 novembre 2022

El dos amics / Les deux amis

Enxampats amb un somriure radiant
els dos amics miren feliços la càmera
mostrant llurs regals, batec d'amistat.
Cofois de sentir-se ben a prop de l'altre.

Que el pernil ja té gust de confiança
llescat amb estima i complicitat.
I el tastet d'un bon glop de whisky
els brinda de ple en la profunda amistat.

Roser Blàzquez Gómez

***

Surpris, un sourire étincelant aux lèvres,
les deux amis fixent heureux l'objectif,
exhibant leurs cadeaux, battement d'amitié.
Tout fiers de se sentir près l'un près de l'autre.

Car le jambon fleure déjà la confiance
tranché avec estime et complicité.
Et le petit goût d'une rasade de whisky,
les réunit à la santé de leur profonde amitié.

traduit du catalan par M. Bourret Guasteví




lundi 28 novembre 2022

Un mardi de novembre

Un mardi de novembre,
surgissant d'une ondée,
je quitterai ma chambre
pour venir gambader.

Des vers dans ma besace
et tout à votre écoute,
je boirai votre angoisse,
et vous tairez vos doutes. 

À l'ombre de Maillol,
et de sa bienveillance
je volerai à Éole
la clé de vos vacances.

Envelopper la vie

Envelopper la vie,
dans du papier de soie,
dans un recoin de soi.

La fermer aux deux bouts,
en un tournemain, comme
fait la boulangère, avec

un croissant odorant. Vivre
avec les siens, le cœur dans
les étoiles. Et se développer
                        
                                        vers toi.

dimanche 27 novembre 2022

T'he assaborit

T'he assaborit, llengua d'or,
al caliu tendre de les converses,
llengua de l'estimada, pedretes

de passió. La pell era magrana
i les passes de vinya roja.

T'he assaborit, llengua viva,
al foc cremant de l'amistat,
on espetarregaves suaument.

Que sera le silence ?

Que sera le silence,
le livre refermé, après
tous ces visages,

se défroissant sous mes vers ? 
Polyphonie de l'offrande
des voix individuelles

qui se taisent en s'asseyant.
Que sera le silence,
sinon le labrys du lycée ?

Deux bracelets de cuivre


À Yves et Lionel

De cuivre, pas de cuir.
Les lettres surnuméraires
sont celles du rêve.

À gauche ou à droite,
le métal rigidifie d'or
le poignet et irradie.

Sages conversations
d'automne, au feu rouge
de l'anneau frappé.

samedi 26 novembre 2022

Arpenter la ville

Arpenter la ville,
avec des doigts
de géomètre,

du pas vif et sûr
de l'architecte.
Du nord au sud,

puis du sud au nord.
Négliger le fleuve
glacé, à sec.

Coucher enfin sur
la feuille quadrillée
le récit de tes pensées 

SMS

L'entaille dans le cuir tanné
au zinc. Sous les nervures
aplanies, brillantes, les fibres

sèches des antiques vaisseaux,
chargés de sang veiné.
Fausse urgence. Essence

sous l'existence. L'écran vif
est miroir de l'autre que les doigts
appellent à revenir, en vain.

vendredi 25 novembre 2022

Encegar-se

La pluja ha cessat,
espero el sol, tímid.
No pas un arc irisat,

tot just un fulgor breu,
violent, que li robarà
tota la llum a l'estany

rodó per a encegar-me,
durablement, i portar-me,
nou Èdip, cap al teu cos.

Tes cheveux

Tes cheveux et mes yeux
qui se closent, mêlant leurs cils
si courts à leur masse odorante.

Vive lumière de l'obscurité
que seuls des baisers de papier 
peuvent saisir en milliers de pages 

à écrire. Tes cheveux sur la vitre
froide que mon haleine, attentive,
embue de passion retenue.

Tes cheveux au vent

Et si tu essayais de me répondre,
quelle serait ma question, la question ?
Œillères contre les yeux, deux chevaux

aux pattes lourdes et lentes, remontent
le canal, délaissant le port riant et
l'avoine fraîche. La barge est sombre,

goudronneuse et vide. La lumière naît
plus haut, dans ces champs aux routes 
rares, où le blé pousse et blondit en 

juillet, espérant emplir d'or le chaland
oublié. Tout à la marche, les deux chevaux
ne voient pas tes cheveux qui battent au vent.

L'un possible, lent possible, long probable

Si l'un est possible, pourquoi l'autre
ne le serait-il donc pas ? Laissons
du temps au temps, des silences,

une lente respiration... Substituons,
au tonitruant impossible, un humble
lent possible ou un long probable.

Par le simple fait d'exister, de parler,
de proférer des sons, de les offrir à
la cité, ne suis-je pas un nain possible ?

Poemejant... en grup, en tribu

A l'Eduard G i als aragonesos de la Rosalba...

Poemejant, a dos, tres o quinze. 
Dempeus o asseguts, ben desperts
o mig adormiscats, que la poesia

és vida, sense necessitat de mots
escrits a la pissarra o en un llibre.
El batec d'una veritat muda en jezz

que es prolongarà més enllà dels murs
vermellosos del liceu, pels carrers muts
o sonors de la Fidelíssima. Interrogueu

la llengua, dubteu de la seguretat de
les paraules. Feu com el Víctor Hugo
que li posava una gorra frígia vermella

al diccionari vell, abans d'oferir al món
la saviesa sensual d'uns versos ballarins.
I, sobretot, gaudiu, gaudiu. I conviviu.

















© Rosalba Pages

mardi 22 novembre 2022

El seny que s'ensenya

Del gran seny del Riberal,
pare i fill ensenyen una mica.
Ambdós llueixen un somriure

i fan com si no existís res,
tret del pilar de dos i de la bona
entesa que viuen cada dia.

A l'amic Hervé, es mostren decidits,
fent de llur camisa verda de cotó,
una magnífica peça d'organdí.





















© Hervé Pi

En Joanet i el cambajó

A la Julie

En Joanet és un bon paio:
agafa, de la mà de l'amiga
dels seus pares, una bona

llesca de cambajó de Pesillà
i se la mastega sense dir ni piu.
Ningú se n'adona i el mainatge

ja en demana una altra. Vigila,
Joanet, que si segueixes aixins,
d'aquí ben poc, et diran Joanot!






Té nom...

Té nom d'apòstol i cognom de mar brava,
tot i això en Marc guarda la terra al cor,
com a baix fidel i valent, o com a caçaire

apassionat de senglars d'un quintar o quasi.
Ara bé, avui, amb motiu de son aniversari,
ha decidit de tutejar els cims, o, almenys

el cim fosc d'una xarxa de cordes clares.
No l'atura res i ja pensa en retrobar, a la fi,
l'estimada, per ell, vinguda de Provença.



Que cherche donc cet homme ?

Que cherche donc cet homme,
dans un vieux dictionnaire ?
J'entends claquer des pages,
son précieux métronome.

Un chauve échevelé
agite son stylo,
c'est bien notre lecteur
qui se repose un peu.

Il lève ses deux mains,
comme curé en chaire,
mais aucun son ne sort
d'entre ses feuilles blanches.

Que cherche donc cet homme ?
La nuit s'annonce en vain,
sa quête se poursuit.
Je me lève et m'en vais.

C'est un dôme...

C'est un dôme curieux qui veille
sur Saint-Jacques, un octroi couleur
de brique, depuis longtemps désaffecté.

Les mouettes y font halte, avant de gagner
le large, et c'est en vain que l'on y cherche
une porte d'accès. Un escalier le longe, qui

n'y conduit jamais. Est-ce là la figuration
de l'improbable tour de Babel, ou bien
un observatoire sommeillant à l'ombre de la lune ?



Qui ho hauria dit?...

Qui ho hauria dit?... El mixi ha canviat 
el nas rogenc del pallasso pel mocador
vermellós del casteller airenovenc...

I vet aquí que s'enfila com enxaneta
famolenca darrere d'un cambajó sucós.
Tot sembla anar a la perfecció i ja se veu

en el paradís canaller. Mes... patatra!
comença a caure lentament, ensenyant
el pompis blanc a tots els seus amics.






















© Marie Lopez

L'equilibri és silenci

L'equilibri és silenci.
Silenci d'anys i segons
La Mireia fa anys,

aguantant-se en tots aquells
que l'escolten, dia rere dia,
millorant postures i girs

lingüístics. L'equilibri tot just
abans de l'aleta és perfecte...
mes em falta la seua veu.






















© Marie Lopez

une dame de haute veillée

Cette dame m'attend,
du haut de son balcon.
Marquise du Vernet,
elle y vit délaissée.

Un jour pourtant la vis,
un jour que je marchais,
sans but avec l'envie
de me renouveler.

Je voulais du social,
mais j'aime trop les êtres,
pour regarder le monde
à travers un bocal.

Sa vie de privations
et d'espoirs tôt frustrés,
m'invitait au silence.
Pourtant je n'en fis rien...





J'ai pris une brindille

J'ai pris une brindille,
de ma poche tombée.
Une simple vétille
qu'un autre aurait jetée.

Telle est ma poésie,
de rebuts constituée.
Du pain gardant la mie,
je m'en fais une alliée.

Le cœur dans les étoiles
d'un beau percolateur,
je rêve à notre voile,
négligeant la vapeur.




La nit sense coral

La nit sense coral,
la pluja en va t'espera.
Els carrers són sonors.
mes no hi tremoles pas.

Turquesa de coral,
ta mar és un bell somni,
on xerres sense treva,
al bord viu de la llar.

M'esperes i no m'ho dius.
Teclejo el teclat,
abans de te trucar,
com un home del nord.

Le ciel était mouillé

Tes lèvres entrouvertes,
ce sourire exhalé.
Le ciel était mouillé,
envieux émerveillé.

Marelle toute en six,
je me faisais de craie,
et rêvais de juillet,
du chaume sous les blés.

Ta voix me réveilla
et me rendit aux mots
qui sages t'attendaient
dans mes cahiers fermés.

lundi 21 novembre 2022

Què vols que et digui?

Què vols que et digui? 
Res. No em diguis res.
Ni a mi ni a ningú més.

Parla. Parla en veu alta.
Cisella cada mot, a poc
a poc, deixa que cada

floquet de llengua que
caigui t'acaricïi la mà

Entre les tables

Il est entre les tables une eau douce
et tiède qui s'évapore quand se referme
la porte. Je m'y sens batelier, avançant

lourdement, au rythme des chevaux de
halage. Nulle œillère n'entrave mes pas.
Mon œil est globe chevalin, obscur

et brillant à la fois. Je caresse l'encre
bleue biffée, comme l'onde des blés
sous le regard de Charles Péguy.

Sage transe

Sage transe que celle
de la transmission.

Étrange mission.
Un regard, un sourire,

un mot partagé. Autant
de voix qui le déclinent,

du clair au cassé,
du grave à l'aigu. 

Partagé à l'envi,
le mots est envie.

Et si tu croquais avec moi,
la pomme du mal qui,

                jamais
                        ne s'ennuie.

Ricochet statique

J'ai aimé cette danse statique, ces mille visages
virevoltant autour des sons qu'ils proféraient,
cette parole pailletée, apprivoisée, appropriée,

puis jetée, au hasard, entre les tables. Des vers
éclatés jaillissant de tercets hâtivement froissés
ou déchirés. J'ai reconnu ma verve, puis je l'ai

déconnue. Elle n'était plus mienne, comme si
un cadenas intime avait fait sauter son ressort
pour bondir, soudain, d'un demi-siècle en avant.

Une mise en bouche

À L. et à ses élèves

Une simple mise en bouche,
sans italiques ni guillemets.
Une belle lexie fuyant hardie

le dictionnaire ensommeillé.
Pas un amuse-gueule corseté,
pour quelques  gueules-cassées,

rescapées de Quarante. Non...
De simples mots jetés sur le
formica tiède, comme on joue

aux osselets, au craps ou au yams.
Et puis le cœur qui bat, devant
le hasard des cueillettes.



dimanche 20 novembre 2022

Image exacte

La mire m'ennuyait avec ses faux airs
de géométrie exacte, intelligible aux
seuls réparateurs de télés. Elle était

grise, elle était noire. Moi, je rêvais de 
couleur, je rêvais en couleurs. J'avais, 
alors, l'âge de ma fille aujourd'hui.

Et voilà que ma fille m'offre, pliée en
mille, une feuille quadrillée en couleurs,
l'image exacte de ce que je n'osais rêver.



Taller

Taller, el tall, el ball,
el bell pal de paller
del matí. Tres hores,

amb trenta somriures, 
tacats de blau, de blanc,
de roig. La Cassandre,

el Nico amb la Mireille,
la Bernadette, rodones
taules del meu deler.

Quel est ce cœur...

Quel est ce cœur,
au bord du chemin ?
Une pierre grise, mal
dégrossie, si froide,

entre tes doigts si fins
et doux. Le vain rocher
petit, informe, s'adoucit
et brille de quartz, de mica,

de milliers de maux, de mots,
de vers sans mètre régulier,
qui s'allongent jusqu'à l'abîme
du blanc de la marge tranchée.

Quel est ce cœur,
au bord du chemin ?
C'est le mien, le tien.
C'est le nôtre, bon apôtre,
aux mille mains trouées 


Set per tres, per tres...

Set per tres, per tres,
no us diran res, res.
Seixanta-tres poemes,

la pell, la poma, el vers. 
Un tris-tras deliberat,
ton siscall al meu voral.

Sis més u, per tres, quin
pes! Més tres. Vint-i-un
botons. Per tu, per tu...

vendredi 18 novembre 2022

Sin sentido pero en siete...

Te quiero enamorar
pero no tengo un duro.
¡Qué duro es el cantar
para un novio maduro!

Si me prestaras el sol,
el sol me guiaría,
y dejaría el béisbol
por esta batería...

Roca

Quanta riquesa tinc entre les mans!
Tot un món o, potser, un bocinet de
la lluna nocturna. Grisa amb matisos

i, a dintre, desenes de diamants fins.
Seré l'alumne més ric de la terra?
A les butxaques no ho sé... però

a una butxaca sí. Aquesta esquerra
on porto els meus tresors i, des d'ara,
aquesta roca lunar que pesa tant.



Laisse-moi donc choisir

Laisse-moi donc choisir
la forme ou son absence,
le vieux corset ou, pire,
la primauté du sens.

Écoute clapoter,
dans le port les bouées.
Est-ce de la beauté
ou un hasard fêlé ?

Le vieil hexasyllabe,
l'équation de Dirac,
un peu d'amour palpable,
la parité sans couac.

jeudi 17 novembre 2022

Pell d'eriço

— Eriço, amic, on t'has amagat,
que només et veig les punxes,
i res del teu petit nas rosat?

Mes l'eriço no contesta mai
i la seua pell és tan lleugera
que, tard o d'hora, s'envolarà.

- Eriço, amic, t'has disfressat
en aquest petit peluix bonic
que me vol acompanyar.





















 © Cassandre Masero, Nicolas Caveribère

Alfabet natura

Amb farina, aigua i sal,
han pastat una massa
bona. Rodona com...

un globus o el nas gros
d'un pallasso dormint.
Amb els seus dits prims,

els mainatges del Vernet,
han esculpit unes lletres
boniques. De pal. O de pa.





















© Cassandre Masero

Paisatge de tardor

Paisatge de tardor,
paisatge de paper.

Un cel blau clar,
un sol de gargots.

Arbres lleugers,
sense cap arrel,
de globus tots.

Paisatge de paper,
paisatge de tardor.

El cor batega, rosa.
De primavera verda.





Cinquante, sécante

À  Lionel

Mon ami le docteur en fait cinquante aujourd'hui.
D'années. Le mitan d'une vie de patriarche ? Non.
Tout juste une sécante. Pour qui fuit les fausses

tangentes et tranche la vie avec son Laguiole, ou 
bien son Opinel. La marque importe peu, le geste, oui.
Il taille et coupe, non pour lui-même, mais toujours

pour partager et pour interroger cette vie qui le passionne
et qu'il sillonne, en tribu, ou avec sa précieuse compagne,
dont le prénom sonne comme un gong au soleil.


mercredi 16 novembre 2022

Sense foto, mes amb afecte

Dempeus, rere el taulell,
ja no despatxa cerveses
la Marie. Aquest vespre,

escriu. Lentament. Mots
càlids i púdics, per dedicar
el seu llibre de fotos,

als qui en van ser, un dia,
els protagonistes magnífics,
per uns instants robats.

Cap al cel

Treu el cap de la xarxa d'esperança.
Tot just, com si la fregués somrient.
Ben aguantada, la nostra cap bonica

fa anys i la colla l'aguanta, l'anima.
Sense gralla però amb la cantarella
de qui se sap de memòria les notes

estimades. A distància, mussitant, o
taral⋅lalejant, me la fotografio. Amb
afecte, respecte. I admiració.



mardi 15 novembre 2022

Pissevin, Pleurevent

À Sylvie et à ses frères

Je ne suis jamais allé à Pissevin,
je n'ai pas non plus connu la dame
qui y vivait, et que mon amie aimait.

Mais, depuis ce matin, j'entends le vent
qui pleure dans ce quartier où elle vivait
et où ses enfants ont appris à vivre,

à ses côtés, puis sans elle, loin d'elle. 
Je ne connais pas Pissevin. Un jour j'y irai 
et, sans crainte, je parlerai au vent.

Je n'oublierai jamais

Je n'oublierai jamais
tes mains, dans les 
entrailles grenadines,

donnant vie à la mort.
Tes doigts rougis,
façonnant le chaos,

jusqu'à m'offrir cette
épaisse tasse citronnée,
qui veille sur mes nuits.

dimanche 13 novembre 2022

Première bougie

À mon neveu Adam

Première bougie, blanche.
La cire coule lentement
et illumine le visage

de tes parents, de tes sœurs
et de tes frères. Silence d'or.
Leurs yeux s'embuent des tiens 

qui rient aux éclats et ne quittent 
la bougie que pour mordre à pleines
dents dans le gâteau qui vous attend.

samedi 12 novembre 2022

Bonança

Bonança del mar,
Bonaventura del cel.
Ben arrelats a l'arena,

els falcons escriuen
amb els seus dits
la gesta de l'amic

somrient. Cendres
de vida portades
pel vent. Llavors...














© Simona Casals

vendredi 11 novembre 2022

Terra

Has nascut de la terra
i encara no ho saps.
Fang gras de Flandes

o farina empordanesa.
Sense cap terrissaire,
t'estàs afaiçonant en

el torn lent de la vida.
De terra a terrissa, només
hi ha tres lletres...
                       ...les teves.

Taules buides, esperant

Al Jaume i a la Maria

Taules primaverenques,
delicadament florejades,
al cor tebi de la tardor.

Taules buides, esperant
qualque client somiador,
amb ganes de marcejar.

Medul·la prou despullada
per a invitar-me a seguir
avançant. Cap a la pau
                            binomial.




Nit estrellada

Nit estrellada, de goig,
fum i llum. Vida fugaç
però mai fugissera.

Anant de poble en poble,
els diables i bruixes
sembren estels petits,

com si fossin llavors
primaverenques, al cor
mateix de la tardor.



mercredi 9 novembre 2022

PoeTU

Encara no saps escriure
i jugues amb les lletres
com amb dòminos de color.

Però ja ensumes que, dessota
el meu nas gros de pallasso,
s'amaga una font deliciosa

de sucs vermellosos: granada,
maduixa, taronja sanguina,
amb què TU m'escriuràs poemes.

Le blanc est couleur

Maintenant que Soulages n'est plus,
je peux enfin crier que le blanc, 
lui aussi, est couleur,

et qu'il peigne de lumière les cheveux
de la bien-aimée, en étendard victorieux.
Ni d'argent, ni de métal précieux,

ses fils sont de coton écru, nostalgiques
du cocon soyeux que jamais ils ne tissèrent
mais qu'ils ne cessent d'appeler par mon cri.

Éveil à la vie

Pas le réveil qui relève
mais l'éveil qui élève.
Nul besoin de préfixe

ni de béquilles. L'âme
s'élève quand s'éveille
le cœurps engourdi,

riche des vers récités,
plus que sagement lus
et benoîtement appris.

Climes versals

Quin caminoi pedregós és el dels versos
impresos, sembrat de ganxos negres afilats.

I quin goig el de la veu que hi balla, lliure,
sense por de quedar-hi atrapada.

La veu que recita veu més enllà dels gargots
i retroba els climes del poeta mussitant.

El cor regalat

A l'Anaïs

Pensava en el cor menjat de la llegenda,
quan ma filla em regalà un cor dibuixat,
dins de la seua classe de Cerdanya.

Un gest tendre, sense una paraula, però
amb una mirada que m'escalfà l'ànima,
per hores i dies, fins aquest instant rar,

de l'escriptura a distància. Aquest cor
plastificat, me'l guardi a la butxaca
dreta i vos lo confii, per alegrar-vos.



El ventre de la Liliana

Liliana, què hi tens a dintre
de la teua panxolina quadrada?
Una caca pudent? Ecs! Ecs!

Obre'm amb la cremallera, suau,
i veuràs que tot hi és molt net.
Només hi porti fruites de tardor:

una magrana, una taronja petita
i un poncem molt gros. Una fulla
i un unicorn que m'alegra el cor.



Blava-Rosa, Blau-Vermell

Blava és la nit,
rosa serà l'alba.

Entre quatre i cinc
síl⋅labes coixejo.

Blau és l'oblit,
vermell el record.

Bleu-rose

Du bleu de la nuit au rose de l'aurore,
il n'y a qu'un pas, il n'y a qu'un drap.
Le froid sombre qui ensevelit gerce

soudain de lumière les yeux curieux
du monde au réveil. Le jour qui filtre
est couleur de lèvres et le sang bat,

calme et serein, au cœur des poignets
reposés. Telle est l'aube rose, encore
bleue des songes félins de la nuit.

dimanche 6 novembre 2022

Al cor

Al cor de la mani, dreta, amb faixa
i camisa castelleres, però amb texans,
l'Aaliyah encarna l'ànima airenovenca:

la cultura al servei de la llengua, vida
i poble. Humaníssimes construccions
els castells. De braços, cames i cares,

i no pas d'acer i de formigó fred. Bella
demostració, vella convicció que viu
i viurà sempre. Sempre endavant
                                        mai morirem!












© L'Indépendant

samedi 5 novembre 2022

La gata cega

Tan juganera com les seves
germanes, corre al darrere
del fil i la pilota. Quin ball!

Aquesta princesa de vestit
de ras negre té maneres de
seductora entremaliada.

Al dematí la sento fregar-se
rere la porta de l'habitació.
Pobre de mi, si li obrís!!!

vendredi 4 novembre 2022

Gelea reial

Cabells d'àngel preuats,
regal de l'estimada. Clar,
tan clar com gelea reial,

tan valuós també. Record
callat de la carbassa pacient,
esperant dies i nits a la cuina,

abans de convertir-se en joies
líquides i pastoses, a punt per
a l'esmorzar del matí.



Industrieuse main

Industrieuse main, infatigable,
qui se dissimule pour offrir,
au regard visiteur, des fleurs,

de simples fleurs que la terre
vernissée a minutieusement
resserrée sur son orbe.

Le pichet, ornemental, demeure
orphelin de la main qui saura,
à coup sûr, abreuver ses amis.



Soleil doux

À Éric et Alexandre

Le soleil est doux, en cette après midi d'automne,
dans les tons de beige du canapé et du tapis épais.
Mon café, brûlant, n'a pas encore jailli à terre

et les astres de terre émaillée, au mur, s'oublient
dans nos regards. Le présent de cinq heures
se nourrit du passé, comme se gonfle la voile

byzantine dans l'attente du vieux lion. Clepsydre
sèche, heure de sable qui évide les cadrans vains.
Assise, ma mère converse. Et nous émerveille.



jeudi 3 novembre 2022

Ànima de foc

Maîtresse du feu ? Ama del foc?
¿Lame el fuego? La llepa el foc?
Les bruixes saben llengües

i en juguen, però aquesta, a més
a més de ser ama de foc, n'esdevé
l'ànima... o l'esperit armat.

Animus i Anima. Llàgrimes llatines
que corren per la cara, com gotes
de cera per les espelmes eclesials.














© Fanny Jourda

Funàmbuls de foc

Funàmbuls de foc,
burlant-se de la gravetat.
Homes lliures i vius.















© Fanny Jourda

שבת

Akelarre improvisat a una cruïlla.
Bell sàbat d'un dissabte al capvespre,
de bruixes i bruixots apassionats.

Braços i ferros aixecats són foguera
de Sant Joan, al bell mig de la tardor.
Banyes vermelles, rostres ocults,

l'instant té gust d'eternitat i olor
de pólvora cremada. La nit, aviat,
es tancarà, l'akellarre romandrà.
















© Fanny Jourda

Desdibuixada

Desdibuixada pel fum, 
esfumada, la cara s'atura.
Fantasma vermellós

d'un correfoc sonor
en mig de la ciutat.
Qui s'amaga aquí,

entre dos llampecs lents?
No importa. El poble,
unit, mai serà vençut.






















© Fanny Jourda

Sacerdotessa

Abans, fa anys, fa tan poc, cremaven les bruixes
per ser dones. Ara, una d'ella, eixida del quotidià,
porta a la nit el foc salvador. Amb serenor i confiança.

Olor agra de la pòlvora que espera, llueix, sedueix
i s'esfuma, com un somni aplaçat. Densitat de la gent
qua ha abandonat les cases a les fosques i ve a comulgar.

Res de vi, ni de pa de vida, el foc passa de mà a mà
i la dona, de barret negre i punxegut, és la sacerdotessa
d'aquesta nit profunda de fum i d'esperança.














© Fanny Jourda

mercredi 2 novembre 2022

Traduire l'aimée

Traduire l'aimée, est-ce déduire,
ou, pire encore, détruire ?

Traduire l'aimée, en souriant,
c'est se laisser conduire,

et voir danser les feuilles rousses,
de part et d'autre d'une frontière

que les cœurs ont tôt fait d'abolir.
Traduire l'aimée, c'est s'y unir.

Tardor / Automne

Els verds ja declinen en grocs i vermells
i els marrons pentinen els ocres rebels.
El vals de les fulles comença a sonar,
ja es muden i dansen; l'estiu s'ha acabat.
I és bella sa dansa, tan bell el color,
que mon cor esclata embriac de tardor.

                                    Roser Blàzquez Gómez
***

Voici que déclinent les verts en jaunes et en rouges
et que les marrons peignent les ocres rebelles.
La valse des feuilles déjà retentit, et voilà qu'elles
se changent et qu'elles dansent ; l'été s'achève.
Mais que leur danse est belle et si belle leur couleur
que mon cœur éclate, enivré de l'automne.

                                       Michel Bourret Guasteví
                                                     (traduction)

Et si...

Et si nous revenions,
au roi Ubu et à ses sbires,
en vers de mirliton ?

Si nous sortions enfin
du silence de sapin,
Quatrezoneilles, avec

ses Palotins ? Merdanpo
nous peindrait d'or la ville,
de l'or des vidangeurs...



Vacances !

Penché sur l'écritoire improvisé,
une lourde montre au poignet,
il écrit avec application.

À sa gauche, le modèle fané,
mille fois ronéoté, s'ennuie,
il n'en a cure. L'heure violine

exige les quatre couleurs du
stylo et le graphite espiègle
du porte-mines. Vacances !

Digitals

Dits, dígits, digitals...
La mà balla pel full blanc
i no s'atura abans de cridar

la primavera sucosa, d'entre
les fulles músties de tardor.
Un, dos, tres, mil... No paris,

Erika, que la fusta adormida
de la taula, òrfena del bosc,
te n'estarà ben agraïda.




















© Amandine

Serenor

Confiança. I serenor
La colla aixeca braços
i la por s'esvaeix...

La gravetat, tan dura
en d'altres llocs, esdevé
una aliada. Amb l'enllaç

necessari dels qui s'apleguen
un dimarts al capvespre, sota
el cel blanquinós de la Vilbau.



La mida

Temps lent i necessari.
Se suspèn l'assaig. Baixos
concentrats i atents.

De la mida dependran l'èxit
del castell i la seguretat de
la colla. Vestit de roig,

com un domador de lleons,
el Bruno va mesurant, amb
gestos precisos, indispensables.



Renouveau

Il y eut ce mot, délicatement calligraphié à l'encre
noire sur un mince parchemin que la résille prune
teintait de violine. Et puis vinrent à mes yeux,

et sous mes doigts, ces tout petits éléments d'une
scénographie minutieusement agencée :
le tube bouché de liège comme une bouteille

lancée à la mer avec, à l'intérieur, non pas les mots
qui le rubriquaient, mais les reliefs d'un repas de
châtaignes partagé entre amis.

Il y eut enfin ce qui ne se voit pas, et que je tiens
tout contre mon cœur : la terre des Anciens, sage
acronyme de trois prénoms conjugués pour m'offrir

ce talisman que vous ne verrez pas, et qui marque,
sans nul doute, un infléchissement de mon passage
sur cette terre, un renouveau.

mardi 1 novembre 2022

Soleil riant de novembre

Quel est ce bel arbre qui se prosterne,
les branches contre le caillebotis beige ?
Un saule pleureur du pays du Grand Meaulnes ?

Non. Le soleil riant de novembre qui s'est vêtu
de vert, de jaune et d'orange clair, pour enchanter
les tourterelles, dans mon jardin, en mon absence.

Le silence se fait, qui déroute les importuns et dévoie
les empressés. Chaque nuit aveugle retient du fruit
le meilleur de l'extase pour préparer l'exposition

suivante. C'est alors que je surviendrai, faussement
désinvolte, la lame de Tolède en main, et, fruit après
fruit, les branches se relèveront, pour pleurer tout à fait.



Mise en abyme

À la mémoire de Juliette Ventre,
professeure de lettres

Pourquoi, en caressant une orange petite
de mon jardin, songé-je soudain aux Fruits
d'or de Nathalie Sarraute ?

Vieilles lunes de mon passé d'hypokhâgneux ?
Non pas. Le souvenir violent des miroirs
d'un texte éclaté, en abyme, sans trame 

ni héros. De la même façon, le fruit relâché
laisse, entre mes doigts, son odeur entêtante
que je hume en fermant les yeux, à la recherche

déjà de la lame d'argent qui le fendra pour en 
exprimer le jus solaire. C'est alors, dans l'ombre
de la cuisine, que se refermera la ronde des saisons.