jeudi 30 novembre 2023

El rastre dels poemes

Calidesa sobtada
dins un antic bisbat.
Conflueixen docents
com un vol de pardals.

Els uneix la paraula,
la veu i la confiança,
la força del ben viure
que posen en comú.

Són unes poques hores.
El bisbat ha tancat,
deixant sobre les taules,
el rastre dels poemes.

Reflex

Què tinc al davant?
Quina és aquesta cara?
Fa temps que la miro
i encara no la conec.

On són tots aquells rajos
que abans t'acompanyaven?
Què han tocat les teves mans
que ja no reconec?

Han fet tota una vida.
Fembra, mare i muller, soc.

Annick, Françoise, Jordi, 
Marta, Myriam, Yanhire.



 

mercredi 29 novembre 2023

Sous d'autres atmosphères

Les larmes sont rivières,
quand on a un amour.
Des rivières sereines
pour y voguer à deux.

Si la douleur demeure
et ne peut s'apaiser,
la compagnie de l'onde
en dessine la fin.

Devant tant d'injustice,
on pense au blé qui lève,
sous d'autres atmosphères,
et qui n'attend que nous.

De força i de fe

Una lletra de força.
de molta força i fe.
Tres traços negres. Tres.
Un bon cop de falç, oi?

Què diran els fellons,
falsos ebris de fel,
davant de tanta força?

Seguiran falsejant
o fugiran venjatius?



lundi 27 novembre 2023

Un sopar entre amics

Un sopar entre amics,
a la ciutat immensa,
quan callen els tramvies
i s'aixequen poemes.

Els uneixen alens,
alenades sonores.
Els versos de l'Andreu,
la música del Quim.

La nit s'empassarà
les converses fecundes,
mes volaran per l'aire
llurs síl·labes sonores.

Una fugida

La nit és alta i s'abraça
amb mi.
Bartomeu Rosselló-Pòrcel

Els fanals de placetes,
m'han guiat dins la nit,
en sortir del cafè
on m'esperen encara.

He fugit dels honors
i dels discursos buits.
S'escapen els poemes
quan s'encenen els flaixos.

M'he deixat caure a terra,
d'on us escric avui,
després de dormir hores
amb rates i formigues.

Tacte delicat

Ara que em torna el foc de viure.
                            Màrius Torres

Ara que em torna el foc,
immens i tan serè.
El foc de viure dies,
a recer de la llar.

Ara que torno al goig
de les coses senzilles:
un moniato al caliu,
amb sa polpa taronja,

el tacte delicat
de les clares briquetes
que prepara l'Aitor
per al nostre plaer.

Le pont de l'espoir

C'est un pont tout en courbe,
tracé par une main,
qui ignore la peur
et croit aux lendemains.

Elle a choisi un U
pour figurer l'espoir,
comme une demi-bague,
précieux engagement.

Celle qui le dessine
a le regard profond,
celui qui accompagne
et jamais ne s'embue.



El mag Toni

D'un rectangle de plàstic,
sap treure cançonetes.
En Toni és un mag.

Sol tocar pels carrers
amb un amic de sempre.
En Toni és un mag.

Del contrabaix de fusta,
treu lletres de protesta.
En Toni és un mag. 

L di sangue

È certo ma non è vero.
La L è un'ala nera,
che roba dai dizionari
il sangue dell'invidia. 



Una queli

Tan modesta la queli,
que va limpiando casas,
sin alzar la mirada.

No conocen su nombre,
ni el color de sus ojos.
En su bata violeta,
ondea la letra Q.

Tan honrada la queli,
trabajando por ellos,
cuando tiene tan poco
que ofrecer a sus hijos.



Gravillons

J'aime les gravillons
qui tiennent dans la main,
quand le gravier s'en va,
au fil des bicyclettes.

Ce sont des diamants gris
que la poussière occulte
mais qui ont, à mes yeux,
des arêtes parfaites.

Astéroïdes sombres,
pour voyages lointains,
par le grand Gulliver,
tombé à Lilliput.

Douceurs

Mais que sont ces douceurs,
qui glissent dans ta bouche ?

Ce sont des mots petits,
aux voyelles exquises,
que la langue caresse,
avant de les glisser.

Et... me les diras-tu,
au creux de mon oreille ?

Sans les dire jamais,
ma langue ensalivée
caressera ton lobe
avant de s'y unir...

dimanche 26 novembre 2023

Bocal poètic

És un bocal petit
de paté ardeixès,
amb un mocador fi
per tancar-li la boca.

A dintre hi veig retalls
de papers de color,
amb una infinitat
de caràcters en negre.

D'aquests faré, em diuen,
un poema per dia,
prenent com a pretext
la lletra que el segella...



P de poesia

Un retall de paper,
pell de llimona groga,
amb un dit de foscor
dibuixant paradís.

Una lletra bonica,
sortida del bocal,
com qui va a ballar
un diumenge d'agost.

Me la moc entre dits,
quan groguegen gargots.
Clau de sol en segona
o penjador de roba?

D'entre tots els dibuixos,
destrio una p negra,
la p de poesia
que m'encén el bocal.




Fenaison

Un corps abandonné,
en temps de fenaison.
Un corps adolescent
barbouillé de sang sec.

Un drame de province,
la beauté qui s'éprend
de tous et de chacun
jusqu'à en défaillir.

Le silence retombe
sur le bourg insensible.
Les portes se referment.
La beauté est partie. 



samedi 25 novembre 2023

Le front en colère

Et je l'ai vue écrire,
dans un coin de cuisine,
les doigts rougis de froid
et le front en colère.

Des mots de dignité,
de colère rentrée,
des mots de vérité
qui sentaient bon l'anis.

Les mots ont disparu
de son écran petit,
mais dans mon cœur demeure
la marque de ses doigts.

vendredi 24 novembre 2023

Canaux

J'ai rêvé de canaux,
à l'eau épaisse et sombre,
bordés de vieux platanes
comme des parasols.

J'ai rêvé de platanes
puis me suis endormi,
le cœur chargé d'angoisse
pour la femme que j'aime.

Le sommeil agité
par des pensées funestes,
mais le cœur animé
par ces canaux de vie.

Forêts de vie

Il y a dans ces forêts
le souffle de l'été
et la grisaille tiède
des feuilles que l'on foule.

Qu'importe la sortie,
l'aveuglante clairière.
L'important est la marche,
à l'abri du couvert.

La vie est comme un bois
que l'on croise pieds nus,
imprimant dans l'humus
la marque de notre être.

Émotion marinière

Regarde au loin passer
les péniches chargées
de seigle et de froment.

Regarde-les descendre
vers le port d'embouchure
où la vie est joyeuse.

Des tavernes criardes
pour mariniers fourbus
et ton corps qui s'émeut.

jeudi 23 novembre 2023

Dess(e)ins

S'il n'était que le feu,
pour défaire et créer,
l'âtre resterait clos,
en proie à la chaleur.

Mais la main s'en dégage
et fouille dans les cendres
pour trouver un charbon
et s'en faire un pinceau.

Alors sur une feuille
que le vent a froissée,
elle trace des courbures
et des lignes de vie.

Des chemins de traverse
et de brusques ruptures,
la mer qui se dessèche
et laisse le sel nu.

Mais la bouche de l'âtre
redouble de furie.
Elle veut pour sa fournaise
la page ainsi tracée.

Que fera la déesse,
le travail achevé ?
Les autres dieux l'ignorent,
ne sachant dessiner. 





Souvenirs en quatre-vingt seize... syllabes

Et l'envie me prit de t'écrire,
en octosyllabes, au passé.
Ce fut comme un vertige lent
qui étira mes vers d'un bond.

Je pus enfin parler des mains
qui disparaissaient autrefois
dans mes hexasyllabes brefs
avant de caresser mes soirs.

Je pensai à ces jours passés
où nous étions de bons amis,
goûtant des grottes abyssales
le silence et l'étrange tiédeur.

Une autre tendresse

C'est une autre tendresse
qui est née entre nous,
dans l'entrelacs soudain
des doigts sur le coton.

Parole au creux du lit,
pour chasser les pensées
qu'un monde impitoyable
fait naître la journée.

Puis le sommeil t'emporte,
je te sens apaisée.
Pour moi, viennent les heures
des longues insomnies.

Trace indélébile

À ma fille Anaïs

Et il lui plaìt d'écrire,
d'écrire en majuscules.
Lents bâtons qu'elle trace
sur son cahier rayé.

Elle en remplit des pages,
avec application,
puis elle s'en va jouer,
dans sa petite chambre.

Découverte savante
du monde où l'on écrit,
pour garder de ses pas
la trace indélébile.

mercredi 22 novembre 2023

Un home senzill

És un home senzill
que dorm a les hamaques.
Un somiador de truites
que camina pel bosc.

No li demaneu pas
el preu de cada cosa.
Té la borsa de vent
i les mans de vellut.

Aposta per l'inútil,
els versos en llatí,
la crema de cogombres,
les pàgines en blanc.

Maridatge

I he maridat la lluna...
        Salvat-Papasseit

He maridat la lluna,
la lluna de paper.
Tenim un llit de cendres
amb coixineres blanques.

He maridat la lluna,
una nit de novembre,
rere un núvol de seda
amb anell de pi negre.

He maridat la lluna.
No ho digueu a ma mare.
Pensa que soc fadrí
al mig de les estrelles.

Marchant comme les Mages

J'aime, à la bibliothèque,
lire des livres vieux,
des recueils d'avant-garde
que le temps a jaunis.

Trois poètes morts jeunes
aux bras de la phtisie,
secouant le langage
pour nous l'offrir céant.

Dans une pluie d'étoiles,
je les vois tous les trois,
marchant comme les Mages
vers l'enfant nouveau-né.



Per escriure

M'agrada fullejar
els llibres per escriure,
amb pàgines de vent
i tinta de sang fresca.

M'agrada investigar,
en els ulls dels amics,
els llibres per escriure
que s'estan inventant.

M'agrada endevinar,
en el caminar lent
de les persones grans,
uns versos per escriure.

Atzar fructífer

Obriràs a l'atzar
un llibre de butxaca
i colliràs un mot
que l'atzar donarà.

Corbes de pluja fina
del gran Rosselló-Pòrcel,
pluja ja traspassada
i que se'm torna al cor.

Les corbes són de mots,
de mots i de desig.
L'intent d'un home bo
per quedar entre noltros.




Mirall de mots

Sobre la sorra el polze,
empremta familiar, 
resseguint els camins,
de frontera a frontera.

Entre els dits el vent,
gust de salobre i màgia, 
l’espera de l’estiu,
els anells de les canyes.

Al voral d’aigua clara
mirades fent parella
i l’ombra de muntanyes
en mirall de paraules.

Michel Bourret Guasteví
trad. del francès: Colette Planas

https://atzavaraflorida.blogspot.com/2023/11/miroir-de-mots.html 

Il y avait...

Il y avait ce jeune homme
au bord du caniveau.
La jeunesse fauchée
par la main d'un fuyard.

La tristesse d'un père
écrivant sur son fils,
dont la photo sourit
jusque dans mes pensées.

Il y avait cet instant
puis les jours qui passaient.
La neige qui tombait
sur la peau d'un enfant.

Vent de nuit

Le vent toque au volet
et fait trembler le verre
qui veille sur la nuit
en bon miroir des songes.

Le vent toque et m'appelle,
à courir au dehors
et à m'époumonner,
tout en mimant tes pas.

Tes pas dans le sentier
qui unit les villages
que la fureur sépare
et que le vent unit.

Salon de musique

Silence des armoires
qui veillent sur la nuit 
En moi ta voix scintille
comme un gong oriental.

De cuivre et de safran,
ses inflexions soudaines.
Un plat de terre cuite
mijotant sur le feu.

Il y a de la rondeur
dans ces rêves de sons
qui font de l'insomnie
un salon de musique.

Converses

Converses a la llar,
a la llar flamejant.
Un balancí de fusta,
un tamboret petit.

T'escolto mentre contes
dels humans la passió,
el caminar dels dies
cap a la dignitat.

Confiança en els projectes
i nines de paper.
Queden enrere llaunes.
Tornaran a lluir.

Tornaré a Menorca

Tornaré a Menorca,
a Menorca al gener.
De vent la meva ment,
de pedres el seu sòl.

Entre noltros la mar,
la mar d'un blau profund
i tants mesos d'espera,
el cor girat enfora.

Ja miro les gavines
que venen del fossar,
on dormen els somriures
dels meus avantpassats.

Desitjos callats

Rodons com una boca
esperant la besada,
els plats del vell taller.

A les fosques onegen
els vermells esmaltats,
despertant uns poemes
de paraules solars.

El forn d'ha refredat,
tancant la seva boca
de desitjos callats.



mardi 21 novembre 2023

Hiver 54

Sommes-nous des poissons, sommes-nous des oiseaux,
pour franchir aisément ou ces monts ou ces eaux ?
                                                    SAINT-AMANT

C'est une sphère plate
qui unit les contraires.
Une pangée d'émaux
que l'on garde pour soi.

Des longues chevelures
caressent des coquilles,
pendant que dans les cieux
le firmament scintille.

Hiver cinquante-quatre,
un abbé nous sauvait
du froid glacial des rues
qui abîmait les âmes.

Tout seul dans l'atelier,
mon grand-oncle enfournait
un univers paisible
pour les réanimer.















© Gumersind Gomila
© Éric Talavan (photo)

Absence fructueuse

Je ne suis pas allé
à notre bibliothèque.
J'attendais d'un ami
la voix et les présents.

Une conversation fructueuse
dans une langue neuve,
comme la mer sereine
qui unit nos deux terres.

Entre nous les émaux
d'un poète adoré.
Un cadeau de Noël,
il y a bien des années.























@ Éric Talavan (photo)

Porteurs de bois

La porte s'est ouverte
pour les laisser passer,
ces voyageurs de l'ombre
qui portaient du vieux bois.

Serrées dans des caissettes,
les bûches sentaient bon.
On aurait dit des livres
qui attendaient les Rois.

La porte s'est fermée,
sur leur brusque départ.
C'étaient Aitor et Pere,
les porteurs de la Foi.

Beixamel

Tendra ês la beixamel,
que uneix canelons
i dona a la nit fosca
la llum dels sentiments.

La joia del joier

La joia del joier
acompanya l'orfebre,
entre foc i silenci
cap al plaer més íntim.

D'un os blanc d'una sípia
fa un llit d'un sol ús
perquè facin l'amor
els metalls més preciosos.

I, quan parla als amics,
dona a la llengua amada
el preu de cada mot
com una pedra fina.

Miroir de mots

Sur le sable le pouce.
Empreinte familière,
retraçant des chemins,
de frontière à frontiêre.

Entre les doigts le vent,
le sel et la magie,
l'attente de l'été,
les anneaux de roseau.

En marge de l'eau claire,
les regards appariés
et l'ombre des montagnes
comme un miroir de mots.

lundi 20 novembre 2023

Écrire et rêvasser

Sonore est le silence
des pas dans l'escalier.
Des semelles d'étoupe
pour honorer le lieu.

C'est une bibliothèque
d'une cité petite,
où les livres romains
se dorent au soleil.

J'y vais l'après-midi
écrire et rêvasser,
pendant que, dans le parc,
une oie grasse cacarde.

Que naissent des aurores...

Infondre aurores brunes als teus peus.
                                Susanna Rafart

Que naissent des aurores,
sous tes semelles d'ange,
chargées de tes parcours
dans l'en-deçà des mots.

Des aubes transparentes,
grisées par la poussière,
alors que, dans les villes,
les impatients s'agitent.

Si l'aurore est fugace,
c'est là son charme impur,
car il n'est de plaisir
que dans l'instantané.

Fenêtre

Il est une fenêtre
qui m'ouvre sur le monde.
Sur fond d'une péniche
ancrée à Colombiers.

À côté du clavier,
le café veille et fume,
qu'accompagne aujourd'hui
une rousquille amie.

Je guette les signaux
de la nature proche,
referme mon écran
et m'en vais dans les champs.



dimanche 19 novembre 2023

Llavis i lèvres

Entre les dues llengües,
un frec de consonants.
Les lèvres féminines,
els llavis masculins.

El camí dels poemes

I tot s'ha enfugit,
volada fugissera
que beu de la nit blava
els versos més exactes.

Quan el son se'ls empassa,
no els dono per perduts.
Ans al contrari sembra
els mots esmicolats.

I al dematí reprenc,
al costat d'altres veus,
el camí dels poemes
que mai no m'ha deixat.

Tendre exactitude

À mon grand fils

C'est un petit réveil 
qui ne paie pas de mine.
À l'heure d'internet,
il prend une autre voie.

C'était il y a longtemps.
Friand de nouveautés,
je voulais l'heure exacte
en usant de technique.

Commandé par radio,
il cherchait à Francfort
le battement précis
de l'horloge atomique.

Les années ont passé,
j'ai oublié l'objet.
Mais c'était sans compter
sur Vincent le fidèle.

Dans son foyer coquet
et sa douce chaleur,
le réveil veille encore,
disputant à l'ordi...

...la tendre exactitude.














© Vincent Bourret

Le voyage à Prats

C'est une longue route
qui serpente entre roches
pour trouver en son terme
le soleil des prés verts.

La cité fortifiée
s'est ouverte aux enfants,
rappelant aux plus grands 
L'Histoire et leur histoire.

En contrebas du bourg,
tout contre la rivière,
deux chevaux rappelaient
l'envie de liberté.

samedi 18 novembre 2023

Rousquilles de Touron

Rousquilles de Touron,
la blancheur par douzaine,
dans une boîte rouge,
fermée par un nœud d'or.

C'est un cadeau somptueux,
au coin d'une ruelle,
que me font des amis
qui me savent gourmand.

Les gâteaux attendront
le dimanche dix-neuf,
pour être dégustés
entre les Pyrénées.












© Véronique Puigmal

Émotion pratéenne

Et les yeux de Monique,
embués d'émotion,
devant l'hôtel en ruine
où elle servait jadis.

Et la voix de Monique,
parlant avec pudeur,
devant la boulangère
qu'elle connaissait alors.

Et les pas de Monique,
au bras de Véronique,
revivant le trajet
qu'elle faisait autrefois.

El fulgor de la posta

Roig pudent de guineu.
          Gabriel Ferrater

Més enllà del dissabte 
i de l'orbe habitat,
el foc. El foc sagrat
d'una posta de sol.

Com una invitació,
una crida fulgent,
a unir-me a la terra
quan aquesta fa anys.

M'espera l'estimada.
Ja ha encès la llar
per mimar en petit
el fulgor de la posta.












© Roser Blàzquez Gómez

vendredi 17 novembre 2023

Paciència del til⋅ler

És un til⋅ler pacient,
insensible als honors
i a la por sobtada
dels homes embogits.

El seu ritme és d'alens,
de nuvolositat
i de tempestes bones
quan s'apropa l'hivern.

Avui diu la tardor,
sense un xic de nostàlgia
de les hores cremades
sota un sol infernal.









© Roser Blàzquez Gòmez

Plana d'Elna

Plana d'Elna al matí.
Buidor de les praderes
sota el mirall del cel.

El ciclista s'atura
i mira el paisatge.
Herbes rases silents
amb barrera antiquada.

La Tramuntana bufa,
per omplir el silenci
amb paraules marines


 

Pause

J'ai marqué une pause
dans mes vers de l'automne
pour goûter des amis
la langue et la couleur.  

Mes vers sont des besaces,
à la toile fripée,
qui ont besoin des autres,
pour gonfler à l'envi.

Les mots sont peu de choses,
au creux des dictionnaires,
mais il suffit d'un rien
pour qu'ils soient des fenêtres.

Des fenêtres ouvertes
sur le monde infini
qui, sans les mots des autres,
me serait invisible.

Le voyageur

Il est le voyageur
qui glane de la vie
le suc et la couleur.

Il n'est pas de brindille,
de tige ou bien de feuille
qui, sous son objectif,
n'atteigne à l'absolu.

La beauté est ainsi,
dans les petits détails
qu'il sait cueillir souvent
au bras de sa compagne.

Dans ses photos soignées,
le temps marque une pause,
pour repartir bien vite,
au fil de ses années.

Il a dans sa besace
des milliers de clichés,
et dans sa phoésie
des millions de pensées. 














© Lionel Itié

mercredi 15 novembre 2023

Les haleurs de l'esprit

J'aime le travail lent
des haleurs de l'esprit,
le doigt sur l'écritoire
et les yeux sur l'écrit.

Ils remontent les fleuves,
nonobstant le courant,
la main sur le licou
du percheron aveugle.

Jamais on ne les prime.
D'ailleurs bien peu leur chaut.
La tâche leur suffit
et la source est si loin.

Réponse somptueuse

Il y avait dans ce rouge
le vœu de l'univers,
la parole émaillée,
tout au bout du pinceau.

La blancheur en attente
et le dessin premier,
avant que le four parle
et distille son feu.

Alors vint le défaut,
la force de l'unique,
la réponse somptueuse
au souhait de l'univers.















© Claire Bauby-Gasparian

Le quai des rêves éveillés

Laisse venir à moi
les photos de l'enfance
que j'avais oubliées
au fond de mon grenier.

Je n'y ressemble guère
à l'homme d'aujourd'hui
mais je m'y vois timide,
gauche et désargenté.

Dans des boîtes à chaussures,
des paquets de tabac,
que je collectionnais,
en rêvant à ces vies

des étrangers surpris
dans le train régional
qui m'emmenait en ville
pour aller au collège.

Les paquets sont partis
vers la fumée rêvée,
me laissant sur le quai
des rêves éveillés.

Un perol d'obergínies

Un perol d'obergínies,
as meu forn amb pa rat.
Un perol d'obergínies
i s'àvia Tònia rient. 

Rêve d'été

À ma grand-mère Antoinette

J'ai rêvé de poissons,
couchés dans un plat creux,
sur un lit de tomates
et de pommes tranchées.

J'ai rêvé de poissons,
puis me suis endormi,
en marge de la crique
où je dormais enfant.

Dans le clapotis tiède
des vagues de l'été,
j'ai revu ma grand-mère
et je l'ai embrassée.

Paraules senzilles

Són paraules senzilles
que neixen a l'atzar,
alenada discreta
d'un cor que viatja avui.

Baixes a Barcelona,
en un bus Sagalés,
amb una amiga bona
que te fa companyia.

Quan tornis a la tarda,
després de la trobada,
llegiràs els meus versos,
nascuts del teu parlar.

Et si tu écrivais...

Et si tu écrivais,
dans cette langue seconde
qui vient à ton esprit
en bouffées délicieuses.

Tu laisserais ta plume,
et son carcan doré,
et prendrais de tes proches,
une bourse de mots.

Un ramassis de sons,
de cris et d'inflexions,
le charme de la vie,
pour toi réinventée.

À la bibliothèque

J'aime les longs dialogues
que rassemble un ouvrage,
sages conversations
entre amitiés choisies.

Le papier a jauni,
le style reste frais,
je sens toute la vie
de ces amis partis.

En reposant le livre,
je pense à ce lecteur,
qui fera tout son miel
de mon emprunt d'un jour.

Envi(e)

C'est une invitation,
un désir qui s'oublie,
en omettant un «e»
pour rire à qui mieux mieux.

J'aime cette expression,
au charme désuet,
qui joue de l'orthographe
pour courir vers la vie.

Et si j'aime à l'envi,
c'est que le monde m'offre,
malgré tous ses tracas,
la perle de l'envie. 

La parole d'autrui

J'aime glaner des mots,
au hasard des fenêtres
qu'entrouvrent un instant
des amis éloignés.

Ricochet de pensées,
un mot appelle un autre,
et une page s'ouvre
que l'on croyait fermée.

Ma vie s'en embellit
et je sors guilleret
proclamer à l'envi
la parole d'autrui.

Vieillesse

Faire du corps une puissance qui ne se réduit pas à l’organisme, 
faire de la pensée une puissance qui ne se réduit pas à la conscience.
                                                                                    Gilles Deleuze

J'aime tes cheveux blancs,
qui se mêlent aux noirs
et ta peau qui se tanne
de reflets mordorés.

Cicatrices du temps,
histoire de nos vies,
qui cheminent ensemble
depuis une fenêtre.

Il y a tant de livres,
de poèmes aussi,
qui tissent nos pensées
à l'heure de l'automne.

Que belle est la conscience,
à tant d'autres ôtée,
de vivre la vieillesse
sans s'en incommoder. 

mardi 14 novembre 2023

La mer du Nord

J'aime la mer du Nord,
si grise en son rivage.
J'aime ses larges plages
avec leurs chars à voiles.

Le ciel s'y ensevelit
quand décembre s'annonce,
dans la pluie mouchetée,
nostalgique du sel.

Le nouvel an y bat
dans les balises rouges
qui guident les tankers
vers les ports de la Flandre.

J'aime la mer du Nord,
qui est restée en moi,
malgré cette distance
qui la tient à l'écart.

Una ragazza bruna

A Cassandre

È una ragazza bruna che scrive italiano,
senza conoscere la lingua, ascoltando il suo cuore.
È una ragazza bruna che canta in italiano,
amando la sua lingua, che parlava al suo cuore. 

La joie des hannetons

Que j'aime les cailloux
que bouscule le vent,
ignorant des humains
la ligne imaginaire.

Pour qui gravit un pic,
il n'est pas de frontière,
sinon le froid soudain
qui relève le col.

Et pourtant que de guerres
et de bouclages vains,
qui volent à tous les hommes
la joie des hannetons.

Théâtralité

C'est un petit théâtre,
au fond d'une ruelle,
qui ne paie pas de mine
et passe inaperçu.

On y joue les classiques
et des incongruités.
Des bonbons délicieux
à savourer à deux.

Je rêve d'y aller,
en tenant ta menotte,
et de m'y oublier
dans la voix des acteurs.

Théâtre de l'absurde
ou de la vérité.
Qu'importe la façon,
pourvu qu'elle soit sincère.

lundi 13 novembre 2023

Un pensament

He pensat en el dies
que dona l'estimada
a la gent dels tallers
que van per la ciutat.

Desperta les consciències,
acompanya persones,
sense qüestionar mai
el preu de la missió.

Quan plega de la feina,
no trenca amb l'interès
que sent per cadascú,
més enllà del que deu.

Maître Prunille est grand

À mon neveu Adam

C'est un joli lundi
qui attend son sourire.
Maître Prunille est grand
qui a gagné un an.

En guise de clochettes,
une bonne cuillère,
pour régaler les siens
d'un délicieux gâteau.

Je pense à la malice
de son regard d'enfant
et à la joie profonde
de ses jolis parents.

Donatiu de tardor

Vingueren totes tres
del cau de la família.
Humils o presumida,
petitona o ben grosses.

Tres cavallers mudats,
carregats de regals,
amb el ventre esperant
culleres de cafè.

Donatiu de tardor,
fruit de Matadepera,
regal inesperat
per escalfar el cor.

dimanche 12 novembre 2023

Dos petits ratolins

Dos petits ratolins,
caminant pel carrer
en busca de formatge.

Dues taques grisenques
amb sengles cues rosa
cap a casa dels tiets.

L'Estel està pujant
cap al cel de l'escala
on l'estan esperant.

Héros de papier

Regardant des photos
d'un cinéma de luxe,
j'ai vu se dérouler
des vies que j'ai aimées.

Non pas des films anciens,
ni même des entractes,
mais l'ambiance prenante
des romans de Marsé.

Je n'avais pas vingt ans
et je goûtais la chair
des héros de papier
que vendaient les kiosques.

Dos secrets

He trobat una flor
al llindar de la casa,
una malva pansida
pel vent de la tardor.

Li he donat un vas
de terrissa rogenca
amb aigua del meu pou
per descansar millor.

A la nit m'ha parlat
quan no me l'esperava,
confiant-me dos secrets
de les flors de paper.

Regal

Regala'm un petó,
una flor dels teus llavis,
un frec de mil roselles,
onejant al gregal.

Serà la lleugeresa
que dona sal als dies,
recompensa sagrada
al mig de la tardor.

Regala'm un petó,
te'l tornaré aviat,
amb mil taronges meves
esperant al jardí.

L'Aina fa anys

I l'Aina ha fet setze anys,
un matí de novembre,
camí de l'institut,
amb flors a la butxaca.

Ha creuat mil carrers
i vist molts paisatges,
tastant del món el gust
i les bones promeses.

L'Aina farà setze anys,
un altre cop avui,
amb tota la família
i l'amistat al cor.

Sable

Le sable de rivière
est fruit du grondement
des orages soudains,
emplissant les torrents.

Il glisse dans la main
que le froid a blanchie,
porteur de mille épreuves
pour la neige qui fond.

J'en ferai un tapis
pour mes jeux de l'hiver
et un recoin choisi
pour les joies de l'été.

Une fenêtre

Une fenêtre ouverte
sur le froid de l'hiver.
Une fenêtre bleue, 
aux montants qui s'écaillent.

C'est une tour de guet
sur l'amour qui se donne,
sans jamais retenir
l'aigreur du temps qui passe.

Une fenêtre ouverte
sur le printemps des livres
et le vent de gregal
qui souffle doucement.

samedi 11 novembre 2023

Laisse faire l'amour

Laisse faire l'amour
qui sait d'où vient le vent
et connaît des recoins
pour bien s'en abriter.

L'amour s'y enracine,
à l'ombre des années,
donnant aux deux amants
la force du présent.

Il n'est que de penser
au temps de la rencontre
pour savourer à deux
la durée qui s'éloigne.

Canal exutoire

À mon frère

Si j'écris en français,
c'est que le vent me pousse
à retrouver au loin
un canal exutoire.

Je suis né dans le Nord,
tout contre la marée
d'une plage si grise
que le ciel s'y oublie.

Je suis des Glacis Sud
de la fière Dunkerque,
la patrie de Jean Bart
que la guerre a meurtrie.

J'aime les HLM
où, enfant, j'ai grandi,
jouant avec mon frère
à découvrir le monde.

Nous étions si unis
que rien nous séparait,
du matin monotone
à la tombée du soir.

Les années ont passé,
nous poussant plus au sud,
mais nous gardons encore
au cœur notre canal.





Montserrat

T'has quedat a la vora,
la vora del camí.
I ens has deixat tot sols,
amb llibres a la mà...

Mais la rumeur du vent

J'aime le soir qui fume
dans l'âtre du salon.
Assis à quelques mètres
j'écoute la maison.

Les craquements du bois,
la radio du voisin,
le ronflement du four
où dansera la quiche.

Des brindilles de sens,
cassées sur les genoux,
et que la nuit unit
en une action de grâce.

Je n'entends plus la langue
qu'on parlait autrefois
mais la rumeur du vent
haletant sous les tuiles.

Nuit clémente

À ma petite-fille
j'envoie des mots de nuit,
des caresses légères
pour veiller son sommeil.

Et je me fais chenille
pour égayer son jour
de mille pitreries
aux rires cristallins.

À ma petite fille
je dédie ces instants
où je la sais présente,
riant à mes côtés.

Sans que tu souffles mot

Attendras-tu mes vers,
au terme de la nuit ?
Le sommeil, pour l'instant,
demande le silence.

Je pense à ce jardin
où tu allas naguère
cueillir deux trois couleurs
pour en faire un ragoût.

Mes vers sont ainsi fait
d'une cueillette tendre
où ta nuit me fournit
sans que tu souffles mot.

En marge de la route

J'aime saucissonner
en marge de la route,
à l'abri des camions
qui avancent sans frein.

C'est un plaisir étrange
où la bouche s'emplit
des saveurs de l'asphalte
et du roulis d'autrui.

J'ouvre le boîtier blanc
que ferme un élastique
et j'en tire aussitôt
une  salade froide.

Des œufs et des pois chiches,
pour un repas frugal.
La route esr une amante
qui n'aime pas attendre.

Sal nocturna

He donat a la nit
el preu de sal marina.
El segell de parpelles
curulles de plaer.

He llegit els teus mots
que m'han apaivagat.
On són els vells insomnis
que em despertaven d'hora?

Ara que ja no hi són,
me'ls hauré d'inventar?
La nit, bona lectora,
ja vol son preu de sal.

vendredi 10 novembre 2023

Légèreté

Quelle légèreté 
dans la mer qui s'apaise.
Sous l'écume blanchâtre,
le sable se fait jour.

Les rochers sont moutons
que gardent les balises,
envieuses du grand large
qu'elles ne verront jamais.

C'est l'heure des aiguilles
qui pointent vers le ciel,
le délicieux repos
du voyageur transi.












© Olivier Goaoc

Le vendredi

J'aime le vendredi
qui me tient à la table,
dans le silence frais
d'un poème à écrire.

Je cesse enfin la course
qui embellit mes jours
mais qui courbe mes nuits
d'une fatigue lente.

Mon présent se nourrit
des bribes du passé
et de secrets désirs
qui courent sous ma plume.




Musicienne

Magie des mots glissés,
au coin d'une soirée.
La musique et la voix
savent se conjuguer.

Alors je fais silence
et laisse entrer en moi
les arcanes des sons
que je croyais fermées.

La musicienne parle
des langues et du rythme,
raillant certains idiomes
qui s'accordent fort peu

au rock des salles sombres,
quand la nuit se fait tiède
et que chaque auditeur
enfile un perfecto. 





Piacere dell'inutilità

Je suis un inutile
qui passe son chemin,
une fleur à la bouche
et des mots plein le cœur.

J'aime vagabonder
dans la campagne vide
pour goûter le chant tiède
des oisillons tardifs.

Mes poches sont trouées,
on dirait des galoches.
J'y ai perdu les sous
que d'autres convoitaient.

Je suis un inutile
qui parle à corps ouvert.
Et quand viendra la tombe,
enfin je servirai.

Sad Song

Està cantant Cassandre,
un matí de novembre,
pels dos altaveus grisos
de la meva caseta.

És una cançó trista,
com em mussita el títol,
sortit de la nit fosca
per abraçar el temps.

I per dos minutets,
m'abstrec del meu entorn.
El meu viatge és de sons,
de veu i tessitura. 

Aphérèse

Étrange est la pratique
des amis catalans
qui diminuent le nom
en gardant son final.

Quand on m'appelle Mich',
oubliant mon final,
d'autres désignent Quim,
en omettant sa joie.

Pratiques familières
qui écourtent les mots
pour mieux tirer le suc
des amitiés profondes.

Veille

J'aime quand tu t'endors
d'un sommeil si profond
que les bruits de la nuit
n'en découvrent les plis.

Alors, à tes côtés,
je m'invente des vers,
au défilé discret,
pour épouser ton ombre.

La poésie des songes
ne naît que dans l'éveil
d'un poète insomniaque
veillant à tes côtés.

Bots

On dit que des robots
lisent mes poésies,
tout à la tâche indigne
de brosser mon profil.

Deux grandes entreprises
s'en disputent le prix,
ignorant des images
la beauté surannée.

Mes vers sont peu de choses.
De soudaines bouffées,
pour remercier ce monde
dont je suis rejeton.

On dit que les sourires
naissent du pur hasard
de deux regards croisés
que rien ne préparaient.

Je souris en silence,
pensant qu'aucun des bots,
courant sur internet,
n'en saisira jamais
la noblesse intrinsèque.

Miel Pops

J'ai trouvé sur le sol
une boulette jaune
et mon cœur s'est serré
d'une émotion intense.

Relief d'un déjeuner
perdu par ma fillette,
tout à son épisode
inaugurant le jour.

Anaïs est partie,
elle a rejoint l'école
et moi j'ai dans la main
un peu de son plaisir.

Duo de langues

La langue de la nuit,
apprise par morceaux
sur un vieux téléphone
qui clignote à l'envi.

Dans ton sommeil profond,
il te revient des bribes
de ce français curieux
qu'enseigne le programme.

Et dans mon insomnie,
je te revois penchée,
essayant à voix basse
d'en copier les dialogues.

Tu vas de mort en vie,
traversant les épreuves
de ce duo de langues
qui vaut moins d'un kopeck.

Parfois, à mon oreille,
tu roules des mots tendres,
comme un beau pied de nez
à ma langue première.

jeudi 9 novembre 2023

Deux ans d'ateliers entre amis

C'est un beau clair-obscur
qui arrive soudain :
deux bougies allumées
sur un gâteau aux fruits.

Les amis sont venus
quand la nuit est tombée,
pour partager ensemble 
des paroles choisies.

Les langues se mélangent.
L'on parle de voiliers,
de course autour du monde
et d'un concert de rock.

Les verres virevoltent
dans le creux de leurs mains,
comme les danses folles
que leurs yeux ont formées.

Anniversaire étrange
que je n'attendais pas,
des vers dans mon chapeau
et du rouge à mon nez.

Un anniversaire au fablab

Vous étiez tout en joie,
dans la salle à côté,
fêtant comme il se doit
Pauline votre amie.

Les ballons volaient haut
comme autant d'ans bénis,
fêtés comme il se doit,
en cette après-midi.

Pauline était au centre.
Je ne la voyais pas,
mais j'entendais vos rires
et la joie du fablab.

Les élèves de Lise,
composaient des poèmes
sur l'harmonie du monde 
et ses questionnements.

J'allais de l'un à l'autre,
apportant à chacun, 
un peu de ma faconde
pour parfaire ses vers,

Mais c'était sans compter
sur le sens du partage
qui anime les gens
dans cet endroit choisi.

Et vous m'avez porté,
à partager en huit,
un peu de ce gâteau
qui fêtait votre amie.

Le gâteau est mangé,
le fablab a fermé.
Les élèves rentrés,
je pense à vous soudain,

qui donnez votre temps,
votre ingéniosité,
pour extraire du monde
des onces de beauté.



Tres cavallers lligats

Tres cavallers mudats
s'enfilen pel carrer,
carregats de regals
que duen pel gener.

Són versos de la Joana,
que aprenen els mainatges.
Tres cavallers mudats,
caminant un dimecres.

Quina pena sobtada,
entre judo i rugbí.
Tres cavallers lligats
als deures de l'escola.

Jeux syllabiques

C'est beau des vers
dans un bas de laine.
C'est du Baudelaire ?
Non, c'est du Verlaine.

mercredi 8 novembre 2023

Mardi de novembre

Derrière le carreau,
un mardi de novembre,
étranger à la pluie,
l'enfant rêve et se tait.

Décembre est loin encore,
mais il pense aux jouets
qu'il a laissés derrière,
en sautant une classe.

Amère nostalgie
qui réchauffe le cœur,
pendant qu'à la cuisine
le goûter se prépare.

mardi 7 novembre 2023

Lutte des classes

Charles Piaget est mort,
et, avec lui, les heures
d'un combat inégal,
à l'ombre du Jura.

Magie des mécanismes
et des beaux engrenages,
qu'on couchait sous le verre
avant de revenir chez soi.

Puis ce fut le chômage,
qui faucha chacun d'eux.
Et la ville brûla
sur nos télévisions.

La Lip, bien sûr, ferma,
inaugurant un cycle
de vils licenciements
et de peines sans nom.

Un monde de Kleenex
qui ignore les hommes
et croit voir l'avenir
dans un coffre à Genève.

Charles Piaget est mort
mais j'attends ses enfants
qui, un jour, je l'espère,
rouvriront nos usines.



samedi 4 novembre 2023

Poupées russes à Jumeaux

À ma belle-fille,
qui trouve des joyaux.

Ce sont des poupées russes,
en guise de maison.
Le logis de Christine
est un enchantement.

Les pièces y défilent,
au gré d'un escalier,
jouant sur tous les tons
d'une peinture claire.

Nombreux sont les placards,
les tiroirs, les recoins,
où la terre s'entreouvre 
en détails de couleurs.

Tel croyait oubliés
les jeux de son enfance.
Il les découvre tous
rangés sur l'étagère.

La chaleur y est douce,
invitant à penser
à l'harmonie d'un monde
par ailleurs si meurtri.

Un chant d'oiseau

À Aitor, marionnettiste basque

Lira-t-on un beau jour
mes poèmes en basque ?
La beauté d'une langue
que j'entendis naguère.

C'était en Catalogne,
quand on fêtait les Saints,
au cœur d'une chorale
qui parcourait le monde.

On y parlait d'oiseau,
au sein d'une élégie.
Que la terre était belle,
qui se mirait dans l'eau.

Silence poétique

Que peut la poésie
contre un regard si vif ?
Les mots sont peu de choses,
quand Clémence me voit.

Dans les jeux de lumière,
un monde se fait jour,
qui s'abonde du souffle
de ses parents aimants.

Au loin est la musique
d'un Aldo Romano.
La contrebasse feule
quand Clémence s'éveille.

Plus tard viendront les jours
des jouets à musique
et ses longs doigts si fins
courant sur le plastique.

Mais l'heure est au regard
qui s'étonne des siens,
de la douceur des choses
qui lui font un couffin.

Derrière les couleurs,
c'est le four qui ronronne,
le fromage coulant
sur les pizzas repues.

Bientôt l'on festoiera,
mais on peut bien attendre.
Quand Clémence regarde,
la poésie se tait.

 


mercredi 1 novembre 2023

Cirereta polida

Cirereta polida,
al final del concert,
ha vingut una al·lota
a ballar amb son pare.

Al compàs de les veus,
mos ha portat a viure,
de l'amplitud del món,
els cants i l'alegria.

I la sala ha gaudit
per celebrar els sants
que s'aplegaven tots
a l'entorn del bon pare.