mercredi 31 mars 2021

Rrose Sélavy

À mon fils Vincent

Au début, ce fut une promesse,
tenue à l'aube dans le silence.
Parler de Rrose Sélavy,

qui me poursuit depuis tant.
Tant d'années, de souffles,
de vie, d'envies.

Eros, c'est la vie. Duchamp
aimait la gaudriole et on riait
fort, entre surréalistes.

La guerre avait amputé, énucléé,
vidé du sang artériel les corps
et les âmes. Et puis elle est venue,

Rrose, l'absente de tout bouquet, fichée
au cadastre des ans, sous un chapeau
et dans une ample manteline, tranchant

avec la lame de couteau du visage premier.
Si la littérature invite à être un autre,
que Rrose m'en montre la voie. Longtemps.



Mentre. M'entra.

Mentre condueixes, de nit,
com una flama roja fronterera,
m'entra un desig de fred pur,

sense vent ni neu per on relliscar.
No: un fred conceptual, com el glaç
cúbic al fons d'un got buit.

El fred com un silenci o una espera,
el desig de ser esculpit per les teves
mans al final del viatge. I escalfat.

mardi 30 mars 2021

Une langue c'est un voyage qui dure

À K. R.

Une langue c'est un voyage qui dure,
un froissement de sons dans le froid
vif du matin, la course d'une enfant

derrière un ballon rouge qui s'envole,
la douceur d'une épaule après la nuit,
le café amer sous le palais desséché.

Une langue c'est un bagage qui vole,
des vêtements soigneusement pliés
et qui, soudain, se gonflent au vent.



Un ami

À R.B.P

Un ami est dans la peine.
Les yeux qui l'ont guidé,
de feu et de patience,

s'en sont allés. Au-delà
des montagnes bleues, là 
où la parole s'éteint.

De son père, je n'ai qu'un
cliché, mais je sais déjà que,
sur le visage de son fils,

mon ami, je m'en inventerai
les traits et la bonhomie,
pour qu'il ne cesse de vivre.

samedi 27 mars 2021

Nour Rose

La lumière et les senteurs,
un prénom double pour la vie.
La force du feu solaire,
la délicatesse du matin.

Une enfant le porte, jour
après jour. Petite encore,
elle a pourtant mille ans.

Mille ans d'amour silencieux qui,
dans une nuit immense et glacée,
sans le savoir, déjà la cherchaient.

En pleine lumière, la rose s'épanouit.
Bientôt viendront les mots, aux syllabes
patiemment redoublées. Et l'amour, l'amour...

En sis per sis

La vida és de basseta,
de carlines i bosc.
S'hi mouen uns capgrossos
a recer de l'estiu.
I quan t'hi veig sencera,
la recupero tota.

Je sens

Je sens ta voix quand tu écris,
je lis ses envols et ses ruptures,
ses doutes et tes cris,

le trouble qui te saisit, quand
elle franchit la ligne des sons,
tout en haut des montagnes.

Je sens ta main quand tu parles
et que le grave, chuchoté, prend
la couleur de l'envie. Doucement.

Il est

Il est une constellation,
de coton et paillettes,
une nappe tendue sur

un mur pour que les rêves
viennent s'y attabler. 
Elle préside à tes nuits

et guide ta main, quand
tu écris, lime ou te relis.
Il est une constellation.

vendredi 26 mars 2021

Un peu d'eau tiédie

Un peu d'eau, tiédie par la rencontre,
et que les mains recueillent lentement.
un lac en petit, circonscrit de ridules,

et dans laquelle une bouche, naguère aimée,
dessine un sourire las, avant que ses lèvres
s'y prosternent et s'en abreuvent longuement.
Un sourire du soir, une nuée d'hirondelles,

la fraîcheur des collines, et un peu d'eau
tiédie qu'un regard saisit goulûment.

On ne touche pas



C'est un roman bref, l'un de ceux que l'on glisse dans une poche que le tabac a évasée ou sur le tableau de bord d'un vélo d'appartement désespérément statique.

L'argument tient en une poignée de pétales de myosotis ou l'un de ces minuscules strings qui jalonnent le récit.

Une professeure de philosophie d'un lycée de la banlieue nord de Paris, le jour, occupe certaines de ses nuits à se dévêtir et à danser dans une boîte chic des Champs Élysées. Joséphine se mue alors en Rose Lee, clin d'œil à la pionnière de cet art secret.


«Dans ses yeux exténués, je suis très belle.»


C'est cet hendécasyllabe, beau comme la nuit, qui m'a invité à vous en parler, au terme du chapitre 3, bien avant la moitié de l'ouvrage, à la façon d'un Work In Progress, pour jouer les cuistres joyciens à la petite semaine.


Un roman tendre sur les adolescents, malgré ou grâce à leur fureur, un libelle caustique sur la médiocrité des proviseurs que l'on rémunère hors-échelle comme ces universitaires qu'il rêvent d'être mais que leur asservissement -à la hiérarchie, aux parents, au qu'en dira-t-on - barre définitivement.


Roman d'une petite fille jadis laide et sans jouets, claquemurée entre des livres hors d'âge, et qui a vécu les oraux de l'agrégation comme la pire des tortures, saignant plusieurs semaines durant, pour renaître dans l'effeuillage, quelque dix ans plus tard.


Je porterai longtemps ce livre en moi, comme un vade-mecum, ou, mieux encore, un viatique aveuglément noir,

pour faire un dernier clin d'œil, à Nerval, cette fois.


Précipitez-vous y. Lentement...



mardi 23 mars 2021

Une soupette

Ancestrale et pourtant oubliée,
une soupette de pauvres, venue
d'une petite île, il y a cent

ans ou plus, un curieux brouet
brûlant des pauvres gens. Du pain,
rissolé dans de l'huile grasse,

de l'ail écrasé, de l'eau et deux
œufs battus et prestement jetés
avant que la main de la mère,

aimante et attentionnée,ne leur
donne un tour final, étourdissant,
et n'invite à partager l'ambroisie.



Une lecture

À Élodie et Thierry

Petite, essentielle.
Un livre mince et délicat, 
fleurant bon le lointain,

trop grand pour la poche,
assez large pour le cœur
qui s'y réchauffe vite,

très vite. Et il n'y a de
train qui vaille ni souper
attentionné pour arrêter

la course des yeux, l'empreinte
tiède des doigts. Maïa et Julien
retrouvent l'amour, le dessinent,

l'inventent, sous l'éventail
d'une cartomancienne complice,
faisant naître leurs enfants

tout en haut des arbres, tout
contre des étoiles qui, un jour,
les verront, eux aussi, danser.



M'has regalat

M'has regalat una flor,
petita, delicada, miratge
de colors vius, vademècum

lleuger per passar un bon dia,
entre lectures i trajectes.
M'has regalat el teu cor,

rodó, olorós amb pètals quiets,
blancs i rosa amb un sol endins,
tebi i delicadament apassionat.



lundi 22 mars 2021

Vernal

Abandona el prefix, falsament
inclusiu, i deixa entrar la flaire
dels brots plens de saba verge.

L'hivern se'n va, amb la neu tardana
de Moià, i arriba la primavera bonica
amb pastissos d'aniversaris i flors

de paper fi. Ja és temps de treure
de la butxaca les sarbatanes petites
i d'oferir a l'estimat un somriure vernal.

SARBATANA

Tub tan llunyà que el seu record
en torç la grafia com sota l'efecte
d'un pètal de primavera.

Sarbatana d'or o de blat xeix, pestanyes
morenes i fils de plata. Sense cap dard
ni sageta. Una sarbatana d'alenades tendres

que menyspreen les fronteres i la fredor
de la nit silenciosa. Un mot, just un mot
que invita els amants a collir-ne els pètals.

samedi 20 mars 2021

Poemejant

Ella em va portar un mot.
Petit. Quatre síl·labes.
Una alenada sobtada,

després de setmanes
de lectures diurnes,
en silenci. Cap cot.

I he continuat a seguir-li
les passes, escrivint molt,
per anar acompanyant-la

pels viaranys de la vida,
fent país, fent llengua, fent
parella. No m'ha demanat

res. M'ho ha donat tot.
O gairebé. Demà serà diada
de la poesia. M'acompanyarà.

Printemps

La neige fond et voici venir le vert,
tout impatient du soleil tant prisé.
Désir du grain que le vent fait mûrir
sous l'éclat de l'épi songeur.

Les bourgeons crèvent leurs entrailles
et l'aube teint de rose la prairie,
telle une vieille fileuse, l'araignée
tisse des robes de son fil doré.

L'hiver s'en va avec sa brume grise.
Les fleurs se laissent énamourer.
Lenteur du réveil, la vie m'appelle !
Un banquet pour vivre et festoyer.

© Roser Blàzquez Gómez, traduit du catalan
par Michel Bourret Guasteví

Deixant el pati encegador

El sol t'enlluerna,
has deixat el pati
de pedres i rajoles

i has tornat endins.
T'hi espera el llibre
breu. Els sentiments

d'un carter enlluernat
per una presència rara.
Llegeixes. Et deixo vibrar.

vendredi 19 mars 2021

Elle est

À une petite fille de mars

Elle est et le silence se fait.
Stellaire Estel à la boucle d'or.
Le vent s'est tu qui, naguère,

en songe, caressait ses cheveux.
Le poing se ferme sur les rêves
à venir et l'oreille se dresse

dans un cocon de douceur. Du père,
non loin, on dit les vers gourmands.
Ouvrira-t-elle les yeux à sa voix

quand le soir se fera ? Coton blanc
et duveteuse peluche m'en convainquent,
assurément. Longue vie à cette étoile !



Se perdre et désigner

Se perdre dans la chair autorise l’instant
Pourquoi un alexandrin perdu dans la houle
de vers forts, suspend-il le souffle soudain ?

Magie de la traduction qui se suspend, au risque,
toujours présent, de s’essouffler. Le scalpel
brille et les doigts ne se crispent plus.

Que belle est la plume qui ne se traduit pas.
Pourquoi traduire, quand on sait impossible
la tâche, sinon pour désigner du monde l'origine ?

Comme un trait de salive

Comme un trait de salive,
la nuit écrit en blanc rosé.
Constellation de miroirs

et de doigts entrecroisés.
Le café brûlant s'approche
et les lèvres le devinent.

Que peut le coton froid contre
deux cœurs qui se réveillent
et conversent longuement. 

Casualitat

Penso en la casualitat
que va deixar a descobert
una punta de l'antic matalàs.

Urpes silencioses a la nit
que s'aferren, s'arrelen,
a la fina pell de cotó crema.

I ta veu que em desperta
i ens deixa desconsolat
mentre la foscor s'instal·la.

lundi 15 mars 2021

Il est

À Jean-Yves

Il est l'ami fidèle,
celui qui, jamais,
ne desserre la main.

Le délicat maître-queux
des soirées amicales,
le boute-en-train vif

et toujours prêt à rire
aux mots bons ou légers
des copains du mercredi.

Il fait des ans aujourd'hui,
comme on dit dans ma province
aussi têtue que la sienne.

Longue vie au tendre compagnon
de Valérie, duchesse de Boutonnet.
Il est l'ami fidèle...

mardi 9 mars 2021

Invertint R'lyeh



Punt Nemo literari,
geometria tan aïllada
que m'ha glaçat el cor.

I vet aquí que un amic
car me l'està invertint
amb unes ombres de fantasia.

El fotògraf es beu el mar
entre l'illa major i la menor,
pintant un llumí de connivència,

un far que dóna l'esquena a la remor
confusa de la gent. Crepuscle silent.
Preu infinit de la vida que batega, 

salada. 

By Courtesy of Pau Gener Torres

lundi 8 mars 2021

Unes flors de pruner

– La lluna, la pruna, vestida de dol.
 No diguis bestieses, tenim temps,
que arriba la primavera, amb son

sol tot nou. La flor, l'amor, tot d'una.
Enlluernat per la flaire i la blancor d'unes
floretes, no penses en les fruites dorades,

que, un dia, penjaran de les branques fulludes,
com la promesa d'unes noces impensables, entre
la rosada del matí i la flamarada del capvespre.

















By Courtesy of Roser Blàzquez Gómez

dimanche 7 mars 2021

CAPE ET TABLIER

8 mars, journée internationale de la femme






J'ai mis mon tablier
couleur de grenade
et je surveille le poulet.
Je fais des petites cuisses à la casserole.
J'écoute le son de la friture
et mes narines palpitent du fumet.
C'est dimanche et j'ai mis mon tablier,
car, aujourd'hui, nous serons nombreux à table !
Et tout en surveillant la casserole
je lis Emili Teixidor.
Et je vole en sa compagnie. J'apprends à voler.
Et l'univers pour moi devient infini
dans la cuisine de la maison.
Après j'écrirai...
et je limerai chaque mot,
sans rien faire, je ne peux vivre.
Et, invisible, la cape volette
sous le vent de la hotte.
J'aime cuisiner quand je porte ma cape.
J'aime voler quand je porte mon tablier.

© Roser Blàzquez Gómez, traduit du catalan
par Michel Bourret Guasteví

El navegant silenciós

Al Damià Coll, foeta

No es mou, emmirallat d'or.
Dels bergantins, ha oblidat
l'art exigent de salpar.

Silenciós, somnia amb sirenes
escabellades de pell platejada
i cabellera d'atzabeja. 

No es mou, tot pintat de sorra.
De la Banya d'Àfrica aprendrà
el lent bressoleig de les falugues.











By Courtesy Of Damià Coll

Set de març, el dia d'abans

Tinc set de març i de Marçal,
el dia d'abans. Res de l'altre món,
tot d'aquest, deliciosament.

M'he pres el blauet i el davantal,
ara netejo el bany, cap cot, de genolls.
La dona no és pas l'avenir de l'home,

com cantava un poeta d'abans. Ella és.
Senzillament, genuïnament, i ens acompanya.
O no. Per sæcula sæculorum. O no.



Somriures

Silenciosos, com gelats,
uns somriures de llavis
tancats a la nit de Verges.

El públic, sota la carpa,
escolta en Lluís cantant
Amor particular. Tretze

anys han passat. Un bon
grapat. O res. Un polsim
d'estrelles que cantusseja,

silent, pel do de la humanitat.
Particular i tan comú, com l'amor
més pur, al final de l'hivern.














Hamburgueses

De cansalada i formatge fos,
panets rodons i dos pessics
d'amor, les hamburgueses

esperen l'arribada de la colla.
Un sopar de dissabte. Riures
i bromes. Estovalles solars

i el somriure de la mare,
que no menja gaire i se'ls mira.
Les hamburgueses brillen.








Ventades

De cop i volta, a la mitja nit,
dues ventades terribles i breus.
Dormen els nens, no senten res.

Em quedo despert, pensant en tu
i en la casa del tercer porquet,
tota de ciment i maons bons.

Han passat ja, com una marca
insistent de la benevolència del
temps pels qui s'estimen fort.

Funambulisme

Il y a ces mots, que je ne connais pas,
et qui se présentent à l'improviste,
me laissant soudain sans voix.

Et pourtant, funambule audacieux,
je me lance dans cette langue seconde
et si première dans mon cœur débutant.

Par tes silences et ton regard,
tu ne cesses de me guider, et la
corde se tend délicieusement.

samedi 6 mars 2021

Panets

Quiets genets d'un Apocalipsi
de fantasia, rodons, tebis i
tous, dessota una armadura

de cicatrius gentils, els panets
esperen el berenar de la colla
entre cafès, infusions i birra.

Miracle d'un forn blanc capritxós,
un dissabte de finals d'hivern,
a recer d'una bruixa bona, tan bona.



La petite fille et les clarinettistes

À A., durable inspirateur

Il faisait froid et sombre,
si sombre, cet hiver-là.

La petite, une enfant de huit
ou neuf ans, accompagnait
son père aux répétitions

d'un petit orchestre amateur.
Assise entre deux clarinettistes,
dans leur ombre tiède et douce,

elle tournait lentement les pages
d'une partition dont elle avait
patiemment appris la grammaire,

ramassant les épingles sur des fils
noirs sans nulle autre lessive
étendue que celle des rêves à venir.

Il faisait froid et sombre,
si sombre, cet hiver-là.

vendredi 5 mars 2021

Madame Sarriette

Elle passe inaperçue,
embaumant de ses pas
la salle où l'on s'affaire.

Une pincée par ci, 
un frôlement par là,
sa chevelure caresse,

que l'on enfourne vite.
N'en déplaise aux grincheux,
elle m'est indispensable

Et s'il m'était donné, un jour,
de vivre sur une autre planète,
j'en voudrais bien le sol...

...d'incroyable sarriette.



Opípar

Al Víctor

Un sopar exquisit,
preparat al taller
llunyà i portat

pel fill estimat.
Perols de carn
amb cansalada

tendra i verdures,
patates i formatges.
Un enfilall opípar

de plats tan distints
i semblants. I, al final,
una conversa ben dolça.



Sense foto

Sense foto,
ulls tancats,
record viu.

Llavis clars,
tímidament
closos.

Arruguetes mil,
tan delicades,
d'esguard solar.

Nas entremaliat,
de narius inquiets
i amanyagats.

Coll tan fi i clar
que sembla un eix
del món mansuet.

Somriure d'ànima
que m'embriaga
el cor, mut i cec.

Prévert, forever

T'han proposat 
de traduir Prévert.
L'amic fidel, constant,

que t'assessora bé,com
sempre, amb més confiança
de la que tens en tu mateix.

Passen les hores i recordes
el llibre de butxaca usat,
de pàgines groguenques,

la llengua senzilla i pura
de les curses pels carrers
en blanc i negre, a la Doisneau,

la música de Kosma, la veu aguda
i greu de l'Yves Montand, la ploma
incisiva del Prévert. Forever...

jeudi 4 mars 2021

Kaeru

Une nuit claire venait de tomber,
subrepticement, au dos d'une page.
Au troisième étage, sur le balconnet,
un être de papier quittait l'orage.

Je songeai aussitôt à toi, si loin,
et si réelle, origami de sel
et de passion, de brume et de foin,
petite fée Sarriette dans le ciel.

Puis je revins au livre et à l'énigme,
Kaeru, grenouille et retour chez soi,
papier plié et curieux paradigme,
à mille lieues de tes baisers de soie.

Caresse nostalgique

Arôme caressant et peau de soie,
tu brilles des couleurs et de la vie
des printemps de jadis, de naguère,
cette espérance que le froid ne peut glacer.

© Roser Blàzquez Gómez, adapté du
catalan par Michel Bourret Guasteví



mardi 2 mars 2021

Una bicicleta

No pas una bici:
una bicicleta,
de rodes punxades.

Una companya de camí,
sense cap ni cos,
guiada de la mà.

Acer, plàstic, cautxú,
silenci sonor baixant
pels carrers de la vila.

lundi 1 mars 2021

Tapioca

Perles de vidre tou,
bones lupes a milers
per a lil·liputencs

curiosos. Sabor cremant
de la llet ensucrada o
del brou de gallina.

Vaixell, ulls tancats,
cap a l'altre costat
dels oceans furiosos.

Record tan llunya que
ens apropa tu i jo,
entorn de la mandioca.