vendredi 26 mars 2021

On ne touche pas



C'est un roman bref, l'un de ceux que l'on glisse dans une poche que le tabac a évasée ou sur le tableau de bord d'un vélo d'appartement désespérément statique.

L'argument tient en une poignée de pétales de myosotis ou l'un de ces minuscules strings qui jalonnent le récit.

Une professeure de philosophie d'un lycée de la banlieue nord de Paris, le jour, occupe certaines de ses nuits à se dévêtir et à danser dans une boîte chic des Champs Élysées. Joséphine se mue alors en Rose Lee, clin d'œil à la pionnière de cet art secret.


«Dans ses yeux exténués, je suis très belle.»


C'est cet hendécasyllabe, beau comme la nuit, qui m'a invité à vous en parler, au terme du chapitre 3, bien avant la moitié de l'ouvrage, à la façon d'un Work In Progress, pour jouer les cuistres joyciens à la petite semaine.


Un roman tendre sur les adolescents, malgré ou grâce à leur fureur, un libelle caustique sur la médiocrité des proviseurs que l'on rémunère hors-échelle comme ces universitaires qu'il rêvent d'être mais que leur asservissement -à la hiérarchie, aux parents, au qu'en dira-t-on - barre définitivement.


Roman d'une petite fille jadis laide et sans jouets, claquemurée entre des livres hors d'âge, et qui a vécu les oraux de l'agrégation comme la pire des tortures, saignant plusieurs semaines durant, pour renaître dans l'effeuillage, quelque dix ans plus tard.


Je porterai longtemps ce livre en moi, comme un vade-mecum, ou, mieux encore, un viatique aveuglément noir,

pour faire un dernier clin d'œil, à Nerval, cette fois.


Précipitez-vous y. Lentement...