mercredi 28 avril 2021

Mai no he escrit...

Mai no he escrit tan poc
i no me'n penedeixo. Els dies
fan olor de romaní i sajolida

i les nits em porten tendres
refilets d'ocells encegats
i greus sentències gripauenques.

Mai no he escrit tan poc
i me n'alegro. M'omplo a cabassos
la memòria per a desconfinar-m'hi més.

Un carnet impromptu

Le carnet s'était perdu
dans les replis de jours
bien plein. Les pages,

cornées par l'absence et
le jeûne, s'effeuillaient
peu à peu, quand, soudain,

le vent de la nuit, espiègle,
décida, bien inopinément, d'en
redessiner la course légère

et c'est sur tes paupières closes,
comme un marin dans le brouillard,
que, dessillant les miennes,

j'entrepris de retrouver ta main
qui, matin après matin, dans le
silence de la pièce vide, écrivait

quelques mots, lignes ou vers,
comme ces pas dont, naguère, tu marquais
la terre de ton empreinte indélébile.

mardi 27 avril 2021

Un poeta fa anys

Un poeta fa anys
i no sap que és poeta.
Tendre tacte de la fusta.

Dinarà arrosset amb amics
tot somniant amb pilotes.
La pluja freda és tèbia

quan un bon noi té vint anys.
Tallaran arbres i flors seques.
El poeta ja ha fet anys.

jeudi 22 avril 2021

Trente-trois ans

À F. et L.

Trente-trois ans,
trente-trois traces
de pas dans la neige

aveugle des Ardennes.
Un regard, noir comme
la tendre obsidienne,

qui lutte puis s'éteint,
sans plus jamais me quitter.
Et trente-trois ans plus tard,

le miracle inespéré d'un autre
regard noir qui a longuement
cherché dans les entrailles

du vivant avant d'entrer, enfin,
pleinement, dans ce collège des docteurs
où la parole s'essaie à vaincre la peur.

dimanche 18 avril 2021

On oubliera Mia

La France en effervescence,
le bandeau des alertes au pied
de chacun des écrans aveuglants,
on oubliera Mia.

Des conversations s'animent,
la mère est une fille perdue,
la grand-mère une sainte,
on oubliera Mia.

Les frontières abolies, France
et Suisse se serrent les coudes,
un squat crasseux est encerclé,
on oubliera Mia.

Le procureur fait des points-presse,
on s'exclame, on tance, on condamne,
le regard d'une enfant s'efface,
on oubliera Mia.

LA PEAU / LA PELL

La peau. Desséchée par le temps.
Les années se paient cher...
Un doigt parcourt les rides,
dont certaines profondes,
tels des tatouages insistants.
Mais, au cœur de la caresse,
le bout du doigt comprend.
Il s'arrête un instant et, lentement,
reprend la peau harassée.
Comme s'il lisait du braille,
le derme devient un livre ouvert,
des pages de faits et de vie.
Des noms, des mots qui ont blessé,
des échos de joie et d'allégresse.
Des chemins, des valeurs, amours et mensonges.
Des arrivées et des départs.
Et le doigt poursuit son parcours,
avec tendresse à présent,
et se montre orgueilleux de cette peau,
si sèche et si fanée, mais peut-être
jamais lue auparavant
comme une carte de trésors vivants

© Roser Blàzquez Gómez, traduit du catalan 
par Michel Bourret Guasteví
© Lionel Itié (photo)


La pell. Resseca pel temps.
Els anys passen factura...
Un dit ressegueix les arrugues,
profundes algunes,
com tatuatges insistents.
Però, enmig de la carícia,
el capciró comprèn.
S'atura un instant i, lentament, 
reprèn la pell cansada.
Com si llegís braille,
la dermis es fa llibre obert,
pàgina de fets i de vida.
Noms, mots que han ferit,
ressons de joia i alegria.
Camins, valors, amors i mentides.
Arribades i partides. 
I el dit ressegueix, ara tendrament,
i es perfila orgullòs d'aquesta pell,
tan seca i tan pansida,
però mai abans potser llegida
com a mapa de tresors vivents.

vendredi 16 avril 2021

A porta tancada

No has somniat mai
en escapar-te? Sense
moure't però d'on vius.

Endinsar-te en els vells
carrerons de la Ciutat
dels Sants i, a porta

tancada, amb amics cars
deixar volar el teu magí
per caminois inescrutables.

Que s'ouvre la porte

Que s'ouvre la porte qui joint mal l'hiver, 
laissant passer le froid
et le rideau à franges de couleur.

Le printemps est là avec son or tiède
et déjà la vieille cheminée s'assoupit.
Au soleil, la lecture est plus douce

et les doigts fourmillent de désirs neufs.
L'herbe est grasse et luisante, qui
accueille trois livres pour Sant Jordi.

jeudi 15 avril 2021

Una catifa voladora

A Lablaz

Com una capçalera de llit
en levitació, ingràvida,
una porta, de fusta bona,

amb pany i frontisses negres.
Una pell morena, llisa i amb
cicatrius regulars sobre un

fons immaculat. La vida. Els anys,
la fruïció serena, nit rere nit.
Una catifa voladora silenciosa

per emprendre uns viatges a dos
pels somnis més inesperats. Tot
el contrari d'una porta tancada.





















By courtesy of Marta BG

mardi 13 avril 2021

Froissements

Tu es celle qui écris,
le matin, dans le silence
du boudoir. Froissement

clair des pages imaginées,
souvenir, tout proche,
de Lucifer qui te sourit

encore, du haut d'un jujubier,
et t'encourage à jongler avec
les langues, car il n'est de mots

que de la faim, de la soif,
et de l'amour. Froissement vif
du matin qui t'appelle et t'emporte.

FLEUR DE CERISIER / FLOR DE CIRERER

Si tu savais comme je t'admire,
branche de cerisier, tout entière,
avec tes fleurs blanches comme la lune,
une bouffée de printemps, une joie de nature,
des pétales de neige et un soupçon de vert 
qui pointe à peine, dans l'attente
du rouge sang qu'il veut être déjà.

© Roser Blàzquez Gómez, traduit                        
du catalan par Michel Bourret Guasteví               

Saps com t'admiro, branca de cirerer,
sencera i de flors tan blanques com la lluna,
alè de primavera, goig de natura
pètals de neu i un verd que tot just despunta
esperant el roig de sang que ja vol ser.



lundi 12 avril 2021

Pluja d'abril

Pluja d'abril,
un bes a la terra
i poncelles mil.

La cuina a les fosques

La cuina a les fosques,
de terra glaçat i persianes
tancades, conserva la flaire

de les converses tardanes.
Sorolls d'escuma cremant
i xiuxiueig tendre dels amants.

La vida senzilla d'allavòrens
segueix fluint per les venes
i la porta s'obre a records infinits.

dimanche 4 avril 2021

Il peint

Midi le juste d'un dimanche
de Pâques. Lentement, il peint.
Les lettres esquissées, bombées,

dansent sans bouger. Du bleu,
du blanc, du rose, qu'enserre
la perfection du noir jusqu'à 

ce qu'il l'oublie et s'évade.
Lentement, sans raison, croit-on,
sinon celle de la beauté. Pure.



Un livre d'Alain

Le livre s'ouvre, au détour
du chemin, craquement lent
des pages blanches.

Une tranche de vie, qui tient
dans la main commodément,
lourde et légère à la fois.

La langue en est limpide,
primesautière, croit-on,
mais les mots sont d'argent

et la mémoire est exigeante.
Se peut-il que tu parles la langue
d'Alain, au terme de l'ouvrage ?

Escriure

Escriure. A ditades.
Deixar vagar el pensament.
Escoltar els batecs del cor.

Infinitius rodons com còdols
del camí compartit fa poc,
fa tant. Hores llargues

de pessics breus i pessigolles
moltes. Dents de lleó collides
a la vora del canal, com sols

vernals, sense olor, tot molls.
Records tan presents que els dits
s'aturen i volen acariciar.

samedi 3 avril 2021

Panache

Comme une écume légère,
une coiffure de plumes
irisées, le panache

ne sert à rien. Il est
le sourire complice,
la main dans le dos,

les doigts qui se frôlent
sans jamais vous abandonner.
On le croit présomptueux,

bouffi d'orgueil, vaniteux.
Il est la grâce sans laquelle
la vie se serait affadie.

Toujours

Pas un jour, ni tous les jours.
Toujours. Contre vents et marées,
l'air chargé d'iode et de baisers.

Sempiternelle offrande du matin,
quand la plage encore vierge attend 
les pas des promeneurs incertains.

De l'amour qui rime avec toujours,
plus que de la gaieté qui rime avec l'été.
Nunquam error, lectio semper est...

El diamant i la tòfona

Com un granet de sorra,
un cristall de sal oblidat
a les mines de Silèsia,

el diamant brilla a la llum
del dia, vermella i d'aire suau,
somniant en una tòfona oculta,

molla de tendres secrets i paraules 
callades, sa germana d'un dia, de dos,
o de tota una vida, en silenci còmplice.

Un chemin entre les dunes

Le chemin qui conduit à la plage,
en tendres vagues et plaisirs infinis,
est fait de sable, si doux, si chaud,
un pont étroit qui s'ouvre à l'infini.

Et il se meut en dansant entre de vieilles dunes,
promptes à s'inonder sous la mer si saline,
cependant que l'ombre y dessine des rides
qui tracent pour l'amant le plus doux des chemins.

© Roser Blàzquez Gómez, traduit du catalan
par Michel Bourret Guasteví



Una hora

Una hora en silenci,
a les tendres fosques.
Una hora escrivint

a la llum petita
d'un ocell de paper.
Una hora desvetllant

el misteri dels amants
que caminen per la vida
com per casa, simplement.

Pézenas

Carrers sonors de la vila vella,
passeig lent dels amants de bracet.
En veu baixa, li dic a la bella
la història d'un vell teatret.

La vida nova del Lluci

En un sofà vell, de pell
taronja i marró, Lluci
gaudeix de la blancor

sobtada. S'obre, badalla,
sedueix la bella lectora,
amb històries d'Alvèrnia

a les fosques i algun cloquer
punxegut. Hores tan lentes,
dolç cruixir de les pàgines

obertes. Un ceramista deixa
les arts del foc per la passió
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