vendredi 23 décembre 2016

Com caminant per la boira

Com caminant per la boira,
un matí fred d'hivern,
entre gebre i ginebra,

he perdut el sentit de l'amor,
me'l busco, fins i tot em figuro
que no l'he conegut mai, com si

patís una curiosa malaltia. Mes
m'obsessiona tant la pèrdua o
la fatal desorientació que em dic

que encara hi crec, que l'amor no m'ha
deixat. De moment. Llavors em fixo en
els amors aliens, la felicitat de qui

va de bracet pels camins sense boira
i beu del porró d'or un vi dolç de
remembrances i d'avenir somiat.

vendredi 16 décembre 2016

Ce que Wikipedia ne dira pas

En écoutant Quem é Quem de João Donato... 

Sa silhouette ombreuse à l'ombre des voûtes froides,
le travail jusqu'à pas d'heure, comme un cri de craie
sur un tableau désert. Les allers-retours incessants
entre l'école des enfants et la demeure ingrate.

Ce verre de vin épais et sombre qui laissera sur les
bords des baisers qu'elle réserve à celles et ceux 
qui seront un jour et qu'elle tient encore à distance.

Les commandes impulsives sur le conseil d'un ami, les
lectures sans cesse repoussées, la gratitude devant le

style de qui, en trente-neuf lignes, ramasse son feu clair.

lundi 12 décembre 2016

Entre anys, entre llengües

Se m'ha trencat el rellotge dels dies
i de les cares i la pantalla díscola
es diverteix oferint-me missatges

abandonats, deixats de la mà de déu
o dels diables. Avui, per exemple, m'ha
tret de la màniga un AS: les inicials de

L'Anna Serra, amiga sense ser amiga,
entre dues llengües, amant de mots
i gests de carrers que, un dia, va beure

de la mateixa font que jo. Apropa't,
Anna, i mirem dins del cau de lluna.
Silenci i foscor, dolor d'ulls atents,

deler tendre de la imaginació. A veure.
A beure. Què ens inventem? Estrelles
ben grosses? Una supernova, potser

vendredi 9 décembre 2016

Entre dues espases

Com el conco adorat, entre Menorca
i Rosselló, veig, entre París i el
Migdia, les línies groguenques dels

meus recorreguts passats. Els arbres
nus del Palais Royal em parlen de les
fulles verdes de mon amor passat.

Aleshores caminàvem de bracet sense
saber que el temps ens seria robat.
Deliciosament. Passat, pas traspassat.

À toi que je n'ai pas aimée

Gracile et brune, si brune,
saisie maladroitement, dans un
couloir froid de mi-décembre.

Tu ne cilles pas et n'étaient
tes yeux, je jurerais que tu ne
parles pas. Tu es amour, tes mots

l'écrivent, tes enfants le reflètent.
À tes côtés distants, j'ai revu ma vie,
mes errances délicieuses, l'amour dont,

souvent, j'ai cru me corseter. La générosité
me faisait défaut, sous l'apparence trompeuse
du don et du partage. Je ne t'ai pas aimée,

je le sais, à présent je fais.

J'avais oublié

J'avais oublié d'écrire, jour après jour,
parfois d'heure en heure. Je passais
mes jours et mes nuits à lire, sur une

ardoise fine aux miroitements bistres.
Je buvais l'écriture des autres, originale
ou traduite, épaisse ou gracile, ancienne

ou improbablement actuelle. J'avais décidé
de laisser ma voix de côté pour m'ouvrir,
croyais-je à d'autres voies. Je m'étais trompé.

Les mots des autres exigeaient les miens.
Leur encre levait mon ancre et je suis reparti,
cahin-caha, vers mon vieux fleuve de l'oubli.


Colonnes

Minéral, le Palais Royal de décembre.
Les arbres alignés ont perdu leur feuilles
et leurs branches, serrées et alignées,
sont une réplique grêle des colonnades

pâles. Je reviens à la cour première, par
où j'étais entré, et je m'arrête devant
les colonnes de Buren fanées et silencieuses.
Je revois mon grand fils, il ya si longtemps.

Les approchant, il s'était dévêtu de ses habits
d'enfants, pour s'y élever, à la seule force de
ses doigts. Il m'avait dépassé en taille, il le 
faisait en force désormais. Il me le prouverait

plus tard, soulevant mon admiration muette. Les hommes
pleurent peu, dit-on, ils avouent rarement leur amour.
Aujourd'hui, hiératiques, les colonnes rayées m'en ont
prié. Et je pense avec amour à mon grand Xavier,

aux doigts d'acier.