J'avais oublié d'écrire, jour après jour,
parfois d'heure en heure. Je passais
mes jours et mes nuits à lire, sur une
ardoise fine aux miroitements bistres.
Je buvais l'écriture des autres, originale
ou traduite, épaisse ou gracile, ancienne
ou improbablement actuelle. J'avais décidé
de laisser ma voix de côté pour m'ouvrir,
croyais-je à d'autres voies. Je m'étais trompé.
Les mots des autres exigeaient les miens.
Leur encre levait mon ancre et je suis reparti,
cahin-caha, vers mon vieux fleuve de l'oubli.