À mon fils Vincent
Au début, ce fut une promesse,
tenue à l'aube dans le silence.
Parler de Rrose Sélavy,
qui me poursuit depuis tant.
Tant d'années, de souffles,
de vie, d'envies.
Eros, c'est la vie. Duchamp
aimait la gaudriole et on riait
fort, entre surréalistes.
La guerre avait amputé, énucléé,
vidé du sang artériel les corps
et les âmes. Et puis elle est venue,
Rrose, l'absente de tout bouquet, fichée
au cadastre des ans, sous un chapeau
et dans une ample manteline, tranchant
avec la lame de couteau du visage premier.
Si la littérature invite à être un autre,
que Rrose m'en montre la voie. Longtemps.