Tes lèvres sont closes
et ton souffle serein.
La nuit, tout au dehors,
et ton souffle serein.
La nuit, tout au dehors,
est d'encre noire ourlée
de givre. J'y plonge mon
regard et j'y choisis
des mots, dans la langue
neuve de l'échange, pour
t'écrire, sans te réveiller.
Mots purs et cristallins,
si simples à l'oreille de
l'enfant qui y baigne,
mais si neufs pour ton palais
qui, lentement s'y fait.
Mots rocailleux de frontière,
enracinés dans l'après-guerre,
ruines d'un mas ancien, où
poussent des carlines.
Mots qui sautillent et dévalent
les pentes, en riant avant de
souper tôt dans un restaurant
de bourgade où l'on sert du
hachis avec des champignons.
La nuit n'a pas bougée,
je referme son couvercle,
range ma plume et, ici bas,
je te regarde dormir.