jeudi 28 novembre 2024

Les ales del destí

He tret de la butxaca
un grapat de monedes.
Monedes sense pes,
de tactes i colors.

Uns bitllets de propina,
ales de papallona.
Les veles d'un teixit
que se'm farà petit.

He tret de la butxaca
mon destí de poeta,
les ganes de volar
per tot el món de Déu.

Dins del fullam

A una dona ferida

Les fulles són de cares,
de cares i de veus.
I el temps va avançant
per l'escena de fusta.

Paraules del passat
d'un avi amb son net.
Somriure del pillet,
saviesa del vell home.

A terra, la sang clara
de qui cantava amb ells.
La flor de primavera
per qui cantaran tots.

La sala és una bota
on nos embriaguem.
De veus i de paraules,
de passat i futur.



mardi 26 novembre 2024

Roses d'Inde

Musiques, s'il n'est pas trop tard,
Parfumez le vent parfumé.
                                        Aragon

Dans un seau à Champagne,
les roses d'Inde dansent,
sur le rythme rapide
de  spaghettis qui bouent.

Et le vent de novembre
caresse leurs cheveux
comme une main aimante
au sortir du café.

Précieuses roses d'Inde
qui dansez à présent.
bouquet pour mon amante
après les spaghettis.

Fogots

Són uns focs de tardor,
cremant entre llençols
i despertant l'amada
que somnia amb el riu.

Els hi faig companyia
amb peuets de paper,
buscant en el silenci
el conhort de frescor.

Són uns pous en el son,
de glaç i de cremor,
la marca d'un present
on li faig companyia 

Galeries

J'ai longtemps humé le sol,
le sol des galeries humides
que le présent hagard ouvrait
par crainte du futur.

J'ai aimé ce passé défait 
de la mémoire d'autres
et j'en ai fait mon cœur
à défaut de le vivre.

Depuis j'ai refermé ces
galeries lugubres
et j'ai cherché dehors
le cresson des fontaines.

lundi 25 novembre 2024

Pierres

Puissent mes crevettes et
mes poissons être mes pierres.
Joseph Ponthus

La vie, la salle vie.
La sueur et les reins
qui pèsent dans le soir.

Douarnenez la bleue.
sardines étripées
me sortant par le nez.

Le sol dégoulinant
du sang de la poiscaille
et des repas sautés.

Et puis vient la sirène,
le bistrot près du quai
et les cartes cornées.

Sept heures au beffroi,
la soupe qui mijote 
et les yeux de ma mie.

Plaer

És un plaer sobtat,
és un plaer continu,
quan la mà de l'amant
ens invita a llegir

les obres de son pare,
un diari de paper,
com un mirall de tinta
rescatat de l'oblit.

La lletra n'és graciosa,
promesa d'un futur
on sa filla primera
escriurà al seu torn.

Poissons aigus

Mais qui sont ces poissons
qui courent dans un plat ?
La perfection oblongue
d'un émail du passé.

C'est l'œuvre nostalgique 
d'un homme de la terre
qui recrée les rivages
qu'il a laissés là-bas.

Si les traits sont aigus
et les poissons dorés,
leurs yeux sont le courant
qui guide nos pensées.








© Gumersind Gomila
© Éric Talavan

La main de l'Avent

C'est la main de l'aîné
qui parachève l'œuvre
de deux enfants joyeux
décorant leur sapin.  

La lumière est dorée
et l'on entend tout près
ces beaux chants de Noël
qui guideront leurs jours.

C'est la main de l'Avent,
le doux calendrier,
qui ouvrira les cases
pour mieux s'en régaler.

Une étoile de vie

Une étoile de vie
qui rit sur le goudron.
À ses pieds la marelle
qui conduit à Noël.

Ses bras griffent le ciel
en un sourire blond
et son manteau tout rouge
l'abrite des frimas.

Une étoile du jour
et la joie d'un enfant
qui rit sur le trottoir 
pour préparer Noël.

mardi 19 novembre 2024

Anagonia

A en Jordi, in memoriam

Un home ha mort. Avui.
Sense basca ni res.
S'ha deixat emportar
per la corrent dels dies.

A l'habitació blanca,
el fred hi ha entrat,
preparant el comiat
d'aquest ciutadà bo.

L'han visitat amics
i companys de labor.
No ha obert els ulls,
amarat de paraules.

Un home ha mort. Avui.
Deixant als qui es queden
la seva cara amable
que no volgué lluitar.

dimanche 17 novembre 2024

Rifle en Salanque

C'est une salle blanche
où l'on joue au loto.
Au loto de la vie 
de Benoît et Véro.

Autour de la semoule
d'un festin préparé,
les amis se souviennent 
de quarante ans passés.

La jeunesse au Vernet,
le rugby salanquais.
La générosité,
les enfants qui grandissent.

Bien plus qu'un souvenir,
c'est un hymne à la vie
qui sème des jetons
où l'on gagne toujours.

 

Empreintes échangées

À Jonathan et Mélanie

Se donner l'un à l'autre
un dessin pour la vie.
Une empreinte d'un doigt
posé sur le papier.

La mine de crayon
respecte le tracé 
que l'encre a prolongé
jusqu'à l'éternité.

C'est là le plus visible
d'un amour du Vernet
qui sait briller ensemble
au soleil andalou.

samedi 16 novembre 2024

El petit llimoner

És un arbre de vida,
un petit llimoner,
plantat per l'estimada
dins el jardí de casa.

Va creuar la frontera
somiant en les llimones
que un dia portarà
sota les seves branques.

Amor de melmelada
que trenca les fronteres,
en tancar dins del vidre
tot el sol d'un palau.

Le saucisson Bourret

À Axel

Le saucisson Bourret
sur un mur qui s'oublie.
Réclame du passé
sous les yeux du neveu.

Et son humour pétille
en passant dans les rues.
Son goût de la famille 
au cœur des cousinets.

Le saucisson Bourret
en précieux palimpseste
des liens que chaque jour
sa pensée sait tisser 

Quan s'aixeca la mare

Quan s'aixeca la mare,
encén l'ordinador
per mirar les notícies
d'un món vell que pateix.

I obre la finestra
d'un atzavara en flor,
on canta el seu fill gran
les belleses del món.

Car el món és complexe
i la vida valuosa.
Un quadre delicat
en un rebost ocult.

Quan s'aixeca la mare,
ja pensa en la família.
Els fills amb tots els nets.
I les nores boniques. 

Un dix-sept de novembre

Pour Lionel 

Un dix-sept de novembre,
dans l'antique Narbonne.
Un dix-sept de novembre,
sur plus d'un demi-siècle.

Le gamin qui sourit,
le lycéen curieux,
le médecin des dents
puis un phoète hors-pair.

Et, plus encore, un père
et un chef de tribu.
Un leader bienveillant
à la barbe chenue.

C'est tout cela et plus
que je voudrais chanter,
un seize de novembre, 
dans mon palais de verre.

mercredi 13 novembre 2024

Un, deux, trois

Un, deux, trois, en marchant.
Un, deux, trois, en courant.
Un deux trois... Pour Adam.

Avec le A de Papa,
avec le A de Maman,
des frères et des sœurs.

Un, deux, trois, en soufflant.
Un deux, trois, en riant.
Un deux trois, en mangeant.
Joyeux anniversaire, Adam !

Com un cel de sang fred

Com un cel de sang fred,
l'aire ha begut del mar
l'espessor de les ones
i nos mira a l'aguait,

amb una tos profunda,
per recordar-nos fort
la feblesa del cos.

De moment no plourà,
mes nos invita a seure
rere el vidre entelat
per celebrar la vida.

















© Joan Verger de la Caixa B

Pessigolles de tardor

La tardor sense fulles
és temps de pessigolles.
Sota la manta espessa,
contra el fred, pessigolles!

Mes apolit mainatges!
Quan aneu a l'escola,
guardeu les pessigolles
per a la nit calenta.

I si els pares rondinen,
feu horribles ganyotes.
Esclataran de riure...
I us faran... pessigolles.

mardi 12 novembre 2024

El noi de l'estelada

Diuen que té mil anys
el noi de l'estelada
qui escriu sense parlar.

Es seu caminar lent
és un solc de sa vila
cap a sa residència.

Diuen que té mil anys,
mes diuen tantes coses,
jo el seguesc mirant.

Campanades a vida

Pensant en el Jordi

Campanades a vida
a la vida que ve
i a la vida que va.

Sota els llençols la flama
de l'eternal somriure
del noviet de tostemps.

Campanades a vida
per celebrar el dia
d'un casament etern.

dimanche 10 novembre 2024

Retour à l'écrit

Je retourne à l'écrit
en plein mois de novembre.
L'été n'était qu'un leurre,
ce bel été indien.

J'ai besoin des frimas
et d'ajuster la porte,
fermer les lourds volets
qui me coupent du monde.

Déplier mon écran,
caresser le clavier
et taper lentement
avec parcimonie.

J'attends un mot. Un seul.
Qui me fera écrire
dans une langue ou l'autre,
puis je me laisse aller.

Ma table est silencieuse,
tendue de fleurs des champs.
J'écris toujours au bout
pour mieux m'en évader.

Mes mots ne sont rien d'autres
qu'un herbier de syllabes,
confiées par d'autres lèvres
qui se sont en allées.

Et si par aventure
on me lit en disant :
Là, vraiment, c'est tout toi.
Je penserai aux autres

dont je revêts la voix
l'instant de trois quatrains
pour leur glisser tout bas
qu'ils sont ce que je suis.

Ready Made

Et si les mots n'étaient
qu'un leurre dans le vent.
La signature habile
d'un artiste aux abois.

La volonté fugace,
qu'on croira éternelle,
de signer la faïence
d'un nom qui n'est pas sien.

Marcel Duchamp n'est plus
mais l'urinoir demeure.
La porcelaine froide
d'un livre replié.













Fontaine, 1917, attribué à M. Duchamp

Estiuet de Sant Martí

L'Aina fa disset anys.
La ditxa de l'edat,
la set de descobertes.

Sa terra és a Terrassa
mes son món és arreu
on floreixen somriures.

L'Aina fa disset anys
i la tardor s'atura...
Estiuet de Sant Martí.

mercredi 6 novembre 2024

De la mà del lutier

A Jaume i Txell

És la veu del silenci,
el tacte de l'amor.
La fusta de l'alzina
amb la mà del lutier.

La gama dels forats

té secrets infinits.
La foscor, la claror,
la jornada i la nit.

Diuen que per Nadal

anirà cap al Nord.
Martí serà graller
de la mà del lutier.

samedi 2 novembre 2024

Xo(u)colata

Per a la Chloé

No em facis tot un xou
que els xous són massa amargs.
El que vull és la dolçor
d'un bocí de xocolata.

Tan fosca com la mel
dels avets de la serra
i tan ensucradeta
com un bombó glaçat.

I quan vinguis a ma casa,
desfarem la xocolata
que beurem a glopets llargs
sense pensar en res més. 

Ma terre se noie / La meva terra s'ofega

Ma terre est endeuillée.
Son cœur se noie sous le ciel vomissant
Tragédie humaine
Tragédie annoncée
Apocalypse dévastatrice

Ma terre s'est remplie
D'ombre
Des centaines de morts
Où s'en sont allés les disparus
Mères d'amies sans maison
Sans denrées
Sans eau
Sur le sentier de boue
De la capitale jusqu'à Alfafar
De Xiva à Picanya
Paiporta, Aldaia, Torrent, Massanassa, Sedaví

Noire comme une rose turque d'Halfeti
L'âme crie impuissante et déchirée
Ma terre se noie
Et mon cœur ne sait où s'agripper 

Rosa Miró, traduit du catalan
par Michel Bourret Guasteví

La meua terra està de dol
El cor s'ofega amb els vòmits del cel
Tragèdia humana
Tragèdia anunciada
Apocalípticament i devastadora

La meua terra s'ha omplert
D'ombra
Centenars de morts
On  han anat els desapareguts
Mares d'amigues sense casa
Sense queviures
Sense aigua
Per la sendera de fang 
Des de la capital fins Alfafar
Des de Xiva a Picanya
Paiporta, Aldaia, Torrent, Massanassa, Sedaví

Negra com una rosa turca de Halfeti
L'ànima crida impotentment desgarrada
La meua terra s'ofega
I el meu cor no sap on arrapar-se