vendredi 28 février 2025

A cavall de l'Albera

il pleut de l'alphabet
        Laura Vazquez

Les lletres són rodones.
Vocals sens consonants.
I les caixes de fusta
esperen l'impressor.

El vidre mima llavis
cridant sense parlar
per expressar del món
la bellesa insolent.

Quan la llengua fa foc,
és que el foc és de llengües.
A saltar i parar
a cavall de l'Albera...








L'espace d'un instant

pelons des bougies
pour voir
       Laura Vazquez

C'est un rideau de verre,
un rideau de couleur.
La lumière du centre
entrant dans la boutique.

Une bouffée de feu
qui fait des bulles d'eau.
De l'eau et du savon
pour enchanter le monde.

La magie est silence
ou carillon du cœur.
Les yeux qui s'en approchent
se multiplient par mille.

Et la pauvre existence
de chaque visiteur
s'exalte et se dépasse
l'espace d'un instant.










La vaca de l'Albera

La vaca de l'Albera,
la tendra massanesa
que menja els brots dels faigs,
camina sense rumb.

Li han robat les herbes
amb els fruits deliciosos
per causa del cel brut
on escalfen motors.

Nogensmenys netejava
els boscs contra els incendis
sense demanar res
a canvi del seu goig.



La rime est indolente

J'ai délaissé la rime
au profit du vers blanc
mais la rime s'entête
et me fait les yeux doux.

Alors parfois la nuit,
sur mon petit écran,
elle vient me narguer
au bout de mes six pieds.

La rime est insolente,
la rime est indolente.
Un serpentin tout noir
dans les vapeurs du soir.

Rosella del matí

Rosella del matí
tan senzilla i tan lliure,
un raig de sol rosat
en la frescor del dia.

Rosella de l'amada,
rosada de l'amat.
La tinta dels sospirs,
la ploma de l'amor.

És llum del meu camí
entre les dues terres,
a cavall de l'Albera
i vorejant el mar.

mardi 25 février 2025

Dignes mots

Dignes mots de ta mère,
les mots de la frontière.
La frontière des maux
entre vigne et coteaux.

Les années ont passé
et ses mots te reviennent,
par delà la douleur
de ses adieux d'alors.

Dignes maux de ta mère,
les mots de la frontière.
La frontière des mots
entre vigne et coteaux.

La bella formatgera

Forastera d'un dia,
la bella formatgera.
La blavor de l'esmalt,
la gràcia de les mans.

La terrissa rodona
és guardiana de vida.
Cap als nous visitants
ofereix son somriure.

Si la terra és vermella,
son cor és de blancor.
Un mocador de lli
per eixugar'ne els plors.














© Nathalie & Édouard

Offrandes

C'est une table vide
tout autant qu'elle est pleine.
Son carré de lin cru
expose des trésors.

Vert profond des assiettes.
Soleil des gobelets.
On rêve de repas
qu'on y partagerait.

C'est un lieu sans histoire
qui est l'Histoire même.
La faïence et le verre
offerts au promeneur.











© Nathalie & Édouard

lundi 24 février 2025

À l'aune des années

Quelles sont ces pensées
qui tiennent dans la main ?
De tendres fleurs violettes
aux pétales légers.

Elles sont la mémoire
des jours heureux passés.
Les courses de l'enfance
et le vin gouleyant.

Bordures du jardin,
gardiennes du silence,
mes pensées éternelles
à l'aune des années.



La llibreta lila

Espigolant detalls
de la vida passada,
és com et veig escriure
el diumenge a la tarda.

M'hi trobo amb les tietes,
un barri menestral,
la flaire d'uns panets
rodons i sense sal.

I l'estructura tèbia
d'una llibreta lila,
bategant de la vida
d'uns personatges nous.

Le petit cahier

C'est un petit cahier
où naissent tes romans,
d'une lettre serrée
et de mille couleurs.

J'y vois fleurir des noms
que je ne connais pas,
des lieux et des époques
que tu traces à gros traits

ou bien dans la finesse 
d'un détail saugrenu
qui confère à l'ensemble
le prix de l'inconnu.

samedi 22 février 2025

La chambre du thé

C'est la chambre du thé,
un recoin du Japon
où des volutes tièdes
parlent de l'invisible.

Sage cérémonie
de la lenteur sacrée.
Les présents y rencontrent
des senteurs ineffables.

Un vent coulis soudain,
l'ombre des disparus,
une cérémonie
qui traverse les temps.



vendredi 21 février 2025

Dues illes

Somiàvem dues illes,
de tinta i de paper.
L'una era de novel·la
i l'altra de poemes.

Entre les dues illes,
un mar d'interrogants.
La bonança de l'aigua,
la sal de la inquietud.

Somiarem dues illes,
de fred i de calor
les nostres mans inquietes
escrivint amb plaer.

Vaixells de mots

El ritme de la llengua.
Dibuixos complicats.
Els joncs venen de l'est 
amb veles de negror.

Mes la llengua parlada,
el moviment dels llavis
i la gola profunda
són vent de llibertat.

El signe és arbitrari
que voga d'est en oest.
La paraula és un buc
carregat de cançons.

jeudi 20 février 2025

A l'escorxador

A dalt de la ciutat,
cap a Vic, als afores,
hi ha un escorxador,
on hi conec algú.

Dinant de poca cosa,
a deshora, amb passió,
hi descobreix un món
que ben pocs coneixem.

Seixanta parts del porc,
el pa de cada dia,
l'ofrena de sa feina
als ventres del país.

mercredi 19 février 2025

Onze lletres roges

J'ai mis un bonnet rouge
au vieux dictionnaire.
                    Victor Hugo

Parlaré de la lluita
dels veïns del Maresme
per protegir-ne els camps
cobejats pels potents.

És una lluita afable,
constant i fabulosa.
Contra les constructores
deslliuren la paraula.

La paraula de tots,
els mots de cadascú.
Venen amb carmanyoles
plenes de verbs i girs.

En fan un diccionari
per renovar-ne el lèxic.
Tanta gent és esclava
dels discursos ambients.

La solidaritat
no és paraula vana.
Són onze lletres roges
per començar la lluita.






lundi 17 février 2025

Comme en lévitation

À Thierry & Élodie

Comme en lévitation,
le livre de l'amant
s'élève et puis se colle
au livre de l'aimée. 

Les couleurs se mélangent
et les lettres se parlent.
Que de charivari
sur mes planches de bois.

Petite bibliothèque
où dorment mes amis
dans l'attente des doigts
qui les verront s'ouvrir.



dimanche 16 février 2025

Smalltown boy

Charleville, ville imbécile.
                                   Rimbaud

Il voulait une main,
caleuse dans la sienne,
la poignée de son père,
mais il eut des billets.

De vieux billets froissés
pour fuir de cette ville,
la honte des parents
et les coups des copains.

Il voulait un regard
dans ses yeux qui pleuraient
mais ce regard buvait
la télé du salon.



Rêve digital

J'ai rêvé de tes doigts
tes doigts sur une page,
tes doigts qui guideraient
ma main sur le poème.

Leur finesse et leur force,
la douceur de ta voix,
l'empreinte de tes doigts
courant sur le papier.

Mes mots naissent des tiens,
des détails que tu cueilles,
de ta colère aussi
devant tant d'injustice.

Joc de temps

Vora el llibre mort
farcit d'homes il⋅lustres
i de l'apunt vivaç,

una tassa petita
i la marca perenne
del cafè degustat
fa una estona llarga.

Joc de temps oposats
que signa la presència
un diumenge d'hivern
d'una poeta viva.




Una platja de veus

A la Maria i en Jaume, de Binomi

De les veus tan properes
heu fet granets de sorra
i cada plana vostra
n'esdevé una platja.

Gràcies per tant d'amor
i de dedicació,
al servei de la llengua
i de tots els mainatges.

Contre les promoteurs

C'est une tente blanche
pour y monter la garde.
On mange sur le pouce
en restant vigilant.

Le peuple s'y relaie 
pour tenir à l'écart 
les viles pelleteuses
et les excavatrices.

Cela fait bien des mois
que, la nuit et le jour,
le village fait corps
contre les promoteurs.


samedi 15 février 2025

Peine

Il était le dernier,
le petit des derniers,
complice de mon père
dans les jeunes années.

Puis il s'en fut très loin
et revenait parfois,
la Belle Américaine
roulant dans Saint-Bauzille.

Ingénieur agronome,
luttant contre la faim,
puis l'homme de Carnon
affrontant la vieillesse.

Moi je pense à la peine
de l'un de ses grands fils,
aujourd'hui retraité,
mon cher contemporain.

Semaine poétique

Du lycée à l'école,
j'ai aimé ces trois jours 
créant une semaine
d'un humble sablier.

Un sablier de vers,
de voix et de sourires,
sachant guider le temps
avec deux ou trois riens.

La beauté intérieure 
derrière les onguents
et le chœur des enfants 
faisant leur carnaval.

Gravacions

En una sala blanca,
al fons del passadís,
plena d'objectes rars
i de taules petites,

han vingut mags d'Orients
a gravar-nos la veu,
amb micros silenciosos
i un ordinador.

Ens hem quedat dempeus,
disfressats i bonics,
per treure del Vernet
tota la poesia.

vendredi 14 février 2025

François l'oublié

Poète de Paris,
des rues et des faubourgs,
c'est François l'oublié,
le délicieux Coppée.

Que seraient Saint-Germain
et les jolies mercières
sans le vers parnassien
de l'archiviste né ?

Poète des paris,
qui jamais ne cessa
d'enjoliver la vie
avant de la quitter.

Les non-dits de l'amour

Les non-dits de l'amour,
ces paroles exquises
que l'on garde pour soi

et que la nuit libère
en petits mots discrets
alignés sagement
sur un petit carnet.

Le mien n'a pas de plume
et mes doigts y pianotent
jusqu'à potron-jaquet.

Journal poétique

J'ai fait de l'insomnie 
un curieux encrier
où je trempe ma plume
par crainte de l'oubli.

Oubli de cet amour
que prodigue le monde
dans chacun des détails
cueillis dans la journée.

J'écris en vers petits
la traversée des jours
et toutes les rencontres 
que le hasard fait naître.

Des pièces cadencées
sur trois ou quatre strophes,
un précieux métronome
pour rythmer mes non-nuits.

Espace-temps

À Marion et ses élèves

La salle s'est fermée
sur le silence froid
d'une nuit de jeudi.

Et pourtant voici peu
elle a ouvert ses portes
à la voix de poètes.

Poètes de deux jours,
traçant en lettres bleues
des vers sur la Beauté.

Puis les lisant tout haut
à la salle ébahie
devant tant de beauté.

Noblesse des poèmes
venus du plus profond
de leur âme exaltée.

Comunió

Al Pablo i a la gent del Casal

Lectures en veu alta
a l'hora del sopar.
Llumetes de color 
al mig de la foscor.

Copes de vi discret
que surten del vermell
de la paret del fons
per guiar els poetes.

La sala no diu res.
Tots són catalanistes
combregant a la llengua
amb calzes de vi negre.

À l'heure du coucher

Elle a appris ma langue
en lisant des romans
sur un canapé jaune
à l'heure du coucher.

Des pages par dizaines
sur un papier jauni
griffé de mille mots
qui soudain se dévoilent

et acquièrent un sens
qu'elle croyait interdit
quand elle ouvrait son livre
à l'heure du coucher.

L'Étranger

C'est un livre petit,
tout empreint de froideur
qui conduit à la Veuve
un homme sans passion.

Un meurtre sans raison
et la mort de la mère
laissant Meursault tout seul
sans larmes dans les yeux.

Un monument immense
qui tient entre les doigts
pour te confier ma langue
sous le feu de tes yeux.

jeudi 13 février 2025

Poëme, poème, pot aime

Mais quel est ce tréma
qui disparut soudain
au profit d'un accent
au caractère grave.

Refusant le tranchant
de l'aigu dominant
et la circonspection
du circonflexe austère,

jusqu'en soixante-dix-huit
il offrit aux écrits
ses deux yeux accollés
ouverts au vaste monde

Et cassant le poème
en deux syllabes pleines,
il aimait dans son pot
tremper son caractère.

Poëme évaporé 
et poème qui glisse,
mes deux énamourés
sans qui je n'écrirai.

Un peu de ma passion

Je songe à l'atelier 
que je ferai demain
dans le bâtiment B
d'un lycée de ma ville.

Nous écrirons ensemble 
sur de petits cahiers
les fruits d'une passion
cherchant à s'exprimer.

Je ne sais pas encore
quels seront les poèmes
qui naîtront de l'effort 
des poètes d'un jour.

D'un jour, peut-être deux,
ou bien toute une vie,
tant je vois dans leurs yeux
une lueur nouvelle.

Sur le formica blanc,
attablées deux à deux,
les élèves diront
au monde ce qu'elles sont.

En paroles pudiques
sur un trait de couleur
ou sur leur noble mère
qui les aime toujours.

Le cahier refermé
et ses mots envolés,
je sens qu'elles garderont
un peu de ma passion.

Amor vençut

Llegiré al matí
els poemes d'amor 
d'un home de París
fugint la burgesia.

Una lletra petita
caminant lentament
per les planes immenses
d'una llibreta blanca.

L'absència de l'amada,
la seva mort sobtada,
la ferma voluntat
de prolongar els dies

de l'amor sense fre
viscut a la frontera
de les terres en guerra
per un bocí de pa.

Els cossos despullats
cridant el seu plaer
dins la nit vermellenca 
del foc dels enemics.

Retrobaré potser,
entre la lletra negra,
la cendra vermellosa
del seu amor vençut.

Saucisse familiale

À mon frère Alain, avec amour 

Percé de deux brochettes
d'acier inoxydable,
c'est un mets délicieux
que prépare mon frère.

La saucisse est épaisse
qui grille lentement,
pendant que sur la table
on prend l'apéritif.

La façon de mon père
et son goût du poivré,
la flamme de mon frère,
sa générosité.

Ah le joli repas
qui pétille gaiement,
ma mère devisant
avec ses petits-fils.

Que passent les semaines,
les mois et les années,
et que toujours revienne
leur saucisse grillée.

mercredi 12 février 2025

El castell de les claus

És el joc de les claus
que surt de la infantesa
per obrir al passat
la nena de Palau.

Una hora deliciosa
al mig d'un castell vell
amb un cofre de roure
omplert de robins nous.



Un aniversari

Espelmes de vellut
quan l'amistat fa anys.
La boira matinera
es fa vel de cotó.

Són hores delicioses
sota el cel de blancor.
S'escamparà la broma
i dansaran els camps.

Ja penso en els cafès,
les copes de vi bo,
i fins a la cervesa
que compartirem prest.

Vacances de febrer.

Vacances de febrer,
el mes del carnaval.
Sortireu tots vestits
amb pijama de seda.

Despertareu els pares
amb trompeta de coure
i per l'espertinar
menjareu bunyols freds.

Chien sans collier

C'est une douleur sourde
qui peine à s'exprimer,
la douleur d'un vieux père
pour un chien sans collier.

Et la distance croît
au fil de l'acier doux
des petits trains glacés
qui relient leurs deux villes.

Le père n'en dort pas,
ça n'a pas d'importance,
sa vie déjà s'en va,
mais qu'en est-il du fils ?

Il a mordu la vie,
comme un chien sans collier,
déchirant l'existence
de tendres rejetons.

Et le voilà paré
de vains colifichets
qui sont autant de chaînes
entravant son parcours.

Il délaisse l'école
et ne sait où aller
rejetant sur les autres
son dégoût de l'effort.

Il vante le sans-fil
des objets connectés
alors qu'ils sont la laisse
qui lui sert de collier.

Appartement petit

C'est un appartement petit
dans une ville froide,
ouvert aux quatre vents
quand l'ombre l'envahit.

Mais c'est un lieu coquet
où les draps sont de pages,
les meubles de reliures
et les cloisons d'idées.

La pensée y est reine
qui sautille et vous nargue,
étrangère au confort
de tant d'écervelés.

mardi 11 février 2025

Sincérité

Aux élèves d'esthétique
du lycée Léon Blum

C'est une salle blanche
où poussent des tulipes.
Une sève nouvelle
anime leurs pétales.

Ces fleurs ont un prénom,
un cœur, une passion,
et chacune d'entre elles
compose mille mots.

Des mots d'amour profond
ou de douleur cachée.
La vraie sincérité
que seuls les vers dévoilent.

Quatre couleurs

Un arc-en-ciel petit
enfermé dans un tube
pour régaler les feuilles 
d'une vie à écrire.

Ah le bel instrument
qui tient dans votre main,
pour diriger l'orchestre
des journées à venir.

J'en ai plein mon tiroir
qui attendent leur heure
en réservant leur encre
pour en faire mémoire.

La mémoire des jours
que nous vivons céans,
en rêvant de l'azur
et de ses arcs-en-ciel.

Poète de la vie

À Romaric

Poète de l'instant 
et des mots qui s'envolent,
il délaisse la rime
pour le combat des vers.

Il écrit pour la vie
comme un remerciement
à la lutte des autres
qui guide son parcours.

Poète d'un moment
et de toute une vie,
il confie au lycée
sa plume et ses envies.

Un atelier poétique

Aux élèves du lycée Blum
que je ne connais pas encore.

L'atelier d'aujourd'hui
se lève avec le jour.
Visages inconnus
d'intense humanité.

C'est au sud du Moulin,
dans mon quartier d'enfance,
que je partagerai
un peu de ma passion.

L'amour des inflexions
et de l'accent chantant.
Le rythme lancinant
des pas sur le gravier.

Un infini respect
pour chacun des élèves.
Et une action de grâce
pour leur cœur de poète.

Volets clos

J'ai fermé les volets
pour chercher dans les coins
des lambeaux de lumière.

Écouter le son grave
de mon cœur aux aguets
et penser à tes pas.

Sur les galets glacés
de Cerbère l'hiver
en direction du sud.

lundi 10 février 2025

Langue neuve

C'est une langue neuve
qui unit nos passions.
Les battements des lèvres
disent plus que les mots.

On parle de la presse
et de la vie d'ailleurs
mais nos cœurs voguent loin,
plus loin que le midi.

L'écran est un miroir
ou une mer étale
où nous aimons voguer
sans crainte de nous perdre.

Un teatret

És un teatret d'ombres
on bateguen passions,
com un mirall de veus
brillant dins la foscor.

Amor a l'escenari
emocionant el públic,
rere cada paraula
i el silenci dels llavis.

És un projecte nou
que vol salvar fronteres,
d'un salt de veus salvatges
buscant el seu recer.

Surprise inattendue

Des arbres sur les voies
et le matin se lève,
traçant sur la frontière
un trait de glèbe brune.

Tu es partie si tôt
la maison t'attendait
préparant le café,
le pain, la marmelade.

Pourtant nulle tristesse
sinon la joie intime
d'avoir uni nos mains
deux jours de février.

Surprise inattendue
que le timbre soudain
annonçant ta venue
d'un doigt qui souriait.

Et la pâte a levé
dans la tiédeur du soir,
rappelant les promesses
d'un jour d'il y a cinq ans.

Tu roules dans le noir,
esquivant les barrages
de ces hommes de bien
sans qui nous ne serions.

Nulla dies sine linea

Pas un jour sans tracer
une ligne au cordeau,
la traînée d'un pinceau,
un vers ou une phrase.

Le mouvement dit tout
de nos pas sur la terre.
Sûreté de la main
et des yeux qui chavirent.

Poètes sans poème,
romanciers sans roman.
Il est des yeux qui disent
sans pourtant rien garder.

Pas un jour sans souffler
de son haleine tiède
les bougies d'une fête
qui vient de commencer.

jeudi 6 février 2025

Bleuissantes Albères

   Que són de blaves les Alberes.
                     Gumersind Gomila

La masse des Albères
veille sur mes écrits.
Elle est mon Dieu caché,
mon jansénisme vain.

Je m'y tourne souvent
en ouvrant mes volets,
certain d'y retrouver 
l'encre qui me manquait.

La masse des Albères,
le silence des bois,
et le vert bleuissant
dans la froideur d'hiver.

Planter

És un planter de dies,
de violes i de flors.
La promesa serena
dels amants de febrer.

En un poble petit
de l'altiplà central,
descarten Valentí
per celebrar l'amor.

Cap anell de platí
ni perfums de París.
Les grapes de metall
uneixen llurs escrits.

Semis de futur

Dans tes mains le semis
d'agrafes argentées.
Le paraphe des dieux
sur le pacte non dit.

Silence des rues claires
par où nous descendions
en quittant le bazar,
nous tenant par la main.

Les langues alternaient
dans la froideur d'hiver,
nos cœurs à l'unisson
et le futur ouvert.

L'ofrena de l'Albera

I vingueren les hores
amb uns clips de color,
les grapes platejades,
els amants de bracet.

Silenci del carrers,
en baixar de la Xina.
El cel eren paraules,
el sòl batecs de cor. 

Un dia regalat
per l'atzar orientat.
L'ofrena de l'Albera
als escriptors units.

mardi 4 février 2025

Taronges dels amics

 A la Nathalie i l'Édouard

Taronges dels amics,
taronges d'amistat.
Unes boles rodones
com planetes de goig.

És un record subtil
d'un dinar a llur casa.
Un regal delicat
per prolongar el dia.

Taronges dels amics,
la llum de la butxaca
que em guia per la nit
agraït i feliç.



lundi 3 février 2025

Floretes del til⋅ler

Floretes del til⋅ler,
el somni de Sant Joan.
La veu de l'estimada
olorant llur perfum.

En aclucar els ulls,
ja veig del bon Miracle
el til⋅ler centenari
que nos convoca tots.

Catalans de l'Albera
i gent de l'altiplà
hi farem un aplec
per començar l'estiu. 














© Roser Blàzquez

Tempus fugit

És temps d'olorar la calma.
                Rosa Miró Pons

Toquen les hores.
Un, dos, tres.
És temps de sol
i de vent fred.

Ni un minut més
al vell rellotge.
Olor de calma
i de camèlia.

Toquen les hores
amb els seus quarts.
Un, dos i res.
Ja fuig el temps. 

Carrer de les Camèlies

He deixat els pinsans
de Montescot la bella
per a guaitar camèlies
al poble de Palau.

I m'he fet una via
de llambordes petites
dedicada a les flors
que m'inspiren avui.

De Mercè Rodoreda
són el record perenne
i de mon estimada
el somriure vivaç.



Camélias du jardin

Rose sans ambroisie 
et lis sans majesté.
     Honoré de Balzac

J'aime cette noblesse
qui s'ouvre sans mentir,
la blancheur des pétales
se mêlant au sang vif.

Camélias du jardin,
silencieux et loquaces,
portant en février
les couleurs du printemps.

Ils jouxtent mon entrée
en gardiens nonchalants.
Leurs atours dodelinent
au gré des vents coulis.

En avares somptueux,
ils gardent sous leurs feuilles
quelques bourgeons pommés
pour m'enchanter matin.

Ainsi au fil des jours
de ce mois écourté,
je les verrai fleurir
et refleurir encore.

Camélias du jardin,
mes nobles sans le sou,
demeurez près de moi
et n'en soufflez pas mot.













Albera i Canigó

Albera i Canigó,
els meus punts cardinals,
amb fileres de cases
blanques com la nevada.

Al mig de la planura
un òmfal verd de vinyes
i la labor dels homes
preparant la tardor.

Mirant cap a la mar,
li donen llur frescor
amb un amor de segles
que mai correspondrà.











Fidelitat insigne

Què seríem sense ell,
el rellotge dels dies,
amb agulles de sal
i cel de pau serena?

Quan comença el matí,
se'm desfà la distància.
i rebo al Rosselló
les hores menorquines.

Fidelitat insigne,
el preu de l'amistat.
Els ulls de Joan Verger
amb la remor del mar. 














© Joan Verger

Escala de foscor

Escala de foscor
amb l'esperança a baix.
La llum de la placeta
i les veus dels veïns.

Són pedres ancestrals,
els confidents glaçats
dels campaners del poble
ritmant les hores llargues.

Uns esglaons estrets
per milers de sabates
pujant a veure el cel
de la comarca entera.














© Roser Blàzquez

dimanche 2 février 2025

Campanar de Babel

Entre el cel i la terra,
una estrella de pedres,
amb cordes i filferro.

Solidesa aparent,
campanar de Babel,
implorant el Senyor.

Entre la terra i el cel,
la blavor del fred viu
i uns ulls de rosada.











© Roser Blàzquez