mardi 15 juillet 2025

Ode à Frédérique

L'impudeur c'est décrire
et la pudeur d'écrire
des vers pour Frédérique,
luttant dans la blancheur,

des mots et des sourires,
la chaleur d'un ami,
ce voyageur patient
des soirées de juillet.

Je ne suis que sa plume
à cet ami fidèle
qui connaît de Paris
la profondeur amère.

Arena vs Sorra

La blancor de la mà
ve de l'arena seca.
Del tacte de la costa
esperant l'aigua immensa.

Costa sense marea.
El mar enmig de terres,
deixant la sal entrar
al cor de cadascú.

La sorra és de vaixells,
l'arena és de sequera.
La mà que la pateix
és d'ensorrada vana. 

lundi 14 juillet 2025

La source humble et discrète

La source humble et discrète
de la vie simple et belle.

La verdeur de la nappe
et les saint-honoré.

La joie de la famille
et mes vers qui oublient

les verbes du récit
pour rendre l'émotion

d'une fête gardoise
autour d'une moustache,

un sourire enfantin
qui jamais n'a quitté

notre Guy Zibelli
fêtant quatre-vingts ans.





dimanche 13 juillet 2025

Jeanne

Je ne la connais pas
mais on me dit qu'elle joue
du matin jusqu'au soir
avec ses grands-parents.

Son prénom est douceur
comme un tissu de soie
glissant entre les doigts
de sa mère qui l'aime.

J'ai appris voici peu
que Jeanne s'unirait
à maman Caroline
une semaine... et plus.

El pastiller del pastisser

Ai, pobre pastisser!
El metge li va dir:
malfia't de la dolçor
de les llaminadures.

Ha deixat els pastissos
per un nou pastiller
de coloraines tendres
tan agres com el guix.

I quan prepara postres
es tanca els dos narius,
tot somiant en un món
sense cap pastiller.

samedi 12 juillet 2025

Noire tristesse

Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
                        Paul Éluard

Que la loi est injuste
qui met tout un chacun
dans un casier commode
avant de s'en aller.

Elle dit qui est coupable
et qui ne peut pas l'être,
non par ce qu'il a fait
mais par l'âge qu'il a.

Et la victime saigne,
et la victime crie,
elle est laissée pour compte
sur un coin du parquet.

La justice est si lente,
elle est si mécanique,
qu'elle oublie la personne
pour s'en laver les mains.

Et dans leur robe noire,
les procureurs promènent
sur les pauvres victimes
un regard vide et fat.

Hommage mérité

C'est une union parfaite,
mêlant le cru au cuit.
Le pâle du magret,
la couleur des tomates.

C'est une allégorie
rassemblée dans un plat.
Dix ans d'amour intense
chez un couple discret.

Salade de Sarah
et magret de Victor.
Un moment d'absolu
quand le soleil décroît.

J'ai mangé lentement
leurs deux saveurs mêlées,
rendant à leur amour
l'hommage mérité.



jeudi 10 juillet 2025

Amours croisées

Je t'aime le matin
et je t'aime le soir.
Dans le feu du jardin
ou la fraîcheur de l'onde.

Je t'aime sans le dire.
Ou bien en le disant
par mes yeux qui scintillent
en regardant le Sud.

Tu m'aimes le matin
et tu m'aimes le soir.
Dans le feu de ta voix
ou la fraîcheur des songes.

Bouillonnements

À mon cousin Thierry

J'ai appris ce matin
que l'on disparaîtra
quand bouilliront les mers
sous un feu ancestral.

Et je pense à Louise
en proie à son malheur
et à sa joie mêlée
quand le désir l'étreint.

Un sonnet de contraste
sans nul autre bouillon
que celui des syllabes
qui signent son Amour.



mercredi 9 juillet 2025

Guixons al matí

Als amics del sindicat

He fet bullir guixons,
les mongetes petites
amb un ull negre al mig.

Dotze hores de remull
dins del silenci fosc
abans de la ballada.

I ja ballen tots junts
amb els ulls ben oberts
i bona cantarella.

Venen del sindicat,
del cor del Moianès
on venen el millor

per donar-me nostàlgia
de mon illa adorada
on tots els aprecien.

Els menjaré tebiets
en senzilla amanida
amb ma mare al Molí,

barri de Perpinyà
tan blanc com les casetes
de mon illa adorada.




lundi 7 juillet 2025

Devant le piano noir

C'est la langue des mains
qui guide père et fille,
en quatre ailes volant
sur un même tempo.

Devant le piano noir
et son miroir de laque,
la petite s'invente
un futur à sa guise.

Tandis que dans son dos
son père la prépare
au long cheminement
des maîtres de chapelle.



Sonet corxerà

A dins de l'auditori, un diumenge al fosquet,
vaig tenir el plaer de reviure cançons,
amb el poble gaudint del passat els ressons
i els coristes traient-ne el deliciós suquet.

De l'Europa del Nord i de la nostra casa,
van fer volar els anys, a ritme de les veus,
regalant a la gent joies i camafeus
i tot creant un món d'aquesta taula rasa.

Una carta en dos temps, de paràgrafs encesos.
Bogeria de mans, de cares i de llengua.
Camises de blancor, pantalons de negror.

Suor de la coral, cartipassos malmesos.
Una hora de concert, fugint de la calor,
que reviurem més tard, enmig de la frescor.



dimanche 6 juillet 2025

Le clandestin des notes envolées

J'aime l'espace-temps
qui module les lieux
et j'aime m'y trouver
avant qu'il s'institue.

Une salle fermée
avant un beau concert.
Les choristes vibrant
dans la répétition.

Ce lieu n'est pas le mien
mais leur temps le devient
et je suis clandestin
des notes envolées.

Esperant el concert

Esperant el concert,
a l'ombra de la sala.
Dels murs pintats de blanc
i de l'assaig llunyà.

M'imagino les cares,
la roba en blanc i negre,
l'onctuositat del piano,
la batuta d'en Pere.

Esperant el concert,
veig néixer un pentagrama
amb orenetes blaves
assaborint l'estiu.

Dolçor

Qui diu que la dolçor
és mare de silenci?
En conec els batecs
i les paraules vives.

Paraules dibuixades
en llavis esperant
del dia l'hora fosca
i de la nit la llum.

Qui diu que la dolçor
és mare de buidor.
En conec un cor ple
que raja de melada.

samedi 5 juillet 2025

Artísticos zaguanes

   Siempre fue la lengua
   compañera del imperio. 
             Isabel la Católica

Se combinan las lenguas
en arte callejero,
de portal en portal 
sin miedo ni concierto.

Las palabras vencidas
son las de vencedores 
que creyeron un día 
amordazar la gente,

sin pensar que más tarde
los nietos de vencidos
llenarían las casas 
con arte vengativo. 


Futbol de franc

Han jugat a futbol
damunt de les trinxeres
on tant d'avantpassats
van morir oblidats.

Han jugat amb el cap
de l'antic dictador
que segueix dominant
un país sense estat.

Han inventat un ball
d'esforç i de bellesa 
per retre un homenatge 
de passades i xuts. 


Ex abrupto

Ils ont ouvert leur porte 
à l'art qui se faisait.
Ils ont ouvert leur cœur
aux nombres insensés,

à la combinatoire 
des sons et des couleurs
dans d'humbles entrepôts
et de riches demeures.

Des panneaux instructifs
à la langue adaptée
ont guidé les passants
avides de comprendre

le pourquoi d'un passé
ayant soumis la ville
avant de la saisir
par un silence froid.




Ex abrupto

Ils ont ouvert leur porte 
à l'art qui se faisait.
Ils ont ouvert leur cœur
aux nombres insensés,

à la combinatoire 
des sons et des couleurs
dans d'humbles entrepôts
et de riches demeures.

Des panneaux instructifs
à la langue adaptée
ont guidé les passants
avides de comprendre

le pourquoi d'un passé
ayant soumis la ville
avant de la saisir
par un silence froid.



jeudi 3 juillet 2025

Géométries notariales

Le fauteuil de coton
attend qu'on y repose
l'attention minutieuse
que requiert cet endroit.

Si les angles sont durs,
et le contraste vif
entre les matériaux
et les surfaces pleines,

c'est que la nudité
et le parfait silence
recèlent les paroles
de tant d'individus

qui ont confié ici
leurs biens et leurs espoirs,
l'éclat d'une lignée
qui jamais ne s'éteint.

Le fauteuil vermillon
susurre une passion
qui sait tirer du droit
la chaleur des échanges.



mardi 1 juillet 2025

Plage blanche

À Fatiah, avec reconnaissance

C'est une plage blanche
dont on nous fit l'offrande.
Une plage de grains
odorants et beurrés.

La semoule essentielle,
apprise en Algérie,
le pays du soleil
regardant vers la mer.

Et c'est le grain des plages
qui bordent son rivage
que je vois s'étaler
au fond de nos assiettes.

Bientôt viendra le feu
rougeoyant du bouillon
rappelant la fierté
des peuples algériens.

C'est une plage blanche
que je garde en mon cœur.
Une offrande essentielle
qui signe l'amitié.




lundi 30 juin 2025

Ventall esperant

Ventall esperant.
Esperant la ventura
de ventar-te fosquet.

La carícia dels dits,
La cara tan a prop
dels colors de la nit.

El llençol n'és gelós.
Amb tant de colorets
...mes sense moviment.


La nostra lluna

És una coma xata,
una vírgula blanca,
esperant les paraules
que inspirarà la nit.

És la posta del sol,
el triomf de la lluna.
La nostra lluna blanca
teixint llençols de lli.

A poc a poc fosqueja,
la terra beu l'or fos.
La blavor del cel mut
exigeix versos nous.



Rose

Elle était une rose,
une rose jolie.
Elle tirait son prénom
du choix de ses parents.

Et ses joues étaient roses,
tout comme sa layette,
qui embaumait la rose,
au sortir du tiroir.

Sa mère l'aimait fort,
sa mère l'aimait bien,
car sa fille incarnait
ce qu'elle avait souhaité.

Son père l'aimait fort,
son père l'aimait mal.
Il a meurtri la rose
qui grandissait si vite.

Et Rose est devenue
une mère à son tour, 
veillant sur deux enfants,
autrement prénommés.

Les pétales ont fané.
Le souvenir du père.
De la mère impuissante
devant son fruit blessé.

Notre Rose n'est plus
et ses enfants sont seuls.
Tout au fond d'un tiroir,
une rose embaumait...



Un soir à Centelles

Le poète est mort...
il manque un pied au vers
Le poète a aimé,
et le vers est complet.

Orphée sans Eurydice
et un chœur sans Delibes.
Sous-sol de la Violeta,
un soir de la fin juin.

Je suis dans le public,
les yeux sur mon aimée.
Je sens mon cœur qui vibre
aux voix qui se rassemblent

et tirent des enfers
la cantate oubliée,
en faisant scintiller
ses notes à Centelles.

Une heure en deux coupée,
un moment d'absolu.
Les langues se mélangent
et le public exulte.





dimanche 29 juin 2025

Atzavara florida

És una planta exhausta
vorejant la sequera.
Ha tret del seu fullatge
tota la saba bona

per fer néixer al seu cor
una flor de verdor,
com un senyal immens
que la mort no pot res

contra la fe dels homes
ni contra l'esperança.
Atzavara florida.
De la A a la A.




















foto: Xavi Vinuesa

Aquestes no-paraules

Aquestes no-paraules
m'omplen el cor i viuen.
Són vocals d'un poema
respirant al calaix.

No tenen consistència
però ja tenen ritme.
Bateguen sota els dits
en sis moments sonors.

Aquestes no-paraules
són el fruit de l'espera
en una nit d'estiu
on no-dormim tots dos.

samedi 28 juin 2025

Présent défloré

Il était un bouquet 
fait de trois fleurs semblables.
Rouges coquelicots
disparus à jamais.

De ces fleurs des chemins,
est resté un dessin
de la main d'une femme
bannie de son pays,

par ceux-là mêmes qui,
au mépris de la langue
et de la tradition
ont ravi le symbole

de son peuple blessé,
de son peuple violé,
à présent défloré
par les envahisseurs.




Za'atar

Són herbes del camí
collides a l'atzar
per un poble que fuig
la seva terra eterna.

Són herbes trossejades
per qui s'ha refugiat
en una casa aliena
sepultada en silenci.

El silenci dels cors
que ploren i esperen
un dia de tardor
per compartir el pa,

sucat en oli tebi,
amb herbes del camí
com corona d'espines
pregant per Palestina.



D'un lieu imaginaire

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth...
Que le vers est limpide, qui invente la rime
et porte sur l'espace un regard magnanime,
en inventant un lieu, au sein de la Judée.

La Légende des Siècles se suspend sur un somme
et sur l'amour qui naît d'une pauvre glaneuse.
Le patriarche est bon qui la rendra heureuse,
en oubliant en elle sa solitude d'homme.

Mais les alexandrins filent dans le désert,
oubliant au passage, la sagesse de Booz
et la douceur de Ruth sortant de la misère.

Les héros fatigués, il n'y a qu'Hugo qui ose
changer le fil du temps pour mieux les encenser,
en honorant leur couple, par des vers cadencés. 




L'impératif passé

J'ai toujours admiré
l'impératif futur
des Latins nos ancêtres.

J'y voyais un sursis
au présent rabougri,
ouvrant une fenêtre

sur un futur possible
que l'ordre instituerait
en certitude claire.

Mais les ans ont passé
et le futur s'étiole
au gré de mes pensées.

Alors me vient l'idée
d'un nouveau temps verbal
tourné vers l'autrefois.

L'impératif passé,
pour nuancer un brin
bien des désagréments,

d'étranges frustrations
ou des déconvenues
devant le cours des jours.

Aies été heureux,
Ayons goûté la vie,
Ayez souri aux autres.

Mais ce n'est qu'une idée,
un tour de passe-passe,
pour jouir du passé.

La por de la por

Jo tinc por de la por,
la paor de l'absència,
del silenci sobtat
dels éssers estimats.

Jo tinc por de son ombra,
com companya callada,
dels meus passos estrets
a la vora del riu.

Jo tinc por del demà,
de les noves paraules
que vindran per venir
a fer-me companyia.

I mentrestant jo visc,
collint la farigola
dels afores del poble
en dolça remembrança.

Record dels estimats
que xiuxiuegen tots
al cau de mon orella
per treure-me la por.

Love Boat vs Troll Bot

Il est parole libre
qui se joue des fâcheux,
jetant sur leur faiblesse
un regard amusé.

On raille son discours,
à la langue précise,
comme s'il était le fruit
d'algorithmes oiseux.

Et voilà que surgissent,
d'entre leurs pauvres lignes
d'étranges mots d'oiseaux
venus d'une autre langue.

Il serait un Troll Bot
une machine haineuse,
alors qu'il ne veut qu'être
un honnête homme actuel.



vendredi 27 juin 2025

Faristoleta

Per llegir partitures,
tot tocant pel carrer,
et cal un faristol
que es pugui desplaçar.

I es quan ve l'Anaïs,
amb samarreta blanca,
per portar partitura
a l'esquena enganxada.

Faristoleta viva,
la nena és eixerida,
amb pentagrames molts
per guiar guitarristes. 

jeudi 26 juin 2025

Maduixeta nana

La maduixeta nana,
la flor de la terrassa.
Un somriure vermell
cap al sol que s'adorm.

Més petita que l'ungla,
de color de la sang,
sembla un tinter de vidre
esperant tinta roja,

per corregir les faltes
d'un Déu oblidadís
que es descuida dels homes
per adorar el sol.



El català de nit

El català de nit
és llengua d'invenció.
Ja no parlo amb ningú
i m'invento converses.

Dos amants d'absolut
caminant de bracet
i collint per la llengua
signes d'admiració.

Roselles del camí,
traços de tinta negra.
Exclamacions d'amor
esperant el matí 

Cinc de la matinada

Quietud del matí fresc
i de les hores lentes.
Cant lleuger dels ocells
després de la calor.

Del forn sota teulada,
de les golfes en foc,
només queda el batec
d'un cor amant etern.

Cinc de la matinada,
Ja s'abreugen els dies.
Per la finestra angosta,
oloro l'avenir.

mardi 24 juin 2025

καιρός

M'han enviat a la nit
una foto bonica.
El nostre Castillet
de sang i d'or mesclat.

La vella fortalesa,
la porta de Maria,
com un símbol pagà
del País Català.

Revetlla de Sant Joan,
les traques de petards
amb el foc de la nit
per prolongar les hores.














foto: Jean Di-Méglio

Matí de Sant Joan

El sol de la Sant Joan
és font de gran riquesa.
En aixecar-se d'hora,
dona a tothom son or.

Al cel límpid i pur,
una corona verge,
i al mar arrissat
un mantell de lli fi.














foto: Joan Verger

Revetlla de Sant Joan

Revetlla de Sant Joan,
la nit no vol venir.
Els ocells resisteixen.
No paren de cantar.

El cel és com de dia,
damunt la platja vella.
L'horitzó és de sal
i l'aigua dormisqueja.

Revetlla de Sant Joan.
Durada del solstici.
D'aquí ben poc veuré
com s'abreugen els dies.




lundi 23 juin 2025

Biòlegs pastissers

Fluctuat nec mergitur
           Divisa de París

Trontolla el pastís rosa.
Trontolla mes no cau.
És obra gegantina
d'uns profes llaminers.

Per celebrar llur filla
i deu anys de somriures,
s'han fet mestres del sucre
i del gust de maduixa.

Biòlegs llaminers
o pastissers d'un dia,
la parella de xoc
és un regal de més.



dimanche 22 juin 2025

Dues amigues

Vesprada del solstici,
abans de la foscor.
Dues amigues xerren
a prop de la piscina.

Sirenetes d'un dia,
el més llarg de tot l'any.
No paren de xerrar
com si no tingués fi

la revetlla esperada
des de moltes setmanes,
amb una poesia...
... que no aprendran pas.



Une soirée de fête

Ils ont fêté l'été,
en célébrant la vie,
autour de maître Jean
et des mets d'une nuit.

Des heures délicieuses,
de la complicité,
pour terminer l'année,
sans penser à demain.

Et demain est venu,
au terme de la nuit,
tout empreint de leurs rires
et de leur bonne humeur.

vendredi 20 juin 2025

No he anat al mar

No he anat al mar.
El mar, no l'he provat.
No l'he tastat tampoc,
amb la sal renovada.

El mar blau del Racó
amb la sorra tan fina
que crema sota els peus
quan ens volem banyar.

No he anat al mar.
El mar, el tinc a dintre.
És el mar de mon illa,
al sud de Sant Lluís.

Un amor de poncella

Un amor de rosella.
Un amor de passió.
Una passió petita
de mil pètals units.

El ventolí de juny,
les gotes de rosada.
L'ombra de la masia 
i la grogor del blat.

Un amor de poncella,
un avenir continu.
L'efímera passió
convertida en futur.

Canvi de color

Avui faré de Mixu.
Canviaré el meu nas
per un de color verd.

El Mixi dormirà
i roncarà a casa
mentre actuï el Mixu.

Sorprendré els mainatges,
fent jugar el bessó
amb boles de color.



Punaises

À Thierry

Contagieuses punaises,
dans les mots du cousin,
retrouvé à Paris.

Une dame souffrante
et son hébergement,
confié comme un secret.

Les chaussures transportent
les punaises de lit,
ménageant des rencontres.

Ou bien des retrouvailles,
parmi les réfugiés,
fraîchement infestés.

Fuite

Je fuis le prime abord
qui condamne les gens
à une image fade.

Je cherche la personne
et son unicité,
au travers d'une phrase.

Les mots importent peu,
les mots importent tant
et la voix s'en éraille.

Je fuis du prime abord
qui me rappelle trop
que je suis une image.

Séduction

Il y a cette peinture 
que vos yeux ne voient pas
et qui pourtant s'attache
au regard des passants.

La chronique défile.
Un personnage neuf
qui balbutie des mots
pour cacher son émoi.

L'émoi de la peinture
dans les mains alanguies,
le luxe des dentelles
et la tête inclinée.

Et vous le personnage,
sans vous douter un brin,
vous entrez dans la toile
et nous y séduisez.








jeudi 19 juin 2025

El llapí de la Lluna

La Lluna té llapí.
Un llapí de peluix.
Un animal per riure,
dormir i ballar.

El llapí té la Lluna,
una nina aixurida
que li parla tostemps
sens adormir-se gaire.

El llapí i la Lluna
són amics des de sempre.
Quan es fan pessigolles,
tots dos riuen plegats.

Una capsa de somnis

   On ne voit bien qu'avec le coeur, 
   l'essentiel est invisible pour les yeux.

                                           Saint-Exupéry

Una capsa de somnis.
La blancor dels seus plecs.
Uns estels disposats
per concentrar desitjos.

L'obrirem al capvespre
i tancarem els ulls.
Nos hi endinsarem tots
amb la força del cor.

Una capsa de somnis.
El regal d'uns infants
que aprenen jugant
amb uns fulls de cartró.



Ous de mar

Han substituït l'oval
dels ous de dues lloques
per petxines petites
de tellines de mar.

Fantasia polida
dels mainatges del curs.
Han volgut ser poetes
sens escriure un poema

En tornar a la platja,
a la posta del sol,
s'inventaran gallines
per pescar els seus ous.





L'osset papagai

És l'osset papagai,
un ocell de colors.
Uns focs artificials
per celebrar l'estiu.

Un dibuix que preserva
l'essencial del dudú.
La tendresa gentil
amb la força del vincle.

Geometria pura.
De  traços rogencs
i taques blavoses.
Amb un toc de llimona.



Profondeur légère

J'aime la profondeur
qui naît de peu de choses.
Une salutation
ou quelques mots d'excuse.

L'important est ailleurs.
Le timbre de la voix,
des regards échangés
puis un pas qui s'en va.

La profondeur légère
est comme l'éphémère.
Une bulle infinie
dans un grain de salive.

Correspondències

Efímer i continu,
cada cant dels ocells
és un gra de la sorra
tan blanca de mon illa

Un granet de color 
a la posta del sol,
recordant dels ocells
el refilar antic.

Els ocells són la clau
de les correspondències
entre un jardí d'aquí 
i una costa d'allà.

Goûteurs d'infini

J'ai senti la beauté
de l'amour éphémère,
en regardant un film 
conseillé par Paco.

Mon ami de toujours,
mon ami de si peu.
Mon conseiller en œuvres
jouant entre les langues.

Des scènes de rencontres
filant au gré des jours,
comme un éphéméride
aux feuilles de papier.

La beauté de deux êtres
qui semblent si distincts
et que le temps transforme
en goûteur d'infini.

mercredi 18 juin 2025

Un dudú col⋅lectiu

De dudús n'hi ha molts.
N'hi ha de grans i petits.
Unicorns i coales,
ossets tendres i gats.

Un lleó eixerit,
una guineu taronja.
Un músic lleopard
i fins un cavall blanc.

L'enorme orangutan
es fa amic de tots.
I vet aquí que neix
el dudú de la classe.

Un animal estrany,
tan simpàtic com fort.
És l'amic dels mainatges,
de la mestra i del mixi.














De part de tots els alumnes:
Valentin, Kaïs, Tristan, Maëlon, 
Ismaël M., Ismaël S , Eden, Louis, 
Nahel, Jayden, Sofian, Diego, 
Matéo, Roman, Daline, Louise, 
Dyana, Ky-Many, Elena, Aylan.

Confiança suspesa

Vas voler ser abat,
a dalt d'una muntanya. 
Vas voler ser recer
de mil desemparats.

Pensa en els tres camins 
que abans us van portar
refugiats de la llengua
d'un país menystingut.

Si són mil anys d'història
de la muntanya sacra,
són milions de batecs
que confien en tu.

Pou de l'Essonne

És un pou sense fons,
tancat per una pedra,
amb corriola aillada,
com penell sense vent.

És un racó ressec
d'un jardí de l'Essonne
on descansen amics
de la calor del sud.

És un pou de misteris,
d'ombres i d'olors.
S'hi conserven les pors
amb el goig del passat.














foto: Coleta Planas

Mans

S'han quedat a les fosques,
tan blanques al matí,
les mans de l'estimada
que somnien i esperen.

El tracte dels objectes,
l'escriptura sobtada,
la lectura tan lenta
sota el pes del volum.

S'han quedat a les fosques,
obertes al meu cant,
les obreres del dia
descansant a la nit.

mardi 17 juin 2025

La sortida a Canet

A la vora del mar
hi ha un mar molt petit.
És un rectangle d'aigua
on juguen els mainatges.

S'han oblidat de l'escola
i del menjador ronyós,
afartant-se de patates
i d'entrepans de xoriç.

A Canet de la Marenda
hi ha un mar on juguen tots.
A recer del sol de juny
i dels deures de l'estudi.



QUI SOC, QUI SOC?

No tinc ulls ni sé parlar...
Qui soc, qui soc?

Tinc una pell de pruna vella...
Qui soc, qui soc?

No m'agraden les pessigolles...
Qui soc, qui soc?

No sé pas parlar i no dic res...
Qui soc, qui soc?

Quan vull dir bon dia, faig llengotes...
Qui soc, qui soc?

Ets... la Liliana, l'amiga del Mixi
i dins de la teva panxa ens portes...
...sorpreses i colors!

lundi 16 juin 2025

Juste par l'odorat

De la revue qu'on lit,
je ne sens que l'odeur.
L'odeur du papier blanc
et de l'encre glacée.

C'est comme un autre sens
qui s'y ajouterait
qui le supplanterait
pour qui ne la lit pas.

Peut-on saisir des livres
ou bien des magazines,
sans aucune lecture,
juste par l'odorat ?

Feuilles grège

Ce sont des feuilles grège
dont le grain est épais.
Une encre noire y court
dont j'ignore le sens.

Les mots du dictionnaire
ne vivent que du geste
qui les fait exister
au fil du livre d'heures

qu'est un petit cahier,
un carnet, un livret,
où les pages s'assemblent
pour ne pas s'oublier.

Ode aux femmes libres

À Sophie et Camille

Ode à ces femmes libres
qui ont choisi mes fils
et qui me font l'honneur
de manger à leur table.

Mes mots sont peu de choses
mais il fallait qu'ils sortent
pour dire tout l'honneur
que je ressens depuis.

J'ai vu les deux visages
de mes enfants chéris
prendre, non pas des rides,
mais un nouveau relief.

De la sérénité,
une confiance neuve,
dans les jours qui défilent
et leurs vies qui avancent.

Mon ode est singulière,
je ne l'écrirai pas 
sur les murs de la ville
mais sur leurs traits à elles.

Insaisissable état

Il y a ce que l'on sent
et il y a ce qui est.

L'alternance légère
entre le ressenti
et les pas sur la terre.

Et c'est dans cet écart
que se situe l'amour,
insaisissable état
qui nous guide et qui dit

qui dit ce que nous sommes,
au-delà de chacun,
l'union inespérée
de la chose et du rêve.

Ode au Général Beuret

C'est le bar des héros
dont les diapositives
se décollent du mur

et les couleurs criardes
pâlissent sous le jour
que l'on croit en attente.

En attente du soir
et de la vie nocturne
qui oublie les horloges.

Mais au matin de juin,
c'est un café timide
où on lit le journal,

en buvant un café,
ou bien un allongé
dans sa faïence claire.

Il s'y fait des affaires,
on règle des factures,
on écrit des poèmes.

Les fenêtres sans vitre
laissent passer le froid
qui vient de la placette.

Les serveuses circulent
en oubliant le poids
du corps sur le carreau.

Elles ont l'accent d'ici
et le sourire franc,
en préparant les tables,

car midi n'est pas loin 
qui recevra bientôt
des convives pressés,

des amants d'absolu,
des clients de passage
...et des superhéros.