lundi 6 janvier 2025

Fent campanes bucòliques

En Ruaix és mon jardí
no me'l llegesc de cop.
Me l'obr al bon atzar
com arranc ses herbetes.

Són versos ben polits,
rimats i ben ritmats
i me fan oloreta
com gespa del jardí.

Hi trobaré cumquats
com els que tenc darrere.
Olives de color
com es vermell de l'ou.

Si qualque dia el veig
passejant per Moià.
Li parlaré d'herbetes
i de s'Illa estimada.

Regal de Reis

L'amor és silenci
l'amor és paraula
           Josep Ruaix

És un paper de seda,
una pell muda i tèbia
amb el meu nom a sobre.

A dintre hi veig un llibre,
tan blanc com el paper.
Seixanta anys de poemes
de Mossèn Josep Ruaix.

Regal de l'estimada,
un tast del Moianès.
Ses passes per la vida
amb versos exquisits.

És un bell homenatge
a la llengua que bec 
i que beuré molts anys.

vendredi 3 janvier 2025

Una estrella eterna

Un regal fugisser,
un regal de la nit.
Una estrella fugaç
com un rastre de llum.

Són dos enamorats
caminant sota el cel,
oblidant les petjades
per la terra salada.

L'estel se n'ha anat,
empassat per la fam
de l'orbe sense fi.
Ambdós s'abracen fort.

Per vèncer el temps cruel,
l'home treu de l'abric
una capsa petita
amb una joia a dintre.

És un diamant de llum
amb cua de metall
l'or més pur de Menorca
que ve de Casa Joan.

A l'estimada bella
li regala amb son cor
la joia del bon Joan
com una estrella eterna. 










© Joan Bagur

mercredi 1 janvier 2025

Bon ninou de gener

Bon ninou de gener,
ninot de massapà,
per celebrar l'hivern
i pensar en l'estiu.

Fleurette de janvier

Fleurette de janvier,
étrangère au frimas
et aux tracas urbains

Fleurette de janvier
montre-moi le chemin
par où sortir matin.

Fleurette de janvier,
sois compagne patiente
durant ces douze mois.













© Lluc Bonet

mardi 31 décembre 2024

Héraut des laboureurs

J'aime les laboureurs
que je ne connais pas.
Mais je vois dans leur œuvre
un labeur épuisant.

La terre retournée
en mottes dissemblables.
La glaise grasse et brune
asséchée par le vent.

J'aime les laboureurs 
que je ne connais pas,
mais s'ils ne parlent pas,
je serai leur héraut.



Terra llaurada

On són els llauradors
que han llaurat la terra?
Han deixat dins del sol
les marques del destí.

Profundes cicatrius
per guiar l'aigua viva
quan els veïns de l'Horta
trepitgen el fang brut.

Han deixat l'altiplà
i pres els seus tractors
per ajudar la gent
que pateix a València.

Quan tornin al febrer,
la terra esperarà
amb llavors de beutat
que els regraciaran.





Pâquerette de la Saint-Sylvestre

Ne pas parler de poésie
Ne pas parler de poésie
En écrasant des fleurs sauvages
                                       Barbara

Le chemin est étroit
que longe la ravine,
les chevaux ont laissé
leurs fers dans la boue sèche.

Je marche tête basse,
tout à mes pensements.
Montaigne est mon ami
qui bat à ma mémoire.

Je cherche de l'amour
une marque légère.
Une fleur du chemin
épargnée par les bêtes.

C'est une pâquerette
couchée sur le côté.
Sa tige est verte et grêle
mais son cœur est tout jaune.

J'y ai vu comme un signe
de l'année qui s'en va.
La force de l'amour
que rien ne peut faucher. 

Projets

J'ai songé aux tiroirs de noyer et de pin
dans lesquels tu rangeais tes projets de roman,
à ta joie singulière, à tes rires d'enfant,
s'inventant des commodes pour y rêver malin.

Des commodes de bois, des meubles inventés,
un peu de fantaisie à l'heure du dîner.
Ton rire et ton sourire, tes paroles bien nées
alors que je rêvasse sur les pentes ventées.

Bientôt viendront les mots, les pronoms mystérieux,
tout l'appareil grandiose que tu tiens dans tes mains,
les nuées inquiétantes qui crèveront les cieux.

Je serai ton lecteur, comme un humble marin,
guettant depuis le large la côte tant aimée
et qui la sachant proche se met à déclamer.

Bon any nou / Bonne et heureuse année

He deixat a la bústia
la carta dels desitjos
per l'any nou que s'apropa
en un fum de misteri.

És una carta oberta
amb paper olorós.
Salut per als amics
i molts plaers subtils.

Un poc de poesia,
somriures dels infants
i joia dels més grans
per la ruta dels dies.

***

J'ai laissé à la boîte
la lettre de mes souhaits
pour l'an neuf qui s'approche
enfumé de mystère.

C'est une lettre ouverte
au papier parfumé.
La santé des amis,
bien des plaisirs subtils.

Un peu de poésie,
des enfants souriants
el la joie des plus grands
sur la route des jours.

Teulada de paper

Teulada de paper 
a dalt del caseriu.
El sostre és de blancor
i la tinta de somnis.

El fred amb el desig
ha trencat el silenci.
Escriuen els meus ulls
per la plana de guix.

De l'insomni sobtat,
no quedarà pas ratlla,
sinó el regust salat
del meu pas per la terra.

Essor

Et la nuit est tombée 
sur l'année écoulée,
un ruban d'encre grasse
entre les touches claires.

Étoiles de mes souhaits,
chacun des caractères,
fondu dans l'acier doux,
m'en rappelle les jours.

La joie des retrouvailles,
une Transformation 
et, à l'ultime instant,
l'essor d'un vrai poète.

lundi 30 décembre 2024

Mareperla subtil

A la vora de l'illa,
mirant cap a Llevant,
hi ha tres illots de roca
com tabes per jugar.

No hi viu cap persona,
tret de qualque gavina,
dormisquejant la nit
quan la bressola el mar.

Hi viu el meu amor
de nacre i de passió,
mareperla subtil
que parla a l'horitzó.








© Paco Gomila Pons

Économie soudaine

À deux amoureux du Onzième

Versez-moi des mots et des mots.
                            Joseph Ponthus

L'économie soudaine 
de moyens et de mots
quand l'année se résume
à une poignée d'heures.

Le bois brut qui résiste
sous le papier de verre
pour dresser aux enfants
une courette d'herbe.

Un jardin ouvrier
de deux mètres sur trois.
Avec des renoncules
et des pois de senteur.

Le soleil les balaie
ces poussières légères
que mes mains équipées
égrènent sans un mot.

Je porte un masque blanc,
des lunettes épaisses.
Je suis homme invisible
quittant l'année passée.

Mes boudins blancs sont doigts,
le saumon papier rose.
Je danse sur les heures
sans quitter mon palier.

Sous mes doigts disparaissent
des inscriptions étranges
qu'on dirait baptisées
du nom de marins lents.

La terrasse est de sable,
je rêve d'horizons,
de turquoises marines
et de tes doigts nacrés. 

Guirlande de Cerdagne

Guirlande de Cerdagne,
présent inattendu.
Trêve des confiseurs
qui sourit à chacun.

Voici le tortillard
qui unit les villages
apportant à chacun
la chaleur du canton.

Le feu est dans les âmes
et les yeux d'un enfant
de plus d'un demi-siècle
et de mille passions.










© Lionel Itié

dimanche 29 décembre 2024

Vernis

C'est un vernis tout simple
qui protège du froid.
Une fenêtre blanche
ouverte sur l'azur.

On en couvre la coque
des voiliers au long cours
et les murs des chalets
qui s'ouvrent à la nuit.

Certains y voient le lac
des forêts canadiennes.
Leurs rêves y patinent
en un sourire clair.

samedi 28 décembre 2024

Un couscous tout simple

C'est un couscous tout simple.
Une plage de grains
bordée par le bouillon.

C'est un couscous unique,
pour une vieille dame
qui délaisse le sel.

La viande de volaille
se marie aux légumes.
Les fèves y sont reines,

et le navet carrosse.
Des carottes orange
me guident vers ce plat.

J'ai eu la chance rare
d'y goûter voici peu
jusqu'à faire bombance.

J'ai mangé quatre assiettes
avant de remercier
Fatiah sa cuisinière.

C'est un couscous tout simple,
la générosité immense
d'une femme de bien.

Frec de mar per l'arena

Frec de mar per l'arena,
les ungles de l'amada
són de color de cel.

Naveguen pel paper
de la revista antiga
com uns joncs d'arròs cru.

Frec de cel per la terra,
la poesia exulta
per tots els capcirons.

vendredi 27 décembre 2024

Le Pourquoi pas ?

C'est un lieu poétique
à nul autre pareil.
Une table tiédie
dans un coin du village.

J'y viens avec des livres,
aux reliures usées.
Du papier odorant
et des marges en blanc.

J'amorce la lecture
et puis chacun s'y met.
On renifle, on hésite
bousculé par les mots.

Les senteurs de boutique,
le café qui se fait.
La voix de Séverine,
en muse de ce lieu.

Tel est le Pourquoi pas ?
espace-temps précieux,
où l'on partage un peu
des dons de l'univers.

jeudi 26 décembre 2024

Saint Étienne

C'est le vingt-six décembre,
le jour de Saint Étienne,
où la joie réunit
la famille au complet.

On tirera les chaises,
on bénira la table,
et les cousins courront
dénouer leurs présents.

Un jour comme tant d'autres
et cependant spécial,
gagnant sur la nuit froide
la lumière oubliée.

Solituds de solstici

Et sentiràs més sol
quan s'allarguin els dies
cap a l'estiu de seda
i el silenci dels mots.

El batec del teu cor
és serena consciència
de tantes solituds
a finals de desembre.

No tinguis por de res,
mirant cap al cel nu.
Hi brilla un estel sol
que ja batega amb tu.

Una porta de vidre

Una porta de vidre,
la nit de Nadal,
amb un poema a sobre
per acollir la gent.

La ditada de mel
és un gest gratuït
que prest esborraran
quan tornin els clients 

Poema de l'instant
amb desig d'absolut.
El prec d'una poeta 
viatjant per la nit bella.


mercredi 25 décembre 2024

Foscor de l'escenari

Foscor de l'escenari,
un dijous a la nit.
Foscor de l'escenari
i calor de la gent.

La poesia són ells,
assentats i atents,
collint dels recitants
l'efímera paraula.

Parlo sens apartar
de cadascú els ulls
i bec de llur mirada
els sons per pronunciar.

Llegiré, lligaràs

Llegiré mots perduts,
entotsolats al vespre,
i lligaré les coses
amb suor de les mans.

M'has ensenyat, preciosa,
a llegir el Nadal,
més enllà de garlandes
i de fulls de color.

Lligaràs mots perduts
com petons de ventura.
Un silenci de mots
per celebrar el dia.

Le flûtiste

J'ai aimé découvrir
un flûtiste d'antan,
derrière les paroles
d'une aimable radio.

Riante Renaissance
toute vibrionnante.
Un serpentin de bois
odorant et fugace.

Et derrière la flûte
des tableaux du passé.
Silences pleine page
d'un éditeur friand.

lundi 23 décembre 2024

Bon Nadal ~ Joyeux Noël

És un cel sens estrelles.
És el cel de Nadal.
Un bell teixit gris perla
per esperar l'Infant.

Si el mireu somrient,
entre el cotó de boira,
veureu com naixerà
l'Estel que desitjeu.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~

C'est un ciel sans étoiles.
C'est le ciel de Noël.
Un beau tissu gris perle
pour attendre l'Enfant.

Si vous lui souriez,
dans le coton de brume,
vous y verrez surgir
L'Étoile de vos souhaits.









© Lionel Itié

dimanche 22 décembre 2024

So far away from Berlin

Assise au bord de l'eau,
en camaïeu de bleu,
Corinne s'abandonne
et Berlin est si loin.

La froideur des rues larges,
toutes enguirlandées,
et la foule empressée
courant à ses emplettes.

Assise au bord de l'eau,
Corinne réfléchit
à la beauté d'une île
qui s'éloigne du bruit.








© Paco Gomila Pons

Vora el mar

És el regal del dia
quan ha deixat la fosca.
Els colors de llevant
i la frescor de l'aire.

La mar és un mirall
del cel callat i pur.
Ja és temps d'esmorzar
de pa i de ventresca.

Ja penso en els amics
que he deixat vora el mar.
En Joan amb el bon Paco,
a punt de berenar.














© Joan Verger

Sourires

Il est dans les sourires
un peu de la magie
qu'on dit venir d'un Dieu
qui reste silencieux.

Les joues creuses ou bien pleines
se gonflent à l'envi,
comme deux voiles blanches
en route pour Capri.

Les commissures fines
se rident de bonheur
et les yeux ont un feu
que l'on croyait éteint.

Hommage mérité

C'est une tradition,
quand les frimas s'annoncent
et givrent de blancheur
les champs à l'horizon.

Je me lève matin
et tire du placard
mon faitout et ma poêle
pour enchanter les miens.

Cinq heures de labeur,
comme un opéra lent.
Les graisses et bouillons
chuchotent de concert.  

Et l'on voit converser
la rondeur des saucisses,
le galbe des confits,
le trésor des lingots.

J'en emplirai deux plats
que je mettrai au four,
veillant comme Harpagnon
sur ma cassette double.

Puis viendra la famille.
On tirera la table
pour donner au solstice
l'hommage mérité.










vendredi 20 décembre 2024

À l'encre de l'oubli

Les barbelés ont disparu
les chairs déchirées
mais les pins sont maigres
                  Camille Bresch

Le béton qui bascule
parmi les fleurs couchées.
Le val est tout en bas
et le dormeur attend.

La rougeur des deux trous
se dissout dans l'azur.
La crête est horizon
sans un drap d'uniforme.

Les tranchées sont saignées
qui signaient la frontière.
Le marcheur les ignore
quand la poète écrit.

Elle est une estafette
venue des temps anciens.
L'année quinze au sommet,
fauchant dix-sept mille hommes.

Le poème s'étire
qui évite la chute,
lancinant magnétisme
des choses du passé.

Le lecteur ralentit
sa course vers la crête
et son regard s'abreuve
à l'encre de l'oubli.

El blat, la civada i el mot

El blat  només és blat, enmig del blat.
                                 Pere Verdaguer

El blat és blat, enmig
del blat, i mentrestant,
mastego el meu panet,
parsimoniosament.

El blat ros de Cerdanya,
cabellera sonora
que no coneix fronteres,
orfe de dos poetes.

El mot és mot, enmig
dels mots, i mentrestant,
ja balla la civada.
Per seduir el blat.




El Casal dels poetes

El Casal dels poetes
esperant la paraula
dels rapsodes d'un dia,
la Mireia, el Michel.

Escenari de rojos,
amb catifa i butaca.
Ben prest vindran amics
a combregar amb mots.

Fou un parell d'horetes,
un rellotge de sorra,
amb granets de mots vius
per trencar la frontera.





mercredi 18 décembre 2024

El cel té set de mar

El cel té set de mar,
de mar salada i dolça
i com la vol besar
ha suplicat la costa.

Perquè li deixi un grau
un grau estret i càlid.
per on deixar passar
la flaire i la tendresa.

La terra és tan gentil
que s'ha obert de sobte,
en un somriure beix
de sorra compromesa.








© Paco Gomila Pons

lundi 16 décembre 2024

La pell de la mar freda

La pell de la mar freda
és de gruix salabrós.
A sota hi dormen peixos
amb alguna sirena.

El seu gruix és de segles.
La pell és un bressol
per als aventurers
afamats de silenci.

La pell de la mar freda
acompanya els marins
sobretot els de terra
que l'estan desitjant.











© Joan Verger

dimanche 15 décembre 2024

La llum i l'esperança

In memoriam V.A. Estellés

Quan es tanqui la porta
de roure i de ciment
i no vegi els amics
que s’entaulaven amb mi,

pensaré en la grava
de què feren la llosa
i en la fusta bona
de què fan els taüts.

Me'n faré un camí,
me’n faré una taula,
per celebrar la llum
i beure a llur salut.

La família, els amics
són i seran per sempre
el segell d’esperança
que m’obrirà la tomba.

I jo m’aixecaré,
deixant el vell sudari.
I sense plor ni llàgrima,
m’entaularé amb ells.

samedi 14 décembre 2024

Un fond de verre

C'était un fond de verre,
un bock ou un demi.
Comme un trait de lumière
à la fin d'un repas.

Les verres non vidés,
portent, sans le savoir,
le souvenir précieux
des passants de la vie.

C'était un fond de verre,
jaune comme un citron,
et froid comme la bise
qu'en sortant ils croisèrent.

Jérôme et Julie

Il descendait du ski,
la petite était blonde.
leurs prénoms commençaient
par la même lettrine.

Il racontait le froid
sur le plateau cerdan.
La petite mangeait,
regardant sa voisine.

Dans une boîte claire
aux parois translucides,
ils emportèrent un peu 
de ce repas d'un soir.

Dans le silence épais
d'un réfrigérateur,
les frites assoupies
rêvent de hauts sommets.

Papa Noël

À Carolane et Clémence,
sans qui rien ne serait.

Quand le fils est un père,
que reste-t-il à l'aîné ?
Il reste la sagesse
et un sourire aux lèvres.

Mais quand ce fils décide
de se vêtir de rouge
pour annoncer Noël,
c'est un surcroît de joie.

Et l'aîné voit ses lèvres
s'empourprer de sang neuf
pour remercier le temps 
d'avoir su le gâter.



El veler del Vernet

A l'Adrià Bonjoch i als rumberos del Vernet

El veler del Vernet
no té les veles blanques.
El veler del Vernet
és de fusta i esguards.

Al seu bord hi convoca
la bona gent del barri
a cantar i tocar
per existir millor.

Té guitarra flamenca
i cabells catalans,
onejant a l'escena
més que mil veles blanques.





Apolit amb el timbau

Apolit amb el timbau,
me deia el bon avi
quan pujàvem a La Cova.

Heptasíl⋅lab perfecte
camí del Canigó
amb préssecs olorosos.

He seguit el consell
de mon avi Francesc
de la Plaça Aragó.

Un amor rosat

És un amor rosat,
és l'amor de rosella,
la cara que m'estimi
a dalt del Canigó.

És un amor ventat
que no coneix fronteres.
Sap treure de l'oblit
les cares estimades.

És un amor rosat,
és l'amor de poncella.
Un gra de primavera
a finals de tardor. 

Com un colom de foc

Com un colom de foc,
ma ploma és missatgera
del quefer quotidià
i del desig comú.

La meua veu és poca
i no soc combatent
mes porti la paraula
en català del nord.

Com un colom de foc,
ma ploma és missatgera
i qui la vol llegir
fa viure nostra llengua.

Mirant cap a la lluna

Mirant cap a la lluna,
que m'és un sol ixent,
he decidit avui
d'estimar-te tostemps.

En la foscor serrana,
la claror de la plana,
la sal de Cala Blanca,
el most del Rosselló.

Mirant cap a la lluna
on t'esperen mos somnis,
t'he enviat un missatge
com un colom de foc.

Entre llengües

És una gota bruta
de fang i de cafè.
Es una gota sucia
de lodo y café.

No sabe si caer
al pie de los zapatos
o quedar-se a recer
del parapluja verd.

Es gota de dos lenguas
que fueron dos amigas.
El fang i l'odi brut
la van voler obviar.

Demain

Rêver et ne rien dire.
Imaginer demain
ma fille la gymnaste
pour son premier gala.

Jaillissement

Au sein de mes veRs lents,
jailliSsent deS consonNes,
girafes afFûtées
fuyanT le mariGot.

RêVant de liBerté,
elles seCouent leurs breloques 
pour eXiger des Cieux
La vRaie recoNnaiSsanCe.

VerRa-t-oN les VoyelLes
suivRe ce MouVeMent ?
dÉjÀ jE sEns qU'EllEs pOIntEnt...
ET LES REJOIGNENT ENFIN.

Gota malaYa

Es la gota de China,
es la gota malaYa,
la redondez del agua
en la cabeza insomne.

Tortura del azar,
fructífera tortura 
que se inventa la tinta
ninguneando el ser.

Es la gota malaYa,
palabra de Mi Vida,
que conduce mis versos
fuera del cauce seco.

Aux quatre coins du monde

Et les voix sont parties
aux quatre coins du monde.
Des langues en contact 
ont frotté leurs voyelles,

gagnant à l'occasion
des boucles, des cheveux.
Poètes oubliées.
votre eau donc se rebiffe :

vous êtes publiées.
Ah la jolie magie
des revues du piémont
et de leurs funambules.

jeudi 12 décembre 2024

L'ombre du piémont

C'est l'ombre du piémont
qui nourrit mes pensées.
Le sombre des Albères
y a ouvert boutique.

On y cueille des vers,
parmi mille savons,
des bouquets d'aubépine
et du fard à paupière.

On croit y voir passer,
parmi mille clients,
un voleur de désirs
regagnant son foyer.

Soleil couchant

Le soleil s'est couché
sur la ville en silence.
Je sens monter des voix
par le colimaçon.

Trois jours de sommeil lourd
et pas un vers écrit.
Le temps de voir mûrir
les propos de demain.

L'approche de Noël,
les fêtes à jouets.
Les rires des enfants
et leur calendrier.

Le soleil s'est couché
et je songe à demain.
La chaleur de l'aimée
au cœur de mes doigts gourds.

lundi 9 décembre 2024

Sol ixent

Avui no diré res

i deixaré parlar

el sol groc de l'Orient

que surt a saludar.




Soleil des étagères

À la mémoire de Carles Riba

J'ai aimé retrouver,
en haut des étagères
les poésies d'antan
nourrissant un poète.

Quand Riba les traduit,
il emprunte à Ausone
le lustre de l'airain
pour mieux l'amadouer.

Cent années ont passé,
depuis son aventure.
L'étagère du haut
est un soleil levant. 



À la bibliothèque

J'aime ces étudiants
qui copient sagement,
sur des cahiers rayés
les leçons du passé.

Contre le formica,
la main s'ouvre parfois
pour détendre l'étude
et songer à demain.

Après les pages pleines,
un vide à inventer.
Des désirs d'avenir,
un visage à aimer.

 

En català

T'escric en català,
la teva llengua viva
que comparteixo amb tu.

Et visc en català,
sota la manta blonda
o a la vora del foc.

T'enyoro en català,
al palauet de vidre,
o sota el castanyer.

Absence nécessaire

L'absente de tout bouquet.
                           Mallarmé

Je t'ai quittée matin,
je t'ai quittée tantôt.
Absence nécessaire
pour mieux penser à toi.

Et là sur une table
de formica usé,
je pense à tous nos rires,
à ta bouche gourmande.

Je revois la frontière
et je revis les criques.
Ce tapis de gazon
en haut de la Cerdagne.

Je t'ai quittée matin,
je t'ai quittée tantôt.
Absence nécessaire
pour mieux te retrouver.

mardi 3 décembre 2024

Espera calladet

Espera calladet
el vers que ningú vol.
Espera calentet
a la vora del foc.

Sortirà de les brases
o d'un paper llençat.
Tota llenya fa foc
quan la llengua fa joc.

Espera calladet
el vers que ja desitges.
Espera calladet
la teva mà precisa. 

El vent de desembre

És el vent de desembre.
És el vent dels records.
La clatellada freda
que passa pel jardí.

D'esquena al mur de pedres,
un arbust plora a soles.
És el cumquat d'hivern
amb llàgrimes ovals.

Troba a faltar la Xina
i flors de gessamí.
El juncs passant pel riu
sens una clatellada.



Què trobaràs a l'arbre?

Què trobaràs a l'arbre,
a l'arbre de Nadal?
Sota les seves fulles
de punxes i garlandes.

Trobaràs regalets,
potser un regal gros,
embolicat d'argent
amb una estrella rosa.

Mes trobaràs segur
l'amor de la família.
Unes coses de franc
que ningú pot comprar.

lundi 2 décembre 2024

Per dibuixar ton cor

A cada instant bonic,
a cada instant penós,
et faig costat amor
amb un pessic de sal.

La sal dels meus cocons
o la sal dels meus plors.
Un record de mon illa,
un record de mon pare.

A cada instant polit,
a cada instant pillet,
t'envio el meu somriure
per dibuixar ton cor. 

Les pantalons de mon père

Mon père aimait les pantalons,
les pantalons de bonne coupe.
Une élégance anglaise.
C'était un ancien pauvre.

Au lycée des curés,
il brillait en latin.
Dans la cour de récré,
il traînait ses savates.

On l'appelait paillasse,
en moquant ses atours,
lui il rêvait tout bas
en fredonnant en cours.

Il rêvait à Burton
à Burton of London.
Aux fameux pantalons
qu'un jour il porterait.

Mon père s'en est allé,
dans un lit de bois clair,
superbement vêtu
d'élégants pantalons.

dimanche 1 décembre 2024

El tió del Vernet

Un bon home de llenya
amb una barretina,
una pipa de fusta,
un somriure de gebre.

És l'home de desembre,
el convidat d'Arrels.
A veure si al Vernet
li farem festa bona.

S'ho mereix el bon home 
que pegareu mainatges,
per treure'n torronets
i regalets bonics.

jeudi 28 novembre 2024

Les ales del destí

He tret de la butxaca
un grapat de monedes.
Monedes sense pes,
de tactes i colors.

Uns bitllets de propina,
ales de papallona.
Les veles d'un teixit
que se'm farà petit.

He tret de la butxaca
mon destí de poeta,
les ganes de volar
per tot el món de Déu.

Dins del fullam

A una dona ferida

Les fulles són de cares,
de cares i de veus.
I el temps va avançant
per l'escena de fusta.

Paraules del passat
d'un avi amb son net.
Somriure del pillet,
saviesa del vell home.

A terra, la sang clara
de qui cantava amb ells.
La flor de primavera
per qui cantaran tots.

La sala és una bota
on nos embriaguem.
De veus i de paraules,
de passat i futur.



mardi 26 novembre 2024

Roses d'Inde

Musiques, s'il n'est pas trop tard,
Parfumez le vent parfumé.
                                        Aragon

Dans un seau à Champagne,
les roses d'Inde dansent,
sur le rythme rapide
de  spaghettis qui bouent.

Et le vent de novembre
caresse leurs cheveux
comme une main aimante
au sortir du café.

Précieuses roses d'Inde
qui dansez à présent.
bouquet pour mon amante
après les spaghettis.

Fogots

Són uns focs de tardor,
cremant entre llençols
i despertant l'amada
que somnia amb el riu.

Els hi faig companyia
amb peuets de paper,
buscant en el silenci
el conhort de frescor.

Són uns pous en el son,
de glaç i de cremor,
la marca d'un present
on li faig companyia 

Galeries

J'ai longtemps humé le sol,
le sol des galeries humides
que le présent hagard ouvrait
par crainte du futur.

J'ai aimé ce passé défait 
de la mémoire d'autres
et j'en ai fait mon cœur
à défaut de le vivre.

Depuis j'ai refermé ces
galeries lugubres
et j'ai cherché dehors
le cresson des fontaines.

lundi 25 novembre 2024

Pierres

Puissent mes crevettes et
mes poissons être mes pierres.
Joseph Ponthus

La vie, la salle vie.
La sueur et les reins
qui pèsent dans le soir.

Douarnenez la bleue.
sardines étripées
me sortant par le nez.

Le sol dégoulinant
du sang de la poiscaille
et des repas sautés.

Et puis vient la sirène,
le bistrot près du quai
et les cartes cornées.

Sept heures au beffroi,
la soupe qui mijote 
et les yeux de ma mie.

Plaer

És un plaer sobtat,
és un plaer continu,
quan la mà de l'amant
ens invita a llegir

les obres de son pare,
un diari de paper,
com un mirall de tinta
rescatat de l'oblit.

La lletra n'és graciosa,
promesa d'un futur
on sa filla primera
escriurà al seu torn.

Poissons aigus

Mais qui sont ces poissons
qui courent dans un plat ?
La perfection oblongue
d'un émail du passé.

C'est l'œuvre nostalgique 
d'un homme de la terre
qui recrée les rivages
qu'il a laissés là-bas.

Si les traits sont aigus
et les poissons dorés,
leurs yeux sont le courant
qui guide nos pensées.








© Gumersind Gomila
© Éric Talavan

La main de l'Avent

C'est la main de l'aîné
qui parachève l'œuvre
de deux enfants joyeux
décorant leur sapin.  

La lumière est dorée
et l'on entend tout près
ces beaux chants de Noël
qui guideront leurs jours.

C'est la main de l'Avent,
le doux calendrier,
qui ouvrira les cases
pour mieux s'en régaler.

Une étoile de vie

Une étoile de vie
qui rit sur le goudron.
À ses pieds la marelle
qui conduit à Noël.

Ses bras griffent le ciel
en un sourire blond
et son manteau tout rouge
l'abrite des frimas.

Une étoile du jour
et la joie d'un enfant
qui rit sur le trottoir 
pour préparer Noël.

mardi 19 novembre 2024

Anagonia

A en Jordi, in memoriam

Un home ha mort. Avui.
Sense basca ni res.
S'ha deixat emportar
per la corrent dels dies.

A l'habitació blanca,
el fred hi ha entrat,
preparant el comiat
d'aquest ciutadà bo.

L'han visitat amics
i companys de labor.
No ha obert els ulls,
amarat de paraules.

Un home ha mort. Avui.
Deixant als qui es queden
la seva cara amable
que no volgué lluitar.