mercredi 11 mars 2015

J'ai rêvé

J'ai rêvé d'une amie qui ne serait pas une amante,
une amie de pas et de parcours, ombre tiède dans les rues,
mes rues. Je lui montrerais mes anciennes géographies,
par delà Gambetta. La rue au sens désormais inversé
où se tenait la maison profonde, tendre repaire aux huit
pièces et à la porte d'acier peint close sur les autobus
inclinés, nous frôlerions l'ancienne vitrine dont on voit
encore le dessin et où un homme de bien et son épouse des
porcs en gelée taillait la large oreille et la langue pointue,
nous longerions l'aqueduc sec et son ombre maligne, le jeu de
tambourin diaboliquement incliné, nous nous inventerions au
pied du château d'eau le parcours des enfants apprenant de la
circulation le curieux entrelacs et épuisés de gravir l'escalier
et ses marches usées, nous penserions à un baptême d'étudiants où
naquit une éditrice qui savait son Marchais. Puis nous nous perdrions
dans la ville connue, tout près de l'ancienne maison Roblot et de ses
serviteurs de mort et nous nous inventerions la paire inattendue d'un
chanteur emmerdeur et de son fort des halles. Je sais que cette amie
existe, je lui ai même donné un titre qui lui sied à ravir : 
flâneuse des deux rives au percolateur enroué.