à Sophie, David et Rémi
J'ai un faible, et même deux,
pour les amis venus tard, à l'âge
où l'on croit que l'amitié n'est plus
de mise. Émerveillé, intimidé, on s'y
engage à pas de loup, de crainte de ne
commettre l'irréparable. La lenteur est
notre guide. On attend, on s'imbibe,
on boit la langue étrangère, la langue
étrange. On pense aux années perdues
à ne pas les avoir connus et aux années
qui s'ouvrent, fécondes et surprenantes.
«- Ça existe le hasard ?», me demandas-tu
tout de go, un jour que Platon nous invitait
à son banquet. Je ne te répondis pas mais
je songeai incontinent au lien de soie
qui liait ce soir de septembre où tu m'appris
à débiter de la bière aux nuits de Masami où
David m'en servit une plus forte, plus odorante
aussi, celle-là même qui faisait, en d'autres
lieux, le délice des plus grands de mes enfants,
compagnons de judo de Rémi, astre solaire de
ce système neuf et envoûtant.