vendredi 27 septembre 2024

Miralls

Un mirall de tendresa,
un recull de dolçor.
Les pàgines groguenques
es miren al present.

Fullejaré les planes 
en busca de passió.
Retrobaré la font
dels sentiments passats.

Un mirall de tendresa
un recull de tebior.
La coberta és violeta
i d'argent és mon cor.

Du froid à la chaleur

J'aime la pierre froide
où tu t'assieds soudain,
pour briser de la course
le rythme déchaîné.

Tu t'en fais un banc clair,
pour lire de la vie,
ce grand livre secret
que tu tiens en ton cœur.

J'aime la pierre froide 
et la chaleur aussi,
dont tes yeux apaisés
m'inondent aussitôt.

Cargols

Com un cargol de sorra
voltegem la ciutat.
Del matí a la tarda,
sense aturar-nos mai.

Les nostres passes són
el compàs de les hores,
entre bus i passeig,
cafès i signatures.

A la caseta dotze,
nos esperen amigues
amb un somriure franc
i uns llibres per vendre.

Venim del nord senzill,
on es mengen cargols,
que no són pas de sorra
ni voltegen ciutats.

mercredi 25 septembre 2024

Le roi du monde

Je suis le roi du monde.
Ma maison est petite
qui domine la plaine
d'une contrée centrale.

Je dors dessous les toits
sur une couche étroite.
Avec, à mes côtés,
un rêve de pinsons.

Une écrivaine rare,
qui donne aux délaissés
le goût de pouvoir lire
sans en être enchaîné.

Sense grans

El plaer i la sorra.
La platja i el llit.
Las ganes de tendresa,
la frescor del matí.

El llençol sense grans.
La blancor és senyera
d'un país de dos éssers
reunits al matí.

No buscaré petxines
si ja les tinc als ulls,
obertes al cel blanc
d'un sostre sense grans.

Somni

He somniat una flor
de rojor i de molsa.
Una flor de desig
desclosa sota el sostre.

M'he despertat amb set.
De molsa i de rojor.
I m'he quedat mirant
la blancor del teu rostre.

Els teus llavis tancats,
empresonant els somnis
d'un amant passatger
dormint al teu costat.

Com el vent

No vull ser un estrany,
ni vull ser la teva ombra.
Jo vull ser com el vent
que porta farigola.

Pels camps nus de l'entorn,
anirem tu i jo
a buscar cargolines
i tres flors de passió.

No vols ser una estranya,
no vols ser la meva ombra
i ja m'ets com el vent
que porta farigola. 

le cendrier blanc

C'est un cendrier blanc
sur le bord d'une table,
un cendrier tout seul 
sans cendre ni mégot.

Son émail se fendille
de mille cicatrices.
La fumée des clients,
le linge du patron.

C'est comme un lac de lait
qui tiédirait au soleil,
dans l'attente impossible
de matous assoiffés.





Marelle des amours

À C. et J.

Paris à la marelle,
sans mouiller ses chaussettes
ni buter sur ses ponts.

De la rue du Commerce
à la butte Chaumont,
un semis de gravier.

Des toitures en ardoise
et des chéneaux en zinc
pour pimenter la course.

C'est de la terre au ciel,
ou du ciel à la terre,
que le palet sillonne.

Un palet rond et doux
comme une friandise
qu'on mangerait le soir.

Marelle des amours
qui unit les quartiers
et les amis sereins.

dimanche 22 septembre 2024

Un animal estrany

Quin animal estrany!
Té cara de girafa
i potes d'elefant.

Viu al costat de l'aigua,
però no hi beu mai
ni menja fulles d'arbre.

I no té cap paraigua
quan sobre el cap li plou,
de la nit al matí.

Quin animal deu ser?
Un monstre rovellat
o una vella estàtua?

És l'alta Torre Eiffel,
la reina de París
que mira cap a França.

samedi 21 septembre 2024

Paraules al vent

A la memòria d'en Sergi Beser

Són paraules al vent,
amb compàs de cançó,
els versos del poeta
que estimava l'humà.

Al teus llavis la rosa
que ell mateix dibuixà.
Abans de l'Estellés
escrigué pels humils.

I un dia dels Seixanta,
un morellenc parlà
del foc de la paraula
en Salvat Papasseit.


vendredi 20 septembre 2024

Un camp groc

Tantes flors per la mare,
tantes gotes de sol.
L'amor dels fills i nets
amb els amics d'arreu.

La taula és un camp groc
on creixen rams en vasos.
Els pètals són els fulls
d'uns poemes callats.

Entre estiu i tardor,
la mare ha decidit
de caminar alegre
fins a cent anys o més.



Un jour d'anniversaire

À ma mère, avec amour

À la fin de l'été,
comme un présent ultime,
ma mère nous sourit
pour souffler ses bougies.

Dans un parfum de vignes
et de sable mouillé,
elle nous parle des ans
qu'elle vit à nos côtés.

Et je pense à sa mère
et à son père aussi,
à mes deux-grands-parents
sans qui elle ne serait.

Fille du Café Rouge,
petite Mamisou,
devenue en un siècle
notre boussole à tous.

Sa parole apaisante,
sa générosité,
savent donner aux jours
un peu de merveilleux.

Un doigt de miel des prés,
un sourire qui marque
et qui fait compagnie
pendant les mauvais jours.

Elle est notre Bottin,
notre encyclopédie.
Nourrie de mille noms,
elle dit notre univers.

Je me revois enfant,
marchant à ses côtés,
sous la pluie de Dunkerque
pour aller au café.

J'étais son chevalier,
elle pensait nostalgique
au vieux Continental
que tenaient ses parents.

Sans elle je n'aurais
pas ce goût des cafés,
PMUs ou bistrots
où je puise mes vers

dont je sais chaque jour
que, devant son écran,
ma mère appréciera
au seuil de sa journée. 



vendredi 13 septembre 2024

Couleur indigo

Mourir dans un sourire,
ah, la jolie bluette
qui fait de l'élégance
le trait du geste ultime.

C'est un hymne à la vie
de l'écouter le soir,
en pensant à la chance
de vivre dans la joie.

Car, malgré la tristesse
d'événements fâcheux,
il y a cette étincelle
qui toujours nous devance.

Faisons des yeux un prisme
pour mieux la diffracter
et, dans un arc-en-ciel,
savourons notre joie.

Cette joie si sereine
que traduit l'indigo,
alors qu'on ne retient
que les couleurs du feu.

L'indigo de l'amour
qui jamais ne possède
et si je tiens à toi,
jamais ne te tiendrai.


jeudi 12 septembre 2024

Et l'amour est venu

Et l'amour est venu,
dans la cour au soleil.
Parmi les feuilles mortes 
et la poussière vive.

Il venait du ciel bleu,
passant entre les feuilles, 
caressant les fruits verts,
qui bientôt mûriraient.

C'était un amour lourd,
gonflé de cent désirs
et de sourires mille
qui bientôt s'étendraient

sur la surface lisse
d'un beau caillebotis,
la peau d'un dos serein
se bronzant au soleil.

mercredi 11 septembre 2024

À cloche-pied

C'est un délice rare
que d'écrire en deux langues.
Mais c'est une torture 
que de les transposer.

Je connais une amie
qui le fait à merveille,
mais moi j'y suis bien gauche
qui y entrave mes pas.

C'est un délice rare
que de faire marelle 
des mots de deux idiomes
poussés à cloche-pied.

Setembre del Quaranta

Tornarem a la llengua
un matí de setembre,
setembre del Quaranta
si déu ens deixa vida.

Tornarem a la llengua
amb els mots del present
que seran aigua viva
per al poble futur.

I si ja no hi som,
deixarem llibres nostres,
amb paraules salades
com vespilles de sol.

Vespilles

Vespilla de la vida,
guspira de la sal.
La llum del foc intens
que neix de l'alta mar.

No veus l'horitzó tendre
d'una illa mitjancera?
Allí conreen versos
entre parets de pedres.

La llengua no mor mai
quan aprenem paraules.
Les esquitxem arreu
com vespilles de sol.

Riuada lenta

Cap a les terres baixes,
la canyada és un riu,
un riu de pedres seques
i pastures somiades.

Cap cot camina el guia,
un bastó per gaiata.
Ja no veu la muntanya
però ja sap on va.

Camí de transhumància,
de cabres la riuada.
Una riuada lenta
per celebrar el temps.














© Lionel Itié

mardi 10 septembre 2024

Un transhumant

La montagne est entrave
Et pourtant il chemine,
les oreilles percées
de deux anneaux en cuivre,
pour guider ses Murciennes.

Sa veste de coutil,
le béret de guingois
et le col relevé
en font un homme unique
et pourtant l'un d'entre eux.

Il est des transhumants
qui vivent entre les langues,
préférant aux accents
le grelot des sonnailles
et la marche alourdie.

Il a quitté le nord
et se rend dans le sud,
les poches pleines d'or
que l'on ne peut changer
quand même on le voudrait.

Si sa fortune tinte
dans le noir du coutil,
c'est qu'elle est d'expérience,
de ruisseaux, de genêts,
et non de vil argent.

Vous le verrez bientôt,
au cœur de ce pays,
qui n'a pas de frontières,
s'il a bien des sommets :
la fière Catalogne.











© Lionel Itié

dimanche 8 septembre 2024

Parcours remisé

Sous mes yeux le parcours
de la sortie rêvée
et que le temps chafouin
a soudain repoussée.

La précision des points,
le détail du vignoble,
la chaleur des murets
attendant les passants.

J'ai remisé l'idée,
je la tiens dans ma poche,
rêvant à un dimanche
qui nous y conviera.



Grains de pluie

Entre tes doigts la pluie,
ces grains indéchiffrables
qui font verdir les feuilles.

La source des rivières
et la soif de la mer.
qui se tourne vers elle.

Entre tes doigts l'automne,
l'odeur des feuilles mortes
et le temps qui s'enfuit.

Posta de sol

La terra és a les fosques 
i no s'hi veu ningú.
Les persianes tancades
brunzeixen de converses.

És l'hora del foc fred,
dels vermells i dels grocs.
Si fosquegen els núvols,
és per tancar el quadre.

La vila mira a l'oest,
amb esperança vana.
Aviat vindrà la nit
de passions retingudes.










© Roser Blàzquez Gómez

samedi 7 septembre 2024

Au creux de ton oreille

C'est comme une galène,
une roche en silence
qui brille de son poids,
tout au fond de l'écrin.

Mais elle est si petite
qu'on doit la dédoubler
en haricots magiques
qui entourent l'oreille.

Et les détails reviennent
que l'on croyait perdus.
Les trilles des oiseaux,
le chuchotis de l'eau.

Ma mère s'y complaît,
retrouvant le relief
de nos conversations
autour d'un bon café.

lundi 2 septembre 2024

Marins du passé

La voyelle s'allonge
en disant le pluriel
dans un doux ricochet
que s'inventent mes yeux.

J'aime ces pierres sèches
du musée lapidaire
où le poinçon déchire
la masse du calcaire.

Ici un négociant
exhibant sa puissance
dans le ventre gonflé
de sa corbita lourde.

Et là un enfant seul
de n'être pas aimé,
dans un coin du jardin
réservé aux défunts.

La pierre est une page
où mes doigts impatients
retracent la vie simple
des marins du passé.




Versūs amatorēs

Arte regendus Amor.
                       Ovide
 
L'Amour est un mystère
qui s'amuse des lignes
que lisent les amants
attablés face à face.

Les yeux ne se regardent,
attirés par les lettres
qui se mêlent aux cils,
pénétrant la pensée.

Tu lis un livre ancien
qu'on te prêta naguère.
J'étreins mon cher Ovide
qui me parle de toi.

Pendant qu'on dîne en France,
je savoure tes doigts
qui écrivent en vert
sur un mince cahier.

De tes lettres de menthe
à mes vers incertains,
il y a cette passion
que nul ne peut prédire.

Salle des pas perdus
où glissent des fantômes,
la bibliothèque luit
dans le soir qui se fait.

Et je te sais si proche
qui pourtant es si loin,
passant de page en page,
sans un regard pour moi.




dimanche 1 septembre 2024

Sol ixent

Miraràs cap a l'est,
des del bon port d'Addaia,
com puja el sol ixent
cap a la nuvolada.

L'escuma dels teus somnis,
blanca de tants desitjos,
amb la blavor del cel
emmirallada en l'aigua.

I deixaràs les ones,
cansades de la nit,
portar als teus amics,
l'esperança de l'illa.














© Joan Verger de la Caixa B