vendredi 31 octobre 2025
Terres
Ai-je choisi d'écrire ?
Un arbre perd ses fleurs
jeudi 30 octobre 2025
La danse du poulet
pas celle de la dinde.
Ding ! Dong ! Ding ! Dong !
Le poulet se dandine
mais il ne vole pas.
Ding ! Dong ! Ding ! Dong !
Et la dinde non plus
qui le jalouse un peu.
Ding ! Dong ! Ding ! Dong !
La danse du poulet
au sortir du goûter.
Ding ! Dong ! Ding ! Dong !
mercredi 29 octobre 2025
Les amants de Plailly
samedi 25 octobre 2025
De l'or encore chaud
El campionat d'abans / Le championnat d'avant
La pilota de cuir,
el fang i les baralles.
Jugant cada diumenge,
inventaven rellotges
de dies, no pas d'hores.
El campionat d'abans
a vegades reviu,
tot creuant el carrer,
quan en Fafa retroba
en Jean-Paul el forçut
i s'inventen partits.
jeudi 23 octobre 2025
Cœur bleu pâle
un petit cœur tout tendre.
Une larme de joie
venue d'yeux bleuissants.
Et j'ai tenu ce cœur
dedans ma main si large,
comme un point lumineux
me montrant le chemin.
J'ai refermé mes doigts
et j'ai souri au monde.
Le ciel était bleu pâle
et la pluie rayonnait.
Prune
Je la connaissais peu.
Nous nous frôlions parfois
et nous nous respections.
Elle habitait tes meubles
et franchissait tes portes.
Elle avait pris du vent
les rafales soudaines.
On me dit qu'elle n'est plus.
Qu'elle n'est plus avec toi.
Avec son miaulement
et son pas délicat.
Mais je la sais encore,
encore à vos côtés.
Vous qui saviez l'aimer,
tout au long de l'année.
Elle avait de la lune
la noirceur et le son.
Elle s'appelait Prune.
et c'est ainsi qu'elle est.
Fougère
Combat des jours
Les yeux d'Angelina
Générations d'Y à Z
mercredi 22 octobre 2025
La noieta del banc
entre el banc i l'om vell.
Fingeix de ser dormida
quan li bull el magí.
Imagina l'amor
de la mà d'un galant.
Un galant dels seu barri
amb cabell arrissat.
La noieta ha deixat
un lloc lliure al costat.
Perquè vingui el noiet
amb un ram de floretes.
Orides
il y a longtemps déjà,
avant ce nouveau siècle
qui te ressemble tant.
Tu as fait des combats
les grains de tes poèmes,
ensemençant la plage
d'idées que nous suivons.
Tu étais philosophe
et regardais la langue
comme un monde à construire
en toute égalité.
La rose était un mot
au-delà des pétales,
ce monde à conquérir
que tu nous a confié.
La lumière est en nous
A luz estáem nós: iluminamos.Orides Fontela
La lumière est ainsi
qui joue à cache-cache.
Délaissant les parvis,
elle guette les recoins.
Foin de ces lampadaires
qui découpent les gens
en autant de cadavres
jetés sur la chaussée.
La lumière est en nous
qui jaillit dans la nuit,
dans l'interstice tendre
de lèvres assoiffées.
La lumière est de mots,
de mots et de silence.
Un frôlement discret
qui échappe à l'envie.
Cer le désir est là,
sorti d'entre les pierres,
les sombres sortilèges
d'un limonaire honteux.
Un désir de lumière
qui joue à cache,
dessillant nos paupières
et empourprant nos joues.
À prudente distance
les clés de ton jardin.
J'ai préféré te suivre
dans tes rêves soudain.
Que belle est cette absence
qui nous tient éloignés,
à prudente distance,
le désir éveillé.
Tu as laissé dans ta poche
les sons de mes chansons.
Tu as préféré me suivre
dans mes rêves enfin.
Entre lleixes
A coisa contra a coisa.Orides Fontela
el brasiler modern
de la mà de l'Orides
que dorm entre les lleixes.
Les lleixes del Casino,
la blanca biblioteca
de Manresa la justa,
un matí de tardor.
Les roses són descloses.
Ja ballen totes soles
la samba matinera
la d'una sola nota.
Nous
Da nuces pueris.Gabriel Ferrater
al Pere Figueres
pels meus ulls afamats.
I m'he guardat el nou
abans del precipici.
La vírgula infinita
que tanca cada vers,
invitant el poeta
a caminar tot sol.
La novetat insigne
és de nou i de nous.
Les fruites del verger
amb el brot de l'instant.
De ciment i de vidre
Basta o profundo serem que a rosa descansa.Orides Fontela
M'ha vingut una rosa
de ciment i de vidre.
Una rosa bonica
dels murs de l'hospital.
Acompanya sa mare
del matí a la nit.
Una rosa desclosa
que somriu a la vida.
Amb una cullereta
li dona de menjar
unes trumfes bullides
amb un pessic de sal.
La meva rosa tendra
no para de somniar.
En els llibres de fora
que l'obren a la nit.
A la nit compartida
amb l'amant dels estels
que ve del sud de França
per olorar sa mà.
dimanche 19 octobre 2025
Semblança
amb la llum del Japó.
Els núvols són de tinta
i la mar de platí.
És hora llevantina
mirant cap al matí.
Diumenge de tardor
amb pretensions d'estiu.
M'ho regala el bon Joan,
des de l'illa adorada.
Un clixé matiner
que valdrà tot el dia.
samedi 18 octobre 2025
El bon fricot d'en Fafa
El fricot de la nit.
Fricot de remembrances
de la iaia adorada.
La cassola de fang,
la trumfa, el costelló,
uns brins de julivert
i l'amor de la iaia.
El bon fricot d'en Fafa,
la sorpresa del dia.
Un plat de porcellana
i les hores s'aturen.
vendredi 17 octobre 2025
Du saint patron à l'enfant nouveau-né
Saint Augustin
Il était, disait-on,
le seul à pouvoir lire
tout seul dans sa conscience
sans prononcer les mots.
Il était de la langue
un gardien audacieux
et comme Saint Jérôme
il en buvait le suc.
Un jour, il y a longtemps,
je fis un cours sur lui.
Je délaissai l'espace
pour partager son temps.
L'opposant à Bergson
je saisissais alors
l'immense intelligence
des sages méditant.
Bien des siècles ont passé
et les langues ont changé.
Mais du bon saint d'Hippone
je garde la leçon.
En voyant Augustin,
serein dans son berceau
et fermant ses beaux yeux
pour mieux goûter la vie,
je songe à ses parents
qui, en le prénommant,
firent du philosophe
un gardien avisé.
Et quand sur le drap tendre
je saisis une pointe
d'un bonnet orangé
qui le garde du froid,
je sens le saint patron
qui en silence lit
du petit Augustin
la vie qui se construit.
mardi 14 octobre 2025
Castell horitzontal
castell de mans i passes.
De la porta de Salses
al noble parlament.
No coneix cap frontera
i s'enfaixa solet.
Ses camises són mil
i tots sou enxanetes.
Descarregant castells
pels pobles del país
heu après a lluitar
per la independència.
La pinya ho és tot.
Els camins són castells
per animar la gent.
Països catalans,
països d'una llengua
on ningú no existeix
si no viu amb els altres.
Valuosa convivència
que trenca les barreres
i fa de les muntanyes
el ferment del demà.
Castell horitzontal,
castell de bona gent.
De la porta de Salses
al noble parlament.
vendredi 10 octobre 2025
Detrás de la corbata
que j'ai toujours aimé
dans de menus détails
qui parsèment les jours.
Un souvenir soudain :
nous revoilà enfants,
faisant des macaquaises
sur les lits appariés.
Merveille de maman
qui vit encore en nous
et couve ses deux fils
de son amour sans fin.
Le rire de Maguie
le rire du bonheur.
Un rire se moquant
bien du qu'en-dira-t'on.
Le rire de ma tante
et ses cheveux bouclés.
Ses lunettes épaisses
et ses mains tricotant.
Le rire de Guiguite
m'est revenu soudain,
alors que je lisais
les poésies de l'oncle.
jeudi 9 octobre 2025
Surcroît
Un lendemain d'anniversaire
mardi 7 octobre 2025
Callistemon
dolces inflorescències,
collides per la mà
de la meva estimada.
Un regal delicat
que prossegueix l'encant
de la seva presència
al meu palau de vidre.
Callistemon vermell
com una flor siamesa
unint les esperances
d'uns nuvis de paper.
Un foyer de papier
samedi 4 octobre 2025
Apéritif
pris sur la table ronde,
il ouvre l'appétit
et pose le rituel.
Dans les assiettes plates,
la danse des saveurs.
Le salmis de pintade,
les champignons sautés.
Les fromages par trois
dont celui singulier
qui fait de l'abricot
un réhausseur de goût.
Mais l'appétit qui s'ouvre
a besoin de l'après.
Du canapé moelleux
où la langue pétille.
Un trait de citronnade,
des livres partagés
et le passé renaît
au fil de nos devis.
Cremallera oberta
Veles
vendredi 3 octobre 2025
Un salmis de pintade
De la faïence rose
ornée de végétaux
et en son cœur tiédi
un salmis de pintade.
Une cuisse jolie
et une fricassée
d'odorantes girolles
cueillies dans la fraîcheur.
Ainsi fut le repas
de mes amis choisis.
Une table de fête
avec mille devis.
Xofars de l'esperança
xofars de l'esperança,
que feren caure els murs
després de la batalla.
Són banyes del passat,
del llibre desaprès
per qui castiga els homes
insultant a llur Déu.
Les banyes del present
són uns vaixells petits,
una flotilla plena
d'honor i de respecte.
Els han empresonat
i ja jeuen les barques
mes són llavors de vida.
... I caurà Jericó.
Amb la T del desTí
que poT enamorar.
TronTolla el funcionari,
Tecleja malamenT,
posanT una denTal
on esperaven ela,
com per preveure un dia
un enconTre sobTaT.
El meu amic en Joan,
me'n brinda el moT Tendre.
La KeTly del seu cor
fa brillar l'alfabeT.
Tout plein de pleins
À Laurence & Olivierdu Café de France
C'est une ritournelle,
une chanson légère,
la rengaine jolie
d'un café de l'automne
accueillant Isidore
et les passants du jour.
Le catalan s'y donne
en accents impétueux.
Assis sur la banquette,
j'écoute et me régale.
Que l'automne est joli
perçu depuis la salle.
La chanson est partie,
je la porte avec moi,
avec tout plein de pleins
pour enchanter mon cœur.
jeudi 2 octobre 2025
Apaisement poétique
Inspiration
Harmonie parfaite
Que belle...
Insolente présence
viXCa
Rêves...
lundi 22 septembre 2025
Une grillade familiale
ne tire pas des larmes,
il accueille serein
l'offrande de Victor.
Les côtes sont de veau
et d'un bœuf médaillé.
Les ceps des vieilles vignes
font un lit de rougeur.
Le dîner sera bon
qui nous rassemblera
dans la ferveur d'un soir
où nous serons unis.
Nous le célébrerons
en pensant à Mamie
qui surnommait Victor
son petit marmiton.
Dins els ulls de la nora / Dans les yeux de la bru
i l'espelma vermella.
La pregària és senzilla
en la capella vella.
És dia de tristor,
és dia d'alegria.
entre final d'estiu
Colors de Catalunya
i colors de Marisa.
El record de la sogra
dins els ulls de la nora.
L'escena és al Miracle,
on resa el santuari
per les persones bones
que han deixat els seus.
***
Les fleurettes sont jaunes
et rouge est la bougie.
La prière est si simple
dans la vieille chapelle.
C'est un jour de tristesse
et c'est un jour de joie,
quand l'été est fini
et l'automne commence.
Les couleurs catalanes,
les couleurs de Maryse.
La belle-mère vit
dans les yeux de sa bru.
La scène est au Miracle,
où prie le sanctuaire
pour les bonnes personnes
qui ont quitté les leurs.
Un monument discret
per publicar l'amor
que sent una noieta
per un noi del seu poble.
Un grapat de pedretes,
unes fulles de roure.
Una lletra elegant
que es vol inesborrable.
El còdol que és al mig
té forma del seu cor.
El cor de la noieta
d'on raja tinta pura.
Un lieu discret
pour écrire matin,
à l'heure où les clients
occupent la terrasse.
J'y compose parfois
dans mes deux langues mères,
puisant dans l'atmosphère
l'impression de l'instant.
Le sourire de Jade
et la voix de Fafa.
Le comptoir où l'on vient
refaire sa journée.
Les sénateurs dehors
donnent à l'intérieur
le crédit nécessaire
pour s'y sentir chez soi.
Les tabourets sont hauts
qui attendent les heures
où l'on dégustera
des bières et du Byrrh.
Mais pour l'instant j'écris
devant un café noir
en songeant à ceux qui
après moi y boiront.
vendredi 19 septembre 2025
Vingt septembre
au début de l'automne,
elle est née d'Antoinette
un matin de septembre.
C'était un samedi
et son père servait
les clients habituels
dans leur petit café.
À la fin de l'été,
au début de l'automne,
je sens grandir en moi
sa présence discrète.
mercredi 17 septembre 2025
Trombones oubliés
que je fis à ma mère.
Un jeu d'attache-lettres
pour classer ses papiers.
Des trombones pour rire,
des boucles argentées,
serrées dans une boîte,
dans un ennui discret.
À lequel échoira
un hasard profitable,
celui d'être choisi
pour classer des papiers ?
Mais ma mère n'est plus
et la boîte est fermée.
Dans le noir du buffet,
elle attend sa lumière.
lundi 15 septembre 2025
Un bouquet pour Yuki
je ne la connais pas.
Une amie du quartier
de mon cousin second.
Elle est un pont léger
entre deux langues sœurs
qu'unit l'humanité
et disjoint la graphie.
Elle va de l'une à l'autre,
cueillant des fleurs françaises
pour un faire un bouquet
à porter au Levant.
Elle s'appelle Yuki,
je ne la connais pas,
mais Thierry la connaît
qui lui offre un bouquet.
samedi 13 septembre 2025
TOUT ÇA / TOT AIXÒ
J’ai vu tomber en cascade des flocons immenses et blancs
comme un chapelet macabre de pétards... qui une fois au sol brûlaient tout ;
et alors,
j’ai vu les hôpitaux submergés par un courant constant
de corps blessés entrant dans ce courant incessant.
J’ai vu se dresser les paumes, se dresser la prédication, et... aussitôt après,
j’ai vu tomber sur ces mêmes espérances... des dizaines,
des centaines de kilos de bombes et d’armement ;
et alors,
j’ai vu le sol d’une école tapissé
d’une étendue de linceuls d’un blanc immaculé.
J’ai vu des nuages de feu, des nuages de poussière, des nuages de cendre,
parce que tout n’était que fleurs brûlées, oliviers brûlés, personnes brûlées ;
et alors,
j’ai vu des ambulances avec des moribonds, des blessés, des infirmiers...
des ambulances prises au pièges dans des rues intentionnellement picorées.
J’ai vu couper l’électricité et couper l’eau. J’ai vu s’éteindre la voix
et se fermer les yeux, la vie de deux-cents journalistes, un par un.
J’ai vu l’élimination chirurgicale par les snipers :
universitaires, designers, docteurs, artistes, professeurs... poètes ;
et alors,
j’ai vu le drone, ce jouet des tueurs à gages, faire feu,
faire feu sur un jeune à bicyclette.
J’ai vu la séparation des corps dans une large file :
les femmes et les enfants à gauche, les hommes à leur droite... les hommes marchant.
Et ces hommes je ne les ai pas revus.
J’ai vu des dizaines de bras maigres se tendre avec des casseroles, des écuelles multicolores,
dans l’attente d’une louche d’eau avec quatre grammes de riz ;
et alors,
j’ai vu des enfants mangeant de la nourriture pour chien, mangeant de l’herbe, mangeant du papier et des pierres... et buvant de l’eau des flaques de la mort.
J’ai vu les intempéries dans les maisons, les intempéries dans les tentes,
les intempéries dans les rues de la mort...
et alors,
j’ai vu des pêcheurs mitraillés sur la plage
et des corps écrasés par la chute de caisses de biscuits secs
du haut de deux avions.
J’ai vu des bébés en chair et en os agoniser dans des couveuses, comme des urnes
transparentes.
J’ai vu des congélateurs de glace transformés en morgue où s’empilaient des corps ;
et alors,
j’ai vu des mains, amputées, des bras amputés, des jambes amputées...
comme on ampute l’espoir.
J’ai vu des pères et des mères gratter le sol et les murs pour en sauver des vies...
d’un, de deux, d’innombrables immeubles effondrés ;
et alors,
j’ai vu de petits yeux et de petites mains suppliant pour leur corps emmuré,
piégé entre les pages du livre d’un futur définitivement cimenté.
J’ai vu les quinze membres d’une même famille (grands-parents, parents, fils, nièces, oncles)
fauchés d’un seul coup par la faux d’une haine acharnée ;
et alors,
j’ai vu accroché au fer forgé d’un immeuble éventré,
et qui se balançait, le corps d’un jeune, là-haut, au quatrième étage… et qui se balançait.
J’ai vu bombarder des écoles, des universités, des mosquées,
et jusqu’à des cimetières rasés et profanés.
J’ai vu de profondes et longues excavations dans le sable,
avec des dizaines de corps dans les linceuls bleus… impunément rangés ;
et alors
j’ai vu des chats, des chiens, des mules et des chevaux… honteux et désorientés.
J’ai vu aller d’ici à là et de là plus au-delà,
des milliers de personnes marchant en caravane.
J’ai vu des orphelins sans chaussures et sans pain ;
et alors,
j’ai vu deux frères le visage tout blanc abattus
au moment de grappiller la farine d’un sac.
J’ai vu ces mêmes hôpitaux, vus il y a maintenant un an,
rasés, bombardés et effondrés ;
et alors,
j’ai vu deux sacs poubelles contenir
les restes humains de frères de sang.
J’ai vu une fois, deux fois, trois fois se dresser une main ensanglantée
voter contre un cessez-le-feu, voter contre un cessez-le-feu ;
et alors,
j’ai vu s’étendre le siège de la violence,
et, comme une immense toile d’araignée, s’étendre le siège de la faim.
Derrière tout cela j’ai vu mourir un monde et renaître une bête :
la bête éternelle.
Et tout ce que j’ai vu,
tout ça nous l’avons tous vu.
Et tout ce que j’ai vu
les autres l’ont aussi vu.
TOT AIXÒ, poème de Neus Purtí Cirera @neuspcirera mis en musique par Sebe Helde
traduit du catalan par Michel Bourret Guasteví
He vist una caiguda en cascada de volves immenses i blanques
com una mascletà macabra … que en tocar terra tot ho cremava;
i llavors,
he vist els hospitals regats per un corrent constant
de cossos ferits entrant dins el corrent incessant.
He vist aixecar els palmells, aixecar la prèdica, i… tot seguit,
he vist caure sobre aquells mateixos anhels… desenes,
centenars de quilos de bombes i d’armament;
i llavors,
he vist el terra d’una escola encatifat
amb una estesa de mortalles d’un blanc immaculat.
He vist núvols de foc, núvols de pols, núvols de cendra,
perquè tot eren flors cremades, oliveres cremades, persones cremades;
i llavors,
he vist ambulàncies amb moribunds, ferits, infermers…
ambulàncies atrapades entre carrers intencionadament picotejats.
He vist apagar el llum i apagar l’aigua. He vist apagar la veu
i apagar els ulls, la vida de dos-cents periodistes, d’un en un.
He vist la quirúrgica eliminació dels franctiradors:
catedràtics, dissenyadores, doctors, artistes, professors… poetes;
i llavors,
he vist el dron, la joguina dels sicaris, disparant:
disparant sobre un jove amb bicicleta.
He vist la separació dels cossos en llarga filera:
dones i canalla a l’esquerra, homes a la seva dreta… homes marxant.
I a aquests homes ja no els he tornat a veure.
He vist desenes de braços prims allargant-se amb cassoles i palanganes multicolors,
esperant un cullerot d’aigua amb quatre grams d’arròs;
i llavors,
he vist nenes menjant menjar de gossos, menjant herbes, menjant paper i pedres
… i bevent aigua dels bassals de la mort.
He vist la intempèrie de les cases, la intempèrie de les tendes,
la intempèrie dels carrers de la mort…
i llavors,
he vist el metrallament d’uns pescadors vora la platja,
i l’aixafament de cossos per la caiguda d’unes capses de rònegues galetes
des de dalt d’un parell d’avions.
He vist uns nadons de carn i ossos agonitzant dins incubadores, com a urnes
transparents.
He vist frigorífics de gelats a mode de morgue on s’hi han apilat uns quants cossos;
i llavors,
he vist mans, amputades, braços amputats, cames amputades…
com qui amputa l’esperança.
He vist pares i mares gratant el terra i les parets per sostraure’n vida…
d’un, de dos, d’incomptables edi cis esfondrats;
i llavors,
he vist uns ullets i unes manetes suplicant pel seu cos emparedat,
atrapat entre pàgines d’un llibre d’un futur ara cimentat.
He vist els quinze membres d’una mateixa família (avis, pares, lls, nebodes, oncles)
segats d’un sol cop per la falç d’un odi contumaç;
i llavors,
he vist agafada d’un ferro de forja d’un edifici esventrat,
el cos oscil·lant d’una ànima jove, allà, a la quarta planta… oscil·lant.
He vist el bombardeig d’escoles, d’universitats, de mesquites,
i fins els cementiris arrasats i profanats.
He vist profundes i llargues excavacions a la sorra,
amb desenes de cossos amortallats de blau… impunement arrenglerats;
i llavors,
he vist gats, gossos, mules i cavalls… avergonyits i desconcertats.
He vist anar d’aquí cap allà, i d’allà cap a més enllà,
a milers de persones caminant en caravana.
He vist orfes sense sabates i sense pa;
i llavors,
he vist dos germans amb el rostre emblanquinat abatuts
en el moment d’espigolar la farina d’un sac.
He vist aquells mateixos hospitals, vistos ara fa un any,
arrasats, bombardejats i esfondrats;
i llavors,
he vist dues bosses d’escombraries contenir
les restes humanes d’uns germans de sang.
He vist una, dues, tres vegades aixecar-se una mà ensangonada
votar en contra un alto el foc, votar contra un alto al foc;
i llavors,
he vist estendre’s el setge de la violència,
i, com una immensa teranyina, estendre’s el setge de la gana.
Rere tot això he vist morir un món i renéixer una bèstia:
la bèstia de sempre.
I tot això que jo he vist,
tot això ho hem vist tots.
I tot això que jo he vist
també ho han vist els altres.
 
















