jeudi 25 décembre 2025

Poinsettia de Noël

Comme l'aurait souhaité
notre bonne maman,
son poinsettia chéri
rayonne en ce jour saint.

Des mois de soins constants,
ont tiré de ses feuilles
la rougeur nécessaire
pour accueillir Noël.

Et je songe à ses nuits
drapées de velours sombre
pour faire éclore en lui 
un vermillon superbe.



Matin de Noël

Un père avec sa fille.
Vincent avec Clémence
et l'enfant nouveau-né
illumine la crèche.

C'est un jour de naissance
dans un bourg de l'Auvergne.
Un Seigneur nous est né
au creux d'une mangeoire.

La fille nous sourit
dans les bras de son père.
Que belle est la culture
passant de main en main.











photo : Carolane

Formosa Germalina

Camines per l'escena
amb peücs de paper.
Ets una dona humil
que sap de la pobresa.

A dintre del teu cor
brilla un milió d'estels,
la voluntat constant
de complaure el Senyor.

Formosa Germalina
ta bellesa és de l'ànima.
Quan surtis de l'escena
t'escriuré mil besades.



Los amantes del coche

Los amantes del coche,
pareja de la noche,
con la cara risueña,
pareja navideña.

Han enviado a la madre
un mensaje de amor.
El amor a la vida
con su vida de amor.

Los amantes del coche,
mensajeros de paz,
circulan por las calles
con repartos de Globo.




















foto: Jay 

Voyelle vive

J'ai placé sur ton mur 
une voyelle vive.
La forme de tes lèvres
tressée de mille fleurs.

Et j'en ai fait la source
de mes vers de la nuit
me glissant à l'oreille
le prix de chaque chose.

Un ''O'' d'étonnement,
un cri de joie soudaine.
Ton sourire d'enfant
riant devant ma voix.

mercredi 24 décembre 2025

Bon Nadal / Joyeux Noël

D'entre la boira espessa
he vist sortir l'Infant
amb corona de gebre
i llavis de robí.

És un savi en petit
que domina la llengua,
no pas els sons distints
mes la veu de tothom.

Aquesta veu callada
que cadascú té a dintre.
Una veu de concòrdia
que nos diu Bon Nadal.

***

D'entre la brume épaisse
j'ai vu sortir l'Enfant
tout couronné de givre.

C'est un sage en petit,
qui maîtrise la langue,
non pas les sons distincts
mais la voix de nous tous.

Cette voix silencieuse
que chacun porte en lui.
Une voix de concorde
qui dit Joyeux Noël.








photo : Vincent Bourret

Liminaires

J'ai laissé le miroir 
pour prendre le chemin,
en délaissant mes rêves 
pour les rêves d'un autre.

Le père d'un jeune homme 
installé à Cachan,
ayant pour viatique 
les songes de son père.

Et je goûte ses mots,
le massepain de l'encre. 
Je ralentis mes pas 
en marge du récit.

Autobiographie
un bel hexasyllabe 
qui fait naître des vers 
au milieu de la prose.

J'ai quitté ma chasuble, 
mon chapeau, mon coutil
pour épouser le fil
du tissu de Willy

et je suis bienheureux
sur la route du livre.
La nuit peut bien attendre
avec son Nouveau-né.

Avant le soir tombé

À Camille & Jérôme

J'ai reçu des enfants 
des présents essentiels :
le livre avec le vin,
le vin avec le livre.

La terre enracinée 
et l'homme qui voyage.
La marche infatigable
et le vieillissement.

Le tanin des coteaux
et l'encre du Gabon.
Les plaines et les champs
qui fondent le récit,

la glaise limoneuse
qui retient les parfums,
avant le soir tombé
où rêvent les buveurs. 

mardi 23 décembre 2025

Papillons légers

Me taire et deviner.
Deviner tes pensées
et les mots qui en naissent.

Des papillons légers
aux ailes mousselines
toutes veinées de gris.

Des portées pour écrire
les chansons fredonnées
et les amours heureuses.

Me taire et puis t'écrire,
sans cesser de penser
à ces mots qui s'envolent. 

lundi 22 décembre 2025

Frappe

Des doigts qui frappent
et du texte qui naît,
je retiens la caresse
première

                de leur pulpe
sur ton dos, au soleil,
face à la mer si lente.

Si les lettres sont noires
et le fond est si blanc,
pourquoi la nostalgie
qui s'y déploie

          me bouleverse-t-elle ?

Le souffle du silence

C'est au creux des silences
que se niche ce souffle
qui a de l'amitié
la force et la constance.

Il est l'ombre légère
de l'âme sa compagne
et sourit à l'envi
sans qu'on le lui demande.

Le silence est ainsi
que l'on prend pour l'oubli,
alors qu'il se repaît
des vestiges du temps.



Xicot / Un gamin

És un noi eixerit,
el xicot de sa mare
o de son estimada.

Porta faixa vermella
amb un barret de feltre.
Presumeix a les fires.

És un noi ben nostàlgic.
Sap que el seu posat bell
no l'eximeix de ser vell.

***

C'est un jeune débrouillard,
le préféré de sa mère
ou de celle qui l'aime.

Il porte ceinture rouge
et un chapeau de feutre.
Il fait le coq dans les foires.

C'est un jeune un brin nostalgique.
Il sait que sa fière allure
ne lui épargne pas de vieillir.

samedi 20 décembre 2025

Instants

Le temps a beau passer,
j'en aime les instants.
Ma fille souriant
tout contre une beauté.

Et j'aime ce moment
qui la rend si présente
dans un instantané
que m'envoie sa maman.

Que le temps soit prodigue
en ces petits miracles. 
Le sel de cette vie
naît de tous ces instants.

De Jean à Jésus

À mon cher fils Vincent

Il faut que je défaille
pour que tu montes enfin.
La perte de mes heures
porte en germe les tiennes.

Je succombe au néant
et me crève les yeux
pour que tu sois l'orient
du soleil à venir.

Je suis Jean le Baptiste
et toi Jésus le Grand.
Quand tu fructifieras,
on m'emprisonnera.

Ma tête décollée,
je serai le prophète
des siècles à venir,
de solstice en solstice  

Mais c'est toi qu'on verra,
Jésus de Nazareth
et c'est moi qu'on taira 
pour que tout s'accomplisse 

Le boulanger n'est plus

Le boulanger n'est plus
qui régalait les gens
de la mie de son pain.

Et sa porte est fermée
qui naguère accueillait
un chat dans son fournil.

Le boulanger n'est plus
et le village pleure
les miettes disparues.



Douceur d'un soir

Mais qu'il est doux de voir
son fils devenir père,
au fil des mois qui passent 
au bras de son élue.

Et je cueille le soir
des milliers d'éclats vifs
dans les yeux de leur fille
et la voix de leur fils.  

Mais que la vie est belle
qui me laisse un répit
pour apprendre à chaque heure
de mes petits enfants.

Papier peint

Il est un papier peint
qui cherche la couleur
dans le cœur de chacun.

Il suffit d'un moment
et d'une voix qui danse
pour le voir s'envoler.

Et puis la voile blanche 
s'en va doucettement
dessus la mer de Chine

et son encre limpide
qui fait rire les jeunes
et rêver les anciens.

Le limonaire de Noël

Les contes de mon frère
attendaient sagement
qu'il ouvre leur volume
et qu'il leur donne voix.

Au mur quelques clichés,
tirés d'entre leurs pages, 
et puis dans chaque oreille
une jolie musique.

Comme une manivelle
opérant lentement,
Il fait naître des sons
de son beau limonaire.

Et la magie opère 
Et le passé revit.
Un petit parapluie
est un tapis volant

qui vole prestement
de la blancheur du lieu
à l'esprit de chacun
et à la joie de tous.

J'imagine sans peine
la scène dans sa voix
et notre bonne mère
nous serrant fort le bras.


Photo : Alicia Defendini




jeudi 18 décembre 2025

Du laurier aux chevaux

À L. et Ph.

Elle a nom de feuillage
et lui de chevaux fous.
Elle cultive des fleurs
et lui des amitiés.

Les amants de Saint Jean
leur en seraient jaloux
mais ils n'en ont que faire
au cœur de leur village.

Après la Saint-Sylvestre
et le début de l'an,
ils iront dans une île
savourer leur amour. 

El batlle sense batllia

És un prohom del poble,
un batlle sense vara.
Coneix els comerciants
i la gent del carrer.

El seu ajuntament
és una sala gran
on parlem de partits
mes pas dels elegits.

Parlem de sis nacions
i d'un gran club de rugbi.
Portem al cor senyeres
amb un got de vi bo.

Galopins

Des ballons de douceur,
passant de main en main
et un nom singulier
venu des brasseries

où les jeunes garçons,
courant de table en table,
s'arrêtaient un instant
pour écluser un verre.

De la bière légère
dans un verre en ballon.
Une pause bien fraîche
avant de repartir.

Les larmes de Florent

À F. L. respectueusement

Ce sont des larmes chaudes,
des larmes d'émotion.
Comme un bambou tranché
passant de main en main.

Le souvenir soudain
d'un ami parti loin,
dont un crochet retient
la présence éternelle.

Un joueur de rugby
et sa tenue posée
dans un vestiaire blanc
du stade Georges Vaills.

J'ai vu couler les larmes
de l'ami de toujours.
Et j'ai senti une ombre
l'appeler tendrement.

jeudi 11 décembre 2025

Visita caramel⋅litzada

Un grapat de colors
i tota una mà plena
de dolçor en paper
per alegrar la tarda.

Un regal de la Fina
tot caminant plegats
entre la fusta clara
i els arbres del Jardí.

Uns vaixells ensucrats
per vogar pel full blanc
d'aquarel⋅les dels camps
i dels boscos silents.

Una hora de passeig
amb sabor de pinyons,
sota la capa tendra
d'un caramel marró.



lundi 8 décembre 2025

Roser

Elle est celle que j'aime.
Elle est ce que j'ignore
et qui me vient soudain
ou progressivement.

Elle est l'indépendance,
le sentier dans les bois,
et la marche plus lente
aux côtés de l'aimé.

Elle est l'inattendue,
jamais l'inespérée,
car ses pieds sont sur terre
et son cœur dans le ciel.

Elle a cinquante-cinq ans
et moi soixante-six.
Que d'étranges miroirs
sur le tapis de jeu.

Elle écrit des romans
et moi des poésies.
Que j'aime la symbiose
de nos écrits distincts !

Elle ne croit qu'au présent
et jamais aux chimères.
Et moi je crois en elle
et au sort qui nous lie.

dimanche 7 décembre 2025

Si les tables parlaient

Si les tables parlaient
d'entre mille fissures,
si elles nous racontaient
les soirées du café...

Les joies des habitués
et les pleurs de certains
que la malefortune
a frappés un matin.

Si elles nous racontaient
les encas partagés
le vin, les cochonnailles
et le pain d'à côté.

Si les tables parlaient
du chiffon qui efface
les peines et les joies
quand la journée se clôt.

Si les tables parlaient,
elles se feraient poète
et je vous quitterais
sur la pointe des pieds.

Martine à Can Fafa

Martine est la fidèle,
la fidèle du lieu.
Elle vient le matin
et salue tout le monde.

Et que seraient les murs
du café s'éveillant
sans ce sourire franc
qui souhaite le bonjour ?

Martine dit le temps
de l'automne joli
comme une éphéméride
dont elle nous lit les pages.

Franck

Il est l'homme du seize,
du seize de janvier.
Il porte en lui l'histoire
de la cité verrière.

Les courses de l'enfance
et la vie des cafés,
les serres effondrées
sous le poids de la neige.

Il m'invite à sa table
manger des cochonnailles.
Des pâtés d'un chasseur
qu'on nomme Léonard.

Et en quelques minutes
je sens l'odeur des champs
s'inviter à la table
où Franck nous a parlé.

Un repas fin

Le jour n'est pas si loin
où le lieu tant aimé
ne sera plus à nous.

Nous avons décidé
d'un ultime repas,
pas vraiment de la fin.

Plutôt d'un repas fin.
Une occasion ultime
de poser nos regards

sur la nappe si jaune
qui nous a réunis
autour des grands-parents.


Rendez-vous le mardi 30 décembre
à midi chez Mamie. 

Els poetes són ells / Ce sont eux les poètes

Asseguts a la taula
de fusta clara i vella,
han donat a les pàgines
la calor dels seus dits.
Els poetes són ells.

Tres tasses de cafè,
blanques i elegants,
abandonades de cop
pel plaer de llegir.
Els poetes són ells.

Quin honor de los veure,
cadascú amb sa vida,
dedicant un quart d'hora
als meus versos lleugers.
Els poetes són ells

***

Assis à la table
de bois clair et vieux,
ils ont donné aux pages
la chaleur de leurs doigts.
Ce sont eux les poètes.

Trois tasses de café,
blanches et élégantes,
abandonnées soudain
pour goûter la lecture.
Ce sont eux les poètes.

Quel honneur de les voir,
chacun avec sa vie,
consacrant un quart d'heure
à mes vers légers.
Ce sont eux les poètes.













photo : Philippe Farriol

vendredi 5 décembre 2025

Een groot hopveld

L'idée leur est venue
de planter en banlieue
un beau champ de houblon,
een groot hopveld.

Comme un vaste miroir
de la Flandre lointaine
moins pour brasser la bière
que pour cueillir des fleurs.

Des fleurs des Pays-Bas
de celles qui s'amusent
à caresser le haut
des vieux estaminets.

Et à Palau del Vidre
tout contre le lac gris,
un beau champ de houblon,
een groot hopveld.

Les onze a Can Fafa / Onze heures à Can Fafa

L'isidore i l'André
al costat de ma taula
comparteixen cafè
tot xerrant de la vida.

La calor de l'atmòsfera
en fa com un melic.
Un recer de tendresa
per esperar migdia.

Un rellotge de mots
amb accent de Palau.
Els còdols blancs del Tech
i l'aigua del Tanyari.

***

Isidore et André
à côté de ma table
partagent un café
en parlant de la vie.

La chaleur de l'ambiance
en fait un ombilic.
Un abri de tendresse
pour attendre midi.

Une horloge de mots
avec l'accent de Palau.
Les rochers du Tech
et l'eau du Tanyari.

jeudi 4 décembre 2025

Proximité stellaire

Mais que l'étoile est proche
dans les bras de papa...
On la croyait si loin
en regardant le ciel.

C'est l'étoile des Mages
et celle des enfants.
Elle guide vers Noël
Clémence et Augustin.

Pour célébrer son faste,
les branches du sapin
se sont parées de l'or
des parents bienveillants

et l'arbre entier rayonne
sur la vieille cité
jusqu'à impressionner
son bel observatoire.














foto : Carolane

A recer del vent fred / À l'abri du vent froid

A recer del vent fred,
ben al fons de la sala,
s'han trapat al matí
els vividors tranquils.

Amb el somriure quiet
de Madame Martine,
han començat el dia
xerrant de llurs projectes.

La sortida a Leucate
per a un espertinar.
Una cistella d'ostres
amb vi blanc dels gavatxos.

Han sigut hores bones
amb conversa i somriure.
Una ofrena de vida
per començar desembre.

***

À l'abri du vent froid,
tout au fond de la salle,
réunion matinale
des jouisseurs tranquilles.

Sous le sourire calme
de Madame Martine,
ils ont commencé la journée
en parlant de leurs projets.

La sortie à Leucate
pour un bon casse-croûte.
Une bourriche d'huîtres
avec du vin blanc des gabatchs.

Ça a été de bonnes heures
à bavarder et à sourire.
Une offrande de vie
pour commencer décembre.

mercredi 3 décembre 2025

Deux petites guirlandes

Dans un coin du placard,
deux petites guirlandes,
chiffonnées et oisives.

Brillant de mille épines,
elles rêvent à Noël
et aux feux de la salle.

Un sapin de verdeur,
des nappes chamarrées
et de nombreux convives.

Elles ont longtemps gardé
la pénombre, espérant
retrouver la mamie

qui les en tirerait
pour fêter ses enfants
et toute sa famille,

sur un petit sapin
habilement monté
depuis plus de trois jours.

Mais les heures s'écoulent,
et la mamie ne vient
réchauffer leurs aiguilles

avec ses mots jolis
et ses tendres menottes,
comme à chaque Noël.

Et moi, si maladroit,
dans un Palais de Verre
je m'emploierai comme elle

à donner aux épines
le brillant de la salle
et le feu de son âme.



mardi 2 décembre 2025

Laura

Elle est celle qui passe,
apportant ses bouquets, 
dans des paniers légers
qui nous ouvrent la porte.

Elle est la muse éprise
qui jamais ne s’impose
mais sait se faire aimer
du maître de céans.

Ses enfants sont le vol
des oiseaux sur la berge,
annonçant le printemps
avant de s’en aller.

Elle est celle qui reste
dans le cœur de son homme,
une main sur ses fleurs
et l’autre dans ses rêves.



Le Byrrh et la Guinness

L'un tranquille et sucré,
l'autre gazeuse et amère.
Quel étrange mariage
que celui de ceux-là...

Ils partagent le sombre
et la fierté sereine,
mais ils se tiennent loin
de l'autre à chaque instant.

Ils ont le caractère
des nations du rugby.
Le Byrrh est rocailleux,
la Guinness combattive.

Mais que Dublin est loin
de Thuir la catalane.
Demandez à Fafa,
derrière son comptoir.

Autoportrait au ThinkPad

La tapa del portàtil
és com una cortina
que protegeix la tasca
del poeta enfeinat.

Si no fos per la llum
vermella de la tapa,
no s’assabentarien
de la meva presència.

Teclejo lentament,
tot escoltant la gent.
Els poetes són ells
i jo llur secretari.

***

Le couvercle du portable
est comme un rideau
qui protège la tâche
du poète affairé.

Si ce n’était par la lumière
rouge du couvercle,
nul ne se rendrait compte 
de ma présence.

Je frappe lentement,
en écoutant les gens.
Ce sont eux les poètes
et moi leur secrétaire.

Acta est fabula

C’est un curieux rideau
qui ferme le café.
Un long tissu de pourpre
comme dans les théâtres.

Le jour on ne le voit.
La nuit on le devine,
quand la porte est fermée
avec son verre épais.

J’y ai vu comme un signe
du théâtre du monde.
Les acteurs repartis,
la pièce est terminée.

Une odeur de violettes

La saison est passée.
Les belles étrangères
ont laissé en partant
une odeur de violettes.

Et le rideau tiré,
dans la nuit de Palau,
il me semble sentir
un parfum des plus fins.

C'est la senteur violine
des dames de jadis,
l'empreinte de leurs pas
dans le village froid.

Andreu / André

És l’escultor dels pins
que rodegen el poble.
En treu el cor vivaç
per esculpir pilotes.

Uns ous de fusta clara
cap a pals  invisibles.
L’escultor dels pins clars
és la nostra memòria.

Diu que no ha llegit mai
cap llibre en la seva vida.
Mes n’escriu un grapat
amb les vetes del pi.

***

C’est le sculpteur des pins
qui entourent le village.
Il en tire le cœur vif
pour sculpter des ballons.

Des œufs de bois clair
vers des poteaux invisibles.
Le sculpteur des pins clairs
est bien notre mémoire.

Il dit qu’il n’a jamais lu
aucun livre dans sa vie.
Mais il en écrit un tas
avec les veines du pin.

L'amic sense nom / L'ami sans nom

És l'amic sense nom,
és l'amic de la barra.
La discreta presència
que em serveix de rellotge.

No l'he vist mai cridar
ni parlar amb disgust.
Té la mirada clara
de qui ha viscut molt.

Avui parla de rifla,
de la rifla propera.
S'ha convertit de sobte
en un bon assessor

***

Il est l'ami sans nom,
c'est l'ami du comptoir.
La discrète présence
qui me sert de pendule.

Je ne l'ai jamais vu crier
ni parler contrarié.
Il a le regard clair
de ceux qui ont beaucoup vécu.

Aujourd'hui il parle de rifle,
de la rifle prochaine.
Et le voilà transformé
en un bon conseiller. 

Gens pressés

Il y a des gens pressés
qui ne font que passer.
Ils aiment la fraîcheur
de la terrasse ombreuse.

Ils oublient un moment
que le temps toujours file.
Et puis ils se relèvent
et courent jusqu'au bar.

Les doigts dans leur gousset
ils tirent des piécettes
et sont déjà partis
sans un regard pour nous.

Senyera i estelada / Drapeau et bannière étoilée

La senyera és del club,
l’estelada és del cor.
La senyera ens escalfa
a l’hora dels partits.

És el mirall immens
dels mitjons dels jugaires.
I Can Fafa es transforma
en altre Aimé Giral.

L’estelada és l’emblema
del cafè des de fora.
I qui passa pel poble
ve caure la frontera.

El combat de fa poc
pels presos polítics
i la llengua per sempre
al cor dels catalans.

***

Le drapeau est du club
et l’étoile est du cœur.
Le drapeau nous réchauffe
à l’heure des grands matchs.

C’est le miroir immense
des chaussettes des joueurs.
Et Can Fafa se transforme
en un autre Aimé Giral.

L’étoile est l’emblème
du café du dehors
et qui passe dans le village
voit tombre la frontière.

Le combat d’il y a peu
pour les prisonniers politiques
et  la langue à jamais
au cœur des Catalans.

lundi 1 décembre 2025

Uniformes

Du jaune et de l'orange,
des rangers de cuir noir.
Des taches de ciment
sur les manches épaisses.

Nul fusil à l'épaule.
Des pelles, des balais,
attendant sagement
dans le camion garé.

J'aime ces uniformes
qui parlent de rugby,
raillant un carton rouge,
donné hâtivement.

Les soucoupes s'agitent
sur le comptoir en bois
comme pour appuyer
leurs propos d'après-match.

Dix heures ont sonné
au clocher du village.
et le jour se colore
de jaune et puis d'orange.

Une vieille radio

Un buffet Henri II,
dans un coin de la salle,
accueille des bouteilles,
un casque et des paniers.

Une radio Philips,
un vieux poste à galène.
Comme un meuble attendant
d'impossibles joyaux.

Et parfois quand j'écoute
une salsa cubaine,
elle me semble venir
du fond de ses entrailles.

Jordi Barre

Jordi vit chez Fafa. 
Il a déjà sa rue,
dont la plaque rutile
au fronton de la salle.

Et je sais que le soir,
dans le secret du lieu,
il fredonne parfois
chansons et ritournelles.

Le public est choisi.
Une seule personne,
descendue de là-haut
pour écouter sa voix.

Maryse Guasteví,
fille du café rouge,
qui aimait Georges Barre
au sortir de la guerre.

Les années ont passé,
elle ne s'en souvient plus,
mais les chants de Noël
lui parlent de Jordi.

dimanche 30 novembre 2025

Drapeaux au plafond

Mais que sont les drapeaux
qui pendent au plafond ?
Des oriflammes fiers
saisis à l'ennemi ?

Ou plutôt les bannières
de nos nations amies ?
Que la Bretagne est grande
saisie depuis la salle !

Parfois un vent coulis,
entrant au débotté,
les fait trembler un peu
sans que nul les regarde.

Silencis / Silences

M'agraden els silencis 
dels homes de la barra.
Tenen l'esguard serè
com recordant històries.

Històries del passat.
Mes no me'n diran res.
Em saluden i miren
l'or tendre del seu got.

S'asseuen a la barra,
més bé als tamborets,
com baixant d'un cavall
a l'hora de sopar

***

J'apprécie les silences
des hommes du comptoir.
Leur regard est serein,
chargé de tant d'histoires.

Histoires du passé.
Ils ne m'en diront rien.
Ils me saluent, les yeux
sur l'or tendre du bock.

Ils s'asseoient au comptoir,
plutôt aux tabourets,
on dirait qu'ils descendent
d'un cheval pour dîner.

Camí de Puig Rodó

Canta mon estimada
camí de Puig Rodó.
Un dia de novembre,
un diumenge glaçat.

Ha pujat amb amics
de la coral Corxera,
per preparar les festes
de Nadal i Cap d'Any.

Del nin ros al Ninou
faran un bon camí
amb notes exquisides
i veus acompassades. 

Action de grâce

Il y a tant de visages
et il y a tant de voix.
Il y a ceux qui écoutent
et il y a ceux qu'on voit.

Ils sont la voie du monde
le chemin qu'ils me tracent.
et je reviens les mains
chargées de leurs présents.

Alors quand je reviens
chez moi au chant du coq,
je les détaille tous
en une action de grâce.

Il y a tant de prénoms
et il y a tant de noms.
Des lignées qui scintillent
depuis la nuit des temps.

Els amics de can Fafa

Els amics de Can Fafa,
els amics del diumenge,
s'asseuen a la taula
per compartir conversa.

Amb un cafè cremant,
un parell de croissants
i molta xerrameca
parlen del nostre món.

Alternen les paraules,
em fixo en les cares.
Són ells el ver subjecte
del rall d'aquest diumenge.

I descobreixo gent,
persones de bon grat,
amics de l'amistat
i del caliu del lloc.

***

Les amis de Chez Fafa,
les amis du dimanche
s'aseoient à la table
pour converser ensemble.

Avec un café brûlant,
deux ou trois croissants
et beaucoup de tchatche
ils parlent de notre monde.

Les mots vont et viennent,
je regarde les visages.
Ils sont le vrai sujet 
de la conversation.

Je découvre des gens,
des personnes agréables,
des amis de l'amitié
et de la chaleur du lieu.

Cap a Sant Andreu

S'han adormit els camps,
al peu de la muntanya.
És hora vespertina
camí de Sant Andreu.

Amb el meu fill Martí,
hem pres les bicicletes
per retre a les Alberes
un homenatge breu.

Tornarem del vilatge
amb les alforges plenes
de coses per menjar...
...I de llum de ponent.



Combate

El cielo es de ceniza,
el mar de tinta negra.
Un collar de luz tierna
es el nuevo horizonte.

Domingo de noviembre
al este de la isla.
Vuelven los pescadores
de las costas lejanas.

El cielo es un combate
entre fuerzas opuestas:
los sueños de la noche,
el quehacer del día.













foto: Joan Verger

Un trente de novembre

Et l'automne finit
dans le froid du matin.

Novembre se dépêche
de céder à décembre

le témoin des jours lents
du givre à la noirceur.

La fête des lumières
annoncera bientôt

la volonté nouvelle
de nier l'évidence.

Le soleil est bien loin
invitant au sommeil.

Et pourtant je perçois
la venue des jours longs

d'ici quelques semaines,
tout au plus quelques mois.

Que belle est cette attente
qui me tient éveillé

un trente de novembre
du nouveau millénaire.

samedi 29 novembre 2025

Les amis de Fafa

Ils se tiennent tout contre
le bar en noyer brut.
Leur nombre importe peu,
je connais leur visage.

Ils ont des yeux d'enfants
et des cœurs de vaillants.
Leur parole est caresse
des eaux contre la roche.

D'Argelès à Collioure,
et de Millas à Thuir,
ils portent les légendes
des combats d'autrefois.

Ce rugby amateur
qui forgeait l'amitié
et savait émouvoir
les futures fiancées.

Fafa les réunit
puis les laisse parler.
Sa joie est ainsi faite
qui se nourrit des autres.

Et la magie opère,
comme à tout petit feu.
Les patates mijotent
avec le cousteillou.

Un soupçon de boudin
et l'amour des ancêtres.
Sans l'arrière-cuisine,
il n'est pas de café.

Un jour je parlerai
de ses autres amis,
ceux qui s'attablent à cinq
à six ou bien à douze,

pour saucissonner vite
ou boire lentement
un déjeuner brûlant
avec quelques croissants.

Car le plus étonnant
chez les amis du lieu,
c'est qu'il s'y réunit
des gens de tout calibre.

On y boit irlandais
en parlant catalan,
tout en lorgnant parfois
de jolies étrangères.

Et même en plein hiver,
on y vit au printemps,
un printemps éternel
venu de six nations.