Le quotidien s'exalte et la page craque sous le doigt,
le ciel n'est pas encore laiteux, la nuit l'habite,
durablement. Les paupières ont froid qui tardent à
s'ouvrir.
Un jour comme tant d'autres ? Une journée qui se répète ?
Pour beaucoup qui somnolent encore dans l'attente de l'aiguille
acérée du réveil, elle peut l'être, qui pourtant sera unique.
Mais pour toi ?
Et pour chacun de tes amis qui y pense dans un sourire fugace ?
Fugace dans son esquisse, durable dans son effet. Cette journée
sera particulière. Inscrite dans le temps, méticuleusement
découpée en vingt-quatre
unités de mille respirations. Une petite action de grâce au monde
qui t'accompagne et dans lequel tu inscris ton sourire et tes colères
comme l'ongle incise la fine couche de chocolat d'un cadeau
enfantin.
La religion m'ennuie qui, hormis la mère et la putain, vous écarte,
vous les femmes. Et si j'avais un compagnon de route, de devis riches
et infinis, ce ne serait pas Simon le pêcheur, mais toi, Jennifer,
l'admirable petite pécheresse.
Alors, détournant un brin la Vulgate, je m'écri(e)rais: «Tu es
Petra et hanc petram ædificabo lætitiam meam». Mais ce n'est que
le délire suranné d'un poète au réveil. Que la journée te soit belle,
mon amie, au milieu de cette si belle vie.