Je l'ai longtemps aimé
ce compagnon de route
bien plus que le sourire
que je pensais chérir.
Miroir trompeur, fredaine
facile, je l'exhibais
partout et en faisais des vers,
parfois. À présent que le temps
est passé, il est plus volatil
et parfois s'ancre mieux que j'encre
en cette nuit. L'objet de l'amour
m'échappe, mes mains sont vides
et le matin est froid. Pourtant
le sourire flotte et je ne froisse
plus. Que ne me suis-je ouvert
davantage au monde, autrefois.
Mais alors j'avais bien mieux à faire
et croyais m'y complaire alors que je
ne serrais en mes doigts qu'une poignée
de sable et non le pouls de celles qui
m'avaient tant offert.
Que sera-t-il de demain, ce cap infranchissable ?
Il n'importe. Je cueille des sourires et me fais
des bouquets de doigts pour du monde chanter
le juste, le bon ou l'anodin. Et si une lectrice
les glane en un matin, qu'elle pense à celui qui
écrivit un jour sur cette terre des hommes
et des femmes surtout, un frère et un amant avide
de ce qui ne peut s'écrire mais tout une vie poursuit
tout autant qu'il accompagne.