Ce soir j'ai rêvé de toi, ma tante X.
L'air de Barcelone, le miroir d'un trottoir et les réverbères de Gaudí.
Je me tenais face au balcon d'une vieille demeure.
Tu marchais et parlais seule, le long du trottoir blanc.
Tu souriais au monde, debout, toute seule face à ton monde.
Tes traits délicats, fine la vie et les seins gonflés.
Touchant l'univers, mais pas les humains.
Je me suis retournée, appelant mon mari d'un cri:
tu as vu, tu as vu, c'est elle! ma tante X !
Tu vois comme elle est belle ?
Tu vois comme elle est jeune ?
Je me suis tourné vers le trottoir blanc et j'ai appelé : Tatie !
Tatie ! Je l'ai encore appelée.
Elle s'est arrêtée, s'est arrêtée, le regard absent, puis hostile.
Puis elle m'a vue. Elle a levé ses yeux transparents vers le vieux balcon
et nous nous sommes penchées l'une vers l'autre pour nous donner la main.
C'est si facile: toi et moi, nous voir, nous serrer la main.
(À quoi aura servi tout ce courant électrique
qu'ils t'ont fait passer à travers le cerveau?)
Stefania Sònia Buosi Moncunill,
traduit de l'italien
par M. Bourret Guasteví