vendredi 31 janvier 2025

Versos agraïts

Llegint Mn Josep Ruaix

M'agrada el ritme lent
dels versos d'art major
i la frescor plaent
dels versos d'art menor.

Llegint en Josep Ruaix,
els cullo tots plegats,
tot escoltant a fora
uns refilets d'ocell.

Són versos agraïts
a la vida que corre
i al bon Jesucrist
que l'anima a escriure.



Bon ApPEtit

Des soleils en petit
de farine et de lait
pour en faire un grand tas
quand s'approche la fête.

La fête des parents,
de notre association.
La fête des enfants
qui s'en régaleront.

La générosité
et l'inventivité
se donnent rendez-vous
à Arrels vendredi.

Si le week-end commence,
ne fuyez pas déjà,
partagez un moment
en dégustant nos crêpes !




















© Mélanie (APE Arrels-Vernet)

Conversa filosòfica

A en Joan que ben prest
farà anys.

Hem deixat els articles
darrere les pantalles
per parlar en francès
d'una passió comuna.

El llenguatge i les llengües,
com fruits d'humanitat,
amb la calor dels sons
sempre tan diferents.

Sota la llum dels mots,
la força estructural.
La forma i la sintaxis
esquelet de conversa.

No conec la meitat
de les llengües d'en Joan 
mes amb ell compartesc
el gust per descobrir-les.

Sal i passió

Un cafetó cremant
damunt de l'hule groc
i la casa en silenci 
que s'està despertant.

Terrisses estimades,
mobles de roure fosc,
els passos de la mare
amb sa veu tan propera.

La calor d'una tassa
és una invitació
a treure de la vida
la sal i la passió.

Cartes au trésor

Des cartes au trésor
pour sillonner les routes
et labourer les terres
en quête de pépites 

Le fumet d'un poisson,
des champignons farcis,
une poêlée de riz
à l'odeur volatile.

De petits riens exquis,
sans valeur matérielle
mais rendant à la vie
le goût de l'essentiel.

jeudi 30 janvier 2025

Rêves

J'ai rêvé de ta voix
courant sur les draps clairs.
Un souffle de voyelles
sans aucune consonne.

J'ai rêvé de ta main
passant sur le bois blanc.
Un glissement discret
sans aucune anicroche.

J'ai rêvé de tes cils
me fermant à ton cœur.
Une barrière tendre
pour me faire rêver.

Pages ronéotées

J'aime trouver des livres
au fond des secrétaires,
brisés par les années
de chaleurs estivales.

Des livres sans fierté,
reliés hâtivement
et qui gardent encore
le prix de l'inédit.

Manuels de grammaire,
recueils de vieux journaux
qui furent en leur temps
d'une étrange fraîcheur.

Matinada ventada

Matinada ventada,
un ventolí lleuger.
Salutació de mots
i d'ulls oberts al món.

Un regal de les set,
preciós i generós
per despertar-me els versos
abans del sol del dia.

Matinada ventada,
la calor d'un somriure
i la fe en la vida
que neix cada matí.

mardi 28 janvier 2025

Saute-mouton

C'est à saute-mouton
que je joue en rêvant,
quand l'insomnie me vole
mes heures d'inconscience.

Je vais de dos en dos,
de parole en parole,
empruntant aux amis
les mots de la vraie vie.

Et quand mes forces cèdent,
je demande à la nuit
d'interrompre le jeu
jusqu'à potron-jacquet.

Dos poemes petits

Dos poemes petits,
com uns grans de misèria
per la platja dels mots
de la llengua admirada.

La son em porta al son
mes no vull aclucar
els meus ulls de poeta
en versos d'art menor.

Dos poemes petits
com un mar fent bonança,
a l'hora dels forners
i del vent de llevant.

L'amant dels mots

   El mundo es ancho y ajeno.
                           Ciro Alegría

Soc amant de paraules,
inventor de desitjos,
sorgits d'entre les pedres
d'un diccionari viu.

La meva llengua és doble,
segura mes incerta.
Anhela descobrir
els mots de l'altre món.

El món ample i aliè
dels catalans del sud,
admirats des del nord
amb serenor i força.

Saltar i parar

Quan dorms d'una tirada,
m'estimo més jugar
a saltar i parar
amb esquenes d'insomni.

És un joc esperat
sobre les tres en punt,
quan dormen les campanes
amb el bon capellà.

De salts a saltirons
em porten les paraules
que un ventijol amic
m'ajuda a enlairar.

Escletxa

He donat a la nit
cinc rals per adormir-me
i la nit m'ha tornat
vint rals de vent d'insomni.

És el vent de l'amor,
dels pensaments furtius,
de la veu de l'amada
que sap trobar l'escletxa.

Respiració serena
de la meva companya
que calla i diu la vida
amb batecs silenciosos.

lundi 27 janvier 2025

Les voisines

Elles ont quitté leur terre
et leur lointain village
pour porter à la ville
le fruit de leur passion.

Voisines dans le cœur
d'un citadin ancien
amoureux de leurs champs
jusqu'à les transposer

dans des romans ruraux
au parler sonnant vrai
sans crainte de violer
l'ordre et la bienséance.

Feuilletant des revues
et les livres d'Agnès,
en très peu d'expressions
elles ont offert la vie.

La vie des pauvres gens
qui désertent l'écrit
mais tracent de leur sang
la vigueur des récits.

Une note rapide

Il y avait dans ta main
un mot écrit en bleu.
Une note rapide
à ne pas oublier.

Et puis j'ai vu comment
le temps faisait son œuvre
et l'encre pâlissait
au fil de ta journée.

Alors j'ai désiré
voir gravée dans mes yeux
cette note rapide
qui ouvrait notre année.

Gràcies

Petit, com insolent,
un mot entremaliat
vingut dels temps antics.

Almoina de la mà,
petxina calorosa
guiant el pelegrí.

La dolçor de la saba,
l'agudesa dels ulls
que resen sense Déu.

L'agraïment sobtat
de la boca sencera
en l'alè retingut.

És un bell homenatge
com un comiat serè
que obriria el dia.

jeudi 23 janvier 2025

Llambordes de paper

Llambordes de paper,
de cartró i de tinta,
els teus llibres bonics,
calçada de lectures.

Un quitrà de dolçor
que acaricien els dits.
Pedretes del camí,
els mots que collirem.

Un viatge per la ment
i els escrits estimats.
Llambordes de paper,
calçada del meu cor.

mardi 21 janvier 2025

Le baiser des voyelles

Quæritis [...] unde meus ueniat mollis in ore liber.
                                                             Properce


Et la bouche a molli,
sous les vers de Properce,
descellant de l'aimée
les lèvres desséchées.

Magie des élégies
venues des temps anciens
et que le pli d'un livre
ravive en un instant.

Tu songeais à la nuit,
oublieuse des livres,
et cherchant dans ton sac
la route de tes rêves,

quand le rythme ternaire
d'un homme de l'Ombrie
t'a tirée de tes rêves
pour écrire à ton tour.

Et l'eau t'a envahie,
lustrale et bienfaitrice,
pour caresser tes lèvres
d'un étrange baiser.

Le baiser des voyelles
puisées dans l'encrier
et que le temps allonge
pour être à tes côtés.



Per la finestra

Aut si es dura, nega;
sin es non dura, uenito.
                       Properci

Amb son balcó de ferro
com un bell pentagrama,
la finestra beu tinta
de l'estany del parc vell.

I la verdor de l'aigua
davant de sa bellesa
deixa que s'hi emmirallin
les lleixes dels poetes.

Al costat d'una carpa,
veureu brillar Ovidi
amb son veí Properci
navegant cap al sud.



Fullaraca

Han perdut la verdor
per mesclar-se amb la terra,
les fulletes del roure
s'han tornat fullaraca.

I cadascuna d'ella
ha deixat son orgull
per donar al sòl nu
la força de l'adob.

Fullaraca bonica
tens color de les pàgines.
Deixa que l'any nounat
n'escrigui la llegenda.



Désinvestiture

     Qualis artifex pereo.
                           Néron

Il jetait ses crayons
à la foule en délire
après avoir signé
des décrets d'infamie.

Un César en carton
saignant ses affidés
pour se croire éternel
avant quatre-vingts ans.

Moi je songe au regard
d'un enfant mexicain
rêvant d'une Amérique
qu'il bâtirait demain.

Lucarne

J'aime cette lucarne
sur ma soupente haute.
Elle extrait de la nuit
la lumière en silence 

Et la chambre se peuple 
de bienveillantes ombres
m'invitant à écrire
jusqu'à potron-minet.

C'est un vasistas froid
que jamais je ne touche
mais qui veille toujours
sur mes heures de veille.

Étranges insomnies
depuis mes vingt-cinq ans,
sans qui je n'écrirais
jamais plus de vingt vers.

Ma lucarne jolie
est un rectangle blanc,
une page à venir
pour mes lecteurs d'un jour.

Quête buissonnière

Les mains se sont ouvertes
aux plaisirs de la nuit :
les pensées vagabondes
et l'esprit buissonnier.

La liberté soudaine
de perdre ses racines
et d'en inventer d'autres
au gré de ses lectures 

Un parc de Barcelone,
des enfants près d'un pont,
un restaurant chilien
qui ouvre à Budapest.

La nuit est de silence,
on la croit insipide,
asservie au besoin
de détendre le corps.

Moi j'en fais un tremplin
pour connaître le monde
et soulever le toit
des foyers inconnus.

Ma quête buissonnière
n'est pas expansionniste.
Il me suffit de peu
pour rêver à l'envi.

Gran disc solar

És un gran disc solar
que surt de la foscor,
com un calaix de sastre
de mar i de muntanya.

Una pizza cremant
de tonyina i pernil,
entre tomàquet líquid
i formatge ratllat.

Es menja compartit
aquest gran disc de llum
per celebrar la sort
de conviure a la nit.

Oxygène

J'ai marché dans la nuit 
sans quitter ma maison.
Les rues étaient de lune
et les murs de vent frais.

J'ai soulevé le toit
qui pesait sur mes rêves
et j'ai laissé venir
la senteur des bois nus.

L'oxygène des vers
que l'on croyait perdu
et que des mots amis
convoquent à l'envi.

lundi 20 janvier 2025

Nuit et jour

Et la nuit s'est tendue
de poussière et de cuir.

Elle a tiré du jour
l'épaisse courtepointe,

toute brodée de peine
et d'incidents menus,

avant que de sourire
à ce croissant de lune

qui lui tient de support
à l'heure du coucher.

Demain l'effacera
sous les pas de l'aurore

qui la découvrira
de ses doigts de vermeil.

La paix alors viendra
et le jour tremblera.

Plaisirs simples

Je me plais à rêver
de jours de plaisirs simples.
Le crépitement vif
de l'âtre qui ronronne.

Le froissement des draps
et les portes qui claquent.
Un crépuscule clair
qui tarde à s'imposer.

L'allongement des jours,
semaine après semaine,
et l'odeur du pain frais
qu'on rompt en déjeunant.

Le bonheur est ainsi,
dans des petits paquets,
de lavande odorante
et de mots doux mêlés.

Un enllaç eternal

És el compàs de l'ànima
que torna a cadascú,
al mig de la ballada,
el sentit de la vida.

Almorratxa a la mà,
amb un barret de copa,
el casat repeteix
la promesa ancestral.

I vestida de blanc,
la casada li torna,
amb un gest de la mà,
un enllaç eternal.


Un plec de paper

És un plec de paper,
una arruga invisible
que només tu i jo
veiem entre les línies.

La marca del passat
que acaricia el present
amb lectures plaents
entre el negre i el blanc.

És com una pestanya
caient de l'ull encès
per tornar als teus dies
la llum dels anys de goig.

Peine

C'est la peine soudaine, 
la grisaille d'un jour 
qui naquit sous la brume.

La robe de pénombre
des vaches dans les prés
qui paissent et puis s'en vont.

La tristesse du monde
le long des chemins vides 
et des bois oubliés.

Porta

És una porta oberta,
una escletxa de llum,
d'oxígen i silenci.

Un pas entre nosaltres,
un pont de mots i girs
entre les nostres llengües.

És una porta d'aire,
un rectangle de cel,
de respecte i d'amor.

Plumes

J'ai délaissé ma plume
pour la plume des autres,
je me suis abreuvé
de leurs vers séduisants.

J'en ai fait des versets
dans leur langue ou la mienne,
soignant pour chacun d'eux
la forme et puis le fond.

Et me voilà transi
à la fin de janvier,
encore tout rouillé
à l'heure du poème.

Je sens s'ouvrir des mois
aux journées généreuses
qui me feront aller
de pair avec ceux-ci.

Ces vers d'autres poètes
sans qui les miens seraient
un gravillon tiédi
à l'écart du chemin.

Lundi férié

C'est un lundi férié
où l'on paresse tard.
Les commerces fermés,
les rues sont silencieuses.

Mais les maisons s'animent
de bruits insoupçonnés.
Le grave d'un coussin
que l'on bat au lever,

la sonnaille aigrelette
d'une cuillère fine
contre la tasse vide
que son évier appelle.

C'est l'heure sans projet.
L'on y baille sans honte,
en rêvant d'un midi
au soleil de juillet.

Si le froid est partout,
se glissant sous les portes,
l'amour est dans les cœurs
qui rêvent d'un ailleurs.

Dia de Sant Sebastià

De sant Sebastià el dia,
blanquinós i superb.
La fredor de la boira,
la buidor dels carrers.

A les fosques l'església,
amb repós merescut,
després de la vetllada
amb els balls populars.

Onejaven banderes
i barrets d'alta copa
amb la finor del cant
de tres corals unides.

dimanche 19 janvier 2025

Le rythme d'une année

        Aux habitants de Moià

Les siècles pour la mer,
le sable d'une plage.
L'immensité lointaine
qu'on ne peut maîtriser.

Mais le rythme d'un an,
l'empreinte des semailles
qui emplit les greniers
au terme de l'été.

Les fêtes villageoises
à la Saint-Sébastien.
Les danses en costume
et le bruit des grelots.

Le peuple rassemblé
dans la nef de l'église,
célébrant cinquante ans
de ferveur en commun.

À l'heure du dîner,
quand l'église se vide,
je pense à cette année
que la danse rappelle

et je vois dans les yeux
des vieillards chapeautés
le regard des enfants
qu'ils furent autrefois.

Derrière moi vagit
un nouveau-né qui veut
prendre sa part à l'acte
dont il perçoit le bruit.

La rumeur insolente
à ses oreilles neuves
qui l'inscrit dans la ville
et le prépare aux actes

d'un peuple lancinant
comme la vague blonde
qui lèche le rivage
sans s'en aller jamais.

J'aime cette cité
et ses voisins paisibles
qui savent me donner
le rythme d'une année.



Unes sabates blanques

Unes sabates blanques
enmig de la foscor.
Del cuir clar la carícia
quan la vila s'adorm.

Un efímer detall
sense cap més petjada
que el camí vora el riu
a l'hora del sopar.

El tacte dolç i la pell,
el tracte suau sense fi
i l'amor de la cursa
cap a llocs del llevant.

mercredi 15 janvier 2025

Kendokas

À Solal et Lionel

C'est un combat pour rire,
ou plutôt pour sourire.
On y croise le bois,
comme on s'étreint le soir.

C'est la joute virile
d'un fils et de son père,
tout en reconnaissance
et en amour profond.

La transmission mutuelle
au sein de la tribu.
Et l'hommage sensé
à l'univers entier.



Dolça presència

L'espectacle del cel
que jo visc a distància
en deixar els ulls closos
tot parlant amb l'amor.

La negror del fred viu,
les punxes dels estels
i la lluna com reina
d'un reialme silent.

No necessito fotos,
només la descripció
i la calor sobtada
de la dolça presència.

mardi 14 janvier 2025

Una mà, l'esquerra

Companya dels meus dies,
maldestra i tan fidel,
la meva mà, l'esquerra,
és un mirall trencat.

És la mà dels desitjos
i de la tremolor.
No la miro sovint...
Només quan penso en tu.

Desert de pell salvatge,
els meus dits hi dibuixen
els teus somnis callats.

És mà de la justícia,
de Fàtima la joia
que em guia sense rumb.

És una mà viatjera
un ocell de paper
que va de plec en plec
sense por del demà.

És compàs de paraules,
un ritme lent i cert
que dona al meus discurs
unes arrels de pell.

Impressions en viu

Oloreta de cuina,
caloreta del forn.
El cafè de la clínica
no surt de lo normal.

Hi solc tancar els ulls,
mentres a poques passes,
la gent viu i pateix
ben lluny del paisatge.

Parets de colors vius
amb uns grans finestrals
que em deixen entreveure
el Canigó nevat.

Crosses i passes lentes,
cares preocupades.
Alguns acompanyants
parlant del seu quefer.

Fins a l'hora del pati

A les fosques la casa
m'invita a la mirada.
Els ulls com unes mans
caminant per les ombres.

Reconec l'edifici
dels llibres estimats.
Les lleixes ben guardades
per l'amor dels bons mots.

Acarono la fusta,
m'ensopego en dimarts
i prest encenc els llums
que em tornen a la vida.

Clínica de la mare,
el dinar compartit,
i, després del migdia,
el taller amb els nens.

Mainatges del Vernet
en una classe blanca.
Jugarem amb vocals
desitjant consonants.

La llum serà dorada,
els mots uns caminois
per on passarem tots
fins a l'hora del pati.

lundi 13 janvier 2025

Parler d'amour

Et la nuit est venue.
Sans un cri, sans un bruit.
Sans même une parole
pour te dire bonsoir.

Et tu t'es inventé,
sans desceller les lèvres,
un mot en deux syllabes
qui glisse sous la langue.

Un mot ensalivé,
lentement mastiqué,
entre deux ou trois langues :
du sucre en grains petits.

Du sucre croustillant,
à la blancheur amène,
qui sait trouer la nuit
pour voler le sommeil.

Alors, sans crier gare,
sans crainte des regards
jaloux ou impérieux,
tu as parlé d'amour.

Et tu as osé dire
ce que taisait ton cœur
et que l'air au grand jour 
avait peur d'avouer.

L'amour de toutes choses
et de toute personne.
Ce sentiment unique
qui fait peur au silence.

Silence de ton lit
où tu es à présent,
après avoir fermé 
ta comptabilité,

ta porte à double tour
et ce maudit routeur
qui te retient souvent
en marge du sommeil.

Tu as parlé d'amour
aux murs dans la pénombre,
au plafonnier éteint
et à la place vide.


Géométries

Platanes dénudés
aux racines célestes,
fouillant l'azur glacé
pour y chercher le feu

d'une étoile oubliée
que le lycée appelle
par ses carreaux dorés
attendant les parents.

La cour est polygone
au pied d'une vigie,
vide de ces élèves
qui lui donnent la vie.

Géométrie soignée
de marbre et de lopins.
Salle des pas perdus
où les amours espèrent.

Je rêve d'un air chaud,
d'un sirocco soudain
pour dire ma passion
à qui vide ces lieux.



Aviadet

Aviadet, no pas ara,
car el temps és un veler
i amainarem ses veles.

Escoltarem el mar,
assaborint la sal
fins a l'hora violeta.

Som mariners de franc
i no pescam enlloc
sinó que l'escoltam.

Aquest mar de sorpreses
que ens uneix al fosquet
devora s'illa blanca. 

Com magrana inspirada

Desgranem la lluna.
Cristina Àlvarez i Roig

Com magrana inspirada,
desgranaré la lluna,
parsimoniosament,
sense pressa, a deshora.

Esfera sense busques,
un rellotge de pell,
la teva esquena clara,
a dalt del Canigó.

I faré dels meus llavis
unes agulles tendres
per dibuixar aviat
el teu cor amb el meu.

Ne rions pas des rimailleurs

Ne rions pas des rimailleurs
qui jouent avec des mots dociles
comme avec des osselets
en plastique bon marché.

Ils dignifient les mots
et s'en font les hérauts.
Leur clinquant est visage
qui court dans la cité.

Ne rions pas des rimailleurs,
laissons-les délaisser
les bouts rimés d'ivoire
pour enchanter nos vies.

dimanche 12 janvier 2025

Madame Dignité

À Fatiah, avec reconnaissance

Le vent était glacé,
l'étoile déjà haute.
L'ombre du cimetière
me guidait dans la rue.

Le quartier Saint-Martin
s'était fait silencieux
pour mieux laisser descendre
la dame du troisième.

Malgré la maladie
qui la tenait cloîtrée
elle m'avait fait l'honneur
d'un plat de son pays.

Dans un panier d'osier,
deux boîtes bien scellées,
contenant la semoule
et l'odorant bouillon.

La viande et les légumes,
donnaient de la couleur
au chemin du retour
dans la ville endormie.

Longtemps j'ai regardé
ces présents inouis,
la générosité 
de qui sourit toujours.

Madame Dignité,
en sage ambassadrice,
rappelait aux humains
le prix de chaque chose

et le bonheur qu'il y a
à offrir à chacun
ce petit supplément
d'une âme qui partage.



Furor

És el furor del mar
que defuig el gener
i ja pensa en l'estiu.

La lleugera maror
amb onada arrissada
i blavor fosquejant.

Quan torni la bonança,
ja serà el febrer
i el vent amainarà.














© Joan Verger

vendredi 10 janvier 2025

Te savoir proche

J'aime te savoir proche
quand l'Albère frissonne
sous les frimas d'hiver
et la brume soudaine.

Et je sais que dans son dos,
le sud paresse encore,
qui tarde à s'éveiller
dans les vapeurs d'anis.

J'aime te savoir proche
et t'écrire à l'envi,
tant l'envie de te voir
saura guider ma main.

El cant de les vinyes

És el cant de les vinyes,
l'alenada fresqueta
que baixa de l'Albera
per omplir-nos de goig.

Tan negra com la sang
amb la blancor del cel,
invita cadascú 
a celebrar la vida.

És el cant de les vinyes,
el bon nèctar dels homes
que els ajunta a la nit
amb la cara agraïda.



Alphanarchie

Sans l'Omega, l'Alpha.
L'essor de toute chose
qui naît dans le levant
et ne veut du couchant.

C'est l'Anarchie suprême,
le refus du parcours
qui nous pousse à la mort
et au noir absolu.

L'Aurore est anarchiste
et l'Aube est un drapeau.
Que j'aime cet Alpha
offert par l'Amitié.














© Lionel Itié

Ganivet de plata

A na Marta

Has partit el segle en dos
amb un ganivet de plata,
una joia ben forjada
per ses teves mans d'artista.

Idò he afegit un peu
a ses meves poesies
per felicitar-te avui
com mos mana l'amistat.

Amb sa llum del nostre dia,
del llevant fins al ponent,
me faig veu de sa famíia
per abraçar-te al matí.














© Joan Verger

mercredi 8 janvier 2025

Pertuis

C'est un pertuis étrange
qui se dore au soleil
pour perpétuer un brin
les vieux indicateurs.

Non loin de la frontière,
de la maréchaussée,
cette plaque de fer
invite à réfléchir.

À la course du temps,
au temps long de Braudel,
alors que près de là
le pastis coule à flot.











© Lionel Itié


Panorama

Quin bonic Panamà...
     François Guasteví

Arithmétique étrange 
qui grimpe jusqu'aux cieux.
Une suite de chiffres
préside à la frontière.

Singulier tumulus
qui domine le col,
en portant la mémoire
des passants oubliés.

Contrebandiers notoires
enivrés d'anisette
ou émigrants hagards
fuyant la dictature.














© Lionel Itié

Reine d'un jour

C'est la reine d'un jour,
une reine pour rire,
qui trouve son royaume
dans un bout de gâteau.

Un agneau potelé
en porcelaine blanche
lui est un beau sésame
pour côtoyer les Grands.

Et foin de Lætitia
et de sa grande fille.
Je préfère ma reine,
fût-elle d'un seul jour.



Raviolis nuages

Des pâtes demi-lune,
blanches et dentelées.
On dirait des nuages !,
me dit Adam riant.

Mais quand je veux les voir,
je ne vois rien du tout.
L'assiette est toute propre
et Adam me sourit.

Quand la pluie vous menace,
n'hésitez plus du tout.
Mangez-donc les nuages,
et riez aux éclats !

Rudérales

Comme un semis de thym
entre brique et granit,
les rudérales poussent
sans crainte des combats.

Elles vivent de peu,
de l'eau, des nutriments
que leur porte le vent
qui passe la frontière.

On les croit grêles et laides
mais elles ont ma faveur
ces rudérales belles
qui poussent dans mon cœur.














© Lionel Itié

Une mère et son petit

La mère et son petit
paissent paisiblement
parmi les ruines froides
des combats du passé.

On les croit insensibles
à la douleur des hommes
mais leur mastication
invite à réfléchir

à l'inutilité
du bruit de la fureur
que les siècles recouvrent
d'un tapis de genêts.












© Lionel Itié

Un long fil barbelé

Tapi entre les chênes
vêtus de liège gris,
le granit blanc proclame
un chiffre bien curieux.

On le croit esseulé,
singulier monument,
au cœur de la chênaie
qui dort paisiblement.

Mais il n'est qu'un maillon
d'un long fil barbelé
qui déchire en leur centre
mes chères Pyrénées.














© Lionel Itié

Borne-frontière

La frontière n'a cure
des débits de tabac
et des marchands du Temple
s'engraissant au soleil.

Sa pyramide blanche
s'écaille avec les ans,
rappelant aux passants
l'horreur des temps passés.

Les visages vaincus
fuyant l'Espagne aimée
pour s'entendre crier :
Allez ! Allez ! Allez !

Un jour viendra peut-être
où elle s'effacera,
réunissant ensemble
les nobles Catalans.

Je ne le verrai pas,
je serai la poussière
sur laquelle viendront
nos enfants libérés.














© Lionel Itié

Soleil en quart

À Sonia et Roser

Mais quel est ce soleil
qui dort dans l'embrasure ?
Un quart jaune de l'astre
qui souhaite bienvenue.

À tous ceux qui passez,
n'hésitez à frapper
à cette porte épaisse,
ce sont de braves gens

qui offriront le pain,
le vin et la ventrèche,
pour rendre à la nature
l'hommage mérité.














© Lionel Itié

Monedes de plors

Tenia a la butxaca
un grapat de monedes.
No eren monedes d'or
mes de plors dels infants.

I quan m'empedreïa,
aliè al dolor mut,
l'aigua de la butxaca
em recordava els deures.

De compartir la sal,
el pa i la ventresca,
les cosetes que tinc
amb els infants petits.

Volcan liquide

C'est un vol quand tu pars,
un volcan qui s'apaise.
Et je songe à ces eaux
qui grondent sous nos pas.

Le magma est non loin
qui fait bouillir les ondes
où nos pensées unies
s'endorment à minuit.

Dans mes mains est la lave
et dans tes yeux la pluie.
Le liquide est le feu
où brûle la passion.

lundi 6 janvier 2025

Fent campanes bucòliques

En Ruaix és mon jardí
no me'l llegesc de cop.
Me l'obr al bon atzar
com arranc ses herbetes.

Són versos ben polits,
rimats i ben ritmats
i me fan oloreta
com gespa del jardí.

Hi trobaré cumquats
com els que tenc darrere.
Olives de color
com es vermell de l'ou.

Si qualque dia el veig
passejant per Moià.
Li parlaré d'herbetes
i de s'Illa estimada.

Regal de Reis

L'amor és silenci
l'amor és paraula
           Josep Ruaix

És un paper de seda,
una pell muda i tèbia
amb el meu nom a sobre.

A dintre hi veig un llibre,
tan blanc com el paper.
Seixanta anys de poemes
de Mossèn Josep Ruaix.

Regal de l'estimada,
un tast del Moianès.
Ses passes per la vida
amb versos exquisits.

És un bell homenatge
a la llengua que bec 
i que beuré molts anys.

vendredi 3 janvier 2025

Una estrella eterna

Un regal fugisser,
un regal de la nit.
Una estrella fugaç
com un rastre de llum.

Són dos enamorats
caminant sota el cel,
oblidant les petjades
per la terra salada.

L'estel se n'ha anat,
empassat per la fam
de l'orbe sense fi.
Ambdós s'abracen fort.

Per vèncer el temps cruel,
l'home treu de l'abric
una capsa petita
amb una joia a dintre.

És un diamant de llum
amb cua de metall
l'or més pur de Menorca
que ve de Casa Joan.

A l'estimada bella
li regala amb son cor
la joia del bon Joan
com una estrella eterna. 










© Joan Bagur

mercredi 1 janvier 2025

Bon ninou de gener

Bon ninou de gener,
ninot de massapà,
per celebrar l'hivern
i pensar en l'estiu.

Fleurette de janvier

Fleurette de janvier,
étrangère au frimas
et aux tracas urbains

Fleurette de janvier
montre-moi le chemin
par où sortir matin.

Fleurette de janvier,
sois compagne patiente
durant ces douze mois.













© Lluc Bonet