Aux habitants de Moià
Les siècles pour la mer,
le sable d'une plage.
L'immensité lointaine
qu'on ne peut maîtriser.
Mais le rythme d'un an,
l'empreinte des semailles
qui emplit les greniers
au terme de l'été.
Les fêtes villageoises
à la Saint-Sébastien.
Les danses en costume
et le bruit des grelots.
Le peuple rassemblé
dans la nef de l'église,
célébrant cinquante ans
de ferveur en commun.
À l'heure du dîner,
quand l'église se vide,
je pense à cette année
que la danse rappelle
et je vois dans les yeux
des vieillards chapeautés
le regard des enfants
qu'ils furent autrefois.
Derrière moi vagit
un nouveau-né qui veut
prendre sa part à l'acte
dont il perçoit le bruit.
La rumeur insolente
à ses oreilles neuves
qui l'inscrit dans la ville
et le prépare aux actes
d'un peuple lancinant
comme la vague blonde
qui lèche le rivage
sans s'en aller jamais.
J'aime cette cité
et ses voisins paisibles
qui savent me donner
le rythme d'une année.