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dimanche 7 septembre 2025

La lluna i les estrelles / La lune et les étoiles

Pour ce que foible je me sens
                        François Villon

La lluna i les estrelles,
el fons de tinta negra
o blau d'anyil espès,
profund i insondable.

El silenci del cel,
aliè als meus batecs,
amb els interrogants
d'una ànima dolguda.

No hi ha pàgina en blanc
sinò negra de tinta,
de milers de caràcters
silenciats per la mort.

La veu de la Marisa,
traspassada fa poc,
amb el seu vitalisme
cap al cel de blancor.

La busco i no la trobo
entre els estels nocturns.
Una veu elegant,
lleugerament trencada.

És la veu de ma mare,
la lluna i les estrelles.
La tinta dels meus versos,
la mare de ma veu.

***

La lune et les étoiles,
le fond d'encre de Chine
ou bleu de Prusse épais,
profond et insondable.

Le silence du ciel,
étranger à mon cœur,
les interrogations
d'une âme dans la peine.

La page n'est pas blanche
mais toute noire d'encre,
de lettres par milliers
que la mort a fait taire.

C'est la voix de Maryse,
disparue il y a peu,
et sa vitalité
vers un ciel de blancheur.

Je la recherche en vain
dans la nuit des étoiles.
Une voix élégante,
légèrement cassée.

C'est la voix de ma mère,
la lune et les étoiles.
C'est l'encre de mes vers,
la mère de ma voix.

samedi 6 septembre 2025

Le café de là-haut

Elle s'en est allée 
rejoindre ses parents 
au soleil d'un café 
qui vit portes ouvertes.

Au comptoir est son père,
à la caisse sa mère.
Elle m'attend dans la salle, 
en lisant un roman.

J'irai les voir tous trois 
puis m'en retournerai,
l'espace d'une vie
que je sais si fragile,

avec cette patience
qu'ils ont su me donner
de ne jamais brusquer
les jours qui se déroulent.







dimanche 11 mai 2025

Camino trillado

Es un camino viejo
con hierbas que separan
el rastro de las ruedas.

Camino de guijarros
y de piedras gastadas
por bandoleros pobres,

trajineros baldíos
de una tierra baldía
sin principio ni fin.














foto: Lionel Itié

Astre en miniature

Soleil d'entre les herbes
un astre en miniature,
le dessin délicat
des fibres qui rayonnent.

Le vrai ruissellement
ne vient pas des puissants,
n'en déplaise à Macron
et à ses affidés.

C'est au ras du terroir,
tout contre le terreau,
qu'on voit s'éparpiller
la richesse du monde.















photo: Lionel Itié

dimanche 20 octobre 2024

Le verre du palais

À la mémoire de J.-C et J. T.

Les souvenirs d'enfance 
et la voix des parents.
La poussière des ans
ne peut les emporter.

Et c'est devant la porte
de nouveaux locataires
que le passé revit
dans un reflet tout neuf.

Passant de main en main,
les clés sont un témoin
dont nouveaux et anciens
partagent le regain.

Si les murs ont une âme,
nous saurons leur parler,
tirant de chaque chose
le verre du palais.

mercredi 31 juillet 2024

En fuyant le zénith

Le rivage est si fin,
de gris et de couleur.
Un liseré de lin
au bas du promontoire.

Le bleu profond de l'eau
et l'odeur du fenouil.
Les touristes rêvassent
et les galets s’égrènent.

Le ciel n'est pas jaloux
de la mer qui se ride.
Il sait s'évanouir
en fuyant le zénith.



dimanche 14 juillet 2024

Images

J'enchaînerai la barque
pour mieux la contempler,
avec son pont couvert
et ses courbes marines.

La mer s'irisera
puis viendra le roulis,
l'oscillation légère
qui créera mon image.

L'image de la barque,
celle de mon regard,
enchaîné à la côte
pour ne plus la quitter.












© François Lewandrowski

dimanche 2 juin 2024

Soleil dominical

Comme un vin de vigueur.
                         Rimbaud

Le soleil s'est levé,
quand tu t'es réveillée.
Bercée par la pluie forte
sur le vasistas clos,

tu avais perdu pied,
échappant à l'ondée.
Le sommeil était lourd,
les rêves enlisés.

Le soleil du dimanche
t'a rendue à la paix,
effaçant sous son feu
les vaines perfidies.

jeudi 25 avril 2024

Apoésie brute

Et j'ai laissé entrer
en moi les mots des autres,
le parfum de leurs roses,
les rythmes de leur vers.

J'ai délaissé les miens
pour traduire les leurs,
troquant la poésie
pour l'apoésie brute.

On me croit généreux,
je ne suis qu'une éponge,
qui se gonfle à l'envie
pour écrire la nuit.

samedi 20 avril 2024

PARFUM DE LAURIER

Je contemple le vol incertain de gouttes de givre
qui voyagent dans les nuages défaits de l'horizon.
Invisibles au vent, elles traversent l'air épais
comme un cristal de glace, brillant et inaccessible.
Dans les couleurs de la pluie, les images écrites
résonnent jusqu'à toi dans un silence caché
qui s'accroche aux notes qu'accueille ta voix.
Alors, dépossédé du don de la parole,
je ne connais plus le parfum qui manquait au laurier,
et embrassant les feuilles qui pleuraient du ciel,
je me perds dans les souvenirs et j'ignore la distance
et le temps inconnu qui les a portées jusqu'ici.

Lluís Bosch, traduit du catalan
par Michel Bourret Guasteví

vendredi 19 avril 2024

Six heures cinq

À Glòria, Jordi et Lluís

Il est six heures cinq,
me voilà réveillé,
écrivant à la table
où m'attend le café.

À ma gauche un triangle
de livres nécessaires.
Le parfum de la mer,
les terres nostalgiques.

Des dédicaces tendres
et des pages cornées.
Le souvenir des vers
qui sont entrés en moi.



jeudi 21 mars 2024

Salt d'eix

Breu, involuntària,
                sobtada.

Dins del vidre gruixut,
l'aigua    fa    lupa,

prestant a la mà del poeta
la veu estranya 
                de l'amic.

Lletra petita.        Microscòpica.
                Gargots verds
i negres que guiaran la veu.

Al davant, llibres i més
                llibres.

Dia de poesia i verdor                                 
                infinita.







lundi 4 mars 2024

Neuliment de llegues

De pluja i neu la ruta
que porta al poble nu.
Un neuliment de llegues
esperant el sopor.