vendredi 5 février 2016

Étienne Magret

Un meuble blanc, neuf et qui sent le vernis frais,
et, derrière, une conversation qui prend corps.

le motif de la visite est une formalité bancaire,
compliquée, et qui recevra un accueil inattendu.

Très vite, un nom surgit du passé : Étienne Magret,
le grand-père d'origine catalane, professeur d'espagnol

dans le Millau des mégissiers. Je prononce son nom, fais
rouler le "R" et m'interromps brusquement sur la dentale

sèche comme le bois que coupait le père d'Étienne avant que
l'Espagne ne le jette dehors avec sa femme et ses quatorze

enfants. Un sourire naît sur le visage de la jeune femme de
l'accueil. Les souvenirs affluent mais déjà d'autres clients

arrivent. Le papier qu'elle me tend est chaud. Sous les chiffres,
je devine l'ombre d'Étienne et, intimidé, je lui souris.