Peut-être un peu plus. Un Nicolas de Staël
assagi. Nulle terre. L'eau imprègne tout.
Le sable, les algues, les bois flottés ou
hardiment plantés. Si c'était la mer, on
la dirait étale. Mais c'est l'étang et
l'étang ignore le temps. Les pêcheurs sont
partis ou ne sont pas encore arrivés. L'heure
est inhabituelle qui a rougi les yeux du
photographe. Six bandes, peut-être sept, ou neuf.
Chiffre magique. Nulle transcendance. L'attente
est humaine, bien humaine. Un paysage ?
Assurément. Portion du territoire embrassée du
regard ou est-ce le regard que le cliché embrasse ?
Je souris, je pense à Jésus marchant sur les eaux
du lac de Tibériade et à Pierre venant à sa rencontre
avant de s'abîmer en proie au doute soudain. Que l'onde
est poissonneuse que cache la lenteur. S'il m'était donné
d'accompagner Éric, le photographe, je me ferais bien une
ligne avec un hameçon au bout et je resterais là, à ses côtés,
attendant un poisson que jamais il ne photographierait.