à E. S.
Eric parle avec passion,
de ses yeux vifs et humides.
Circonlocution apéritive. En haut
de l'étroit escalier, gorgé de premiers
clichés, tranchants comme des rasoirs, on
attend. L'heure peut bien tourner, l'essentiel
est là, dans une poignée de rectangles sous verre.
Un village de pêcheurs abandonné. Du vent, de l'écume,
une lune qui troue l'obscurité de son halo doré. Et surtout,
comme une leçon de vie, l'insaisissable rivage, la limite
entre le sable et l'eau. Litus des Anciens. À quoi pensait
Ovide sur la Mer Noire ? Je ne sais. Ou, plutôt, Eric, qui travaille
sans filtre et est prêt à dépenser huit heures de son existence
pour un seul cliché, me l'enseigne en un rectangle de papier.