à Marie, et à Christophe, son compagnon, qui y fut sans y être.
Ils sont cinq qui n'auraient jamais dû se rencontrer,
dans un village du pays clermontois, à flanc de coteau.
La maîtresse de maison les accueille dans une longue
robe bleu touareg. Il y a le jeune couple formé par une
institutrice en début de grossesse avec son compagnon,
brasseur en devenir, et l'ami anglais que le temps déliera.
La conversation s'anime autour d'un repas improvisé. De la
tapenade, des pâtés, du pain, du fromage et des tuiles salées.
L'ami catalan que je n'ai pas cité, votre serviteur, débouche
le cava de la concorde, pour inaugurer le long jeu de bulles.
Le brasseur débouche ses flacons bruns, sans étiquette, surmontés
de capsules de couleur. On goûte, on commente. L'inexpérience, jointe
au plaisir de l'être ensemble, pétille. Les bulles divergent, les saveurs
s'imposent. Des secrets se lâchent. La virée à Villeneuvette n'aura pas lieu.
Les six improbables s'allongeront, le nez dans les étoiles. Le ciel foncera.
En fond, la voie lactée s'imprimera dans les rétines fatiguées. On verra des
satellites croiser l'orbe obscur, souligné du clignotement rouge des éoliennes
d'Orient, invitant à un silence lourd, ponctué des onomatopées du brasseur et des
propos brefs du philosophe anglais. Des étoiles filantes seront vues. Plusieurs.
L'invité catalan qui a passé depuis longtemps le demi-siècle, verra enfin la sienne,
sa première. Plusieurs heures plus tard, par ces mots, il remerciera son hôtesse,
dont c'était ce soir-là la fête.