à P.G. et J.P.
Deux voix. Deux voix amies.
Aussi dissemblables qu'égales,
enfermées dans l'obscurité de
fichiers à suffixe. Interminable
litanie de uns et de zéros, de blancs
et de noirs. Et voilà que je les dévoile,
un temps, un temps seulement. Une à deux
minutes chacune, un peu d'éternité
hors du bocal. La langue prend vie, les images
s'échappent des contraintes de la typographie
soignée. Au diable la douceur du vélin, l'odeur
de l'encre oubliée au fond de l'entrepôt.
Nulle guitare, nul projecteur. La voix dans son
grain brut. Dédoublée. Pour l'une j'ai dû jouer
de filtres, la ville nous ayant étoupés. Pour
l'autre, saisie dans la pénombre de l'étude,
je suppose, je n'ai rien fait que de m'en émerveiller.
Ces voix, digitalisées au fond de ma musette, je les
emporterai avec moi, des rives tolosanes aux rivages
de mon île. Je les ferai entendre sur fond de texte brut,
pareillement retranscrit et traduit. Et puis j'écouterai,
dans le silence des cœurs, la voix unie des poètes qui,
un jour, un seul, se dissocièrent pour se retrouver à jamais.