Une poésie du cœur de la nuit,
comme une tomate noire que le rasoir
tranche, une kumato qui laisse s'échapper
quelques graines dans la liqueur dorée.
Une poésie pour toi, précieuse comptable
de livres et de mots au cœur de ton île,
de la mienne aussi. Tu attends, je le sais,
je te fais languir un peu, je t'ai imposé
dix minutes, je ne les excéderai pas.
Se donner et se retenir. Et si les mots,
choisis et échangés, n'avaient pas le même
sens ; si tes livres, malgré un nombre égal
de pages et une semblable reliure de veau
clair, ne racontaient pas les mêmes histoires ?
Qu'importe, tel le symbole grec, les deux
moitiés de la tomate kumato se rejoindront
et, en silence, réapprendont à lire ensemble
les paroles si longtemps oubliées.