« La mort est le sort commun des hommes,
et c'est folie de n'y pas penser.»
(Montaigne, Essais, I, 19)
Une fleur, mais pas l'absente de tout bouquet
ni celle des couronnes mortuaires, des rosières
ou des candidats élus. Une fleur de bitume,
quelconque.
Une migrante des champs, réfugiée à la ville,
au hasard des rafales. Une fleur rudérale,
saxifrage à force de patience. Le ciment
se disjoint
et dans l'arène engendrée, la graine pousse
et se développe. Tige gracile, d'un beau vert
clair, parcourue d'un duvet fort malgré le
tremblement.
Et qu'importent les noms que les langues lui
prêtent. Poppy, amapola, rosella, coquelicot,
elle vit fière et enlumine la grisaille
des rues.
Jamais ne la coupez et préservez-la des maisons
blanches et des tribunes marines. Passeront les
politiques au fard terne, son rouge leur survivra,
il crie ma liberté.