mercredi 31 juillet 2024

Desnosienne anagramme

Des potages de lettres,
des potages de voix,
la salive tremblant
d'indignité subie.

Potages, gestapo.
Les signes se combinent
sous les dents du poète
qu'on promet à la mort.

La faim ne pourra rien
contre qui la mastique.
L'infâme gestapo
est un vilain brouet.

Desnos s'en est allé,
sous les coups des bourreaux.
Mais ses vers survivront,
avec leurs jeux de mots.

L'envie de liberté

Au bout était la mort,
le couloir sans fenêtre,
la douleur de la marche
qui ignore son but.

Le poète épuisé
devant les miliciens.
Qui croit qu'une fourmi
peut mesurer si peu ?

Les feuilles qui s'envolent,
la plume desséchée,
et, jusqu'au dernier souffle,
l'envie de liberté.



J'ai aimé

J'ai aimé leur amour,
à ces deux flibustiers,
délaissant leur goélette
pour le thym des montagnes.

J'ai aimé le vertige
du tranchant de la mer,
le cap où ils s'aimèrent,
un matin de juillet.

Une vieille R6,
la blancheur qui s'écaille
et, sur la moleskine,
des larmes de bonheur.

J'ai aimé leur désir
à ces déshérités.
Leurs mains qui se serraient
et l'air qui pâlissait.

En fuyant le zénith

Le rivage est si fin,
de gris et de couleur.
Un liseré de lin
au bas du promontoire.

Le bleu profond de l'eau
et l'odeur du fenouil.
Les touristes rêvassent
et les galets s’égrènent.

Le ciel n'est pas jaloux
de la mer qui se ride.
Il sait s'évanouir
en fuyant le zénith.



Buisson informe

Je suis venu par les allées.
                 Robert Desnos 

Laisse courir le vers
dans l'allée principale
et gagne les bosquets
où est la vraie fraîcheur.

L'allée est une strophe,
parfaitement peignée.
Une fiction de vie
pour s'écarter du temps.

Quant au buisson touffu,
Il reçoit de ton souffle,
la forme de l'instant
qui a nom liberté.

Cheminement

J'ai relu des anciens
la longue litanie.
Le lent cheminement
dans le désert des voix.

Les mots de la tribu
et le timbre du rythme. 
La quête de l'amour
dans le mètre ajusté.

Je m'y suis découvert,
parmi d'autres poètes, 
cherchant dans les cailloux
l'inspiration suprême.

mardi 30 juillet 2024

Soirée sereine

C'est un désir serein
qui naît entre les lignes
d'une soirée d'été
dont je vole un cliché.

Le rivage a fraîchi
qui attend le soleil,
par delà les paillotes
que le jour a brûlées.

Bientôt viendra la nuit,
dans un peu plus d'une heure,
et la noirceur soudaine
qui videra les verres,

laissant sur leurs parois
quelques feuilles de menthe
et la marque des lèvres
des passants du rivage.

La nuit sera violette,
jalouse du béton,
où crissent les guitares
jusqu'à potron-minet.

Sur les planches de bois
laissées dessous la paille,
je humerai le gras
des jambons andalous.

Non-regards

Sur un fragment de roman
de Renada Laura Portet
lu par Pere Manzanares

J'aime ces non-regards
qui naissent de l'écrit
et semblent plus exacts
que s'ils étaient réels.

L'œil d'une photographe
éprise de la crasse
d'un acteur de village
surjouant à l'envi.

Et les rues s'abandonnent
sous la passion d'un jour,
l'obsédant travelling
d'un appareil photo.

Assis dans ma voiture,
je reconnais la voix
d'un voisin de la Plaine
qui nous en fait lecture.

Cinq minutes, pas plus,
le temps d'un perroquet
siroté en terrasse
quand rentrent les touristes,

la peau toute brûlée
par le sel du couchant
et les yeux fatigués
par les éclaboussures.

Je quitte ma voiture
tout empli de ces mots
qui surent me transmettre
le prix d'un non-regard.

samedi 27 juillet 2024

Préparatifs

Voici que, brusquement,
les lectures ont chu,
ayant abandonné
la tribune du siècle.

Le forum des amis,
la foire aux vanités,
un instant de vacarme,
au milieu du chemin.

Il faut se préparer
au silence absolu,
à la disparition
des mots sur le cahier.

Et, pour cela, écrire
des poèmes petits,
le relevé précis
des pas au bord de l'eau.

La mer recouvrira
les semelles de sable,
le lent cheminement
des pécheurs d'absolu.

Pantalons retroussés,
le filet sur l'épaule,
ils s'en allaient pécher
des crevettes grisées,

avant de les jeter
dans le bouillon salé
d'une soupe de peu
à offrir aux copains.

Les filets remisés,
la marmite vidée,
les copains sont partis,
laissant dans la cuisine

la senteur du bouillon,
le souvenir des voix
et le bruit des cuillères
vidant les écuelles.

D'un rhapsode entrevu

C'est la peau du rhapsode 
que les ans ont halée.
Une peau si sereine
qu'elle semblait immobile.

La chevelure brune,
volant jusqu’à Ithaque,
a laissé place nette
à la peau prolongée.

Tout en haut de la face,
les yeux semblent petits.
Le regard d'un enfant
qui joue aux osselets.



Ulls tancats de l'artista

Ulls tancats de l'artista
fet home, senzillament home.
Fa temps, amb regularitat,
la mà picava la taula.

Per despertar el poble,
la mar atenta, de cabells
grisos i calves bronzejades,
esperant del cantant un miracle,
unes paraules esperançadores.

Ulls tancats de l'artista,
davant de la sala plena,
un dissabte a la tarda.
Del bon mes de juliol.



mercredi 24 juillet 2024

Pauperrima

J'essaye de recueillir des choses très pauvres,
apparemment inutiles, et de les porter dans le langage.
                                                              Christian Bobin

J'ai retrouvé des miettes,
de pain et de fromage,
sur la toile cirée,
que je croyais brossée.

Des reliefs d'un repas
et des œuvres humaines
qui préparent le pain
et brassent le fromage.

Je les ai ramassées
pour les mettre au balcon,
en quête de moineaux
qui sauront les manger.

σαρκασμός

Mais quels sont ces sarcasmes,
cette chair qu'on picore,
pour s'enivrer de sang
qui coule sur le sol ?

Je rêve d'une langue
qui saurait les dédire,
vouant aux gémonies
leur esprit destructeur.

Bien fou le sarcastique
qui croit s'y illustrer,
alors qu'il disparaît
quand l'écran se referme. 

Une maison amie

La poésie entre dans le monde
comme dans une maison amie.
                        Christian Bobin

J'aime ses tuiles claires,
comme autant de gaufrettes,
attendant le dessert
avec une infinie patience.

Commençant par le toit,
je néglige l'ouvert.
Les larges baies vitrées
et la boîte à courrier.

Ma maison est de vers,
de vers et de paroles.
Le rire de l'aimée
et le sifflet du soir.

Des brassées de couleurs

J'ai vu claquer des voiles
au large de nos criques,
sur des felouques bleues,
chargées de poissons blancs.

Des brassées de couleurs,
saisies en contre-jour,
dans le parfum poisseux
des cirés harassés.

J'ai vu peindre des toiles,
au bout de la jetée,
par des peintres en pleurs
qui voulaient naviguer. 

Mots petits

Ce sont des mots petits
qui naissent dans la nuit,
des bouffées du passé,
tournées vers l'avenir.

Le sommeil s'en nourrit
pour s'inventer des toiles,
de la peinture à l'huile,
se fixant sur le jute.

Les doigts y danseront,
dans les rêves profonds,
en défroissant les draps
chiffonnés de désir. 

mardi 23 juillet 2024

Profession de foi

Mais, su'l'chemin du ciel, je n'ferai plus un pas
La foi viendra d'ell'-même ou ell' ne viendra pas.
                                            Georges Brassens

On me dit incrédule
et même mécréant
mais je crois aux étoiles
que le jour dissimule.

Je crois à l'herbe rase
et aux beaux papillons,
aux rires des enfants
et aux rides jolies.

Ma foi est toute simple
et ma voix la conduit,
pour vous entre les lettres
des poèmes d'un jour.

À l'heure de partir

Il y a la nappe rouge,
le pli de dignité.
Aux murs le cuivre ancien
et un tableau qui meurt.

Sur un bord de la table, 
accablée par son poids,
la fleur a la beauté
des choses qui s'en vont.

Je donnerais ma vie
et celle des poètes
pour m'emplir de son air,
à l'heure de partir.














© François Lewandrowski

Sota la lluna blanca

Sota la lluna blanca
un camí de foscor.
Arbres mirant el cel
amb secrets infinits.

És un cel de paciència,
de blau de romaní.
La prova més callada
de la bellesa pura.

Aixequem doncs els ulls
cap al cel infinit
per demanar la pau
sota la lluna blanca. 














© Olga Bereza

“…коли ти дзвониш з війни, 
тебе перекрикують птахи
отже, світ все ще існує”
Галина Крук (fragment)

lundi 22 juillet 2024

Visions

He vist ballar les vaques
entre les cuixes clares,
exigint de l'escrit
la dolçor de la ploma.

He vist ballar la tela
de la vela lleugera,
jugant amb els deus dits
d'un mariner de nit.

He vist dormir l'amor
contra la paret baixa,
mussitant en veu alta
uns sons incomprensibles.

Un samedi d'été

Que ces jeunes sont beaux
qui rient sous la tonnelle,
échangeant leurs anneaux
avant d'aller danser.

Un costume léger,
des falbalas sans fin.
Des yeux qui se sourient
et le violon qui glisse.

Un samedi d'été,
dans le Clos du Tuilier,
pendant qu'entre les vignes
le raisin se veut vin.

Se jeter sous un train

Se jeter sous un train,
un beau soir de juillet,
et laisser aux vivants
les pleurs et la souffrance.

Dessiner dans les yeux
du conducteur hagard
l'image de son sang
coulant sur l'acier doux.

Se jeter sous un train,
quand les enfants attendent,
au détour du chemin,
le retour de leur père.

Stand By Me, au milieu des lavandes

Un trait de plume verte
qui supporte le chant,
en guide l'avancée,
retenant sa finesse.

C'était un samedi,
au milieu des lavandes.
Nous étions réunis
pour célébrer l'union

de Sophie et Xavier
partageant leur amour
avec leurs invités
venus des quatre coins.

Et voilà qu'un standard,
profondément léger,
prolongeait leur amour
sous le jeu d'un archet.

Malgré le vent du nord
menaçant le pupitre,
Élodie nous donnait
les clés de l'affection :

Rester auprès de l'autre
et sourire à la vie
qui a fait de deux êtres
un destin réuni.

Un trait de plume verte,
comme pour mieux signer,
aux yeux du monde entier
le plus beau des écrits.






samedi 20 juillet 2024

Χριστοφόρος

Le Christ est sur son dos
et Christophe nous fixe
de son regard de bois
buriné par les siècles.

Telle est l'humble mission 
d'un marcheur des chemins :
conduire les enfants
vers un monde meilleur.

Il y a dans son regard
tout le poids d'un destin
et dans le bois taillé
les pleurs d'un artisan.


Couleur

La couleur est partout,
du haut de l'oppidum.
Le bistre de la terre
et le vert des bosquets.

Le blé est blond platine,
la route d'anthracite.
Le ciel tire le bleu
vers l'infinie blancheur.

En blason provençal,
une tache violine :
un lopin de lavande
attendant qu'on le hume.

Pour célébrer juillet

On mangea sur le pouce
des tomates petites
et du pain au fromage.

Sur un tapis d'aiguilles,
le drap était tendu
en nappe de Cana.

La chaleur étouffante
et nos voix dans ta langue
pour célébrer juillet.

Impasse et manque

Sans nom et sans maison,
des pavés sur son mur,
la terre pour chaussée
et le ciel pour tonnelle.

mardi 16 juillet 2024

Les peaux sont des cahiers

Que la vie est jolie
avec ses mots faciles,
ses fleurs de caniveau
et ses bonheurs d'un jour.

Ainsi d'une piscine
et ses mille regards,
la peau du Sénégal,
l'accent de l'Équateur.

Tant de nageurs paisibles,
à la beauté unique.
Et sur la peau bronzée
des tatouages bleus.

Je peine à les décrire,
ce n'est guère important.
Les peaux sont des cahiers
où s'exprime la vie.

lundi 15 juillet 2024

Comme un beau talisman

Que cette barque est belle 
qui échappe à ma vue.
Son clapotis est loin
et je ferme les yeux.

Je la voudrais présente
comme un beau talisman,
précieux vade-mecum 
à l'heure de partir.

Mes valises sont vides
et la barque est emplie
de souvenirs serrés
tels des harengs en caque.

Si la barque m'attend 
et revient à ma vue,
qu'elle ouvre donc sa cale
et me rende au passé.

Conscience de juillet

L'air est déjà moins clair,
les oiseaux chantent moins.
Le coq semble lointain
et la chambre est bien grise.

Je repense au soleil
des jours de la fin juin,
à ce solstice libre
qui est notre seul bien  

Et si je vois l'automne
pointer en plein juillet,
je sais que reviendra
le soleil de fin juin.

dimanche 14 juillet 2024

Des amants de passage

La coupe était parfaite,
emplie d'un vin léger.
Une apatite blonde
au doigt d'une déesse.

La mer les entourait,
ces amants de passage,
venus pour délasser
leur corps et puis leur âme.

Les heures étaient précieuses,
ils les savaient fugaces.
Mais ils savaient aussi
qu'ensemble ils étaient mieux.

Images

J'enchaînerai la barque
pour mieux la contempler,
avec son pont couvert
et ses courbes marines.

La mer s'irisera
puis viendra le roulis,
l'oscillation légère
qui créera mon image.

L'image de la barque,
celle de mon regard,
enchaîné à la côte
pour ne plus la quitter.












© François Lewandrowski

Poète en banlieue

À Lluís Bosch

Je l'ai vu s'éloigner
en banlieue de Figuères,
le café partagé
et le col relevé.

Il rejoignait sa douce,
ses copies et ses livres,
en marchant lentement,
comme s'il leur écrivait.

Il ne m'a jamais vu,
je quittais l'Ampurdan,
les yeux pleins de ses vers
et le cœur catalan.

Blau desig

Gentil és acceptar l'oceànica mesura
que ens banya de blau desig.
                   Glória Bassols i Compte

Banya'm amb blau desig,
amara'm en basses blaves
de roses i de llavis.

Al cim del Canigò,
he vist néixer unes boires
que buscaven la mar,
com tu busques l'amor.

Banya'm en blau desig,
que l'illa és tan propera
i la mar un miratge.

Hommage à la nuit brune

Pose donc un visage
sur ces voix écoutées
un matin de juillet
sur ton vieux bureau rouge.

Délaisse la couleur
et joue avec les gris.
La salle est un couloir
où se perdent les pas.

Un concert de naguère,
des visages entrevus
et des mains qui recueillent
l'hommage à la nuit brune. 









Odeur de la nuit

C'est l'odeur de la nuit
qui referme mes yeux
sur l'image éclaircie
d'une tête de lit.

Des vidéos en noir
et le son d'une voix.
Des rêves lancinants
qui battent sous les draps.

La nuit s'en est allée
un quatorze juillet,
couvée par les flonflons
d'un orchestre lointain.

Là-bas dans les banlieues,
de jeunes amoureux
ont uni leur destin
sous une pluie de feu.

Le destin d'une vie
ou l'envie d'une nuit
pendant qu'au bord de l'eau,
la lune miroitait.

Catorze de juliol

M'agrada l'aire fresc
que sentim al matí.
La impressió fugaç
de néixer un altre cop.

Els ocells amagats
canten sense membrança,
un dia assolellat
del cor del nostre estiu.

Mes avui és catorze,
la festa nacional,
amb olor de petards
i escarapel·les velles.




Nocturne

La peau était si claire
et la nuit un frisson. 
La nuit était si sombre
et la peau de coton.

Les cheveux se mêlaient
comme autant de fumées
naissant au creux des doigts
qui cherchaient leurs pareils.

Les draps s'étaient tendus
de désirs impossibles,
tournés vers une aurore
qu'ils voulaient repousser.

samedi 13 juillet 2024

Au détour du chemin

Et l'amour est venu,
au détour du chemin
par le baiser soudain,
d'une fleur qui s'ouvrait.

Paroles de chansons
de beaucoup oubliées,
dessinant sur sa peau
des ridules glacées.

Des sillons de vinyle,
tournant dès le matin,
pour livrer quatre tubes
qui jamais ne mourraient.

Estel rosat

Del baladre la flor,
la flor amb el desig
del passejant inquiet
que camina al capvespre.

És un estel rosat,
sense fil de cotó,
esperant el fillet
que el sabrà enlairar.

És un estel parat,
caigut del cel d'estiu,
nostàlgic de la pluja
de les estrelles blanques.

Me'n faré tot un món
amb països semblants,
sense cap diferència
a l'hora d'hi conviure.














© Tomeu Pons

Fleur de liberté

C'est la fleur du laurier,
la rose des chemins,
qui s'ouvre sous les yeux
du promeneur curieux.

Et l'on oublie les haies,
le poison de sa sève,
et l'ennui répété
de ses buissons ombreux.

J'en voudrais un bouquet
sans jamais la couper,
un bouquet de pétales,
de lèvres et de peau.

Alors je partirais,
bien loin de cette ville
où je goudron étouffe
les fleurs de liberté.














© Tomeu Pons

No diguis blat...

multa cadunt inter calicem 
supremaque labra.

Una pell de llimona
com un jonc anamita.
El frec de la pell fina
contra la sang espessa.

Serenitat del fons
d'una copa de vidre.
Desig del dramaturg,
deler del bevedor.














© Jordi Odrí

Un refuge sûr

Ets l'eternitat inqüestionable.
           Marc Freixas Morros

C'est le corps de l'amante
qui échappe aux baisers.
L'esprit y a son temple
et le temps s'y suspend.

Le regard est un havre
et la voix un vaisseau.
Si le cœur se lamente
la présence est un baume.

Qu'importe la distance,
les lèvres vous sourient.
L'éternité en rêve
est un refuge sûr.

jeudi 11 juillet 2024

Un habit de saison

C'est un habit d'été,
un baiser sous le vent.
Une tenue légère
taillée dans la couleur.

Une malle d'osier,
fourmillant de coupons,
a donné à la main
l'inspiration soudaine.

Du wax du Sénégal
sous le vent du Soudan,
pour faire à une enfant
un habit de saison.


Façades ensoleillées

À Martí, qui dort encore

De l'or sur les façades
en ce petit matin.
De l'or venu de l'est
en ces premières heures.

Je ne veux d'autre bien
à l'heure du vélo,
de ce circuit paisible
qui sort de Montescot,

pour joindre le Moulin
et ses bâtiments blancs
où l'or s'étale à souhait
tout en haut des façades. 

mercredi 10 juillet 2024

De l'or sur ton balcon

De l'or sur ton balcon.
L'orfévrerie du jour.
La lutte du soleil
et de la terre bistre.

Le monde est si petit
et son orgueil si vain,
sous le ciel en fusion
qui prépare la nuit.

De l'or sur ton balcon
et mes yeux sur tes rêves.
Le soir est déjà là
qui m'inspire et m'enlève.









© Roser Blàzquez Gómez

D'enginy i d'esperança

Amb tinta de betum,
han tornat a pintar
les lletres delicades
d'una placa de marbre.

A la façana beix
d'una casa de Gràcia,
hi reviuen els versos
d'un poeta entre terres.

El bon Sindo Gomila,
pintor i ceramista,
nascut en eixa casa
ni baixeta ni alta.

Hi passaré els dits,
la llengua i l'esperit
per beure de mon oncle
l'enginy i l'esperança.



dimanche 7 juillet 2024

Douceur familiale

Il est une douceur
qui passe inaperçue
mais emplit de saveur
le soir de Picardie.

La famille qui dîne
sur la table de bois.
Le repas partagé
et les rires qui fusent.

Il est une douceur
comme un vade-mecum,
compagne de la vie
sans qui je ne sais vivre.



samedi 6 juillet 2024

Trésors méconnus

J'ai délaissé les vers
pour prendre la voiture
et trancher de mon fil
la verdeur de la France.

Les forêts du Berry
et l'ombre de Colette.
La Loire limoneuse,
l'Autoroute des Arbres.

Mon grand fils conduisait,
j'étais son passager,
goûtant de mon pays
les trésors méconnus.

Un chant d'oiseau à l'aube

Les oiseaux sont d'ailleurs
mais leur chant est le même 
Dans la blancheur de l'aube,
ils m'invitent à écrire.

Jour premier des vacances,
la joie de la famille
qui dort paisiblement
apès les retrouvailles.

Un peu plus loin au sud,
au cœur de la cité,
une union se prépare
qui a nom liberté.

jeudi 4 juillet 2024

Sense dubte

La vida es dansa.
     Raül Benéitez

No dubtis mai amiga
i deixa entrar els mots.
L'alè de la novel⋅la
i la flaire dels versos.

Escriu al matí clar
o a la nit tancada.
L'estil és un somriure
i la llibreta un do.

En faràs un armari
o un vaixell de lli.
Qui t'estima viurà
la teva mà creant.

Offrande

Un panier de poissons
offert au point du jour.

Le gris de l'osier tendre
et l'argent de la mer.

Plus tard, ils grilleront,
mais, pour l'instant, souris.

mercredi 3 juillet 2024

Un petó de correus

He deixat a la bústia
un sobre sense carta,
ni cola ni segell,
perquè s'enlairi un dia,

quan el carter feixuc,
cansat de traginar
les odioses factures,
obri per fi la porta

i el sobre sense cola,
carta ni segell,
per posar-hi a dintre
un petó de rosella.

Albirant l'Albera

No diràs mai que vinc
d'una terra llunyana
perquè tinc la pell clara
i parlo amb cortesia.

M'obriràs els racons
de ta casa petita,
oferint-me per beure
un got de vermut blanc.

I si fos negre i jove,
amb parla estrafolària,
em deixaries fora
del teu niu alberenc?

Llum de poesia

Tot llegint en Marc Freixas

És una llum petita
que surt d'entre la tinta,
un esclat de somriure
nascut d'entre els meus plors.

La llum de poesia
m'acompanya i em guia
pels camins de la vida
sense deixar-me mai.

Lliure rosella

De la lliure rosella
m'han donat uns mil noms.
Del color de la rosa
i del semblant del gall.

I he passat vilatges,
praderes i muntanyes
per a fer-ne un recull
sense arrencar-ne cap.

Llibertat de la flor
i de la gent que parla,
ben lluny de la foscor
de qui trepitja el sòl.

mardi 2 juillet 2024

Couleurs de demain

Le bleu de méthylène
sur la feuille versé.
Les souvenirs d'enfance 
et le présent qui luit.

Le temps s'est arrêté
dans la douceur bleutée 
de courbes nuageuses 
qui naissent de l'été.

J'aime ces formes tendres
qui fuient le quotidien
et puisent dans le ciel
les couleurs de demain.













© Hélène Peytavi

Mon œillet d'aujourd'hui

Et la terre a donné
des fruits de liberté,
hors des paroles brunes
des tribuns exaltés.

Qui rêve de prison
et d'ailes de retour
ignore la foison
des pétales d'amour.

Ô beau coquelicot,
mon œillet d'aujourd'hui,
délivre-moi un jour
des tyrans du désert.

Étrange étrangeté

Et la paire dissout
les amis appariés
dans la contemplation
de la rive opposée.

De l'eau qui coule et fuit,
oublieuse mémoire,
ils ont pris la blancheur
du suaire amnésique.

L'ailleurs est le relief
des désirs projetés.
L'étrange étrangeté
qui nourrit les baisers.














© François Lewandrowski

lundi 1 juillet 2024

Portraiture

À la mémoire de Francis Bacon

Et c'est le cœur qui tient
l'homme dans sa droiture
avec le sang donné
par ceux qui n'avaient rien.

La face est opaline
et les bras illusion.
Sans le sang en rectangles
le corps ne serait pas.

Plus bas sont les miasmes
et l'usure des ans,
des traînées pour rêver
à un nouveau portrait.














© François Lewandrowski

Temps vif

Que la vie est étrange
qui donne à des personnes
un peu plus de temps vif.

Ainsi de ces deux dames
qui conversent matin
tout au nord de la ville.

Elles sont nées toutes deux
au début des ans trente
du long siècle dernier.

Et voici qu'elles papotent,
avant de recevoir
des soins pour leurs yeux vifs.

Cadires

Cadires esperant
alumnes reunits
un dilluns de juliol.

Tantes expectatives
nascudes als afores
de qui vol una feina.

Cadires aguantant
el pes de les esperes
i de les esperances.



Le hasard sans la nécessité

Et juillet est venu
au milieu de la nuit
dans une pluie d'été
délavant la chaussée.

Le premier jour d'un mois
que des imprécateurs
rêvent de voir empli
de bruit et de fureur.

Le début des vacances
où naîtront des amours,
dans l'inouï hasard
de la vie qui s'écoule.

Verlaine

Il y eut tant de laideur
et de mots assassins
que j'ouvris mon Verlaine
pour rêver sous la pluie. 

Beauté

La beauté et rien d'autre.
La beauté en petit
d'un visage sans fard
ou d'une voix qui chante.

La beauté qui se donne
et qui n'exige rien,
se sachant volatile
et promise à l'oubli.

La beauté du moment,
la grâce de l'instant.
Le rire d'un enfant
ou l'odeur de la pluie.