jeudi 29 août 2024

Sense nom la placeta

Sense nom la placeta
amb passat i present.
El cel del Guinardó
reflectit en el terra.

Fa molts anys hi tocaren,
per la festa major,
unes quantes sardanes
d'uns músics guinardencs.

D'entre les quatre o cinc,
en recordo una bella,
de compàs delicat,
dedicada a l'amor.

A l'amor de ma vida,
que encara era petita.
Belluguet era el nom
de la sardana viva.

Ara el belluguet es mou,
entre records del pare,
cap al pis de la mare
que ben prest llogaran.











© Roser Blàzquez Gómez

mardi 27 août 2024

Séculaire

Chaque année est un siècle,
disais-tu en riant,
quand ta voix se cassait
dans l'été finissant.

Et je voyais soudain,
dans le silence blanc,
des milliers de visages
naissant à tes pensées.

Chaque année est un siècle
et ce siècle a un an
qui rit de te revoir
avant de s'envoler.

Farcits d'aniversari

Del jardí fins al forn,
uns carbassons farcits
per celebrar el dia
d'un gran aniversari.

La plata és de foscor
per donar més color
al dinar del migdia
i a la taula buida.

Ens ho passarem pipa
a la banda del Nord,
dinant a la francesa
i somniant en ses Illes.



Dans la vallée du galbe

Ricochet de galets 
dans la vallée du Galbe.
Le torrent assagi
et l'argent de l'eau claire.

Les reflets du mica
contre les pierres noires.
La vigueur de l'instant
qui agit comme un Dieu.

De la ligne des crêtes,
entre les deux villages,
les nappes de brouillard
font naître des mirages.

Des moutons dans les prés,
une chapelle blanche,
la longue procession
des chevriers d'un soir.

Souvenirs inventés
dans la vallée du Galbe.
Le torrent nostalgique
des amis de toujours.

lundi 26 août 2024

Vie gagnée

Et la main a glissé
sur le dos des vieux livres,
s'accrochant par deux fois
au plus ancien d'entre eux.

C'est un volume épais
d'un penseur sandiniste,
le lien fort de la langue
entre parents aimants.

Si les pages ont jauni
au fil des ans passés,
la langue virevolte
qui jamais ne vieillit.



jeudi 22 août 2024

L'honneur d'un vers sensé

Qui compte sur ses doigts
sautait à la marelle
sans se soucier jamais
du nombre de ses pas.

Alors oublie les chiffres
et laisse aller ta main
sur le dos de l'amante
qui vit à tes côtés.

Le nombre est une danse
et les sons se bousculent
pour gagner à tes yeux
l'honneur d'un vers sensé.

D'un prix littéraire

Lire d'autres poètes.
Sur l'écran. Lentement.
Se départir de tout,
n'avoir d'yeux que pour eux.

Ainsi est cette tâche
qui me tient aujourd'hui,
dans le silence blanc
d'un jeudi du mois d'août.

Laisser entrer en moi
les sons et puis le rythme.
L'étrangeté sublime
qui signe l'autre voix.

mercredi 21 août 2024

Lectures partagées

De main en main les livres
passent s'en rechigner,
ouvrant leurs pages brunes
aux lecteurs de l'été.

Et sous mes yeux avides
de tant de vies passées,
je sens la main légère
de mon amie cachée.

De cœur en cœur les livres
apprennent à penser,
en nous donnant un peu
de leur félicité.

Crayon de vie

Mon crayon est usé 
et son bois a jauni.
En le taillant d'un tour
je lui redonne vie.

Une vie de griffures
sur mon calendrier
avant qu'il ne s'émousse
me forçant à tailler.

Ainsi filent les jours,
au rythme du crayon.
Sous le vernis, le bois
qui guide mes journées.

Menorca al cor

I tinc Menorca al cor,
al moll dels pensaments
i del magí salobre.

L'illa de la família
i de l'amor fresquet,
de farigola verda
amb un pessic de pebre.

Entres les parets seques,
endevino la vida
dels meus avantpassats.

mardi 20 août 2024

Minorque au cœur

À Roser, rhapsode en île

C'est une terre vive
qui meurt s'être foulée.
Une île tout au Nord
qui a forme de pas.

La flaque était immense,
le continent si beau,
mais le pied suspendu
est resté dans les eaux.

Pendant de nombreux siècles
elle a fait le dos rond,
violentée dans sa chair
ou pillée dans ses champs.

Et voilà qu'elle succombe
sous le faix étranger.
Touristes sans scrupules
et galeristes vains.

Si le sable recule
sous le poids des tempêtes,
sa frange perd son sang
en mille banderilles.

Tournesols bariolés,
bedaines orgueilleuses.
Les têtes dodelinent
sous d'amples sombreros.

Alors que reste-t-il
à l'amoureux de l'île ?
Les vers de ses poètes
et le sel de sa langue.

Ses pierres ancestrales
qui montrent la vraie voie,
entre des murs de pierre
qui regardent le Sud.














© Roser Blàzquez Gómez

Pêche ingravide

La pêche est ingravide
qui côtoie les sommets. 
Et Solal est solaire
qui domine le lac

Les roches en suspens
et la verdeur de l'eau.
Tout semble préparé
pour l'action ancestrale.

Un filin transparent,
un hameçon de cuivre.
Les Pyrénées s'invitent
à la table des dieux.



© Lionel Itié

Griffures frontalières

Griffures des sommets,
laissant le ciel de marbre,
avec la bonhomie
de ses nuages lents.

La pierre est aiguisée,
en haut des Pyrénées,
donnant à la frontière
le coupant du rasoir.

Mais le ciel n'en a cure,
il unit les terroirs,
en offrant à chacun
l'ondée qu'il méritait.





© Lionel Itié


Bolero de Santander

Bolero de Santander,
cuando se acaban los días,
el gran Ñito da conciertos
sin escatimar la voz.

Un par de horas placenteras,
mecidas por iodo y sal.
De Menorca las canciones
y de la vida los rumbos.

Quién tuviera tal ventura
con el gran cantante isleño...
Al Oeste se fue El Paco
para brindar havaneras.








© Paco Gomila Pons

lundi 19 août 2024

Claire et Solange

J'ai aimé la mansarde
parce que sa pauvreté
m'obligeait à de pauvres gestes.
                                Jean Genet

Furtif. Un jeu furtif.
Le miroir des servantes
et la rougeur du lieu.

En attendant Madame,
elles jouent de leurs attraits.
Les mains usées sans âme
et l'odeur de l'évier.

Clarté d'un des prénoms,
solitude de l'autre.
Les fleurs déjà pourrissent
et la pièce s'en va.

Si le lieu est unique,
le temps est ricochet.
C'est la lutte des classes
jouée à l'Athénée.



Rêve de promenade

J'ai aimé te tenir
la main sous les jasmins.
Nous allions tous les deux
par les chemins anciens,

bordés de pierres sèches 
et sans nulle ligne droite.
Des chemins pour marcher
sans craindre d'arriver.

J'ai aimé te glisser
mon amour à l'oreille.
Nous allions tous les deux
et nous étions heureux.

Pour la cinquième fois

Je pense, je pense à la protéine tau amyloïde pour la cinquième fois.

À Rosita, ma mère

Là où se meurt la brise, avec douceur
Là où les crêtes des voiliers
Se rident en émoussant le fil de l'horizon
Là où viennent et vont les diadèmes blancs
Là où le salpêtre conforte les varices du temps
D'une paire de jambes qui s'ouvre encore au plaisir
Et aux assauts de la tendresse
Là où le souvenir d'hier de
La voix humide de ma mère
Qui aujourd'hui me confond avec sa sœur cadette
Là où rien n'est plus de ce qui fut un jour
Quoiqu'elle demeure soumise, docile et bonne
Là, dans le Jardin de la Fin
Avec les secrets qu'elle me cachait
Dans le temps de mes embrassades, elle ne se souvient plus
Et moi je ne saurai jamais ce qu'elle me cachait. 

Rosa Miró Pons, traduit du catalan
par Michel Bourret Guasteví

Pense, pense en la proteïna Tau amiloide per cinquena vegada.

A Rosita, ma mare

On mor la brisa mansament
On les crestes dels velers
S'arruguen esborrant la ratlla de l'horitzó
On tornen i se'n van les diademes blanques
On el salnitre conforta les varius del temps 
D'unes cames que encara s'obren al plaer
I a les envestides de la tendresa

On el record d'ahir de 
La veu humida de ma mare
Que hui em confon amb sa germana menuda
On ja res no és res del que va ser
Tot i que segueix submisa, dòcil i bona

Allà, al Jardí del Final
Amb els seus secrets que m'ocultava
A les estones de les meues abraçades ja no recorda
Jo ja no sabré mai que callava.


Il y aurait tant à dire

Il y aurait tant à dire,
en descellant les lèvres.
Le bleuté du safran
avant qu'on ne le cuise.

La beauté de tes lèvres
entrevues au matin,
quand le jour a fraîchi
en relevant le drap.

Il y aurait tant à dire,
en desserrant les dents.
Le cri de ces enfants
qu'on a laissés sans toit.

Sous les pavés...

Sous les pavés, la page.
Le sable des lectures
que nous nous échangeons,
en attendant l'automne.

Sur le papier ivoire,
l'encre qui a séché,
pour nous donner du monde
un reflet expurgé.

La catharsis sereine
dans un mince volume
qui s'attache à l'intime
ou aux gestes sublimes.

Nos doigts sur le papier
se frôlent sans savoir
et nos yeux sur les lettres
s'unissent en silence.



dimanche 18 août 2024

Escaneig

Intensa és la llum
sota la tapa grisa
que il·lumina el llibre
per robar-li la ment.

Impressió de les lletres
en la pantalla, a prop,
que deixa al descobert
l'ombra dels altres fulls.

Palimpsest curiós,
juganer amb el temps,
pàgina cap enrere
o bé cap endavant.

Ja no sento la plana
ni son gra sota el nas,
mes els ulls la dibuixen
embriagant-me al punt.

Nefasta n'és la llum
sota la tapa morta
que li ha robat al llibre
la materialitat. 



Scan

La lumière est intense,
sous le couvercle gris,
qui éclaire le livre
pour voler sa pensée.

Et les lettres s'impriment
sur un écran non loin,
laissant à découvert
l'ombre des autres pages.

Le curieux palimpseste
qui joue avec le temps,
reculant d'un feuillet
ou avançant d'un autre.

Je ne sens plus la feuille
et son grain sous mon nez
mais mes yeux la dessinent
pour mieux m'en étourdir.

La lumière est néfaste
sous le couvercle mort
qui a ravi au livre
sa matérialité.



El miracle dels mots

De l'amor i la mirra,
el miracle és un fill.
Una paraula viva
que neix de les mirades.

Dels ulls oberts i tendres,
de les veus melodioses,
de la ratlla de sang
que distingeix les terres.

Un camí pedregós,
orlat d'arbres immensos
i d'herbes remeieres
quan s'acaba l'estiu.














© Roser Blàzquez Gómez

Sel de roche

À Ismael Pelegrí

J'ai laissé sur ma table
un peu de ce sel gris
qu'un ami des plus proches
m'a appris à cueillir,

au creux de roches noires
offrant au soleil d'est
le miroir de leur eau
laissée par la tempête.

Ce sel est fruit des jours,
du vent et du hasard.
Répandu sur ma table,
il guidera ma main.

De l'amor a la mort

De l'amor a la mort,
una lletra final,
una dental resseca,
llengua tocant les dents.

Veneració subtil
de la vida valuosa.
L'amor és homenatge
al frec tendre dels dies.

De la mort no sé res,
de la meva vull dir.
I quan mor un amic,
li regracio la vida.

La generositat
del seu bon caminar,
regalant a tothom,
un poc de sa saviesa. 

dimanche 11 août 2024

À mon frère

Que jamais tu ne meures,
mon frère et mon ami,
mon compagnon de vie,
de l'enfance au présent.

Que la mort te préserve
et t'oublie sous sa faux,
tant tu sais nous donner
de feu et de sagesse.

Et que toujours tu vives,
au cœur de nos pensées,
comme un guide et un rire,
à l'heure d'exulter.

samedi 10 août 2024

L'amor i l'amistat

A la Roser i a en Paco

Els escoltava ambdós,
l'amor i l'amistat,
parlant de les lectures
que l'estiu ofereix.

Asseguts a la taula
de l'esmorzar comú,
viatjaven per la terra,
xarrupejant cafè.

Van ser hores boniques,
la llibreta a la mà,
destapant les cobertes
dels somnis del demà.

Memento mori

Sous l'arbre est le rocher
aux orbites vidées,
que la pluie a creusé
avec le vent du sud.

Les années ont passé
qui ont lissé la roche,
avisant l'olivier
de sa beauté fragile.

La lumière a baissé
sur la Tour de Galmès,
il est temps de rentrer
et de chanter la vie.



La cova de l'oli

És la cova de l'oli,
la foscor dins del sòl.
L'hipogeu revifat
per premsar-hi olives.

La sang grassa de l'arbre
deixada temps enrere
i que dona a l'airet
la flaire del record.

S'hi baixa amb el cap cot,
amb infinit respecte,
per retrobar del anys
la saviesa callada.



vendredi 9 août 2024

Constel⋅lació

Les ales de la mar
amb la calor del forn.
Uns triangles petits
en un llit de patates.

Una constel⋅lació
de vermell i de groc,
en un fons de negror
que convida a gaudir.

Terrasseta d'estiu
com un agraïment
a l'amistat constant
i a la nit serena.



mercredi 7 août 2024

La mar segons l'Anaïs

És la mar del desig,
del desig d'amistat.
La nena està pintant
dins de la cuina nova.

Una mar de colors,
amb el sol a la punta.
Sorra color de mel
i cel d'anyil profund.

Les ones són les borles
d'un vestit de princesa,
esperant la revetlla,
a la vora del mar.










© Anaïs Bourret Cauquil

Arribada

Has arribat a l'Illa,
de la mà dels amics.
Enmig de la calor
i d'uns mots de LLevant.

Refrigeri diví.
El pa amb el formatge,
els préssecs plans de l'oest
i l'aigua ben glaçada.

Fou una nit de somnis,
de ganetes d'escriure,
el balcó cap a l'oest
on és el vell liceu.

Passejareu tots quatre
entre parets tan blanques,
buscant la fresca rara
i la llengua dels avis.

jeudi 1 août 2024

Instantané

Le blanc et la couleur.
Le vide qui s'emplit,
un jeudi du mois d'août,
en bas de l'escalier.

La main est lente est sûre
qui a quitté la plage
pour la table où l'on lit.

Peu à peu le visage
renaît à la mémoire.
Les lèvres de l'artiste,
comme un doux papillon.

Et, sous l'accroche-cœur,
les doigts interminables
guidant la main très sûre
de l'artiste d'un jour.

La boîte refermée,
on oubliera la tâche
qui me tint en haleine,
un jeudi du mois d'août.

Mais que belle est la main
qui tire du hasard
ce lent cheminement
pour l'offrir au destin.



Impossible amour

Il adorait Yvonne
et elle ne l'aimait pas,
caressant de sa voix
la braise de ses yeux.

Pour elle, il écrivit
ses vers les plus sensibles,
avec ses doigts pour plume,
son cœur pour encrier.

Douze ans avant sa fin,
elle s'en fut la première.
Yvonne de Belgique
et Robert du Onzième.