À Roser, rhapsode en île
C'est une terre vive
qui meurt s'être foulée.
Une île tout au Nord
qui a forme de pas.
La flaque était immense,
le continent si beau,
mais le pied suspendu
est resté dans les eaux.
Pendant de nombreux siècles
elle a fait le dos rond,
violentée dans sa chair
ou pillée dans ses champs.
Et voilà qu'elle succombe
sous le faix étranger.
Touristes sans scrupules
et galeristes vains.
Si le sable recule
sous le poids des tempêtes,
sa frange perd son sang
en mille banderilles.
Tournesols bariolés,
bedaines orgueilleuses.
Les têtes dodelinent
sous d'amples sombreros.
Alors que reste-t-il
à l'amoureux de l'île ?
Les vers de ses poètes
et le sel de sa langue.
Ses pierres ancestrales
qui montrent la vraie voie,
entre des murs de pierre
qui regardent le Sud.
© Roser Blàzquez Gómez