vendredi 21 novembre 2025

Une vieille recette

Une vieille recette 
de la grand-mère Barre.
Un frichti sans Banyuls
elle qui l'aimait tant.

Le bic trace les lettres
avec application.
La main gauche est alerte
qui ouvre le chemin.

Aucun impératif
dans cette invitation.
mais douze infinitifs
au goût intemporel.

Des ingrédients faciles
et le sel de la terre
pour donner à chacun
sa part de paradis.

La grand-mère n'est plus
mais son esprit demeure
qui guide les gourmands
tout au long du repas.




















© Philippe Farriol Fafa

mercredi 19 novembre 2025

Ciutat ruderal

Qui diu que la ciutat
és un erm sense vida
amb murs de formigó
i sòl de quitrà fosc?

Amb rosada de l'alba
neixen plantes amades.
Ruderals sense arrels
i floretes de sol.

Abaixem la mirada
i alentim el pas.
De la ciutat dormida,
despertarem els prats.

Fleurs qui sèchent

Ce sont des fleurs qui sèchent,
tout contre le plafond,
rendant à l'air qui passe
l'eau tendre des ruisseaux.

Ce sont des fleurs qui boivent
sans jamais épaissir
les propos du café,
les rires et les chants.

Elles attendent leur heure
et le Noël prochain
faisant gonfler leurs jupes
des regards des amants.

Elles ont gardé des champs
la liberté sereine
et l'insouciance vive.
Ce sont des fleurs qui sèchent.

sōshi

Un livre de chevet.
Pas un livre pour lire.
Un livre pour cueillir
des impressions fugaces.

La lumière d'automne
qui boit le froid ambiant
et la brume qui pèse
sur la rivière lente.

Des siècles ont passé
et plus d'un millénaire
mais mon chevet est jeune
des impressions cueillies.


Noir et blanc

Mais que la mer est noire
et son silence épais,
séparant les amants
qui regardent au large.

Des villes de blancheur,
dressées le long des côtes
se désirent et s'ignorent 
depuis plus de cinq ans.

Mais que les nuits sont blanches
où les voix se chuchotent
de tendres mots d'amour
qui tombent dans l'oubli.

mardi 18 novembre 2025

Sur les rives du Lez

C'est un joli cadeau,
tiré d'un arbre blanc.
Un repas succulent
dans un grand restaurant.

Les vins sont gouleyants
et les portions exquises.
On mesure ses gestes
pour en goûter le prix.

Si la table est petite,
les appétits sont grands
et mon cœur grand ouvert
vers mon grand fils Victor.

Longtemps je goûterai,
en refermant mes yeux,
cette heure de bonheur
sur les rives du Lez.




Kahina

Elle était la rivière,
l'eau tendre du désert.
Les étoiles d'Orient
dans le ciel d'outremer.

Elle est ce souvenir
qui a longtemps blessé
dans l'incompréhension
des terres opposites.

Elle sera la compagne
du sang dans les artères
et des idées naissant
au cœur des nuits d'automne.

lundi 17 novembre 2025

Un AMIversaire

Il est l'ami parfait,
le pourvoyeur de vie
jusque dans la distance.

Et même dans l'absence, 
par ses photographies,
il tire de la vie
le sel et l'épaisseur.

Il est l'ami parfait,
le compagnon de route
pour de longues années.

Per molts anys, Lionel!















photo : Lionel Itié

dimanche 16 novembre 2025

Al final del partit / À la fin du match

S'han barrejat jugaires
al final del partit,
portant colors unides
de la nostra senyera.

I mireu els somriures
dels petits rugbymen
amb el posat feliç
de llurs entrenadors.

Aixins és l'amistat
al nostre campionat.
El combat és darrere
i ara a berenar!

***

Les joueurs se sont mélangés
à la fin de leur match,
portant les couleurs unies
du drapeau catalan.

Regardez les sourires
des petits rugbymen
avec l'air bien heureux
de leurs entraîneurs.

Ainsi est l'amitié
dans notre championnat.
Le combat est derrière
et maintenant goûtons !


photo : Magalie


Le soleil de Palau

Ils ont su conjuguer
l'avenir au présent.
Les grands et les petits,
les petits et les grands.

La taille importe moins
que l'exemple donné
et l'effort partagé
sous les couleurs du club.

Plus que les résultats,
aujourd'hui contrastés,
il y a ce même cœur
qui unit les joueurs.

Or les Nin's d'aujourd'hui
seront demain des grands
et la cité verrière
chantera leurs exploits.

De Tonneins et de Salses
viennent des adversaires
mais jamais des rivaux
dans ce jeu de respect.

Le dimanche est fini 
et chacun est rentré
avec dans le regard
le soleil de Palau.









photo : Hakim

samedi 15 novembre 2025

Maquillage au salon

Et le front s'est peuplé
d'une arabesque tendre,
un joli maquillage
au sein de la cohue.

Et pendant un moment
qui m'a paru un siècle,
j'ai senti le salon
s'ouvrir à la beauté.

Sûreté de la main
et du pinceau qui trace
sur la peau de l'enfant
un sourire de fard.

Mais c'est dans le sourire
des femmes alentour
que j'ai pris la mesure
du présent partagé.


Véro

Elle a les yeux si sombres
que la nuit est envieuse
mais son regard est clair
qui fait la joie de tous.

Le temps n'a pas de prise
sur ses passions profondes
et même son humeur
les jalouse à son tour.

La reine du Vernet
ne porte pas diadème
mais quand elle nous sourit
de l'or naît sur ses lèvres.

Aina, tens nom de temps

Divuit anyets de vida
i divuit anys de l'Aina.
Avui l'Aina fa anys
i els anys la fan ella.

Aina, tens nom de temps
i de temps compartit.
Compartit amb els altres,
la família, els amics,

els amors per conèixer,
els quadres per pintar
i les fotos per prendre
i guardar sàviament.












La tieta Roser a punt d'embolicar
artísticament el teu regal
d'aniversari.

vendredi 14 novembre 2025

Des fleurs au plafond

Au plafond du café,
bravant les jours d'automne,
des brassées de fleurs sèches
caressent le bois clair.

Ce sont les amoureuses
des poutres ancestrales
qui ont bu des clients
les arômes subtils.

Les voix des rugbymen
revivant leur passé,
en savourant le soir
des oreilles de porc.

Bientôt elles tresseront
des couronnes jolies
pour célébrer Noël
et attendre l'an neuf. 





Tres ramets de silenci

Unes flors a l'entrada.
Tres ramets de silenci
esperant vianants.

Són floretes del camp
collides als afores
d'un vilatge de vidre.

Una barreja tendra
per fer bategar cors
de minyons aixurits.

I despertar passió
de qui, sense saber,
les espera en silenci.



lundi 10 novembre 2025

Psithurisme

C'est le vent dans les branches,
les murmures anciens,
ou la caresse tendre
des oiseaux nouveaux-nés.

C'est un mot comme un autre
qu'une amie a trouvé,
un lundi de novembre
avant le soir tombé.

J'y sens le froid qui pointe,
venant du Canigou,
pour remuer un brin
les branches dépouillées.

Mais j'attends le printemps
et le feuillage neuf
pour incarner enfin
son joli psithurisme. 




samedi 8 novembre 2025

Primer partit de XIII

Han lluitat contra el fred.
Han lluitat per trobar
la manera adequada
de jugar un partit.

Feia un fred que pela,
un fred de mil dimonis.
Bufava un vent nevat,
un vent de Canigó.

Han tornat a Palau
molt rics de l'experiència
i llestos per lluitar
la pròxima vegada.

***

Ils ont combattu le froid.
Ils ont combattu pour trouver
la façon adéquate
de jouer un match.

Il faisait un froid de canard,
un froid de tous les diables.
Il soufflait un vent de neige,
un vent du Canigou.

Ils sont rentrés à Palau,
enrichis par l'expérience
et préparés pour combattre
la prochaine fois.















photo : Cédric

Blue in Green

De la teva tristesa,
n'he fet un ram de goig.
Amb floretes verdoses
i tres espines blaves. 



Ales de tenebres

Una nit amb matisos,
la nit dels corbs d'Orient,
amb tornassols de plom,
de mores i violetes.

Una nit renovada
per esperar el dia,
el dia de demà,
la serenor de l'alba.

Una nit irisada
amb parpelles de seda.
Una nit amb mil ulls
i fosfens de silenci.



Un sept novembre

À A-H S.

La table était si longue
sous la lumière crue.
Les mains sur son bois clair,
j'écoutais le récit.

Un récit lent et juste,
la généalogie
de mille vies croisées,
émaillée de photos.

Les langues alternaient
au gré de la parole,
étrange pile ou face 
où je me retrouvais.

Derrière était un mur 
de livres par centaines,
du sol jusqu'au plafond,
écoutant silencieux.

La table était si longue
mais le temps était court.
C'était un sept novembre
dans la Ville de Grâce. 

vendredi 7 novembre 2025

Enlloc

He buscat nostra llengua
pel centre de la Vila.
I no he trobat enlloc
l'accent de Catalunya.

La rocosa paraula,
el somriure gentil.
La parla dels carrers
amb el silenci dels murs.

He vist murs cridaners
i sentit veus estranyes.
Orelles amb podcasts
i passes extraviades.

Rue de Corse

Elle est sur son balcon
et fume lentement,
étrangère aux voitures
qui passent en fumant.

Je ne sais qui elle est 
et déjà je m'en vais
vers le haut de la ville
qui m'attend sagement.

Elle fumait lentement
et moi soudain je pense
à mon amour lointain
qui, elle, ne fume pas.

Dinar de novembre

Un dinar de germans,
la sal de l'existència.
Un dia de novembre
amb aires de dilluns.

Un piscolabis llarg,
una trobada intensa.
El brill de les forquilles
geloses dels platets.

Un dinar de germans
per coronar el dia.
Un dia de novembre
amb aires d'infinit.

Victorejant

Preparo una entrevista
sense ser periodista.
Une tranche de vie
a finals de la tarda.

Prendré el Sagalés
a Caldes de Montbui,
tot escoltant el piano,
el piano amb la veu.

D'un passejant de Gràcia,
d'un amant de Vinyoli,
dels versos cisellats
i dels silencis blancs.

Baixaré a Tetuan
i m'encaminaré
a passos de tortuga
pels carrers coneguts.

Mastegaré preguntes
com les fulles de coca,
que mastiquen germans
que no conec de res.

Aniré al carrer
de la santa perduda,
La rosa de tres pètals
i de tija verdosa.

I tornaré feliç
al racó moianés
per escriure-hi versets,
tot escoltant el piano.

Inventeurs de mots

Les lieux sont différents 
mais les mains sont les mêmes
qui soutiennent le livre
en hommage à la mère.

La mère de chacun,
la mère de tous deux.
L'inspiration sereine
de la vie qui perdure.

Au sol des carrelages
que la couleur oppose.
Le noir et blanc de l'Oise,
la couleur de Moià.

Mais des carreaux égaux,
une même structure.
L'empreinte de leur mère
sur deux fils inventeurs.

Des inventeurs de mots
en hommage à ce monde
que leur mère aimait tant
jusqu'à son dernier souffle.












photos : Alain & Michel Bourret

lundi 3 novembre 2025

Mineta

Una mineta clara,
la flor de la surera.
Una barca de suro
vogant per l'oli groc.

Com un recordatori,
una llumeta tendra
vetllant pels traspassats
o expressant desitjos.

Una mineta clara,
l'ofrena de l'Albera
als catalans del sud
i als rossellonesos.

dimanche 2 novembre 2025

Dia de remembrança

És el dia dels morts,
és el dia dels vius.
Dia de remembrança
dels amics traspassats.

Dia de lurs somriures
i de llurs tendres veus.
Dia del nostre esguard
que beu de llur mirada.

És el dia dels morts,
és el dia dels vius.
Un regal de la vida
als futurs traspassats.

La llengua de sa mare

És el dia dels morts,
el de Don Juan Tenorio
de Zorrilla el romàntic
i de Tònia mon àvia.

Records de la infantesa
al claustre de Maó,
baixant del seu carrer
cap al cor de la vila.

És dia de la vida,
del record dels anats
al món de la foscor
i del silenci va.

Pensant en la Marisa,
retrobo els seus mots,
quan ma mare parlava
la llengua de sa mare.

Sans bourse délier

J'ai retrouvé le rythme
de mes vers quotidiens.

Des distiques joyeux
pour remercier le monde.

Ou de petits quatrains,
sans bourse délier,

pour parler de l'amour
ou bien de l'amitié.

J'ai retrouvé l'entrain
qui préside aux journées.

Aux journées d'écriture,
sans bourse délier.

«Monsieur Bourret, on ne vous comprend pas...»

Les malheureux agents
ont perdu leur sherpa.
Ce guide souriant
qui jamais ne voulait

dominer son hôtel
mais proposer son aide
à chacune et chacun
huit heures de son temps.

Car il savait fort bien
que les écrans éteints
les agents reviendraient
au soleil du foyer.

Une bouffée de vie

Dans la haute futaie,
les arbres sont tout gris,
confondant leur écorce
avec leurs feuilles mortes.

Point de signe lugubre
dans cet alignement.
Le Jour des Morts approche
mais la vie est partout.

Jouant à cache-cache,
avec les troncs du bois
les enfants de Lionel
en marquent la prégnance.

Et leur regard brillant
ignore le silence
pour offrir à chacun
une bouffée de vie.



















photo : Lionel Itié

Fratrie

Mais que l'automne est beau
quand les feuilles roussies
sont comme une couronne
dominant la fratrie.

Le temps n'a plus de prise,
il est toujours midi,
au front de chaque horloge
où s'assemblent les cœurs.

Les cheveux sont distincts
mais les regards égaux.
Leur appétit de vivre
nous montre le chemin.










photo : Lionel Itié

samedi 1 novembre 2025

Soka tira

Quan els entrenadors
obliden les begudes
del nostre aperitiu.

Quan deixen de pensar
en les nombroses pizzes
del senyor President.

Quan fan de l'amistat
el ferment de llur força
i tiren com un sol.

Llavors són com uns bascos
jugant a soka tira
i guanyen els infants. 



















© Julia

Quand cesse la gravité...

Le rugby n'est qu'un jeu
mais un jeu de passion
quand il offre à chacun
un peu plus que son être.

Et l'on oublie un temps
la dure gravité
et les semelles lourdes
qui nous clouent au plancher.

Et il n'y plus grand chose
entre le gazon tendre
et le ciel qui bleuit
au-dessus des tribunes.

Un samedi matin,
à Palau la verrière,
j'ai vu la gravité
cesser sous un sourire.



















© Gaby

Memento mori

J'aime les mains qui serrent
un corps qui se replie.
On sent percer les os
sous les doigts qui étreignent.

Des bandes de couleurs,
des ombres charbonneuses.
Le regard est ôté
et les lèvres dessinent

le temps qui se suspend,
le désir qui ne veut
suivre le dessein
des os qui vous étreignent.



















© Jean-Philippe Henric

Natus silice

L'artiste est portefaix
du silex en éclats
qui dévoile en voilant.

Si l'index est un leurre
pour lecteurs égarés,
le biface ne ment.

Et l'artiste interprète
et l'artiste propose
au voyeur qui s'arrête

de délier sa bourse
pour relire en dessous
de la pierre affûtée.

Sous le verre la page,
le garamond infime
et l'avenir qui fuit.


















© Jean-Philippe Henric