jeudi 22 septembre 2016
La maison dort
Je suis le premier à me lever.
Le petit rêve encore, suçotant
le drap clair. La mère se repose
d'une vie de services bien mal
récompensés. L'air est frais,
le volet entrouvert laisse filtrer
la ville industrieuse. Les murs
sont blancs. Comme hier, comme il y a
quarante-six années, quatre mois et
bien des poussières. Que dorme encore
un peu la maison et me laisse écrire,
nostalgique, non tant d'un temps qui fut,
mais des bonheurs à venir et qu'il suffit
de cueillir dans la fraîcheur du matin.
Une mère en terrasse
Non pas. Et laissez-moi le croire, je vous prie
Quatre-vingt-six années et un jour pour se
retrouver dans le restaurant ombragé du figuier,
en terrasse, alors que s'impatiente l'automne.
Le repas sera frugal. De couleurs, de senteurs,
de surprises aussi. Le petit-fils ne tiendra pas
en place. On ne le grondera pas. Il y a mieux à
faire. Et toute une vie à retrouver. Et à continuer.
Sans-pareille
sur fond blanc, qui se combinent
et se multiplient avec de curieux
chapeaux. De gendarme ou de guingois
ou bien faucilles sous la courbe jolie.
Nous les usons tous deux à profusion,
toi bien plus que moi. De jour comme de
nuit. Multiple. Sans pareille. Je me voudrais
poinçonneur ou ciseleur pour pouvoir t'imiter.
Un aniversari
o un «anniversaire». Un «cumple»
perquè «no tienes nada con que
cumplir». Ets lliure. Un «anniversaire»
perquè no et dius Anna sinó Clara. Dia-
melic, dia-llombrígol. De mare a mare.
No hi seré, si bé el pensament m'hi durà.
Seran hores felices, entre les dues A de
la teva carn i somriure. Tan forts i clars.
El teu aniversari, a la mitjanit, s'acabarà...
Per a prolongar-se, com al món meravellós
d'Alícia. I serà hora que et vingui a visitar.
mercredi 21 septembre 2016
Neuve heure
Le soleil déjà haut, la nuit effacée par les textes
et l'angoisse d'un enfant au nom de prophète.
Le sommeil te tire en ses entrailles, tu lui tournes
le dos. Pas le temps, plus le temps. Le travail reprend
qui semble ne jamais avoir cessé. Écrire, écrire sans cesse,
et se renouveler. Sans se perdre. Sans te perdre. L'heure
est neuve à l'angle droit de l'horloge. Dossier inconfortable
pour qui voudrait s'y asseoir. Tes doigts cliquettent déjà,
je me tais.
Amalia
Je ne te connais pas mais ton œil d’enfant
me regarde, endolori. Angoulême,
engoulevent. Que le sel et l’iode atlantiques
sont puissants qui t’attirent à La Rochelle,
un dimanche sur deux, à cloche-pied.
Marelle. De la terre au ciel, une mère,
ta maman ne dort pas et écrit ta vie ,
dans des textes dissemblables,
sans rien en montrer. Une tapisserie
de la reine Mathilde ? C’est toi qui
me le dis ou moi qui me l’invente.
Et elle me parle de toi, tu le sais ?
dimanche 18 septembre 2016
Divagar
Per l'espai i per la ment, de nit,
després del sopar, quan ja es
perden les manetes d'or
dels rellotges adormits. Despertar
l'altre, en comptes d'acomiadar-se'n.
Perdre's pels camins, les voreres, la
ribera llefiscosa. Forçar l'idioma,
funàmbul entre discurs i llengua,
desig i moral. M'hi convides?
O t'hi invito?
Un cel de mel
Un cel de mel? A les fosques?
Impossible. La mel és lluna
casada amb sol.
Tss. Calla't i deixa volar el món.
Inventa't una conversa amb una
amiga desconeguda, o per
conèixer i aneu-vos-en, plegats,
per camins inviables fins una
platja de sorra fina. I de mel.
vendredi 16 septembre 2016
Retouch'mode
est un petit parallépipède de commerces
oubliés. PMU, boucherie, fruits et légumes,
ainsi qu'une curieuse mercerie, au lourd
rideau de fer, surmontée d'une enseigne
défraîchie mais qui a dû faire florès
en son temps : «Retouch'mode». Les écailles
de l'immeuble sont récentes, encore caparaçonnées
d'échafaudages. Une peau de nacre pour masquer
les errances d'un quartier à bout de souffle,
saigné de sa population. Il est huit heures
trente. Non loin, la sonnerie de l'école Annie
Fratellini a avalé les élèves éparpillés derrière
le grillage et le regard inquiet des mères voilées
en route pour LIDL. Une dame s'approche soudain
du rideau qu'elle soulève avec peine. Le chignon
ramassé trahit des couleurs lointaines, la blouse
est sombre, ajustée, et les lunettes, déjà perchées
au bout d'un nez court et épâté, anticipent les retouches
du jour, sous la lampe économe. Je n'en saurai pas plus,
la dame s'est émue de ma présence. Me prend-elle pour un
aigrefin aux maigres cheveux d'argent ou, pire, pour un
promoteur en mal de juteuses démolitions ? Elle est belle,
pourtant, à milles lieues des canons des magazines, cette
humble mercière qui, un jour, a posé sa machine dans un
quartier alors en devenir et, épuisée, par le glas lancinant
des jours maussades, s'y est enracinée. Memento vivere.
jeudi 15 septembre 2016
Trens
viatjar amb tren i fins i tot viure-hi.
Col·leccionava revistes, retallava cromos,
m'apuntava els rècords de les locomotores
BB. Passaren els anys. D'atzar orientat.
Gustós i sorprenent. I ara fa tot just un
any que visc, revisc i torno a viure aquella
fantasmagoria de la infantesa. Per a retrobar
els meus fills adorats.
mercredi 14 septembre 2016
Trésors de l'imperfection
des femmes défilent, un fusil
zébrant leur cœur et leur sein.
La scène est en Corée du Nord
qui, pareille à d'autres empires,
naguère, se croit en place pour
mille ans. Mais, regardez de plus
près, dans le détail. Nulle jambe
exactement parallèle aux autres,
ni même parfaitement raidie, nulle
expression identique du visage.
Délaissez le groupe et privilégiez
l'individu qui s'évade. Mille ans ?
Vaste fumisterie. Mais que de souffrances
au quotidien, sous la coriace pantomime.
Curiositats
i torno al català amb més
força. Que el trobo a faltar,
aquest mosaic de llengües,
cares i somriures. L'illa tan
estimada, el poble costaner
on un intel·lectual europeu acabà
la seva cursa, el cap i casal,
falsament massís, fet de pobles
i de barris on el vespre, amb vermut,
et convida a més vida, sempre. Moritz,
Damm o San Miguel, qu'importe le flacon...
Salvar la zanja
«Salvar la zanja», aquest és el castellà
que m'agrada. De mots, olors i remors.
El faig servir en sentit figurat, allunyat
que em trobo de les seves bases populars.
Penso en la màgia de la sala obscura en
silenci, en la rasa de foscor que ens separa
de la llum artificial de les paraules i dels gestos
dels actors. Un món en resum. Uns metres quadrats,
un parell d'hores. La vida en un mirall amb un accent
inconfusible. Fora de la sala, ben lluny de la rasa fosca,
hi ha un banc on la vida flueix igual i distinta, sense
entrebancs, sempre que la vegis amb ulls d'infant.
mardi 13 septembre 2016
Occitanejant
una lenga plan polida».
Bogeria de l'impuls, retardat
des de fa mesos. Els fitxers, els llibres,
les veus antigues. Res de mecànic. Rere
cada paraula, hi ha una persona ; joies
i patiments. L'aprenentatge és difícil.
Costa. M'ajuda un amiga que comparteix
el mateix projecte de vida. En sap molt
més que jo. Sóc un pirata. Quan em perdo
un mot, un gir, faig servir la llengua
estimada amb accent besierenc. No es deixa
enganyar mes el diàleg continua. D'aquí a
un parell de mesos, a veure si seré capaç de
xerrar, potser d'escriure. En llenguadocià, clar.
Un minut
al vespre, potser, he perdut el
sentit de les hores, l'alè el reservo
per a aquella que no conec i que em moro
per descobrir. Un minut, seixanta segons
d'ombra i remor de fulles. Després, el banc
la besada, el caminar lent d'una parella per
la ciutat coneguda. Els ocells han deixat de
cantar, ens observen. Després es volaran, lliures.
mardi 6 septembre 2016
Una llar de foc
en portava quinze a l'esquena,
com una motxilla barcelonina.
tot, dibuixant el seu propi humor
amb les paraules amigues, les rialles.
de roques, on vigilava la cocció de sípies
i d'altres coses que jo sé i no us diré.
mentre s'amagava el sol, deixant-nos
despullats dels vestits socials, gastats.
ja veia que se'n feia una llar que l'obria
al seu camí d'home. En el si del món.
dimanche 4 septembre 2016
Dia de cosinada, diada
Un dissabte, al setembre,
cosins, oncles i tietes,
tots aplegats al jardí.
Embogida, l'amiga riu i corre,
rere el cavall nan que dóna
voltes i més voltes a l'arbre
centenari. Silenci de les herbes
allargades que esperen el perruquer
de crins. Amor, confiança i harmonia.
samedi 3 septembre 2016
Ramsès et Trotsky
À ras le béton, le cul sur le gazon,
entre les oreilles de Khalid Location,
s'égrènent les minutes puis les heures.
Bruits de planches et de roulements.
Sans un mot, ou presque ils glissent.
Seuls ou en couples. Seuls les petits,
quelques grands aussi. Torse de sueur,
toujours de profil, Trotsky semble suivre
les lunettes à monture d'acier qu'il a
perchées sur son nez. Il croise, de dos,
Ramsès floqué sur un T-shirt trop large.
Un couple sort de lot. Sombre. Un seul
skate pour deux. La moitié de la tête rasée,
L'autre en amazone, elle glisse. En petites
foulées son basketteur la suit. Ils s'embrassent
à pleine bouche. La planche change de pieds.
jeudi 1 septembre 2016
Une personne
elle semble attendre, à l'heure
où nul ne vient ; son visage,
impénétrable, ne cille pas, elle
est tournée vers l'une des grandes
arches d'où viendra le matin et
où les Grands Magasins sommeillent
enfin. Une nuit à attendre, à vivre
aussi, dans le silence et l'écoute.
L'observation ne semble l'absorber,
tout mon contraire. Jeune, bien faite,
de longs cheveux châtains. La vie passe.