T'aimer. Autrement.
À distance, sans nulle
complaisance. T'aimer
en pensant, sans cesse,
à tes grands yeux
dessillés.
T'aimer contre la société,
sans en parler aux amis.
T'effleurer et m'unir,
sans jamais te peser,
te porter en moi,
frissonner quand le froid
du petit matin me surprend
dans un train, imaginer
ta peau si claire et ces baisers
que jamais nous ne nous offrîmes.
Souhaiter que la vie soit longue
encore et nous offre un frôlement
de nos chairs car nos âmes, elles,
fraient depuis longtemps dans le
ruisseau vif.
T'aimer. Autrement.
Devant l'écran, à cinq-cents lieues
de ta terrasse atlantique, imaginer
les agrumes clairs et la semoule que
ta main, nostalgique, égrène.