«La poésie est une arme chargée de futur».
Paroles militantes, foi dans un avenir meilleur.
Mais que sont les mots de Celaya face à la douleur
d'une amie ? Longtemps, il n'en sut rien, ou presque,
la confidente se taisait et ses larmes ravalaient.
Un jour n'y tenant plus, elle sortit de par la ville,
tenant son ventre déchiré, ses jambes ne la portaient pas,
essouflée elle s'affaissait, quand elle vit, à la dérobée,
un banc calme, de bois et de fonte ordonné, lui tendre
les bras ou, du moins, une assise commode. Elle s'y assit
et s'y endormit, ne sentant pas derrière qu'un homme la frôlait,
un musicien des rues, saltimbanque retraité, qui d'un limonaire,
ou d'une vielle, tirait des mélodies surannées. De présent, ses
larmes se chargèrent et les vers, longtemps retenus, s'animèrent.
Alors qu'importent Blas de Otero, Goytisolo ou Gabriel Celaya,
mon amie souffrait et elle m'offrit ses vers, sans rien me demander.