La rue est froide et vide,
silencieuse, interminable,
elle longe la voie des express
qui se taisent à cette heure.
Sur la droite est une grille
haute, à la peinture écaillée,
un cadenas compliqué la barre.
Au delà sont les herbes folles,
rudérales à peine domestiquées.
La sente se devine avec difficulté, tracée
par d'autres mollets, en d'autres temps.
La ville n'est plus et la campagne
est improbable. La marche est pénible
à la lueur du croissant et l'espoir bientôt
vous abandonne. C'est alors qu'elle se dresse,
miroitant de son unique fenêtre. Toute en tranche
et en hauteur. Une demeure d'un seul tenant.
Pièce unique avec sa mezzanine. Chaleur des
coussins, odeur prégnante du bois neuf.
Nous y voilà réunis, à deux, à quatre, à six.
Les heures s'écoulent lentes, les corps dansent serrés.
Une rare voisine, alarmée par le son, se joint au groupe.
Le vin rouge est épais et les voix chevauchées s'empâtent.
L'aurore tarde à venir, on sent qu'il faut partir.
Longtemps je me rappellerai l'étroitesse du lieu,
son improbable implantation, longtemps je me souviendrai
qu'à Billy Paul, se soir là en dansant resserrés
nous rendîmes hommage, avant de nous évanouir.