Patiemment j'effeuille la bibliothèque des années
tendres de ma mère. En Lorraine, au Maroc puis dans
le Nord. Des volumes bon marché, aux reliures de verre
et aux pages grises, malodorantes et qui me captivaient.
À la différence des cahiers rose de l'hebdomadaire Elle
qui m'initièrent au corps de la femme et que je lisais
à la dérobée, je n'allais pas plus loin que les titres,
en remettant la lecture à des lendemains dont je ne savais
si la vie me les offrirait. Je sens l'heure venue.
Et patiemment je m'y engage. Après Bonjour tristesse et
le Rempart des Béguines, viendra la série des Claudine
de Colette. Un long chemin vers la libération de la femme
qu'elle connaissait par le menu mais dont, mère admirable
et épouse subjuguée, elle ne sut pourtant pas goûter les
fruits enfin mûris. Jusqu'à cet été d'une libération inattendue.