vendredi 12 avril 2019

Occidens

Laisser la soif déchirer la nuit,
se lever d'un bond, tâtonner, oublier
le fil tiède qui conduit à la fausse

lumière qui méconnaît les ombres et 
fait un jour laiteux. Ne pas attendre le 
monde à l'est, délaisser la lueur pâle.

Ouvrir largement la fenêtre à l'ouest.
S'inventer le vent du large, glacé et
saumâtre, venu de l'Atlantide, à jamais

engloutie. Fermer les yeux et laisser
entrer les embruns jusqu'à gercer les
cellules des deux sacs de chair qui,

naguère, tiédissaient, inconscients de
leur rôle. Abandonner enfin l'infinitif,
ses injonctions de recette de cuisine.

Me voici, tiré des temps anciens. D'un
poète oublié, andalou, je feuillette
les pages pour te parler, mon amie sans

visage ni voix. La peau frissonne dans
la nuit, j'en aime la musique. Tes doigts
sur un tambourin. Tout près est l'Occident.