La page tourne, avec difficulté.
Le livre est ancien, son grain
attache les doigts et les retient.
À chaque ouverture, une brise d'oubli.
Les mots, patiemment alignés, attendent
une voix pour être la danseuse de la boîte
à musique et dans l'obscurité replonger,
après avoir un brin tourné, dans les paillettes
d'un rite apprivoisé. Les vers sont réguliers,
les strophes répètent un ordre immuable. Graphie
ancienne, avec des ligatures et des empattements.
On a convoqué les vieux mythes pour parler avec
pompe de baisers grappillés. Soudain un mot m'attache
qui me parle de toi. Derrière la phrase est la vie.
Que fais-je encore là ? Je ferme le livre, tu luis.