Printemps 1951, maussade ;
le rationnement demeure ;
mes parents viennent de
le rationnement demeure ;
mes parents viennent de
se marier. Ma mère néglige
la tasse de thé. Elle boit
des yeux mon père.
Moi, je ne vois que les pois
de son tailleur et sa noire
chevelure. Mon père, tout en
gestes élégants, tient sa tasse
négligemment mais avec force,
comme un calice que l'on offre
en expiation de péchés inconnus.
Son regard est ailleurs, déjà.
Romantique, rebelle et abscons.
Soixante-cinq années plus tard,
il portera la chemise et le pantalon
avec la même élégance intemporelle.
L'amour de ma mère n'aura pas cessé,
ni son extrême attention. Seul aura
disparu son moucheté de petits pois.