À deux amoureux du Onzième
Versez-moi des mots et des mots.Joseph Ponthus
L'économie soudaine
de moyens et de mots
quand l'année se résume
à une poignée d'heures.
Le bois brut qui résiste
sous le papier de verre
pour dresser aux enfants
une courette d'herbe.
Un jardin ouvrier
de deux mètres sur trois.
Avec des renoncules
et des pois de senteur.
Le soleil les balaie
ces poussières légères
que mes mains équipées
égrènent sans un mot.
Je porte un masque blanc,
des lunettes épaisses.
Je suis homme invisible
quittant l'année passée.
Mes boudins blancs sont doigts,
le saumon papier rose.
Je danse sur les heures
sans quitter mon palier.
Sous mes doigts disparaissent
des inscriptions étranges
qu'on dirait baptisées
du nom de marins lents.
La terrasse est de sable,
je rêve d'horizons,
de turquoises marines
et de tes doigts nacrés.