mardi 30 septembre 2014

(deux)

Je t'ai vu regarder la page de l'horoscope,
chercher des mots qui te révèlent, tu fais
comme si tu avais le temps de traverser des ponts,
de prendre le soleil dans des îles de l'Adriatique,
sur des plages de galets et de pins.

Je t'ai vu regarder les cyprès du cimetière ;
je t'ai vu, la tête dressée, faisant semblant
de savoir la manière de regarder des cyprès.
Tu as la goutte au nez qui perle.
J'ai vu ta façon de regarder le maçon
qui refermait la dalle avec du ciment.
Tu as vu les roses, le bouquet de lavande.
J'ai vu ta façon de le regarder. Et la mer bleue.

Esteve Miralles, Comme si tu avais le temps (traduit du catalan par Michel Bourret Guasteví)


T’he vist mirar la plana dels horòscops,
buscar paraules que et revelin, fas
com si tinguessis temps de creuar ponts,
de prendre el sol en illes de l’Adriàtic,
platges de roca i pins.
T’he vist mirar els xiprers del cementiri;
t’he vist, el cap alçat, fent com si sí,
com si sabessis com mirar xiprers.
Tens un moquet aigualit que se’t perd.
T’he vist com te’l miraves, el paleta
que tancava la làpida amb ciment.
Has vist les roses, i el manat d’espígol.

He vist com te’l miraves. I un mar blau.