Et j'ai laissé partir,
un dimanche d'hiver,
les deux marionnettistes
qui m'avaient enchanté.
À leurs mains, des paniers
remplis de fruits divers :
des oranges de Chine
et des noix de cajou.
Tous ces présents du monde
qu'on tient pour peu de choses,
les laissant aux étals
des villes sans clients.
Je les ai vu partir
qui souriaient tous deux,
riches de ce matin
de bois et de chiffons.
Ils avaient essaimé,
comme on sème des grains,
sûr des moissons d'été
et des greniers remplis.
Les enfants souriaient,
les mains encore emplies
de bêtes fabuleuses
et de rêves jolis.