Une valise, seule, dans un coin
d'un jardin public. Grise et fanée
par le soleil inclément et les pluies
d'un jardin public. Grise et fanée
par le soleil inclément et les pluies
successives. Une valise qui jamais
ne prendra l'avion et dont les roues
se sont embourbées, il y a longtemps.
Fermée par un foulard fuchsia, elle jouxte
un sac de couchage, hâtivement plié.
Anouilh en 1937, créait au théâtre
des Mathurins Le voyageur sans bagage,
dans la bourrasque des guerres d'avant.
Qui sera le dramaturge audacieux qui
écrira, ne serait-ce qu'une tirade, sur
ce bagage sans voyageur, aux confins
d'un monde où les visages s'effacent ?