vendredi 16 septembre 2022

Il lâche sa basse

À la mémoire de Pierre Michelot

Le siècle n'a pas cinq ans, Pierre, sans relâche, joue.
Sa mémoire s'éparpille et se rassemble un peu, jamais
beaucoup, quand ses doigts se réchauffent sur le manche.

Alors, il ferme les yeux et laisse venir à lui d'antiques
images. 1959, Bud Powell, Kenny Clarke et lui, bien entendu.
Le Club Saint-Germain, la chaleur, la fumée, la sueur

le long des doigts, sur le manche. Puis le silence, la soif,
la glace qui tinte dans le verre et le scotch qui danse.
Mais la magie n'opère plus et Pierre lâche sa basse.